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QUATRE POINTS D’OBSERVATION EN ISERE

1. Saint-Ismier : la préférence à la droite parlementaire

Le canton de Saint-Ismier indique une nette préférence pour la droite modérée et libérale, qui obtient de larges majorités quelle que soit l’élection, et ce même dans les périodes où elle est sanctionnée nationalement. Ainsi, aux élections législatives de 1997, le candidat du RPR réunit près de 60% des suffrages exprimés dans le canton (cf. figure 2.5). La principale autre caractéristique du canton de Saint-Ismier est la forte participation des électeurs à toutes les élections (cf. figures 2.1 et 2.4) : de nos quatre points d’observation, le canton de Saint-Ismier est celui dont les taux de participation sont les plus élevés, avec encore plus de 60% de participation aux dernières élections législatives. Une autre particularité du canton de Saint-Ismier se trouve dans les scores du Front National, toujours largement inférieurs aux moyennes nationales et départementales : ainsi en 2002 dans le canton, Jean-Marie Le Pen ne réalise que 10,3% des suffrages exprimés ce qui le place en troisième position à égalité avec le candidat de l’UDF, François Bayrou (cf. figure 2.2). En outre, le canton de Saint-Ismier est également plutôt favorable aux candidatures écologistes, qui obtiennent à chaque élection des scores supérieurs aux moyennes départementales et nationales. Cet équilibre électoral ne vacille qu’aux élections législatives de 2007 où le candidat de l’UMP est largement battu au second tour par la candidate du Parti socialiste (cf. figure 2.6).

Cette remise en cause, surprenante en apparence, de la grande stabilité électorale du canton aux élections législatives de 2007 s’enracine dans une crise politique locale, dont les raisons sont bien spécifiques. En effet, le canton de Saint-Ismier appartient à la première circonscription de l’Isère - circonscription dans laquelle a été élu Alain Carignon - qui est ensuite devenue son fief et l’un de ses plus fervents soutiens pour ses mandats locaux : il a ainsi été élu dès le premier tour des élections législatives en 1988 (cf. figure 2.5). Une fois retrouvés ses droits civiques, en 2005, Alain Carignon entend reprendre son ancien fief ; cependant, aux élections législatives de 2007, il est largement battu par Geneviève Fioraso, la

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candidate socialiste et protégée de l’actuel maire de Grenoble, Michel Destot. Cette défaite de l’UMP dans ce qui était l’un de ses bastions en Isère ne s’explique pas par un retournement de l’opinion en faveur des socialistes ni par l’insatisfaction des électeurs vis-à-vis des politiques menées par l’UMP au niveau national comme au niveau local. C’est un désaveu de la sélection des candidats par le parti et des manœuvre politiciennes : en effet, Alain Carignon est passé en force pour être investi par l’UMP à la place du député sortant, Richard Cazenave, - son ancien suppléant, qui a pris sa suite au moment de son incarcération et qui l’accuse d’avoir renoué avec les anciennes méthodes en inscrivant de faux militants à la section iséroise de l’UMP pour se fabriquer un soutien local sur-mesure. Furieux d’être ainsi évincé de ce qui était devenue sa circonscription, Richard Cazenave se porte candidat pour marquer son opposition à Alain Carignon et dénoncer ses manœuvres. Le candidat dissident bénéficie d’un large soutien dans le canton, réalisant un score meilleur que celui du candidat officiel, bien que ce ne soit pas suffisant pour qu’il soit présent au second tour. En outre, Alain Carignon a été le symbole de la corruption politique locale comme nationale : l’image du ministre emprisonné pour abus de biens sociaux à des fins d’enrichissement personnel et de subornation de témoins n’est pas ancienne au point que les électeurs l’aient oubliée, qu’ils habitent le canton depuis plus ou moins longtemps. Ces querelles internes à l’UMP et cette mauvaise image ont entraîné une disqualification de l’UMP et de l’ancien leader local : en effet, au second tour, si la participation n’est pas particulièrement faible, la proportion des bulletins blancs et nuls (8%) est importante pour une élection législative. De la même façon, Alain Carignon obtient au second tour un score inférieur de 10% au total de la droite parlementaire (c'est-à-dire avec Richard Cazenave) au premier tour. Pour la première fois depuis vingt ans les électeurs du canton de Saint-Ismier donnent une large majorité à la gauche socialiste, qui y réalise un score presque identique à celui réalisé à Echirolles.

Cette victoire de la candidate socialiste face à un adversaire de taille tient aussi pour beaucoup à ses qualités et à la solide implantation du PS à tous les échelons de la politique grenobloise. En effet, depuis la chute du système Carignon et profitant des luttes et des faiblesses internes du PCF, le PS a obtenu un quasi-monopole sur la totalité du système politique local (principales mairies, communauté d’agglomération, conseil général et dans une moindre mesure conseil régional). En outre, la candidate socialiste, Geneviève Fioraso, a gagné la confiance des électeurs, notamment dans le canton de Saint-Ismier, grâce à son travail avec les acteurs économiques locaux et à l’important réseau qu’elle s’y est constitué en

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participant activement au pilotage et à la mise en place de projets comme Minatec à Grenoble143.

Figure 2.1

Canton de Saint-Ismier : taux de participation aux élections présidentielles de 1988 à 2007144

Figure 2.2145

Canton de Saint-Ismier : résultats des premiers tours des élections présidentielles de 1988 à 2007

143 Minatec est un complexe scientifique financé par un partenariat public-privé, visant à stimuler la recherche et l’innovation technologique en permettant la collaboration sur un même site des laboratoires scientifiques publics et des laboratoires industriels privés.

144 Pour les résultats détaillés de ces élections, se reporter à l’annexe B1.

145 Dans tous les graphiques consacrés aux premiers tours des élections présidentielles, les résultats indiqués, en 1995, pour le RPR sont ceux de Jacques Chirac et les résultats de l’UDF sont ceux d’Edouard Balladur.

50 60 70 80 90 100 Participation 0 10 20 30 40 50 1988 P1 1995 P1 2002 P1 2007 P1 XG PCF Ecologistes Gauche socialiste UDF / MoDem Droite FN Autre XD

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Figure 2.3

Canton de Saint-Ismier : résultats des seconds tours des élections présidentielles de 1988 à 2007

Figure 2.4

Canton de Saint-Ismier : taux de participation aux élections législatives de 1986 à 2007146

Figure 2.5

Canton de Saint-Ismier : résultats des premiers tours des élections législatives de 1986 à 2007

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Pour les résultats détaillés de ces élections, se reporter à l’annexe B1. 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 1988 P2 1995 P2 2002 P2 2007 P2 Gauche socialiste Droite FN 50 60 70 80 90 100 Participation 0 10 20 30 40 50 60 1986 L 1988 L1 1993 L1 1997 L1 2002 L1 2007 L1 XG PCF Ecologiste s Gauche socialiste UDF / MoDem Droite FN Autre XD Dissident UMP

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Figure 2.6

Canton de Saint-Ismier : résultats des seconds tours des élections législatives de 1986 à 2007

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