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Dresser une nouvelle typologie de nos points d’observation

a. Minimas sociaux

2. Dresser une nouvelle typologie de nos points d’observation

Nous pouvons à présent ré-agencer la typologie initialement construite. En effet, malgré l’impression d’homogénéité des zones sélectionnées au départ, l’étude du niveau infra-zone révèle que certaines communes ou quartiers concentrent en leur sein les facilités ou les difficultés socioéconomiques. Nous conservons les qualificatifs de « favorisé » et

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« défavorisé » de façon à faire concorder cette nouvelle typologie avec celle présentée dans le chapitre 2, sur laquelle avait été fondé le programme d’enquête FJP. Cependant, il importe de replacer cette dénomination dans le contexte des zones de sélection initiales et des indicateurs que nous avons choisi d’examiner pour construire cette typologie : lorsque nous classons Autrans, par exemple, parmi les zones « défavorisées », nous parlons d’une commune dont les habitants sont confrontés à une situation économique moins favorable que d’autres communes du canton auquel elle appartient. De la même façon, lorsque nous classons le quartier Jean Jaurès d’Echirolles parmi les quartiers « favorisés », cela doit être entendu comme un quartier dont les habitants vivent dans des situations socioéconomiques plus favorables que celles de leurs voisins dans d’autres quartiers. En résumé, la typologie ici élaborée n’a pas de valeur absolue : elle n’a vocation à être utilisée que dans le cadre de cette étude, comme un instrument de travail permettant d’appréhender de façon synthétique l’ensemble des zones géographiques sélectionnées pour constituer le terrain. Ce classement – nécessairement simplificateur, au sens où toute opération de catégorisation scientifique a pour conséquence de réduire la complexité du monde réel – ne doit pas être interprété comme la traduction d’une quelconque dichotomie parfaite : il existe des degrés dans les conditions socioéconomiques favorables ou défavorables, de même qu’il y a plusieurs façons d’être « défavorisé » ou « favorisé » selon le quartier ou la commune de résidence. En synthétisant, les clivages socioéconomiques apparus au cours de l’intégration des indicateurs, par communes ou par quartiers, des données statistiques utilisées pour caractériser nos quatre points d’observation, nous arrivons à une version réagencée et complexifiée (cf. tableau 3.12) de la typologie socioéconomique présentée précédemment (cf. chapitre 2).

Le canton de Saint-Ismier est celui dont l’homogénéité semble la plus forte : en effet, seule la commune de Bernin se démarque quelque peu, avec légèrement plus d’actifs, d’employés et d’ouvriers dans la population active, moins de titulaires d’un diplôme équivalent ou supérieur au baccalauréat, un niveau de revenu légèrement inférieur et un taux de population immigrée un peu supérieur à la moyenne cantonale. Toutefois, les différences entre Bernin et les autres communes du canton semblent relativement ténues à ce stade de l’étude, ce qui nous pousse à classer cette commune, avec prudence, parmi les communes « défavorisées ».

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Tableau 3.12.

Typologie socioéconomique détaillée par communes et par quartiers237

Communes/quartiers « favorisés » Communes/quartiers « défavorisés » Zones favorisées Canton de

Saint-Ismier Toutes sauf Bernin Bernin

Canton de Villard-de-Lans Engins Lans-en-Vercors Saint-Nizier Autrans Corrençon-en-Vercors Méaudre Villard-de-Lans Zones défavorisées Canton de Pont-de-Chéruy Anthon Janneyrias Villette d’Anthon Charvieu-Chavagneux Chavanoz Pont-de-Chéruy Commune d’Echirolles Jean Jaurès La Ponatière Centre Les Granges Frange verte – Commanderie Mairie – P.Langevin La Luire – Viscose Village 2 Surieux Les Essarts

Ensuite, le canton de Villard-de-Lans semble se structurer en deux groupes de communes aux caractéristiques socioéconomiques bien distinctes. Du côté des communes « favorisées », nous trouvons Engins, Lans-en-Vercors, Méaudre et Saint-Nizier du Moucherotte, qui présentent un plus haut niveau de diplôme et un plus haut niveau de revenus, ainsi que les plus forts taux de population immigrée238. Ce sont également les communes qui ont le plus bénéficié, par rapport à la moyenne cantonale, d’un accroissement démographique à partir du début des années 1990 : Lans-en-Vercors et Saint-Nizier se détachent particulièrement dans ce groupe, les autres communes restant proches des moyennes cantonales. A l’inverse, les communes d’Autrans, Corrençon-en-Vercors et Villard-de-Lans constituent un groupe de communes plus « défavorisées » que les premières, avec une présence plus importante des chômeurs, des employés et des ouvriers, des niveaux de revenu plus faibles par rapport aux moyennes cantonales. Ce sont également les communes les plus éloignées de la liaison avec l’agglomération grenobloise, et donc celles qui ont le moins bénéficié de l’accroissement démographique des vingt dernières années.

Le canton de Pont-de-Chéruy offre, lui, une dichotomie tout à fait saisissante : les communes les plus rurales du canton, Anthon, Janneyrias et Villette d’Anthon, c'est-à-dire

237 Nous faisons figurer en grisé les noms des communes pour lesquelles un doute subsiste quant au classement

dans l’une ou l’autre des catégories identifiées.

238 Cette présence, qui peut sembler paradoxale des plus forts taux d’immigration dans ce groupe de communes,

s’explique certainement par les réalités hétérogènes que recouvrent l’immigration : on peut supposer que dans ces communes l’immigration est plutôt synonyme d’une main d’œuvre hautement qualifiée, travaillant de préférence dans les secteurs industriels de pointe ou dans la recherche scientifique.

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celles qui attirent aujourd’hui les nouveaux arrivants venus de la banlieue lyonnaise, regroupent les populations les plus « favorisées », avec moins de chômeurs, plus de cadres et de professions intermédiaires, plus d’agriculteurs et de commerçants aussi, ainsi qu’un plus niveau de diplôme et de revenus que la moyenne cantonale. A l’inverse, les communes de Charvieu-Chavagneux, Chavanoz et Pont-de-Chéruy, qui constituent l’ancien bastion industriel du canton, regroupent les populations confrontées à de plus grandes difficultés socioéconomiques, avec plus de chômeurs, d’ouvriers et d’employés, des niveaux de diplôme et de revenus moins importants et un plus fort taux de population immigrée que celui des moyennes cantonales.

Enfin, la commune d’Echirolles présente, elle aussi, différents visages selon les quartiers considérés, avec un clivage particulièrement visible entre des populations plutôt « favorisées » et d’autres confrontées à de lourdes difficultés socioéconomiques. Ce sont les quartiers Jean Jaurès, Frange verte / Commanderie et Mairie / Paul Langevin qui comportent les populations « favorisées » avec une plus forte présence des cadres et professions intermédiaires, ainsi qu’un plus haut niveau de diplôme et une part moins importante de population immigrée que la moyenne communale, même si le quartier Jaurès présente une différence notable, avec plus de retraités que les deux autres. Ensuite, les quartiers de la Ponatière, du Centre et des Granges rassemblent des populations présentant des situations légèrement moins favorables que les précédentes, que nous regroupons cependant dans le groupe des « favorisés » car elles se situent très fréquemment dans les moyennes communales. Enfin, le groupe des quartiers « défavorisés » comprend La Luire / Viscose, le Village 2, Surieux et les Essarts : les taux de chômage y sont élevés, tout comme les proportions d’ouvriers, d’employés et de population immigrée, avec un niveau de diplôme inférieur à la moyenne communale. A ce stade, nous opérons une répartition en deux groupes, mais un classement en trois groupes semble également envisageable.

Une analyse en composantes principales (ACP), réalisée à partir des données agrégées utilisées239, nous fournit une représentation graphique intéressante pour illustrer et confirmer la nouvelle typologie socioéconomique des quartiers et des communes (cf. graphique 3.1).

239 L’ACP a été réalisée sur les variables suivantes au niveau des communes et des quartiers : proportions d’agriculteurs, de cadres supérieurs, de professions intermédiaires, d’employés et d’ouvriers dans la population active ; proportion de la population non scolarisée âgée de 15 ans et plus titulaires d’un diplôme égal ou supérieur au baccalauréat ; proportion des foyers fiscaux imposés de l’ensemble des foyers fiscaux ; revenu net imposable moyen par foyer fiscal imposé. Les données sont tirées du recensement de 2008. Les points d’observation initiaux (les trois cantons et Echirolles) ont été ajoutés dans l’analyse comme variables illustratives.

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Graphique 3.1.

Représentation graphique de la typologie socioéconomique des quartiers, communes et cantons240

240 Les individus apparaissant en rouge sont les quartiers de la commune d’Echirolles, ceux apparaissant en bleu sont les communes du canton de Saint-Ismier, ceux apparaissant en vert sont les communes du canton de Villard-de-Lans et ceux apparaissant en marron sont les communes du canton de Pont-de-Chéruy.

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