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Cartes d’identité des populations des quatre points d’observation

QUATRE POINTS D’OBSERVATION EN ISERE

B. Cartes d’identité des populations des quatre points d’observation

Après cette description des évolutions démographiques et économiques de chacun des territoires observés, nous allons maintenant tâcher de caractériser leurs populations, en utilisant les données fournies par l’INSEE en matière d’activité et de catégories socioprofessionnelles (1) et de niveau de diplôme (2).

1. Activités et catégories socioprofessionnelles

Dans un premier temps, l’analyse de la répartition la population de 15 ans et plus entre actifs et inactifs dans chacun de nos points d’observation permet d’établir deux constats : d’une part, le canton de Pont-de-Chéruy et la commune d’Echirolles ont une proportion de chômeurs plus conséquente que dans les deux autres zones ; d’autre part, la faiblesse du taux d’actifs occupés du canton de Saint-Ismier s’explique par la présence importante de retraités et d’étudiants. Ceci nous permet donc de confirmer la distinction faite initialement en fonction de l’aisance socioéconomique des populations : les cantons de Saint-Ismier et de Villard-de-Lans semblent plus favorisés, tandis que celui de Pont-de-Chéruy et Echirolles le sont moins, avec des populations plus largement confrontées au chômage.

Si la présence des retraités dans la population départementale en Isère est inférieure à la moyenne nationale (25,2%), ce n’est pas le cas dans tous nos points d’observation. En effet, tandis que la part des retraités dans la population est sensiblement identique au niveau national à Echirolles et dans le canton de Saint-Ismier, cette proportion est légèrement inférieure dans les cantons de Pont-de-Chéruy et de Villard-de-Lans. Cet écart s’explique en grande partie par l’éloignement géographique de ces cantons des services médicaux spécialisés, mais aussi par des transports en commun plus rares pour assurer la liaison entre

126 Source : INSEE, Chiffres-clés « Dossiers thématiques » des cantons de Saint-Ismier, Pont-de-Chéruy et Villard-de-Lans et de la commune d’Echirolles, mise à jour décembre 2008.

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ces secteurs et les grandes agglomérations, deux éléments qui ne favorisent pas le maintien de leur résidence dans ces zones pour les personnes les moins autonomes.

L’Isère compte une part un peu plus importante d’étudiants (10%) dans la population de plus de 15 ans que la moyenne nationale (8,8%), en raison de la présence de nombreux établissements universitaires et d’équipements de recherche dans l’agglomération grenobloise. Ainsi, Echirolles et le canton de Pont-de-Chéruy se placent dans la moyenne nationale, tandis que le canton de Villard-de-Lans compte un nombre légèrement inférieur d’étudiants – ce qui s’explique par le relatif isolement géographique du canton par rapport aux établissements universitaires. Seul le canton de Saint-Ismier se distingue largement par une forte présence des étudiants dans sa population (12,1%) : cette surreprésentation correspond à la forte présence de personnes à haut niveau de diplôme (presque 54% de la population de plus de 15 ans du canton a un diplôme supérieur au baccalauréat).

Tableau 2.7

4 zones : Types d’activité socioprofessionnelle (en %)127

Actifs ayant un emploi Chômeurs Retraités ou préretraités Etudiants Autres inactifs Canton de Saint-Ismier 50,6 3 26,3 12,1 7,9

Canton de Villard de Lans 65,2 4 18,3 7,2 5,3

Canton de Pont-de-Chéruy 56,6 6 20,1 8,6 8,7

Echirolles 47,4 8,2 25,8 8,3 10

Isère 53,8 5,5 22,7 10,0 8,0

Ensuite, l’observation de la composition socioprofessionnelle de la population de chacun de nos points d’observation confirme la dichotomie établie précédemment en fonction de l’aisance socioéconomique des territoires, nous permettant même d’en affiner la description.

La commune d’Echirolles et le canton de Pont-de-Chéruy apparaissent effectivement comme les deux zones les moins favorisées socialement, avec une surreprésentation des employés et des ouvriers, donc des groupes socioprofessionnels dont les revenus sont moindres et dont l’emploi a tendance à être de plus en plus précaire, dans la population active des zones (cf. tableau 2.8). Ainsi, à Echirolles, les employés et les ouvriers représentent respectivement 26,6% et 21,3% de la population active des 15-64 ans ; à Pont-de-Chéruy, les

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Source INSEE : RP 2006, Tableaux détaillés et RP 2006, Bases de données infra-communales. Chiffres calculés à partir de la population de 15 ans et plus.

(NB. : les totaux ne sont pas égaux à 100% en raison de l’utilisation des données issues des exploitations complémentaires des IRIS de l’INSEE, sujettes à de légères imprécisions, mais qui n’affectent pas l’analyse ici présentée.)

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ouvriers sont les plus nombreux, représentant 30,1% de la population active des 15-64 ans128, tandis que les employés comptent pour 23,4%. Les taux de chômage dans la population active de 15 à 64 ans sont également élevés (10% dans le canton de Pont-de-Chéruy et 14% à Echirolles), corollaire de la présence des catégories socioprofessionnelles les plus modestes. En raison de sa proximité avec Grenoble et des programmes de développement urbain axés sur la mixité sociale, Echirolles présente une proportion plus importante de cadres et de professions intellectuelles supérieures (11%) et de professions intermédiaires (23,2%). A l’inverse, l’éloignement du canton de Pont-de-Chéruy de l’agglomération urbaine lyonnaise (environ 40 kilomètres), et encore plus de l’aire urbaine grenobloise (presque 100 kilomètres), entraîne une moindre présence des catégories supérieures de la population (7,9% de cadres et professions intellectuelles et 22,5% de professions intermédiaires). Enfin, la situation du canton en zone périurbaine se traduit par le maintien de quelques agriculteurs-exploitants, au contraire d’Echirolles.

A l’inverse, les cantons de Saint-Ismier et de Villard-de-Lans apparaissent plus favorisés. En effet, ils comprennent une proportion moindre de populations confrontées à de nombreuses difficultés sociales (cf. tableau 2.8). Ainsi, dans le canton de Saint-Ismier, la catégorie des cadres est de loin la catégorie de population active la plus nombreuse (41,8% de la population active des 15-64 ans) et les professions intermédiaires représentent 23,9% de la population active. A l’inverse, ouvriers et employés y sont peu nombreux sur le territoire, respectivement 6% et 15,5% de la population active du canton de Saint-Ismier. Le canton de Villard-de-Lans est plus spécifique car sa situation en zone rurale et touristique se traduit par le maintien d’une part importante d’agriculteurs et de petits commerçants (12% de la population active de 15 à 64 ans). Si ce canton est un peu moins favorisé que le canton de Saint-Ismier avec plus de professions intermédiaires (26,6%) et d’employés (25,5%), la présence de 15,9% de cadres et professions intellectuelles supérieures le place en deuxième position dans notre typologie et en position légèrement supérieure à la moyenne départementale129.

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La forte part des ouvriers dans le canton de Pont-de-Chéruy en fait le canton « le plus ouvrier » de l’Isère, largement au-dessus de la moyenne départementale mais aussi nationale.

129 Les statistiques de l’INSEE ne nous permettent de dresser qu’un portrait encore flou de la population de nos quatre points d’observation. En effet, elles ne sont pas destinées à fournir d’informations d’évolution ou de socialisation des individus : il n’est donc pas possible de croiser les catégories socioprofessionnelles avec les origines sociales ou les situations familiales, ou avec des données plus précises sur le type d’emploi (CDD, CDI, intérim etc.). Ces informations nous permettraient certainement de mieux appréhender les différences entre les groupes socioprofessionnels de nos quatre cantons. Nous reviendrons cependant, dans le chapitre 3, sur les limites de ces indicateurs en essayant de les compléter par d’autres informations statistiques.

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Tableau 2.8

4 zones : catégories socioprofessionnelles (en %)130

Agriculteurs et PIC

Cadres, prof. intellec sup.

Prof.

interm. Employés Ouvriers Chômeurs Total

Canton de Saint-Ismier 7,4 41,8 23,9 15,5 6,0 5,4 100 Canton de Villard de Lans 11,9 15,9 26,6 25,5 14,2 5,8 100 Canton de Pont-de-Chéruy 6,0 7,9 22,5 23,4 30,1 10,0 100 Echirolles 3,9 11,0 23,2 26,6 21,3 14,0 100 Isère 6,4 15,6 24,3 23,5 20,8 9,3 100

2. Niveau de diplôme

Bien qu’il n’ait pas fait partie des critères initiaux de sélection des zones, le niveau de diplôme est le deuxième élément qui nous a permis de les caractériser plus finement au cours de l’enquête. Cet élément contribue à clarifier « l’identité » de nos deux catégories de territoires en fonction de leur aisance socioéconomique (cf. tableau 2.9). Avec respectivement 70,1% et 52,7% d’individus non scolarisés qui détiennent un diplôme équivalent ou supérieur au baccalauréat, les cantons de Saint-Ismier et de Villard-de-Lans sont largement plus diplômés que nos deux autres points d’observation (31,7% dans le canton de Pont-de-Chéruy et 35,6% à Echirolles). Si les individus habitant les zones les moins favorisées de notre échantillon sont moins diplômés que les autres, ils sont également moins diplômés que la moyenne des habitants du département de l’Isère (41,3%). Cette division de notre échantillon sur le plus haut niveau de diplôme atteint n’est pas surprenante au regard des écarts mis en évidence précédemment dans sa composition socioprofessionnelle.

Tableau 2.9

4 zones : Niveau de diplôme de la population non scolarisée âgée de 15 ans et plus (en %)131

Inférieur au bac. Bac. et plus Canton de Saint-Ismier 29,9 70,1 Canton de Villard de Lans 47,3 52,7 Canton de Pont-de-Chéruy 68,3 31,7 Echirolles 64,4 35,6 Isère 58,6 41,3

130 Source INSEE : RP 2006, Tableaux détaillés et RP2006, Bases de données infra-communales. Chiffres calculés à partir de la population active de 15 à 64 ans.

(NB : les totaux ne sont pas égaux à 100% en raison de l’utilisation des données issues des exploitations complémentaires des IRIS de l’INSEE, sujettes à de légères imprécisions, mais qui n’affectent pas l’analyse) 131 Source INSEE : RP 2006, Tableaux détaillés et RP2006, Bases de données infra-communales. Chiffres calculés à partir de la population âgée de 15 ans et plus, ayant terminé ses études.

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Grâce aux différentes données statistiques agrégées mobilisées ici, nous avons pu mettre en évidence quatre contextes socioéconomiques différents, qu’il est possible d’ordonner de la zone la plus favorisée à la zone la moins favorisée socio économiquement : le canton de Saint-Ismier, celui de Villard-de-Lans, la commune d’Echirolles et enfin le canton de Pont-de-Chéruy. Il est aussi possible de regrouper les zones deux à deux, avec les deux zones aux conditions socioéconomiques les plus favorables d’un côté, et les deux zones aux conditions les moins favorables de l’autre. Ce classement des zones est à entendre de façon relative les unes par rapport aux autres : il existe, bien entendu, des zones qui sont dans des situations bien plus favorables ou défavorables selon les points de vue.

II. Présentation politique des quatre points d’enquête

Comme nous l’avons déjà évoqué, parmi les éléments sur lesquels l’équipe de recherche a appuyé la sélection des zones observées figurait un critère politique : les résultats au référendum sur le TCE du 29 mai 2005 (A). Les résultats des différents cantons ont ainsi permis de classer les territoires en fonction de l’hypothèse de Hans-Peter Kriesi (2008) sur les gagnants / perdants de la mondialisation : les zones les plus favorisées de Saint-Ismier et de Villard-de-Lans seraient du côté des gagnants, tandis que les deux autres seraient du côté des perdants.

Parallèlement au référendum comme critère de sélection, nous avons ajouté une chronologie électorale de façon à caractériser sur le temps long les évolutions politiques des cantons sélectionnés, en faisant l’hypothèse que les changements sociaux et économiques relevés pouvaient avoir une répercussion politique. Sachant que les points d’observation présentent des « alignements » électoraux132 spécifiques et stables, s’attacher aux évolutions politiques nous permet ainsi de voir si ces orientations politiques se maintiennent ou se recomposent en fonction des changements socioéconomiques (B).

132 La théorie des réalignements électoraux, développée notamment par V.O. Key (1959), postule que la vie politique des démocraties occidentales est régie par un ordre électoral, dans lequel alternent les phases d’alignement et de réalignement. Sur un territoire donné, les phases d’alignement, ou période de politique ordinaire, sont caractérisées par une préférence stable et forte des électeurs en faveur d’un candidat ou d’un parti. A l’inverse, les phases de réalignement sont des périodes de transition, dans lesquelles sous l’effet de l’apparition, de l’évolution ou de la disparition de certains enjeux électoraux, les électorats vont réorganiser leurs préférences de façon plus ou moins brutale et durable, jusqu’à l’ouverture d’une nouvelle période de politique ordinaire.

Pour plus de détails sur la théorie des réalignements électoraux et leur application au cas français, voir notamment Pierre Martin (2000).

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