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Chapitre II : LA COMPOSANTE DE LA DEMANDE

3. LES CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DE LA DEMANDE

3.2 L ES CARACTERISTIQUES SOCIO ECONOMIQUES DE LA DEMANDE : ANALYSE SPATIALE

3.2.1 Les revenus moyens par habitant en 1998 et en

3.2.1.1 Les espaces périurbains socio-économiquement favorisés

Les cartes II.4 et II.5 présentent la variable du revenu moyen par habitant en 1977 et en 1998. En 1998, les revenus moyens par habitant les plus élevés sont l’apanage des banlieues périurbaines. Bien que de manière moins affirmée, les communes périphériques sont déjà socio-économiquement favorisées en 1977, ce qui nous rappelle que les premières vagues périurbaines sont bien antérieures à cette date.

La distribution des revenus à l’échelle nationale atteste de l’influence économique de Bruxelles. Au centre du pays, se trouve, en effet, un très vaste territoire bénéficiant des retombées de l’activité bruxelloise. Au sein de cette vaste zone métropolitaine, ce sont les communes de la banlieue périurbaine bruxelloise2 qui sont caractérisées par les revenus

moyens les plus élevés, cela principalement en Flandre. En 1998, la limite ouest des hauts revenus y coïncide approximativement avec la frontière entre le Brabant flamand et la Flandre orientale. Vers l’est, la zone socio-économiquement favorisée englobe la région urbaine de Louvain. Vers le nord, elle intègre la région urbaine de Malines, pour se poursuivre jusque Anvers (via la commune de Rumst). La redistribution du potentiel économique bruxellois concerne également la Wallonie, principalement dans le Brabant wallon, où les communes les plus favorisées en 1998 sont situées sur les axes de communication irriguant Bruxelles, le long de la E411, depuis Wavre jusque Walhain, et le long du Ring Est et de la E19, depuis Waterloo et Braine-l’Alleud jusque Ittre et Nivelles. Des communes situées au-delà de l’influence métropolitaine bruxelloise, seules certaines entités périurbaines appartiennent à la classe des revenus les plus élevés en 1998 (de 11619 à 15499 euros par habitant). A Anvers, en plus des communes proches des axes de transport reliant Bruxelles, c’est le nord de la région urbaine qui est particulièrement favorisé (Stabroek, Kapellen, Brasschaat, Schoten). Au sud de Gand, les deux communes de Latem- Saint-Martin et de De Pinte sortent du lot par leurs valeurs très importantes, soit respectivement 15499 euros par habitant pour Latem-Saint-Martin (valeur maximale) et 14034 euros par habitant pour De Pinte. A Charleroi, c’est le trio Montigny-le-Tilleul – Ham- sur-Heure-Nalinnes et Gerpinnes qui, en banlieue sud, s’identifie aisément. Pour Liège, le sud de la région urbaine concentre également les populations les plus favorisées et quatre communes appartiennent à la classe des revenus les plus élevés : Olne, Chaudfontaine, Neupré et Nandrin. Afin d’appréhender le phénomène de redistribution résidentielle des revenus générés par les interactions urbaines, il faut également épingler les hautes valeurs du Sud-Luxembourg (principalement Arlon), cela en raison de la proximité à Luxembourg- Ville.

1 Voir ci-dessous la sous-section 1.4. du chapitre III.

Les espaces socio-économiquement défavorisés

Trois groupes sont identifiables parmi les communes marquées par de faibles revenus moyens : les communes à caractère rural très prononcé, les communes des villes centrales et les communes des bassins industriels.

Les faibles revenus moyens observés dans de nombreuses communes rurales peuvent s’interpréter comme la conséquence conjointe d’un éloignement par rapport aux pôles économiques et de la forte proportion d’agriculteurs parmi la population active (B. Mérenne-Schoumaker et al., 1998, p. 133). A ce premier groupe de communes peu favorisées se rattachent les cinq communes de la partie sud de la Communauté germanophone (sud-est de la Province de Liège), ainsi que de nombreuses entités ardennaises de la province de Luxembourg, notamment autour de Bastogne. En Wallonie, de nombreuses communes situées le long de la bordure frontalière avec la France peuvent aussi être rattachées à ce groupe, cela depuis Florenville jusque la Botte du Hainaut, et également, mais sur une extension moindre, au sud de Tournai. En Flandre, la logique de « l’isolement » rural permet d’expliquer les faibles revenus moyens qui marquent une partie importante de la Flandre occidentale et, dans une moindre mesure, la Campine limbourgeoise.

En 1998, de nombreuses communes centrales des principales régions urbaines sont caractérisées par des revenus moyens faibles. L’existence de ce deuxième groupe de communes défavorisées tranche avec la situation de 1977. Comme en atteste la carte II.4, de nombreuses villes centrales appartenaient alors au groupe des communes les plus fortunées. Sans conteste, cette évolution témoigne du mouvement d’exurbanisation des classes favorisées. La lecture des cartes II.4 et II.5 atteste aussi très clairement de la paupérisation de nombreuses communes bruxelloises, cela en raison des choix résidentiels de la bourgeoise. En 1998, seule la frange sud-est de la Région de Bruxelles-Capitale demeure caractérisée par de hauts niveaux socio-économiques (principalement Watermael- Boitsfort, Uccle, Auderghem et Woluwé-Saint-Pierre). Pour d’autres entités, notamment Bruxelles-Ville, Ixelles, Etterbeek et Forest, la baisse du revenu moyen est très forte.

La paupérisation urbaine ne concerne pas que la seule région capitale. En Flandre, l’appauvrissement relatif est par exemple très important à Gand, Anvers, Courtrai et Hasselt. En Wallonie, le déclin est particulièrement marqué pour Liège. Alors que les revenus moyens de 1977 hisse Liège dans la première classe (comprise entre 7742 et 13343 euros par habitant), les données fiscales de 1998 ne déterminent plus qu’un classement au sein de l’avant-dernière classe (de 8662 à 9512 euros par habitant). En plus de Liège, l’appauvrissement relatif affecte en fait l’ensemble des autres communes centrales des villes régionales wallonnes, c’est-à-dire Verviers, Namur, Charleroi, La Louvière, Mons et Tournai. Les données fiscales antérieures à 1977 permettraient de mieux situer l’appauvrissement urbain dans la durée, en précisant les modalités temporelles des « vases communicants » ayant conduit à la délocalisation de la bourgeoisie vers les franges périurbaines. Remonter suffisamment loin dans le temps conduirait sans doute à retrouver la concentration des hauts revenus dans les villes-centres et une trame rurale modeste dans les espaces aujourd’hui les plus valorisés.

Dans différents bassins wallons de tradition industrielle, la paupérisation dépasse les seules villes centrales pour concerner de très vastes territoires. En 1998, telle est notamment la situation dans le Borinage et dans le continuum urbano-industriel qui, via Charleroi, s’étend depuis Sambreville jusqu’à la région du Centre (Binche et La Louvière notamment). L’extension spatiale de la dépression des revenus est également considérable dans le bassin liégeois, depuis Herstal jusque Engis et Amay.

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