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Chapitre II : LA COMPOSANTE DE LA DEMANDE

2. LES CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES DE LA DEMANDE 1 L ES CROISSANCES DEMOGRAPHIQUES ET LEURS REPARTITIONS SPATIALES

2.1.3 Les croissances démographiques à l’échelle communale

2.1.3.1 Evolution des volumes de population entre 1977 et 2001

Les cartes II.2 et II.3 mettent en évidence la croissance annuelle du volume de population, la première pour la période 1977-2001, la seconde pour la période 1999-2001. La discrétisation utilisée pour ces cartes est basée sur la méthode des « égales fréquences ». A partir de la série ordonnée des valeurs, cette méthode conduit à la répartition d’un même nombre d’observations au sein des différentes classes. La comparaison entre les deux cartes permet donc d’établir une analyse quant aux ordres des individus, c’est-à-dire, en l’occurrence, quant au classement des communes en fonction de la croissance annuelle du volume de population.

La carte II.2 atteste de la dépression démographique des principales entités urbaines. La dernière classe, comprise entre les évolutions moyennes de - 0,84 % et 0,02 %, compte notamment :

1 Au 1er janvier 2001, les 17 CRU du pays concentrent 76 % de la population (source : INS (statistiques

démographiques)).

2 L’accroissement de la population entre 1970 et 1991 est l’un des 7 critères utilisés pour délimiter la banlieue

- la quasi totalité des communes de la Région de Bruxelles-Capitale ;

- les villes flamandes d’Anvers, Gand, Bruges, Ostende, Courtrai, Malines et Alost ; - en Wallonie, le pôle Verviers-Dison, ainsi que les bassins urbano-industriels de la région

liégeoise et de l’axe hennuyer qui s’étend de la Basse Sambre namuroise jusqu’au Borinage.

Concernant les espaces en régression, on peut également épingler la situation des deux villes wallonnes de Tournai et de Mouscron, ainsi que celle de quelques communes rurales le long de la frontière française, dans le Westhoek, dans le Hainaut et dans l’ouest du Luxembourg.

Parmi les communes à la démographie la plus dynamique, l’on trouve nombre d’entités à caractère périurbain, cela principalement entre Bruxelles et Namur, dans le Sud- Luxembourg, dans le nord de la Communauté germanophone, à l’est d’Anvers, dans la partie centrale du Brabant flamand autour de Louvain et également au sud de Verviers, de Liège et de Namur.

Le nord de la Province de Limbourg compte également différentes communes marquées par une forte croissance démographique, la Campine limbourgeoise continuant de « profiter » d’une natalité relativement élevé. Par ailleurs, c’est également le contexte démographique limbourgeois, traditionnellement nataliste, qui explique que le bi-pôle Hasselt-Genk ne soit pas intégré au sein de la classe des communes les plus en recul.

2.1.3.2 Evolution des volumes de population entre 1999 et 2001 : croissance centrifuge en Wallonie et ralentissement de la périurbanisation en Flandre Considérée globalement, la période 1977-2001 ne recèle pas de différence marquante entre la Flandre et la Wallonie quant au processus de la redistribution périurbaine. Par contre, en isolant la période plus récente comprise entre 1999 et 2001, deux configurations distinctes semblent émerger : un ralentissement de la périurbanisation en Flandre et une croissance centrifuge en Wallonie.

Pourquoi ce ralentissement de la périurbanisation en Flandre ?

A propos de la différenciation entre la Flandre et la Wallonie, remarquons qu’à l’instar de la situation bruxelloise, la dépopulation urbaine apparaît désormais moins aiguë dans le Nord du pays. Bien qu’Anvers et Courtrai continuent de régresser très nettement entre 1999 et 2001, les positions relatives des villes de Hasselt-Genk, Gand, Bruges, Ostende, Malines, Alost et Louvain s’améliorent. Par contre, en Wallonie, les principales agglomérations wallonnes demeurent affectées par une nette dépopulation.

A notre connaissance, l’intéressant phénomène de l’affaiblissement de la périurbanisation flamande n’a pas encore été étudié. Pour ce faire, différents facteurs explicatifs devraient être testés. Concernant la dimension démographique, on peut s’interroger sur l’impact du progressif ralentissement de la croissance du nombre de ménages et sur l’influence de la multiplication des ménages de petite taille. A propos du volet « offre foncière », c’est ici l’hypothèse de la pénurie en offre réellement disponible pour la construction (offre effective) qui mériterait d’être objectivée. Il pourrait également être opportun de vérifier si la croissance des prix fonciers observée en Flandre lors des années nonante n’a pas limité la part de la population financièrement apte à accéder à la construction neuve. Le rôle de la puissance publique mériterait également d’être objectivé. A l’instar d’une certaine saturation des territoires périphériques en offre foncière à la fois effective et financièrement accessible, il est probable que les politiques urbaines développées par différentes municipalités énergiques aient permis de réorienter une partie de la demande vers les tissus urbains traditionnels. Sur ce sujet, l’exemple des bonnes pratiques de la Ville de Gand est d’ailleurs très fréquemment relevé par les urbanistes.

La croissance centrifuge en Wallonie : un étalement de la périurbanisation ?

Par rapport à l’ensemble de la période 1977-2001, la géographie générale de la croissance démographique wallonne évolue peu. Toutefois, les progressions sont moins soutenues à proximité immédiate des agglomérations et, par contre, plus vigoureuses au sein des entités plus éloignées.

Dans la zone sous orbite bruxelloise, la croissance se réduit dans la partie occidentale du Brabant wallon alors que le front périurbain progresse vivement dans le nord du Hainaut (triangle compris entre Seneffe, Jurbise et Lessines). Parallèlement, la stagnation démographique caractérise désormais certaines communes de la première couronne brabançonne. Sur la période 1999-2001, une dépopulation « périurbaine » est même observée à Waterloo.

La stagnation de la première couronne affecte également différentes communes de la région liégeoise. La croissance est négative à Ans, Oupeye, Chaudfontaine et Esneux. Par contre, d’importants développements se mettent en place en seconde couronne, notamment dans le nord-ouest de la Province, où l’accessibilité à Bruxelles et à Namur agit sans doute comme un important facteur de localisation résidentielle. Nous aurons l’occasion d’y revenir, l’hypothèse est ici celle d’un effet « conurbation fonctionnelle », de nombreux ménages originaires de la région liégeoise étant susceptibles de choisir ce type de localisation en vue de faciliter les migrations pendulaires d’un de leur membre vers les pôles d’emplois de Bruxelles et de Namur. Pour cette partie du territoire, un effet « vol de nuit » s’ajoute à la logique de l’accessibilité interurbaine. En effet, les communes les plus en progression sont contiguës aux espaces dont la dépopulation s’explique par les conséquences environnementales du développement des vols de nuit que connaît l’aéroport de Bierset depuis mars 1998 (principalement Saint-Georges, mais également Flémalle, Grâce-Hollogne et Ans)1.

En Wallonie, la période récente est également marquée par une forte croissance pour de nombreuses entités traditionnellement « rurales » situées au sud de l’axe Mons-Verviers, notamment le long de la frontière luxembourgeoises, dans le triangle Namur-Marche- Verviers, en Ardenne Centrale et dans l’ouest de la Province de Namur. Pour L. Thomsin (2001), cette reprise démographique des campagnes résulterait de mécanismes endogènes plutôt que d’un déversement périurbain ; en bref, d’une rurbanisation. Par contre, pour T. Eggerick et C. Capron (2001), la croissance démographique récente de ces territoires ruraux ne peut être dissociée de l’influence urbaine, qu’il s’agisse d’une influence des grandes agglomérations wallonnes, des petites villes locales ou du Luxembourg. En s’appuyant sur une analyse chiffrée des évolutions socio-démographiques, ces auteurs ont développé une thèse en faveur d’une croissance alimentée par l’exode urbain, qu’il s’agisse d’ailleurs d’un exode en provenance des grandes agglomérations ou des petites villes. Un premier argument tendant à attester de l’évidente influence urbaine sur le peuplement récent des communes « rurales2 » est celui de l’historique des bilans naturels et migratoires.

Alors qu’entre 1950 et 1965, ces entités présentaient un solde naturel positif et une balance migratoire négative, les courbes s’inversent à partir de 1970 et le démarrage démographique est alors exclusivement le résultat d’un apport migratoire important, le croît naturel étant déficitaire (T. Eggerick et C. Capron, 2001, p. 127). Un second résultat essentiel est celui du profil des ménages qui choisissent l’option de ces communes qualifiées de « rurales ». En effet, il est manifeste que ces entités se révèlent particulièrement attractives pour les tranches d’âges traditionnellement associées au phénomène périurbain, à savoir la population âgée de 30 à 44 ans avec enfants de moins de 15 ans (T. Eggerick et C. Capron,

1 Depuis mars 1998, la société TNT a installé un hub européen sur l’aéroport de Liège-Bierset, ce qui

s’accompagne de nombreux vols de nuit.

2 Les détails méthodologiques quant au regroupement des communes sont présentés par T. Eggerick et

2001, p. 127). Par contre, ces communes se différencient du modèle périurbain par leur pouvoir d’attraction sur une population plus âgée, composée notamment de jeunes retraités. « En résumé, sur base de cette seule analyse des bilans migratoires selon l’âge, le ’’renouveau démographique’’ des communes rurales serait assuré d’une part par les jeunes ménages âgés de 30-45 ans – les principaux acteurs de la périurbanisation – et d’autre part, par des quinquagénaires et des ’’jeunes retraités’’. A ce niveau, le modèle de peuplement des communes rurales ne se démarque pas totalement du modèle périurbain » (T. Eggerick et C. Capron, 2001, p. 131).

2.2 L

ES CLASSES D

AGES

,

LES CYCLES DE VIE ET LES LOGIQUES

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