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LE SYSTEME EDUCATIF MALIEN : ENJEUX ET TENDANCES

1.2. La réforme du système éducatif malien : Le programme décennal de développement de l’éducation (PRODEC):

1.2.3. Quelques résultats du PRODEC

Rappelons que le PRODEC est mis en œuvre à travers le PISE. Chacune des trois phases planifiées concerne des objectifs précis. La première phase s’est particulièrement intéressée à l’éducation de base, en termes de développement quantitatif et qualitatif du système éducatif. Ce double défi n’a pas été également occulté dans les deux autres phases qui l’ont suivi. Toutefois, nous limiterons l’analyse des résultats induits de la mise en œuvre du PRODEC, aux résultats obtenus dans le cadre du PISE I, d’autant que, à l’instar de cette première phase, la phase deux qui devait s’achever en 2008 se poursuit encore en 2009 et que la phase trois tarde à commencer encore en 2010.

La revue conjointe du PISE 1 (Gouvernement-PTF) a entrepris une évaluation en décembre 2004, le bilan établit lors de cette évaluation est à demi teinte. En effet, il apparaît que si le système a enregistré une progression importante des taux de scolarisation, en revanche, les résultats restent en deçà des objectifs fixés.

Sur le plan quantitatif, quelques résultats non moins significatifs ont été enregistrés à l’issue de cette première phase du PISE. De 1996/97 à 2004/05, les effectifs scolaires ont connu une croissance exponentielle, passant de 785 115 à 1 126 294 élèves en 2000/01 (au démarrage du PISE I) et à 1 505 903 élèves à la fin du PISE I en

2004-2005 ; soit un taux d’accroissement annuel moyen de 8.5% (RESEN, 2006)13.

Conséquemment, le taux brut de scolarisation (TBS) qui visait un objectif de 70% à la fin du PISE I, a largement dépassé cette prévision en se stabilisant à 72,2% à la fin du PISE I. Pour mieux mesurer l’ampleur des progrès réalisés à ce niveau, il convient de rappeler qu’en 1996/97, le TBS était estimé à 50,0% ; en 2000/01, au démarrage du PISE I, il est passé à 60,9% et à 70,5% trois ans plus tard pour se stabiliser à 72,2% à la

fin du PISE I, soit une augmentation d’environ 3 points à partir de199714.

Suivant les mêmes sources, le taux brut d’accès (TBA) en première année, des évolutions ont été également constatées. Suivant la période 2000/01 à 2004/05, le TBA qui était de 52,7% en 1996/97 a évolué à 59,3% en 2000/01, puis à 66,6% en 2003/04 pour s’établir à 67,6% en 2004/05.

Toutefois, cette hausse constante des taux brut de scolarisation ne s'appuie pas sur des éléments reproductibles au fil des années. En effet, une part importante de l'amélioration de la couverture du primaire est générée en dehors du système public traditionnel, au sein des écoles privés, des écoles communautaires et des médersas. Par ailleurs, la croissance des effectifs du primaire a largement été nourrie par une augmentation du ratio élèves/maître en général, et en particulier dans le système public, qui atteint désormais le niveau moyen élevé de 63. Au-delà, le système demeure très inégalitaire : il existe 19 points d'écarts dans le taux d'achèvement du primaire en 2005 selon le genre, 23 points entre urbains et ruraux et 53 points entre riches et pauvres.

Les taux d’achèvement du primaire (TAP) sont passés de 25,1% en 1996/97 à respectivement 35,6% et 41,6% en 2000/01 et 2003/04, soit un accroissement de 2,2 points par an. Ce rythme de progression ne permettra pas d’atteindre les objectifs à termes échus du PISE I et du PRODEC. Les projections montrent qu’à ce rythme de

13 Banque mondiale, Eléments de diagnostic du système éducatif malien. Le besoin d’une Politique éducative Nouvelle pour l’atteinte des objectifs du millénaire et la réduction de la pauvreté, 2006.

14 MEN-SG, proposition de plan d’action pour la mise en œuvre accélérée du PISE II pour la scolarisation primaire universelle, Bamako, octobre 2006

progression, 49,7% ; 51% et 61% des enfants seulement achèveront le primaire respectivement en 2008/09 ; 2009/10 et 2015.

Cette situation s’explique en partie par la faiblesse des taux de rétention et la propension au redoublement. En effet, quoique les taux de rétention aient connu une certaine amélioration au cours du PISE I, ils sont considérés comme faibles pour permettre d’atteindre la SPU en 2015. Ceux-ci sont passés de 69,7% puis à 74,6% et enfin à 76,6%, respectivement en 2000/01 en 2003/04 et en 2004/05. Dans le même temps, les taux de redoublement ont enregistré une baisse de seulement 0.8 point, passant de 19,5% à 18,7%. L’objectif du PISE I était de les ramener de 19,5% à 13%.

A ces difficultés quantitatives s’ajoutent de graves lacunes qualitatives. D’une manière générale, le système éducatif connaît depuis toujours de sérieux problèmes d'efficacité interne. En effet, seuls 51 % des adultes sont durablement alphabétisés après 6 années de scolarité (contre une moyenne de 72% pour 15 pays d'Afrique comparables). La disponibilité d’enseignants qualifiés, leur mode de gestion, de même que la gestion plus globale des ressources allouées sont, entre autres des facteurs explicatifs de cet état de fait.

Le PISE I s’était fixé un objectif de recrutement de 2 500 enseignants par an sur 5 ans. Or, pour toute la période 2001 à 2004, les IFM ont produit au total 2 441 maîtres, une production très marginale par rapport à cet objectif de 2 500 et qui oblige à recourir aux enseignants contractuels diplômés ou non.

La mise en œuvre du PRODEC a permis d’améliorer la couverture éducative au niveau de l’enseignement primaire. Au cours du PISE I, les effectifs scolaires ont connu presque un dédoublement, grâce à une politique de libéralisation de l’offre éducative et aux actions de constructions scolaires et de recrutement massif d’enseignants. Toutefois, ce développement quantitatif s’est fait au détriment de la qualité des services éducatifs. C’est pourquoi, un des objectifs prioritaires que se fixe le PISE II est l’amélioration de la qualité du service éducatif. Dans l’optique du PISE II, cela passe par l’amélioration des ratios élèves/maîtres, élèves/classe, élève/ manuels et une meilleure formation des maîtres. Ce dernier aspect fait l’objet du chapitre qui suit.

CHAPITRE II