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LA FORMATION DES ENSEIGNANTS

2.4. Les alternatives de formation : la radio et les nouvelles technologies Comme précédemment annoncé, le Mali a adopté une politique générale de formation

2.4.2. Le projet Cyber_Edu

A la différence du programme FIER qui émane d’un accord de partenariat entre le Ministère de l’éducation et l’USAID, le projet Cyber_Edu est issu d’un accord de partenariat entre la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), le Canton de Genève le Ministère de la communication et des nouvelles technologies (MCNT) agissant au nom du gouvernement du Mali. Cela explique le fait que le projet ait été logé au sein de l’Agence des Technologies de l’information et de la communication (AGETIC) relevant dudit ministère, même si le ministère de l’éducation reste le bénéficiaire du projet.

Dans ce partenariat, le CNUCED représentait le bras financier du projet. Le Canton de Genève à travers l’Observatoire technologique était chargée d’apporter une vision stratégique et opérationnelle favorisant son développement. En effet celle-ci devait fournir l’équipement informatique jusqu’au port franc de Bamako et assurer la formation (contenu et financement du déplacement et du séjour des formateurs). Pour sa part, le MCNT, à travers l’AGETIC était chargé de fournir la connexion Internet (par antenne parabolique, par radio ou par fibre optique). Le MEN, devait fournir les infrastructures de base aux groupes scolaires bénéficiaires, notamment une salle informatique ventilée, climatisée, protégée par une bonne terre et un paratonnerre, protégée et sécurisée par des vitres contre la poussière.

Le projet Cyber_Edu participe « d’un programme global d’assistance technique visant au renforcement des compétences de projets e-société dans les pays les moins avancés », conclut entre la CNUCED et le Canton de Genève en juin 2004 à Sao Paulo. Le projet « Connect Africa » né de cet accord vise la réduction de la fracture numérique et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Dans le cadre de l’opérationnalisation de ce projet, le Canton de Genève s’est engagé à travers son Observatoire technologique à la définition de stratégies de partage des connaissances et de transfert de technologies.

L’approche méthodologique préconisée dans le cadre de la convention entre ces deux parties se devrait d’être à la fois réaliste et réalisable, en rapport avec les spécificités contextuelles, mais aussi épouser les caractéristiques du référentiel e-société plaçant le citoyen au centre et permettant la mise en place d’outils utiles pour l’utilisation des

systèmes d’information nécessaires au bon fonctionnement d’une administration32. La

méthodologie conçue par l’Observatoire technologique genevois a été testée dans trois pays du continent africain (Le Lesotho (2005 : approche générale) ; le Mali (2006 :

approche pédagogie) et la Tanzanie (2007 ? approche administrative)33. A la fin de cette

phase test, un livre blanc devrait être réalisé sur les expériences menées.

Le Mali est le 2ème des trois pays du continent à avoir bénéficié en 2006 des applications

tests après le Lesotho (2005). Le projet a été officiellement lancé en octobre 2006 pour un an. L’expérimentation a concerné 10 groupes scolaires et 3 IFM comme l’indique le tableau suivant.

32

Accord de Coopération entre la CNUCED, la République et le Canton de Genève et la République du Mali, Projet conjoint CNUCED-GE-Mali Cyber_Edu (07.05.2006)

33 Dr. Dominique Hausser, Projet Cyber_Edu au Mali, 4 septembre 2006. http://www.agetic.gov.ml/cyber_edu.php; consulté le 6/03/2007

Tableau n°4 : Liste des écoles ayant participé au projet

ECOLES VILLES REGIONS ACADEMIES CAP

GS Mamadou Konaté

Bamako Bamako Rive Gauche Bamako Coura GS Kalaban

Coura

Bamako Bamako Rive Droite Kalaban GS Tièba Sikasso Sikasso Sikasso Sikasso I GS Médine Sikasso Sikasso Sikasso Sikasso I GS Almamy

Timbo

Bougouni Sikasso Sikasso Bougouni II GS

Hèrèmakono

Bougouni Sikasso Sikasso Bougouni II GS Robert

Cissé

Mopti Mopti Mopti Mopti I GS Bocary

Ouologuem

Sévaré Mopti Mopti Mopti I GS Sory

Ibrahima Thiocary

Djenné Mopti Mopti Mopti II

GS Franco-Arabe

Djenné Mopti Mopti Mopti II IFM de Sikasso Sikasso Sikasso Sikasso Sikasso I IFM de

Bougouni

Bougouni Sikasso Sikasso Bougouni II IFM de Sévaré Sévaré Mopti Mopti Mopti II

Ces établissements ont été sélectionnés pour participer à cette expérimentation suivant les critères ci-après :

- la disponibilité d’une salle répondant aux normes de l’AGETIC

(salle sécurisée, électrifiée, avec mise à la terre, plafonnée, climatisée, ventilée, aux portes et fenêtres vitrées) ;

- la motivation du personnel enseignant ;

- l’engagement des académies concernées ;

- la disponibilité d’une connexion à Internet (Cyber_Edu : Accord de

coopération).

Le projet vise à créer un cadre de « transfert de technologie et de compétence du Canton de Genève et de ses partenaires vers le Comité Technique Informatique et Pédagogique (CTIP) et les enseignants des Groupes Scolaires et IFM bénéficiaires et à l'AGETIC, responsable du suivi, de la maintenance et de l'évolution des systèmes » (Accord de coopération, op.cit. p.6). Le projet s’est assigné comme objectifs :

établir des Cyber Espaces dans 10 Groupes Scolaires dans deux régions (Sikasso et Mopti) et le District Central de Bamako (réseaux locaux de 15 à 30 postes de travail),

établir et/ou renforcer les Cyber Espaces dans 3 IFM identifiés,

assurer une formation initiale de formateurs:

- en informatique à partir de standards ouverts et logiciels libres,

- en pédagogie numérique dans quelques domaines tests (langue, calcul,

sciences d’observation, graphisme et dessin) ;

Mise en place d’une bibliothèque numérique sur un serveur logé à l’AGETIC.

Le Cyberespace du groupe scolaire Tièba, Sikasso. Séance de travail avec l’équipe dirigeante du centre : le directeur d’école, l’enseignant responsable du centre, un autre enseignant et la secrétaire,

Il s’agit de permettre aux enseignants d’utiliser les outils existants de pédagogie numérique d’une part, et d’autre part, de leur permettre d’évoluer vers la création de nouveaux outils numériques répondant à leurs besoins pédagogiques avec le concours des informaticiens.

Aussi, ce projet est-il considéré comme un prototype devant permettre aux responsables du Ministère de l’éducation de mesurer la faisabilité et la généralisation de la mise en place des Cyber espaces dans les écoles.

La mise en œuvre du projet a été effectuée suivant deux étapes. La première étape a été l’installation d’un environnement avec des logiciels libres et standards ouverts pour la configuration des serveurs et postes de travail. La seconde étape a été la formation des maîtres.

Dans chaque groupe scolaire, le projet a procédé à l’installation d’un réseau local de 15 à 30 PC, piloté par un serveur. Ce serveur et les postes de travail fonctionnent avec une distribution Ubuntu (http://www.ubuntulinux.org) qui inclut le système opératoire Ubuntu/Linux basé sur la distribution Debian et diverses applications standards de bureautique, d’accès à Internet haut débit (256 ko/s), de messagerie, de dessin, etc. Il sert également d’interface avec Internet et de serveur de données et d’impression.

Outre les ordinateurs, les salles Cyber_Edu sont également conçues pour être équipées d’une imprimante laser, d’un Vidéo projecteur et autant que faire se peut, d’un scanner, de Webcams et une caméra photo numérique.

Deux ateliers de formation ont suivi l’installation de cet environnement: une formation informatique et une formation en pédagogie numérique.

Le premier atelier était intitulé : « Formation informatique pour l'installation, la gestion et la maintenance de réseaux locaux composés de serveur et de postes de travail ». Cet atelier a duré du 4 septembre au 15 septembre 2006 et a concerné 40 enseignants (enseignants en classe et conseillers pédagogiques) en provenance des localités ciblées. Cette formation a été assurée par un formateur venu de l’Université de Jaén d’Espagne.

Le second atelier était intitulé : « Formation à l’utilisation d’outils numériques en pédagogie ». Cet atelier a également regroupé 40 enseignants et s’est déroulé du 18 au 29 septembre 2006. Cette formation a été assurée par un formateur du Service Ecole, Médias du Département de l’Instruction publique du Canton de Genève assisté de trois autres formateurs genevois et d’un formateur malien de l’Université de Bamako.

Il convient de signaler que sauf une dizaine d’enseignants, les mêmes personnes n’ont pas suivi les deux séances de formation. La formation dans le cadre du projet aura donc concerné 70 enseignants et conseillers pédagogiques au lieu de 80. Les objectifs assignés à ces deux formation étaient de :

permettre aux enseignants d’utiliser au mieux l’outil informatique dans le cadre

de leur enseignement. Une première partie visera à initier à l’utilisation de divers outils comme le traitement de texte, le tableur, le butineur pour la recherche sur le web ;

préparer un cours et utiliser des outils numériques dans l’une ou l’autre matière ;

étudier un outil permettant d’organiser les cours et le suivi pédagogique des

élèves

Le résultat attendu à la fin de ces formations était-il d’amener ces enseignants à acquérir les notions fondamentales permettant l’utilisation pertinente pour la pédagogie de divers outils numériques en particulier de l’outil « Moodle ».

Les contenus ont porté sur le développement d’une culture des TICE en deux étapes. Dans un premier temps, les participants ont été dotés d’un minimum de compétences techniques, architecturées autour de la navigation sur Internet, l’utilisation d’un traitement de texte et d’un tableur, la possibilité de rapatrier les informations (texte, image) sélectionnées en ligne. Dans un deuxième temps, ils ont été formés à différentes options de la technopédagogie, comme entre autres, le learning by doing, le travail collaboratif, la construction des connaissances en fonction de projets définis, l’élaboration d’un catalogue de ressources numériques commun et sa mise en ligne, la mise au point de stratégies digitales autour de l’élaboration des moyennes et du développement d’outils facilitant l’application d’une pédagogie différenciée.

Un autre axe stratégique d’intervention du projet a été l’érection d’un organe de consultation et de gestion, comprenant :

- un comité de Pilotage,

- un comité technique, informatique et pédagogique,

- un coordinateur,

Le comité de pilotage regroupe les principaux acteurs (CNUCED, MCNT et MEN). Il est présidé par le MCNT. Il veille à l’adéquation des activités avec les objectifs du projet. Il procède à la programmation des activités d’implantation, de formation et de fonctionnement du projet. Une fois par mois, il adresse un rapport aux différents partenaires du projet.

Le Comité technique, informatique et pédagogique est constitué de personnels venant de l’AGETIC, du MEN et du cabinet du MCNT, formés pour procéder à l’installation technique (matériels et logiciels), au suivi des équipements et installations, à la maintenance, à la maîtrise des outils de pédagogie numérique et à leur adaptation future aux besoins.

Le coordinateur est le responsable du centre national des ressources de l’AGETIC. Son rôle est de veiller à l’exécution correcte des activités au quotidien à travers un programme établi par le comité technique, informatique et pédagogique et approuvé par le comité de pilotage.

Les comités locaux de gestion et de mise en œuvre regroupent au maximum sept membres, autour du Directeur d’Académie, un représentant des groupes scolaires concernés, un représentant du CAP et des compétences locales identifiées par le MEN et le MCNT. Le rôle de ces comités de gestion consiste à la coordination et à l’exécution des activités au sein de leur Cyber_Edu. Ils sont habilités à proposer des activités conformes au programme du projet. Par ailleurs, ils animent les groupes de maîtres et participent aux formations aux didacticiels et à leur application. Ces comités sont tenus également d’adresser un rapport mensuel au coordinateur quant à l’exécution des activités au sein de leur Cyber_Edu. Car, s’agit-il d’un cadre de collaboration entre enseignants, entre enseignants et formateurs (conseillers pédagogiques) à travers des activités comme les projections de films, de documentaires et de conférences pédagogiques. Ces types d’activités s’adressent également aux élèves qui peuvent y assister34.

L’un ou autre des deux projets qui viennent d’être décrits répond à un souci de repenser et d’innover la formation initiale et continue des enseignants. Ils prennent place dans un contexte, où la structuration des cursus de formation initiale, de même que l’ensemble

34

de l’organisation de la formation en cours de carrière, apparaissaient largement inadaptées aux enjeux actuels de l’éducation notamment, en ce qui concerne la qualité de l’enseignement et des apprentissages scolaires. Dans ce contexte, la politique de formation des enseignants marque-t-elle plus fortement la nécessité de former des enseignants professionnels.

L’idée est d’entraîner les jeunes élèves-maîtres à devenir des enseignants auto-apprenants, capables de se former par eux-mêmes et d’être les acteurs de leur propre

formation dès le stade de la formation initiale. L’idée n’est pas neuve. Condorcet ne

disait-il pas en 1792 que les jeunes gens devaient acquérir l'art de s'instruire par

eux-mêmes, pour continuer à apprendre tout au long de leur vie ? Ce principe fondamental est également à la base de toutes les conceptions modernes de l'éducation depuis Pestalozzi, Rousseau et Kant.

Depuis deux décennies, la professionnalisation du métier d’enseignant et de la formation des enseignants est devenue une tendance internationale. C’est également autour de ce concept que le nouveau dispositif de formation des enseignants au Mali tire les bases de son fondement épistémologique. Aussi, est-il nécessaire de tenter d’appréhender ce concept dans la littérature s’y rapportant. Dans cette perspective, nous nous interrogeons sur le cheminement qui a conduit au concept d’enseignant-professionnel, en nous appuyant sur l’évolution des modèles qui décrivent les situations

d’enseignement-apprentissage, lesquels semblent avoir conduit au concept

CHAPITRE III

THEORIES ET PRATIQUES DE FORMATION DES