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LE SYSTEME EDUCATIF MALIEN : ENJEUX ET TENDANCES

1.2. La réforme du système éducatif malien : Le programme décennal de développement de l’éducation (PRODEC):

1.2.2. Les grandes réformes du PRODEC

Les principales réformes entreprises dans le cadre du PRODEC concernent : « la restructuration institutionnelle des services régionaux et locaux » ; « la libéralisation de l’offre d’éducation » ; « l’élaboration, l’adoption et la mise en œuvre d’une politique du manuel scolaire et du matériel didactique » ; « la réforme des curricula et l’utilisation concomitante des langues nationales et du français (PC) » et « une nouvelle politique de formation des maîtres ».

La restructuration institutionnelle ou structurelle

Depuis 1991, le Mali s’est engagé dans un processus de décentralisation administrative, comme condition essentielle d’un développement humain durable dans un contexte

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démocratique. Dans ce nouveau contexte, les collectivités locales sont appelées à s’assumer et à prendre en main les questions liées à leur développement économique et social. Il s’agit d’une option de responsabilisation des communautés à la base par rapport aux actions et initiatives de développement.

Ce nouveau schéma entend plus rapprocher l’éducation des consommateurs et d’impliquer davantage les collectivités et les communautés dans la gestion des services éducatifs. Suivant l’esprit de la décentralisation, le Ministère de l’éducation a été restructuré en 7 services centraux, 15 académies d’enseignement en remplacement des 9 directions régionales et 70 centres d’animation pédagogique, en lieu et place des 35 anciennes inspections d’enseignement fondamental, avec de nouvelles responsabilités et missions.

La libéralisation de l’offre d’éducation

L’adoption et la mise en œuvre du PRODEC vise la démocratisation de l’éducation conformément aux objectifs de l’éducation pour tous (EPT) et du Millénaire (OMD). Pour favoriser cette démocratisation et pour se donner les moyens de répondre à une demande de scolarisation toujours croissante, le Gouvernement a procédé à l’allègement de la législation en matière de création et d’ouverture d’écoles et a, ainsi ouvert le secteur de l’éducation à l’initiative privée et communautaire.

Depuis, les écoles privées et communautaires ont connu un essor sans précédent, qui n’a pas manqué d’avoir un impact sur l’explosion de la population scolaire. En effet si les écoles publiques scolarisaient 80% des élèves en 1996/1997, celles-ci ne scolarisent plus que 63% en 2004/2005. Parallèlement, le poids des écoles privées et communautaires est passé de 20% à 37% dans la même période avec 17% pour les écoles communautaires.

La politique du manuel scolaire et du matériel didactique

Avant le PRODEC, les manuels scolaires étaient rédigés par les agents des sections spécialisées de l’Institut Pédagogique National (IPN), actuel Centre national de l’éducation (CNE) et édités à l’étranger. Le PRODEC a été initié une politique d’élaboration de manuels scolaires qui a été adoptée par le conseil des ministres du 3 juin 2004.

L’esprit de cette politique est le renforcement des capacités nationales, non seulement, en termes de conception et de rédaction, mais aussi d’impression et de distribution de manuels scolaires, sur la base d’un contrat de concession passé entre l’Etat et le secteur privé. La politique du manuel scolaire précise également le rôle et la responsabilité de chacun des acteurs du manuel scolaire et du matériel didactique. Outre, la création d’une unité au sein du Centre national de l’éducation, chargée de la gestion du manuel scolaire, la nouvelle politique prévoit également la mise en place d’une Commission nationale de sélection et d’approbation des manuels scolaires.

La réforme des curricula

Face à l’impératif de trouver des éléments de réponse urgente au double défi quantitatif et qualitatif du système éducatif, le PRODEC s’est positionné pour une réforme des programmes d’enseignement. Jugeant les contenus des programmes inadaptés et les méthodes d’enseignement inappropriées, il s’est orienté vers une pédagogie de développement de compétences, dite l’approche par compétences dont les langues nationales constituent le socle.

Les nouveaux curricula sont construits autour de l’utilisation concomitante des langues nationales et du français. Les compétences qu’on voudrait développer chez les apprenants, sont définies et organisées autour de domaines de compétences. Il s’agit d’une approche nouvelle qui implique de nouveaux instruments didactiques (manuels conçus dans cette optique, supports, développement des compétences des enseignants et formation en lien avec ces nouvelles orientations curriculaires).

L’orientation des curricula vers les langues nationales et l’approche par les compétences vise à intégrer les besoins éducatifs fondamentaux des apprenants en impliquant les communautés dans la définition de ces besoins et la détermination des contenus d’apprentissage afin de mieux lier l’école à la vie.

La politique de formation des maîtres

Depuis l’accession du Mali à indépendance, le dispositif de formation initiale et continue des enseignants a connu diverses modifications, sans orientation politique véritable. Ce constat doublé du nombre de plus en plus important d’enseignants contractuels aux profils variées et, dans tous les cas, n’ayant pas reçu de formation

suffisante à l’exercice du métier, a nécessité la définition d’une nouvelle approche de la formation initiale et continue des enseignants.

Le PISE I a élaboré et fait adopter une politique de formation des enseignants en juin 2004. Elle définit les orientations et les priorités et fixe les responsabilités respectives de chacun des acteurs depuis les agents de l’administration central jusqu’au niveau des enseignants dans les écoles. Suivant cette politique, le rôle du niveau central est d’orienter, d’informer, de réguler, de coordonner et d’évaluer les activités de formation. Les niveaux régional et local doivent concevoir, animer, accompagner. Les enseignants au niveau des écoles doivent partager les acquis et apprendre les connaissances disciplinaires et pédagogiques.

Toutes ces structures impliquées dans la formation des enseignants doivent agir en cohérence, en concertation et en interaction pour une meilleure coordination. Par ailleurs, cette politique implique les communautés locales et les enseignants eux- mêmes. Le Programme Cadre de Formation Continue issu de cette nouvelle politique en constitue le référentiel et traduit en termes opérationnels ses orientations et éléments pédagogiques.