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Introduction du chapitre III

B. Répartition des gisements

En raison de l’histoire géologique du pays, l’essentiel du potentiel minier se concentre dans le socle (Annexe n° 2 et carte n°11) qui abrite notamment de nombreuses pegmatites. En effet, c’est dans ces roches ignées et à leur contact (roches métamorphiques) que se sont formés les gisements primaires. Actuellement, ce sont surtout les pierres fines qui sont exploitées activement dans la partie centrale de l’île, au cœur des formations pegmatitiques. La région d’Antsirabé (Sud de Antananarivo) est un centre important de cette activité depuis plusieurs décennies (les tourmaline du Mt Ibity sont exploitées depuis les années 1910). L’éventail des gemmes que l’on rencontre dans cette région est très large, mais les grenats, aigues-marines et tourmalines sont les pierres semi précieuses qui dégagent le plus de revenus dans cette zone. Dans les « Hautes Terres », il n’est également pas rare de rencontrer des gisements secondaires proximaux, notamment le long de certains cours d’eau où dans des zones dans lesquelles la tectonique où l’érosion aboutissent à la formation de bassins sédimentaires localisés (larges vallées, lacs…). En fait les gisements primaires de pierres précieuses sont rares à Madagascar172 et les principales sources de saphirs et de rubis correspondent à des gisements secondaires (RAKOTONDRAZAFY, et al., 2008).

Malgré le potentiel certain des hauts plateaux, on aurait tort de négliger les perspectives que représentent les roches sédimentaires, tant à l’Ouest qu’à l’Est du socle. En effet, depuis déjà plusieurs dizaines de millions d’années, les roches du socle sont « attaquées » par la glyptogénèse. Cette dynamique participe à la constitution de roches sédimentaires résultant de l’accumulation d’éléments provenant du démantèlement de la partie centrale de l’île, de part et d’autres du socle. Par conséquent, les roches sédimentaires ainsi formées contiennent inévitablement certaines gemmes – notamment les plus résistantes – dans des gisements secondaires plus ou moins distants du gisement primaire originel. Lors du déplacement de ces gemmes par l’érosion (généralement par le biais du système hydrographique), les pierres peuvent être détruites173 ou dispersées. Mais dans certaines conditions elles se concentrent – notamment du fait de leur densité – et fournissent ainsi des gisements secondaires d’un intérêt économique évident. Les immenses gisements d’Ilakaka sont de ce type.

172 Le seul gisement primaire de rubis d'importance connu à ce jour à Madagascar est celui de Soamiakatra dans la région d 'Antsirabe (RAKOTONDRAZAFY, et al., 2008). Les premiers corindons y ont été découvert en 1997 dans la partie alluviale du gisement. Les efforts de prospection ont permis la mise à jour du gisement primaire quelques années plus tard. La découverte des gisements primaires d'émeraude dans la région de Manakara est passée par les même étapes (PETSCH, KANIS, 1998).

Contrairement à de nombreux autres pays producteurs de gemmes (Sri-lanka, Brésil…) à Madagascar, l’exploitation des gisements alluvionnaires est relativement récente. Alfred LACROIX mettait déjà en avant cette singularité en 1922 :

« A Madagascar, les gemmes des pegmatites ne sont que rarement recherchées dans les

alluvions. Je ne citerai guère à cet égard que les grosses topazes roulées d’Ifempina et certains grenats » (LACROIX, Tome II, 1922, p. 86).

La carte n°11, témoigne de l’importance des régions centrales du pays dans la production de pierres semi-précieuses. On remarque aussi que le Sud Ouest de l’île (région de Tuléar) regorge également de nombreux gisements. Dans ce cas, il s’agit de placers dans lesquels les pierres précieuses se mêlent fréquemment aux pierres fines (essentiellement des grenats, tourmalines, béryls et topazes, mais aussi quelques magnifiques chrysobéryls et quelques très rares alexandrites). Le Nord de Madagascar abrite également quelques beaux gisements de pierres semi-précieuses, notamment de l’améthyste, du béryl, de la calcédoine et des apatites.

Pour les pierres précieuses, actuellement, l’essentiel de l’activité se concentre dans le Sud Ouest du pays, notamment dans les Fivondronana174 de Sakaraha, Betioky-Atsimo, Benenitra et Ankazoabo-Atsimo (région de Tuléar), et dans le Fivondronana de Ihosy (région de Fianarantsoa). Cet ensemble de placers est généralement réuni sous le nom de « gisements d’Ilakaka ». On y trouve des corindons de qualité gemme de toutes les couleurs (photo n°9) mais aussi de nombreuses pierres fines (tourmalines, spinelles, chrysobéryls, alexandrites, apatites...).

La partie centrale de l’île abrite également quelques beaux filons de corindons (rubis d’Andilamena, saphirs et rubis dans la région d’Antananarivo et d'Antsirabe), alors que pour les émeraudes c'est l’Est du pays qui se distingue (région de Fianarantsoa, dans les Fivondronana de Mananjary et de Ifanadiana)175. Comme dans le cas des pierres semi-précieuses, la partie septentrionale de l’île recèle aussi un potentiel intéressant. Il se concentre essentiellement dans le

Fivondronana d’Antsiranana II (autour de la montagne d’Ambre), et dans le massif de l’Ankarana.

Dans ces régions du Nord de Madagascar, ce sont surtout les saphirs bleus (parfois pourvus d’astérisme176) et jaunes que l’on rencontre le plus fréquemment (photo n° 6).

174 Division administrative correspondant à l'ancienne sous-préfecture.

175 La quasi absence d’émeraudes dans les gisements secondaires des régions sédimentaires peut s’expliquer par la fragilité naturelle de cette pierres précieuse. Incapable de résister aux chocs, elle est rapidement détruite au cours de son transport dans les cours d’eau.

176 En gemmologie, l’astérisme est un effet d’étoile ou de croix que l’on rencontre sur certaines pierres précieuses et fines. Les raies lumineuses formant l’étoile peuvent être au nombre de quatre, six, et plus rarement douze. L’astérisme est le résultat du reflet de la lumière sur certaines inclusions présentes dans la gemme. Il s’agit le plus souvent de rutile. L’effet est souvent spectaculaire sur les pierres taillées en cabochon. L’astérisme peut également être créé artificiellement.