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Vila de Rondônia: la capitale de la région pionnière

Carte 33 La région pionnière

Resterait à distinguer, par quelques aspects, les villes de cette région: Jarú et Cacoal sont nées des projets de colonisation, et servent essentiellement de lieu de transit à des colons attendant une parcelle, ou de résidence pour les familles pendant que le colon travaille.son lot Celui-ci revient parfois, mais le plus souvent c’est la famille qui part le rejoindre. Population flottante donc, à part les commerçants qui fournissent le nécessaire et le superflu aux colons. Pimenta Bueno a cette double fonction également, servant tant bien que mal de centre de sélection, le centre orfficie1 de l’INCRA étant doublé d’un autre, officieux, constitué par la

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rumeur publique, et qui envoie ici ou là les immigrants en quête de terres. De plus la ville est le centre où se rendent les colons de l’Itaporanga SA, malgré la présence de l’agglomération d’Espigão d’Oeste dans le projet même. Presidente Médici, de taille plus modeste et de création récente, dessert surtout certains des colons de la Calama SA éloignés de Vila de Rondônia et les posseiros des rios Ricardo Franco et Luis d’Alincourt, ou ceux de la zone intermédiaire entre le Pop 4 d’Ouro Preto (Riachuelo) et Gy-Paraná.

De même la ville très embryonnaire de Marco Rondon, quelques maisons pour le moment, au débouché du rio Comemoração. Enfin, très à l’écart, la ville de Vilhena offre un cas singulier de ville relais: sur le plateau de la chapada dos Parecis, dans les clairières herbeuses d’un campo, la ville sert de relais d’aviation depuis le début des lignés régulières vers l'Amazonie. Un aéroport équipé d’un radar jouxte ainsi une bourgade de 2 500 habitants, et reçoit de temps à autre des avions à réaction en difficulté. De même, une installation ultramoderne de télécommunications troposphérique relaie vers le Sud les communications de l’Amazonie et offre aux habitants la possibilité – qu’ils utilisent très peu – de communiquer avec le monde entier. Pour alimenter ces installations, une usine électrique, qui dispense un généreux éclairage public. Mais l’agglomération proprement dite est des plus restreintes: trois postes à essence, quelques hôtels et dortoirs pour voyageurs et camionneurs, la caserne du 5 ° BEC, des bungalows de bois militairement alignés, les postes de contrôle du BEC et de 1'INCRA, car Vilhena est à quelques kilomètres de la frontière du Mato Grosso. Rien de très étonnant à cela: les campos sont très sableux et très secs, 1a ville ne dispose que de l’eau qu'apporte, de trois kilomètres, une navette de camions, et à peu près totalement impropres à l’agriculture. Vilhena est donc en poste avancé, un relais sur la route qui mène vers le Rondônia, mais ne fait partie de la zone pionnière, qui commence avec la retombée de la chapada.

Cette région la plus peuplée, la plus dynamique de tout le Territoire, concentre l’essentiel du développement du Rondônia, ne lui échappent que les centres directeurs installés pour le moment a Porto Velho. Seuls ne poursuivent leur route au-delà de Jarú, les colons qui vont vers l’Acre ou ceux qui se résignent bien à contrecœur le plus couvent, à trouver à Sidney Girão la sureté d’une parcelle garantie par l’INCRA. Le flot continu des migrants se déverse donc tout entier dans cette étroite région, et à partir de la route, ouvre une région agricole autour de Vila de Rondônia et vers le sud-est du Territoire. Lancé par l’ouverture des programmes de colonisation, l'afflux des migrants trouve maintenant son débouché dans une occupation anarchique qui entre en conflit avec l'occupation non moins irrégulière des grileiros et même avec certains projets publics, comme l’extension envisagée de Gy-Paraná ou le lotissement Corumbiaria.

On voit combien ce développement rapide est lourd de menaces: conflits pour la terre qui vont s’aggravant avec le nombre des candidats à la propriété et s’exacerberont quand il faudra délimiter sérieusement les occupations; conflits aussi entre l’occupation par de petits colons pratiquant l’agriculture de subsistance et des sociétés qui veulent de vestes surfaces pour pratiquer l’élevage extensif. Pourtant l’avance continue est peut-être le meilleur moyen d’éviter les conflits inévitables au moment de la régularisation. Mais jusqu’ou ira cette fuite en avant? On sait trop bien, que le reflux, ou même la rumeur qu’il n’y aurait plus de terres à occuper, si elle est généralisée, suffira à plonger la région dans une crise grave, les villes se vidant, les colons repartant en avant, les commerçants pliant boutique. L’esprit pionnier même qui porte aujourd'hui le développement de la région pousserait alors à l'abandonner pour une autre plus prometteuse, selon un processus souvent répété dans tout le Brésil.

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Graphique 13 Croissance des villes de la région pionnière

Nous avons donc affaire à trois régions fort différentes. L’une, celle de Guajará- Mirim, est en lente décadence, alors que celle de Vila de Rondônia connait un rapide développement. Celle de Porto Velho est essentiellement une vieille région urbaine, alors que celle de la BR 364 voir les villes naître à la hâte pour soutenir la conquête de l’espace menée par les paysans. Pourtant des points communs, nous l’avons vu, les rapprochent: encore et toujours le problème foncier, qui gêne le développement urbain comme l’organisation du cadastre, les problèmes de compétence administrative pour tous les travaux et services, en ville comme en campagne. En un mot, le statut territorial et toutes les entraves qu’il apporte a la gestion locale et régionale.

Mais un autre fait, très important, rapproche ces trois régions: elles sont toutes trois situées sur une route qui mène à São Paulo, et cela n’est que le symbole visible de la grande dépendance du Rondônia vis-à-vis du reste du Brésil.

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