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Chapitre 1 : PROBLÉMATIQUE

1.3 L’environnement de l’enseignement supérieur sénégalais

1.3.2 Réformes de l’enseignement supérieur

C’est en 1993 que s’est tenue la Concertation nationale sur l’enseignement supérieur (CNES), par laquelle des critères d’excellence et de capacité d’accueil des établissements ont commencé à prévaloir dans l’admission des bacheliers aux établissements publics d’enseignement supérieur. C’est également dans ce cadre que le projet de professionnalisation et de diversification des filières des universités publiques a vu le jour (Guèye &

Wade, 2012). Puis, avec le PAES12 (Projet d’amélioration de l’enseignement supérieur), s’engage la réforme de

la carte universitaire, suivie, entre autres, dans le courant des années 2000, de l’adoption du système LMD (Licence-Master-Doctorat), comme modèle d’enseignement/apprentissage des universités publiques du Sénégal, pour améliorer la qualité de l’offre (MESR, 2013a; A. S. Sall, 2012)

Il faudra spécialement que se tienne la deuxième grande concertation pour que soient jetées les bases des orientations de la politique actuelle de l’enseignement supérieur : la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (CNAES), tenue de janvier à avril 2013. Les objectifs de la CNAES étaient justement de proposer des « lignes d’actions prioritaires » pour chacun des domaines de l’enseignement supérieur, en « (s’inspirant) des expériences réussies aux niveaux national, régional et international et (en tenant) compte des implications financières et des impacts sociaux » (MESR, 2013a, pp. 9-10). Ces domaines sont le pilotage, l’accès, le financement, la qualité, les ressources humaines, l’internationalisation, la recherche et l’innovation et les liens avec le marché du travail et la communauté. En fin de compte, les autorités semblent s’accorder sur la nécessité d’« avoir en vue la formation d’un étudiant sénégalais au service de sa communauté et citoyen d’un monde en mouvement » (MESR, 2013a, p. 29). Pour y arriver, soixante-dix-huit recommandations ont été prises dans le Rapport de la CNAES, opérationnalisées dans un autre document intitulé « Programme de réformes prioritaires 2013-2017 de l’Enseignement supérieur et de la recherche au Sénégal » (MESR, 2013b). Ces recommandations ont été validées au plus haut sommet de l’État, sous la forme de onze (11) « Décisions présidentielles relatives à l’enseignement supérieur et à la recherche » déclinées chacune en différentes directives. Voici les formulations des décisions :

- Décision 1 : Réorienter le système d’enseignement supérieur vers les sciences, la technologie, les formations professionnelles courtes ;

- Décision 2 : Mettre les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) au cœur du développement de l’enseignement supérieur et de la recherche pour améliorer l’accès à l’enseignement supérieur et l’efficacité du système ;

- Décision 3 : Améliorer le pilotage du système d’enseignement supérieur et de recherche et réformer la gouvernance des établissements publics d’enseignement supérieur ; - Décision 4 : Instaurer une culture de la paix au sein des Établissements publics

d’enseignement supérieur ;

12Pour accompagner le Sénégal dans la mise en œuvre des réformes préconisées par la CNES, la Banque Mondiale a accordé au Sénégal, en 1996, un financement d’un montant de 31 millions de dollars US environ. L’objectif à long terme du PAES était d’« établir un système plus performant d’enseignement supérieur avec un meilleur rapport coût/efficacité, l’équité entre les sexes et une plus grande pertinence pour le développement économique et social du Sénégal (et) aider

- Décision 5 : Favoriser la carrière des enseignants, des chercheurs et du personnel administratif, technique et de service ;

- Décision 6 : Faire de l’étudiant un acteur de sa formation, favoriser sa réussite et améliorer ses conditions de vie ;

- Décision 7 : Renforcer la carte universitaire pour favoriser l’accès, diversifier l’offre de formation et assurer la qualité de l’enseignement supérieur ;

- Décision 8 : Donner un nouvel élan à la recherche et à l’innovation ;

- Décision 9 : Ouvrir l’espace sénégalais de l’enseignement supérieur et de la recherche à l’Afrique et au monde ;

- Décision 10 : Améliorer la gestion des budgets et ressources propres des universités par la mise en place de procédures et mécanismes modernes et transparents ;

- Décision 11 : Investir dans l’enseignement supérieur et la recherche à la hauteur de notre nouvelle ambition (République du Sénégal, 2013a).

Les sciences, la technologie, les formations professionnelles courtes et les technologies de l’information et de la communication occupent très clairement une bonne place dans ces mesures de réorientation de l’enseignement supérieur du pays (MESR, 2013a). Cette préoccupation de la CNAES a déjà été exprimée dans le cadre du Projet de Gouvernance et de Financement de l’Enseignement Supérieur axés sur les résultats (PGF- Sup), que le Gouvernement du Sénégal avait signé avec la Banque Mondiale en mai 2011 (Sagna, sd). Le PGF- Sup comptait en effet un volet axé sur l’amélioration de l’efficacité des institutions universitaires, portant notamment sur la « mise en place d’un Contrat de Performance pour chaque Université publique qui met l´accent sur au moins quatre des six objectifs suivants définis par le gouvernement » :

- Amélioration de l´efficacité interne ;

- Amélioration de la qualité de l´enseignement ;

- Amélioration de l´utilisation des Technologies de l´Information et de la Communication ; - Amélioration de la gouvernance universitaire ;

- Renforcement des liens avec le marché du travail ;

- Amélioration de la diversification des Programmes (MESR, 2013a, pp. 5-6).

De ce qui précède, il ressort que, pour prendre en charge correctement la population estudiantine en pleine croissance du Sénégal, de même que pour assurer la qualité des formations et leur adéquation avec le monde professionnel, les autorités ont pris un certain nombre de mesures, priorisant la création de nouveaux établissements publics, principalement des universités. Ces établissements, répondant généralement au

modèle classique (sauf pour l’UVS), devraient particulièrement appuyer leurs pratiques pédagogiques et de gestion sur les technologies de l’information et de la communication et tendre à la professionnalisation de leurs programmes, pour préparer les étudiants à « l’insertion dans la vie active » (République du Sénégal, 2015).