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Chapitre 2 : ÉTAT DE LA QUESTION

2.3 Vers la question spécifique de recherche

L’une des principales fonctions de la recension des écrits est d’aider à définir clairement le problème de recherche. À titre de rappel, la question générale de recherche que nous nous posions à l’issue de la problématique est : comment l’UVS pourrait-elle réduire les distances avec ses étudiants pour favoriser leur réussite ?

Au fil de nos différentes analyses, il apparait que les orientations actuelles des pratiques en éducation à distance et dans la recherche spécifique à ce champ se résument globalement à la résolution de la problématique des distances multiples pouvant surgir en cours de formation, notamment par la présence et la proximité. Ainsi, toujours en raison de l’inexistence, à notre connaissance, d’étude scientifique sur la nature organisationnelle et éducationnelle du dispositif de l’UVS, nous choisissons de centrer notre thèse doctorale sur une description du système de l’UVS, afin d’en déceler les facteurs de proximité (ou de distances) qui relèveraient autant de la configuration du dispositif que du vécu des étudiants.

Résumées dans la Figure 12 suivante, deux grandes observations sont à la base de cette orientation de notre objet de recherche.

Figure 12 : Schéma synthétique de la recension des écrits

D’une part, l’intérêt de mener une étude scientifique portant sur l’organisation de formation qu’est l’UVS ressort de cette recension des écrits, en raison du manque de connaissance scientifique portant sur la classification typologique de l’organisation : s’agit-il réellement d’une université autonome ou d’une université mixte ou bimodale? De plus, l’orientation systémique des organisations éducatives, particulièrement celles de FAD, nous indique le choix de l’approche d’analyse systémique pour notre étude et l’UVS. En considérant ainsi l’UVS comme un système et un dispositif de formation, nous adoptons le concept de dispositif dans son sens large de système, pour désigner l’organisation de formation qu’est l’UVS. Puis, dans un sens plus restreint, le concept de dispositif nous amène à centrer notre intérêt d’étudiante-chercheure en éducation sur le sous-système qui

système correspondrait au dispositif pédagogique et aux cours (voir encadré en vert de la Figure 9 : Analyse fonctionnelle des systèmes de formation à distance

D’après Kaye (1985, p. 63)). Même si ce choix peut sembler exclusif, le sous-système pédagogique reflète toujours les autres aspects, non pédagogiques et administratifs de l’organisation, eu égard au principe d’interdépendance qui détermine les systèmes de formation. De plus, à la lumière de la recension des écrits, le dispositif pédagogique représente la transaction éducative elle-même, notamment avec les différentes composantes de l’orientation pédagogique de l’enseignant, les processus et choix de conception des enseignements, leur mise en œuvre, sans parler de la construction de l’expérience de l’étudiant qui s’y opère. Ainsi, une étude de cas de cours de l’UVS permettrait non seulement d’obtenir une analyse en profondeur de l’objet d’étude, mais aussi le reflet de l’ensemble du système qu’est l’UVS.

D’autre part, l’orientation de notre recherche doctorale correspond à l’option prise par différents chercheurs de tenter la réduction des distances en FAD par la présence et la proximité. Concernant la présence, les écrits qui la théorisent se réfèrent certes en priorité à celle numérique, mais sans exclure celle physique. Ils prônent en particulier des modalités de dialogue et d’interactions plus soutenues, le partage et le travail collaboratif entre les étudiants, ainsi que l’expression de leur affectivité. Les écrits théoriques analysés, comme d’ailleurs la littérature sur la FAD, laissent également voir que les premières organisations de FAD, qui commencent par opter pour une formation très structurée et centrée exclusivement sur la distance, sont souvent rattrapées par un besoin d’instaurer davantage de présence. Des institutions comme l’Open University du Royaume Uni, se confrontent de plus en plus actuellement à de réels défis, dont la concurrence des universités bimodales, la perte de leurs effectifs et le financement (Pulker, 2016; Remond, 2017). Ainsi, la présence est non seulement un besoin des acteurs de la FAD, mais également une exigence de l’environnement de l’enseignement supérieur actuellement. Tous ces facteurs obligent les institutions de formation à l’hybridation, qui correspondrait au type d’universités bimodales ou mixtes, mais davantage au niveau du sous-système (techno) pédagogique. Quant au choix de la théorie de la proximité, nous suivons la voie tracée par ceux qui la posent comme une piste de recherche assez prometteuse, bien qu’elle soit encore en construction dans le champ de la FAD. D’abord, elle prend entièrement en charge la principale préoccupation des modèles éducationnels centrés sur l’apprenant : la nécessité de présence numérique, physique, sociale et cognitive de l’étudiant, afin de réduire les distances des mêmes ordres. Ensuite, parce qu’elle est systémique, la proximité intègre les réalités et caractéristiques des étudiants dans les composantes du dispositif de formation, depuis sa conception jusqu’à sa mise en œuvre. La piste de la proximité nous semble davantage intéressante pour la mesure ou l’analyse de l’expérience de l’étudiant, qui pourra se faire sur la base de ses sentiments, jugements ou perceptions de proximité. Considérant, enfin, les possibilités de bonne expérience de formation que l’étudiant de l’UVS

trouverait dans un dispositif conçu sur des facteurs de proximité, notre thèse de doctorat vise, entre autres, à analyser les effets du dispositif pédagogique sur l’étudiant. Cette perspective de la proximité sous-tend d’ailleurs le but de cette recherche doctorale qui est d’explorer les facteurs par lesquels le dispositif pédagogique de l’UVS réduit précisément les distances multiples qui guettent l’étudiant, en s’inscrivant dans des proximités avec l’étudiant autant dans sa configuration (conception et sa mise en œuvre) que dans l’expérience qu’en tire l’apprenant. Ce qui favorise à moyen et long termes sa réussite, qui passerait par son engagement et sa persévérance dans son projet de formation. Sans aller jusqu’à la mesure de la réussite étudiante, notre thèse se limite à l’exploration des facteurs de proximité entre l’apprenant et son dispositif.

La question spécifique à cette recherche est donc : quels sont les facteurs qui favorisent la proximité entre le dispositif pédagogique de l’UVS et les étudiants ? Pour y répondre adéquatement, nous mobilisons le cadre conceptuel que nous développons au chapitre 3 suivant.