Coordination par les pairs étudiants

Dans cette sous-section, nous analysons les résultats par lesquels nous allons apprécier la proximité a-spatiale voulue par le concepteur de cours grâce aux modalités d’accompagnement et de médiation proposées dans le cadre de son cours.

5.2.3.1 Médiation relationnelle et présentielle

À la question de savoir si le cours vise à faire communiquer et collaborer les étudiants, l’enseignant-concepteur a répondu « Plutôt oui » (ConcSTN12). Argumentant sur sa posture conceptuelle, le responsable de cours est revenu sur l’intégration d’activités présentielles ponctuelles à son cours, grâce au comodal adapté, en soutien aux activités distancielles et pour susciter l’accompagnement entre pairs étudiants :

En fait, nous on l’a imposé en quelque sorte. Avant, au démarrage, en 2014, c’était du e-learning 100% avec une initiation à l’informatique et aux plateformes, les trois premiers mois. Et on laissait après les étudiants dérouler seuls en format e-learning avec le tuteur. Mais en 2017, on a jugé nécessaire d’adopter le comodal adapté, qui nous permet de faire des enregistrements en différé, et puis l’étudiant est accompagné par un tuteur à distance et aidé par des camarades pairs moniteurs, qui sont des étudiants expérimentés au niveau technique (ConcSTN12).

À son sens, la médiation proposée par le dispositif de cours se réalise non pas dans et grâce à l’espace numérique d’enseignement/apprentissage et à la technologie (Burton et al., 2011). Elle se construirait, au contraire, en présence grâce au processus et aux effets du soutien social, affectif et académique entre étudiants. Sa conception de la médiation ne repose pas sur la technologie utilisée pour véhiculer la formation. Elle est plutôt purement humaine et socioculturelle, parce qu’impactant essentiellement la compétence relationnelle et collaborative du sujet étudiant, au détriment de la posture réflexive portée sur ses propres processus d’apprentissage, tel que préconisé par la recherche Hy-Sup (Deschryver & Charlier, 2012).

L’instrument de cette médiation, destiné à transformer le rapport entre l’étudiant et le savoir, est le corps étudiant lui-même, mobilisé officiellement dans le dispositif administratif de l’institution et désigné du titre de « moniteur » (ConcSTN12). Les moniteurs « sont des étudiants de master et de licence 3 qui accompagnent les étudiants, pas au niveau pédagogique, mais par rapport à leur expérience, par rapport aux difficultés qu’ils ont rencontrées » (ConcSTN12). C’est à ce titre qu’ils contribuent pour beaucoup dans la mise en lien des étudiants, l’acquisition des préalables technologiques, leur intégration sociale et académique, souligne ConcSTNL12.

5.2.3.2 Accompagnement davantage par les pairs étudiants que par les tuteurs

Comme pour la médiation, la conception de l’accompagnement prévu dans le cadre du dispositif STNL12 repose en partie sur les pairs étudiants. En effet, le positionnement de ConcSTNL12 par rapport aux questions portant sur l’accompagnement attendu de son cours se réume à deux types d’accompagnement : d’un côté, un

accompagnement méthodologique et socio-affectif, entre pairs étudiants et en présence dans les ENO ; et d’un autre côté, un accompagnement tutoral, à distance, davantage porté sur les contenus de cours.

Le rôle des pairs et des moniteurs …

L’accompagnement reposant sur les pairs étudiants est doublement présenté par l’enseignant-concepteur : il y a d’abord les activités initiées par les étudiants eux-mêmes et que l’on pourrait qualifier de non formelles ; et ensuite, il y a l’accompagnement des moniteurs, recrutés par l’institution « pour montrer aux nouveaux étudiants comment ne pas répéter les mêmes erreurs » (ConcSTN12). Ces modalités d’accompagnement, qui semblent, concerner l’ensemble des cours de L1 offerts par l’UVS, constituent une caractéristique majeure du modèle pédagogique : « L’UVS facilite … le soutien entre pairs étudiants via les moniteurs, qui sont nos relais (et) accompagne les jeunes étudiants. Mais nous, on ne gère pas les groupes de travail entre étudiants. Nous, ce qu’on gère, c’est l’accompagnement technique et organisationnel des moniteurs ou bien le travail du tuteur » (ConcSTN12). En plus de clarifier le mandat des moniteurs, ces mots reflètent l’intense activité des étudiants, au sein des ENO et dans le cadre de groupes de travail qu’ils initient eux-mêmes (revoir au besoin 5.2.1). C’est en ce sens que nous considérons que l’accompagnement des pairs étudiants et des moniteurs, plus expérimentés que les jeunes de licence 1, représente un accompagnement méthodologique et socio-affectif contribuant à l’intégration académique et sociale de l’étudiant, source de proximité. Cependant, cet accompagnement occupe un statut plutôt non formel, parce qu’il n’est pas scénarisé et planifié comme ressource d’apprentissage du cours. Et, ne figurant pas dans le cadre d’opérationnalisation du cours, nous pensons que les succès ou échecs des étudiants inscrits au cours pourraient difficilement y être associés.

L’accompagnement des tuteurs …

Quant à l’accompagnement attendu des tuteurs, il est dédié particulièrement à aider les étudiants à comprendre les contenus de cours : « Les tuteurs ne conçoivent pas de cours. Ça c’est le travail des concepteurs de cours qui sont des enseignants. Le travail des tuteurs consiste à accompagner les étudiants dans la réalisation de leurs TD, mais parfois ils expliquent des notions du cours que les étudiants ne comprennent pas » (ConcSTN12). On se rend compte ainsi que le tutorat remplit une fonction exclusivement d’apprentissage : « Le tutorat ne touche pas la manière d’apprendre des étudiants. Il permet juste de faciliter la compréhension du cours » (ConcSTN12).

Comment est organisé l’accompagnement tutoral ? Le cours STNL12 étant un cours à grand effectif, « les étudiants sont divisés en différents groupes de 100 », confiés à différents tuteurs (ConcSTN12). Cet accompagnement cognitif offert par le tuteur, qui a pour cadres les classes virtuelles synchrones et les forums

Y a deux types de tutorat : le tutorat synchrone et le tutorat asynchrone. Le tutorat synchrone lui- même se présente en deux types. Il y a d’abord le synchrone à l’ENO, où les étudiants sont regroupés au niveau d’une salle de classe et le tuteur, à distance, fait ses activités. … Pour ce mode synchrone à l’ENO, on peut dire qu’on n’a que 13 connexions39 _{: ça permet d’économiser}

au niveau de la bande passante et autres. Alors que pour l’autre mode synchrone, chaque étudiant est connecté. Et il y a le tutorat synchrone où l’étudiant peut se connecter n’importe où : là, … les étudiants sont connectés de manière dispersée. Le tutorat asynchrone se fait sous forme de forum, de soutien à distance. En moyenne, le tuteur a une journée pour répondre, mais il n’y a pas de réelle contrainte (ConcSTN12)

Cependant, le cours sollicite « rarement », une réflexion des étudiants sur leur savoir et leur processus d’apprentissage, comme cela apparait sur le radar ci-dessus présenté (revoir figure ci-dessus). Justifiant cette posture, l’enseignant a rappelé le peu de liberté laissé aux étudiants de L1 dans leurs apprentissages, point que nous avons abordé relativement à l’ouverture du dispositif.

La prochaine section de ce chapitre est consacrée à la mise en œuvre du dispositif ainsi conçu par ConcSTNL12.