• Aucun résultat trouvé

Chapitre 5 : CAS DE COURS STNL12

5.2 STNL12, conçu comme le type « Gîte »

5.2.2 Pari sur les ressources d’enseignement

Dans cette section, nous présentons les résultats relatifs à la construction de la proximité a-spatiale voulue, à travers la conception des ressources matérielles et cognitives sur lesquelles s’appuierait le dispositif de cours STNL12. Pour cela, nous abordons ici les deux dimensions de la médiatisation (D2) et de l’ouverture (D5). Ces deux dimensions confirment, chacune à sa manière, l’orientation pédagogique centrée sur la transmission des connaissances.

5.2.2.1 Avec une plateforme aménagée pour l’enseignement La typologie gîte du dispositif de cours STNL12 s’explique, en grande partie, par le fait que « la plateforme est préalablement aménagée pour l’usage de l’étudiant et, cela, pour tous les cours. On ne le laisse pas libre de faire ce qu’il veut. Les outils multimédias sont toujours intégrés … mais on guide l’étudiant à s’organiser », a d’emblée déclaré ConcSTNL12. Cette forme d’encadrement de l’apprenant, c’est-à-dire ce soin apporté à lui choisir d’avance des outils pour l’aider à s’organiser, constitue l’une des caractéristiques souvent relevées dans les dispositifs de type gite (CARENN, 2019; M. Lebrun et al., 2014).

Moodle comme LMS …

Les activités d’apprentissage prévues dans l’environnement numérique du cours STNL12 portent « toujours », selon ConcSTNL12, sur :

 des outils de communication, d’organisation et de collaboration asynchrone comme le calendrier, le tableau de bord, et les forums de discussion;

 un outil de communication synchrone, utilisé essentiellement pendant les classes virtuelles synchrones animées par les tuteurs;

 des images et des vidéos comprenant des capsules produites par le studio de production de l’UVS. Outre ces outils cités par le concepteur du cours, l’observation de l’environnement numérique d’apprentissage nous a permis de faire meilleure connaissance avec les ressources mobilisées par le dispositif :

- principalement le support de cours, disponible en fichiers téléchargeables; - des logiciels libres fournis en référence;

- des tests de connaissance destinés à aider les étudiants à « vérifier leurs connaissances » sur chaque séquence du cours, et dont « la note est comptabilisée »,

- des travaux pratiques, qui sont des devoirs que l’étudiant télécharge sur son ordinateur, traite puis envoie à partir de la plateforme (STNL12Docs ; STNL12Obs).

La plupart de ces outils précédemment cités sont ceux choisis par les responsables de l’UVS et intégrés dans les plateformes de cours Moodle, support retenu comme learning management system (LMS) pour les contenus d’enseignement et d’apprentissage (SSG3). Les forums de discussion et les classes virtuelles synchrones sont les deux outils sur lesquels ConcSTNL12 projette particulièrement le déroulement de son dispositif pédagogique dans l’espace numérique d’apprentissage : les premiers sont des espaces de questionnement et d’échanges entre étudiants et formateurs (STNL12Obs), tandis que les secondes se passent dans la « salle de travaux dirigés » (TD) pour le traitement des travaux pratiques. Les étudiants sont invités à préparer leurs « exercices de TD avant de venir dans la salle de TD », mais aussi à se munir d’un casque avec micro pour y « discuter par voie audio en temps réel avec votre tuteur » (STNL12Obs).

Blackboard Collaborate pour les vidéoconférences …

Après avoir testé différentes solutions technologiques de vidéoconférence (BigBlueButton, Adobe Connect, Webex, Zoom, etc.) qui se sont avérées inadaptées à ses moyens et ses besoins, l’UVS a souscrit, depuis un an, à un abonnement annuel à Blackboard Collaborate (SSG2) pour 15 000 connexions simultanées (SSG3). Intégré au LMS Moodle, Blackboard Collaborate est particulièrement choisi pour ce qu’il « ne prend pas beaucoup de connectivité » (SSG3). C’est là « l’élément de taille » (SSG3) qui a prévalu à son choix par l’UVS. Et de l’avis de ce responsable dans l’administration de l’UVS, « depuis qu’on a mis Blackboard Collaborate, [...] les gens sont satisfaits [...]. En tout cas, on n’a plus de remontée de difficultés sur la plateforme et tout ça, comme on en avait avant avec BigBlueButton » (SSG3).

Les usages attendus par l’enseignant-concepteur des outils intégrés à la plateforme de cours ainsi que de la salle de classe virtuelle sont ainsi décrits :

l’autorisation de l’enseignant37. Au niveau de la plateforme, l’étudiant peut modifier les photos,

ses photos… son profil. Il peut visualiser les vidéos, faire les tests de connaissances. Aussi, une fois que le TD est fait à la maison, l’étudiant peut directement, au niveau de l’espace, rendre son TD (ConcSTN12).

Ces usages attendus de l’apprenant, ainsi que les outils et ressources mobilisés dans le cours sont destinés, selon ConcSTNL12, à éviter l’isolement de l’étudiant de l’UVS : « Ça, ça motive l’étudiant à être actif au niveau de la plateforme. … C’est important aussi pour la réduction du décrochage » (ConcSTN12). Il est aussi attendu de l’étudiant, en raison de la nature technologique de la matière, d’intégrer « souvent » des images et vidéos dans leurs travaux, selon ConcSTNL12. Néanmoins, il ne leur est « jamais » possible de « modifier ou commenter les travaux de leurs pairs », ni les ressources mises à disposition dans le cadre du cours (ConcSTN12). Enfin, parmi les outils prévus dans la plateforme et sur lesquels l’enseignant compte appuyer son cours, ne figurent pas des outils d’aide à l’apprentissage, tels que des éditeurs de cartes conceptuelles ou des wikis; ce qui précise davantage l’orientation pédagogique centrée sur l’enseignement (M. Lebrun et al., 2014).

5.2.2.2 Avec une ouverture relative

L’ouverture du cours est la seconde dimension par laquelle se construit la proximité a-spatiale par les ressources cognitives et matérielles d’un dispositif de formation. Comme le laissent voir le radar représentatif du type de dispositif gîte et l’observation de la plateforme de cours, STNL12 offre une ouverture relative, partagée entre de grandes restrictions dans les choix de méthodes d’apprentissage et d’évaluation pour les étudiants et un partenariat concernant la conception du support de cours.

Pas de liberté aux étudiants …

D’une part, les étudiants ne sont pas libres de choisir leurs activités d’apprentissages, leurs médias ou encore leurs méthodes de travail : « Pas de liberté de choix. Les étudiants sont bien canalisés. Tout est cadré sur la plateforme, surtout pour les étudiants de licence. On met plus de liberté pour les étudiants de master (ConcSTN12). Effectivement, l’observation de la plateforme de cours et les entrevues tenues avec les étudiants confirment que le cours est conçu pour que les étudiants suivent les enseignements au rythme voulu de présentation des séquences de cours et qu’ils traitent effectivement les tests de connaissances et les travaux pratiques (STNL12Obs). Cela est également un déterminant courant des dispositifs de ce type (CARENN, 2019; M. Lebrun et al., 2014).

Ressources conçues en partenariat …

D’autre part, une partie non négligeable des ressources d’enseignement (le support de cours) mises à la disposition des étudiants provient d’un partenariat de l’UVS avec une entreprise internationale38 spécialisée

dans l’élaboration des contenus liés au domaine de formation (ConcSTN12). Cette ouverture du dispositif à l’expertise externe a sensiblement contribué à la diversité des ressources matérielles, renforcées d’une série de vidéos mettant en scène physiquement et verbalement ConcSTNL12, qui guide la progression des apprentissages des étudiants tout au long des cinq séquences du cours (STNL12Obs).

Cette double origine du support de cours (conçu par un partenaire externe et l’enseignant) lui donne une certaine richesse à la fois textuelle, visuelle et animée. L’aspect textuel de la ressource d’enseignement est d’abord lié à la mise à disposition, pour chaque séquence, d’une liste de table de matières, classant les différents éléments de contenus abordés dans la séquence et auxquels l’étudiant accède grâce à des liens hypertextes (STNL12Obs). L’aspect textuel ressort aussi des fréquents morceaux de narration ou d’explication accompagnant les nombreuses illustrations proposées dans le support de cours (STNL12Obs). La nature textuelle du contenu de cours est enfin incarnée par la mise à disposition, en guise de « ressources complémentaires », d’une version téléchargeable de ce contenu de cours en format PDF, pour chaque séquence du cours, sous la forme d’un dossier zippé atteignant parfois 4 à 6 Mo (STNL12Obs). Concernant l’aspect strictement visuel du support de cours, il tient sans doute à son appartenance au domaine d’enseignement technologique : beaucoup d’illustrations sont fournies à l’étudiant, sous la forme de captures d’écran ou de diapositives, de figures, de suites de démonstrations, de tableaux, etc. (STNL12Obs). Les aspects visuels et animés relèvent encore des vidéos de l’enseignant-concepteur, qui donnent une certaine vie à la ressource matérielle. Dans la première vidéo du cours, ConcSTNL12 s’introduit aux étudiants. Dans les vidéos liées aux séquences du cours, l’enseignant leur explicite progressivement chacune des différentes parties du cours, en appui aux illustrations visuelles et textuelles (STNL12Obs).

Les outils et ressources mobilisés par l’enseignant-concepteur constituent autant de facteurs de proximité a- spatiale voulue : ils sont listés dans la première colonne de gauche du tableau 15 présenté en fin de chapitre. Au-delà de ces ressources d’enseignement, le dispositif est également conçu sur une certaine vision de la coordination.