(OLRWDXMRXUG¶KXL
71) Ici, en questionnant le choix des contes, le père me questionne Il manifeste aussi une mouvement voire une attitude protectrice vis-à-vis de son fils (Mobilisation du
père par la médiation).
Nous nous sommes vue GDQVO¶REOLJDWLRQGHOXLUDSSHOHUWRXWHODV\PEROLTXHGH la vie dans les contes. Miguel rajoute le côté terrifiant des contes. Puis, Antoine poursuit sur les mélanges des différents contes entre eux notamment et selon lui Le petit
chaperon rouge et Hansel et Gretel. Miguel recentre la comparaison entre Le petit poucet et Hansel et Gretel 3XLV O¶pFKDQJH VH SRXUVXLW VXU OH VHQV SRXU $QWRLQH GHV
situations dures et terrifiantes exposées dans les contes. Nous lui expliquons à nouveau le sens des contes populaires de tradition orale, à travers la symbolique inscrite dans la mémoire de chacun de nous grâce à la mémoire collective ainsi que les risques G¶pGXOFRUHURXG¶DGRXFLUOHVFRQWHV(QUHSUHQDQWODSDUROH0LJXHOUHODWHOHVDFFLGHQWV survenus chez des enfants qui, dans les zoos, ne présentent aucune défiance avec les ours ou les loups. Laissant libre cours à sa pensée, Antoine, se pose en observateur de la VRFLpWp DFWXHOOH HW VHV DPELYDOHQFHV DIILFKpHV SDU OH VRXKDLW G¶pGXOFRUDWLRQ HW GH VHV risques. Puis, il poursuit sur les « mangas ultra violents » appartenant à une autre culture que la nôtre. Avant de terminer, Antoine nous précise en baissant le ton de la fin de sa SKUDVH TX¶LO DLPH ELHQ VH SRVHU HQ GpWUDFWHXU. Puis il UHYLHQW VXU O¶LPDJH GH OD IHPPH
132
dans les contes à travers Margot et la sorcière. Il dit même à son épouse « la sorcière, il W¶DUHFRQQXe ª'HYDQWO¶pWRQQHPHQWG¶(OVDLOIDLWOHOLHQDYHF ses cheveux.
72) Une nouvelle fois, nous avons assisté de la part du père, à une attitude détractrice, MHXTX¶LODIIHFWLRQQH, dit-il. Même en notre présence, LOQ¶DSDVpSDUJQpVRQpSRXVHen la voyant en sorcière. (Mobilisation du père par la médiation). De son côté, O¶LQWHUYHQWLRQ DPSOLILFDWULFH GX FRQWHXU DYDLW FKDQJp TXHOTXH SHX O¶DWPRVSKqUH GH O¶pFhange. Somme toute, FHWWH UHQFRQWUH P¶D SHUPLV GH PLHX[ DSSUpKHQGHU OHV manifestations physiques et FRPSRUWHPHQWDOHV GH O¶HQIDQW DX UHJDUG GH OD dissonance parentale et du jeu de coalition paternel. Rappelons aussi que le père Q¶DYDLW SDV VLJQp OD OHWWUH G¶LQIRUPDWLRQ HW IRUPXODLUH GH FRQVHQWHPHQW DX GpEXW GH O¶pWXGHFRPPHO¶DYDLWIDLWVRQpSRXVH&HIDLWP¶HVWDSSDUXVLJQLILFDWLIGHVRQUHIXVGHOD SDUWLFLSDWLRQGHO¶HQIDQWjO¶pWXGH&HSHQGDQW(OVDODPqUHO¶DYDLWPLQLPLVpvoire évincé en évoquant un oubOL&HWWHUpSRQVHP¶DYDLWSDUXSODXVLEOHGXIDLWG¶XQHVXU-occupation de sa part.
Nous concluons en proposant de donner du temps au temps. Elsa exprime à son PDUL VRQ FRQWHQWHPHQW G¶DYRLU pWp SUpVHQW FH MRXU 1RXV FRQILUPRQV O¶LPSRUWDQFH G¶HQWHQGUH VD YRL[ HW OHV UHPHUFLRQV WRXW HQ OHXU UDSSHODQW TX¶LOV pWDLHQW OLEUHV GH FRQWLQXHURXSDV7DQGLVTX¶(OLRWUHYLHQWQRXVYRLU(OVDOXLUHGHPDQGHV¶LOYHXWUHYHQLU ,OUpSRQGRXLGDQVO¶LQVWDQW-RXUQDOpWXGHIDPLOOH$QWRLQHUHSUHQGjVDVXLWH qu¶LOHVW© chat ».
73) 5HQYR\HUOHVSDUHQWVjOHXUGpFLVLRQSRXUOHXUHQIDQWP¶DSHUPLVGHSUHQGUHGHOD distance par rapport à cette rencontre musclée. Eliot, comme rassuré et sécurisé de cette rencontre, exprime à ses parents en présence des deux autres tiers conteur et chercheure son désir de venir. (Mobilisation GHO¶HQIDQW par la médiation).
Les confusions G¶(OVD
Une petite semaine après cette seconde séance, Elsa nous adresse un courriel GRQW OD WHQHXU FRQFHUQH O¶HQUHJLVWUHPHQW HW VHV LQTXLpWXGHV (Q HIIHW O¶HQUHJLVWUHPHQW Q¶D SDV HQFRUH pWp UpDOLVp PDLV FRPSWH WHQX GX WHPSV VXIILVDPPHQW ORQJ DYDQW OD
troisième séance, nous leur avions proposé de prendre justement ce temps pour apprécier O¶pYROXWLYLWp GHV WURXEOHV FRPSXOVLIV LQRSLQpV REVHUYpV FKH] (OLRW 6HORQ FHW pFULW FHV derniers commençaient à se calmer. Elsa a réussi à interroger son institutrice qui ne les avait pas remarqués SUpFLVDQW FHSHQGDQW O¶DJLWDWLRQ G¶(OLRW (OVD SRXUVXLW DYHF OD GHVFULSWLRQG¶XQpYpQHPHQW VXUYHQXODYHLOOHDXVRLUDXPRPHQW GHODOHFWXUHGX Petit
poucet, TX¶HOOH SUpFLVH SURFKH de Hansel et Gretel. Au moment où ils ont évoqué la
proximité entre les deux contes, Elsa rapporte que son fils « a été pris de tics importants
au visage ».
74) ¬ O¶LVVXH GH OD VHFRQGH VpDQFH (OVD FRQILUPH OD UpGXFWLRQ GHV WLFV RFXODLUHV HW ODELDX[GHVRQILOVTXLFHSHQGDQWVHUpDFWLYHQWjO¶pYRFDWLRQGX3HWit Poucet. Rappelons que le père avait confondu le conte du Petit Poucet avec Jeannot et Margot. (Mobilisation GHO¶HQIDQW par la médiation).
Elle nous redit son inquiétude et écrit : « Je ne vous cache pas que cela nous
pose beaucoup de questions avec mon mari. Si nous avions imaginé une seule seconde l'impact que cela aurait sur lui, nous ne nous serions pas engagé dans cette démarche ».
75) 'DQVFHWWHIRUPXODWLRQODPqUHQHVHPEOHSDVDYRLUPHVXUpHWFRPSULVO¶HQMHXG¶XQ WHOGLVSRVLWLIGDQVFHTX¶LOpeut mobiliser chez son enfant. Ses angoisses ont pris le pas VXUO¶LGpHG¶XQSRVVLEOHFKDQJHPHQWSRXUVRQILOV3DUOjHOOHVHPEOHDYRLUXQHFHUWDLQH difficulté à accepter de déléguer et présente une propension au contrôle.
Puis, elle enchaîne : « J'ai évoqué avec Eliot le prochain rdv, je lui ai demandé
s'il voulait venir. Il m'a répondu oui, si j'ai des bonbons. Réponse évidemment à côté ! ».
Son courriel se termine par « -H O¶HQUHJLVWUH FHWWH VHPDLQH HW OXL UHSUpFLVH TX¶LO HVW
LPSRUWDQWTX¶LOVRLWFlair sur ce rdv » et « -¶HQDLSDUOpjXQHSV\FKRORJXHMHYRXVO¶DL GLWTXLDLQVLVWpVXUODQpFHVVLWpSRXUOXLG¶rWUHDFWHXUGHFHSDUFRXUV9RLOjMHUHYLHQV vers vous très vite ».
76) Ici, Elsa emploie dans son langage écrit, le terme de « rendez-vous » pour la séance de conte. Notons que ce terme est communément employé pour un entretien, une
134
consultation médicale. De plus, elle précise « TX¶LOHVW LPSRUWDQW TX¶LOVRLW FODLUVXUFH rendez-vous ». À six DQV Q¶HVW-LO SDV DQJRLVVDQW G¶DYRLU OH SRXYRLU Ge décider qui plus est, le pouvoir G¶DOOHUjXQUHQGH]-vous ? Par ailleurs, cette notion de choix fait écho au fait que le père laisse chaque jour ses enfants choisir leur repas. Les deux parents semblent avoir la même attitude face à la notion de choix. Cependant, sont-ils aveuglés par cette notion de choix qui semble leur paraître très important au point G¶RFFXOWHU O¶pYHLO DX[ VHQVDWLRQV DOLPHQWDLUHV FRUSRUHOOHV GH IDLP FH YHUV TXRL MH OHXU SURSRVH G¶DOOHU SDU O¶LQWHUYHQWLRQ TXL pourrait limiter les quantités alimentaires absorbées (Manger plus que ses besoins).
&RQFHUQDQWODUpSRQVHTX¶(OLRWGRQQHDXVXMHWGHERQERQVHQpFKDQJHGHVDYHQXHHOOH évoque certes un chantage mais aussi son oralité alimentaire. (Manger plus que ses besoins). Elle me paraît particulièrement intéressante quant à la répartie à lui faire. En effet, au lieu de juger comme Elsa que la réponse de son fils est « à côté », elle aurait pu entrer dans son jeu en lui offrant des bonbons factices, en papiers par exemple. Je P¶LQWHUURJHHQFRUHVXUOHVERQQHVHWPDXYDLVHVUpSRQVHVTXHVHVHQIDQWVVRQWDPHQpVj donner qui pourrait entraver la confiance en leurs propres jugements, sensations et capacités et conduire à vivre des émotions inconfortables, qui pourraient se trouver apaisées par la prise alimentaire. (Manger plus que ses besoins, révélé par la médiation). /¶DEVHQFHGXSqUHPHVHPEOHIDYRULVHUOHSRVLWLRQQHPHQWGHODPqUHGDQV O¶H[FqV
La fin de son courriel montre encore une atmosphère de vitesse. Cette vitesse suggère un FHUWDLQU\WKPHGDQVODUpDOLVDWLRQGHVDFWHVGHODYLHHWTX¶LOSHXWPDQTXHUXQHFHUWDLQH disponibilité à elle-PrPHGDQVO¶pFRXWHattentive de ses sensations, de ses pensées et de ses enfants.
Pause ou jocker !
Entre la deuxième et la troisième séance, un nouvel échange téléphonique avec Elsa nous a permis d¶DFFRPSDJQHU ce temps plus long que prévu. Ont été évoqués les difficultés qui animaient tout le monde, les résistances de son conjoint et avons exprimé le fait que nous, les quatre adultes eux, les parents, Miguel le conteur et nous-même
GHYLRQV QRXV IpGpUHU GDQV O¶LQWpUrW G¶(OLRW 3RXU DSDLVHU O¶DWPRVSKqUH QRXV DYRQV proposé de cesser les enregistrements pour le moment. Elsa a acquiescé tout en nous GHPDQGDQWVLQRXVDYLRQVDVVH]G¶pOpPHQWVSRXUQRWUHpWXGH1RXVDYRQVH[SOLTXpTX¶HQ soi, les tics étaient déjà des signes manifestes de la médiation par le conte et en cela il y avait un impact sur Eliot. Elsa avait enchaîné en nous rapportant le fait que la veille au soir, elle avait lancé à la cantonade de chercher voiUH G¶DWWHQGUH G¶DYRLU IDLP SRXU manger le lendemain matin, FHTXLQ¶Dvait SDVUHPSRUWpO¶DGKpVLRQGHWRXWe la famille. En effet, son fils ainé$XUqOHV¶pWDLW interrogé sur le pourquoi de cette proposition car lui ne mange pas toujours avec la famille HQUDLVRQGHO¶DEVHQFHGHIDLPNotons que ce sont les vacances dans notre région HWTX¶LOpWDLWLQWpUHVVDQWGHVHGRQQHUOHWHPSVG¶attendre cette sensation de faim. Le lendemain, Eliot a dit à ses deux parents que son ventre gargouillait. Elsa nous a rapporté avoir validé et TX¶il a voulu deux DOLPHQWV (OOH O¶D interpellé sur les deux aliments et de lui-PrPHLOQ¶DSULVTX¶XQVHXOGHVGHX[DOLPHQWV souhaités LQLWLDOHPHQW(OOHWURXYHTX¶LOVHPEOHPLHX[VHUpJXOHr.
77) En effet, par cette anecdote rapportée, je souhaite montrer que la mère, outre le fait TX¶HOOHH[SORUHSRXUHOOH-même ses propres quantités alimentaires à partir de la sensation de faim, se présente préoccupée pour sa famille. Eliot est le seul des enfants à avoir HQWHQGX OD SURSRVLWLRQ G¶DWWHQGUH G¶DYRLU IDLP SRXU PDQJHU OH OHQGHPDLQ PDWLQ HW j vouloir y participer. (Mobilisation GH O¶HQIDQW par la médiation HW DPRUFH G¶XQH autonomie alimentaire). Avant de parler de régulation, assurément en évoquant ses gargouillements, il connaît bien sa propre sensation de faim. Rappelons que cette VHQVDWLRQ HVW VRXYHQW PpFRQQXH HW VL HOOH QH O¶HVW SDV HOOH Q¶HVW JpQpUDOHment pas respectée au moment de commencer une prise alimentaire. Rappelons aussi que cette sensation est primordiale pour la régulation des quantités mangées. En effet, il est QpFHVVDLUHG¶DYRLU HXIDLPSRXUrWUHUDVVDVLp'DQVFH FRQWH[WHIDPLOLDO ODTXDOLWpGHV DOLPHQWV PDQJpV SDUDvW SUppPLQHQWH VXU OD TXDQWLWp 3OXVLHXUV pOpPHQWV O¶DWWHVWHQW : le végétarisme du père, la pomme versus la tartine de pâte de noisettes, la notion G¶pTXLOLEUH DOLPHQWDLUH TXH OH SqUH pYRTXH DX VXMHW GHV JRWV GLYHUVLILpV G¶(OLRW OHV bonbons.
136
Quant aux tics qui semblent moins fréquents, Elsa confirme que son fils en a à ODFDQWLQHHWTX¶LOpWDLWDJLWpHQFODVVHDYDQWOHVYDFDQFHV
78) ,O DSSDUDvW LQWpUHVVDQW GH VDYRLU TX¶(OLRW D GHV WLFV j OD FDQWLQH SDV HQ FODVVH HW PRLQV GDQV OH TXRWLGLHQ GH OD YLH FRPPH OH VWLSXOH OD PqUH /H OLHX G¶DOLPHQWDWLRQ comme la cantiQHVHPEOHWRXFKHU(OLRWHWF¶HVWHQFHODTXHQRXVSRXYRQVGLUHDXVVLTXH la médiation par le conte est plus pertinente pour lui que les autres enfants de sa fratrie FDUDXFXQQ¶DPDQLIHVWpGHVLJQHVHWGRQFQHV¶HVWVHQWLFRQFHUQpSDUOHVFRQWHVVXUOH plan alimentaire. (Mobilisation GH O¶HQIDQW par la médiation). En effet, son comportement alimentaire exprime un certain auto-centrage et une certaine dominance de son oralité alimentaire, oralité première de son développement. Par ses mimiques oculaires et bucco-labiales nommées « tics » par sa mère apparues après les séances de contes, il me semble apparaître en lui une certaine mobilisation ou évolution dans son UDSSRUWDXPRQGHFRPPHXQHRXYHUWXUHDX[SUpRFFXSDWLRQVGHVHVSDUHQWVTX¶LOD G¶DLOOHXUVGXPDOjH[SULPHUHWTXLSRXUUDLWWUDGXLUHXQHDPRUFHGHSDVVDJHà une autre phase de son oralité. En effet, à partir de six mois, O¶RUDOLWp devient alimentaire et verbale. (Mobilisation GHO¶HQIDQW par la médiation et amRUFHG¶XQH autonomie).
Elle a répété OHVSDUROHVGHODSV\FKRORJXHUHQFRQWUpHVXUOHIDLWTX¶(OLRW devait être acteur ainsi que celles qui lui sont destinées personnellement, notamment au sujet de V¶DEVWHQLUGH SRLQWHUOHVWLFV$YDQWGHQRXVTXLWWHUQRXVDYRQVGHPDQGpO¶DYLVGHVRQ FRQMRLQWVXUODSRXUVXLWHGHO¶pWXGHFHjTXRLHOOHDUpSRQGXSDUO¶affirmative mais avec O¶DFFRUG G¶(OLRW 1RXV DYRQV pYRTXp O¶LQIOXHQFH VXU (OLRW OH IDLW TXH OH SDSD UHVWH DX GRPLFLOHDORUVTX¶LOSDUWVHXO VDQVOXLDYHFVDPqUHVHV IUqUHV HW V°XUV jODVpDQFHGH conte. Elsa ne relève pas.
79) En interrogeant Elsa sur l¶DYLVGHVRQPDULTXDQWjODSRXUVXLWHGHO¶pWXGHVDUpSRQVH est toujours empreinte du pouvoir donné à Eliot. 2XWUH O¶DQJRLVVH TXH GpFLGHU VHXO peut générer à son âge car il ne rencontre pas de résistance, je ne peux écarter non plus la toute puissance que la mère lui attribue. Sur un autre plan, OH IDLW G¶être
abandonné à ses désirs sans rencontrer de résistance (idée de contenance) peut SHUWXUEHU WRXW DXWDQW OD FRQVWUXFWLRQ GH O¶rWUH humain. (Manger plus que ses besoins). En outre, la mère ne semble pas percevoir la révélation de la dissonance de son couple VXU OD SDUWLFLSDWLRQ GH OHXU HQIDQW j O¶pWXGH HW O¶DEDQGRQ GH VRQ FRQMRLQW HW GX SqUH ORUVTX¶LO UHVWH j OD PDLVRQ WDQGLV TX¶HOOH SDUW DYHF VHV HQIDQWV G¶R SHXW-être la GLIILFXOWpG¶(OLRWjYHQLUDX[séances.
(Q FRQFOXVLRQ QRXV OXLDYRQV UDSSHOp G¶REVHUYHU HW GH SUHQGUH GHV QRWHV GHV modifications de quelque nature que ce soit concernant son fils.
Eliot et Baba Ghannouj
Toute la troisième séance a été réservée au conte La louche de Baba Ghannouj, inspirée du conte russe Wassilissa et conté par Renée Robitaille. Eliot est arrivé le premier dans la salle de sa famille et a répondu à notre bonjour. Famille incomplète SXLVTX¶LO PDQTXH XQLTXHPHQW OH SqUH $LQVL QRXV IDLVRQV FRQQDLVVDQFH G¶$XUqOH VRQ IUqUHDvQp(OLRWV¶HVWLQVWDOOpFRPPHjVRQKDELWXGHVXUXQHWDEOHGLVSRVpHjO¶DUULqUHGHV FKDLVHVLQYLWDQWO¶DXGLWRLUHjV¶DVVHRLU(OVDDUULYpHODGHUQLqUHOXLDGHPDQGpGHYHQLU V¶DVVHRLUVXUXQHFKDLVHHWLOV¶HVWH[pFXWpDYDQWGHIDLUHOHFKRL[G¶un coussin par terre face à Miguel. Il y restera seul toute la séance. Miguel a UHPDUTXpTX¶(OLRWpWDLWFHMRXU- OjOHSUHPLHUGHWRXWHO¶DVVHPEOpHjHQWRQQHUHW jPLPHUODFRPSWLQHG¶RXYHUWXUH/HV tics oculaires ont disparu mais il a commencé à fermer souvent les yeux tout en restant très attentif et participant aux questions du conteur sur les aliments préférés des enfants SUpVHQWV ¬ O¶pYRFDWLRQ GH O¶RUWHLO GX SHWLW IUqUH PDQJp SDU %DED *KDQQRXM (OLRW D ouvert la bouche. Puis au terme du conte, il a recRPPHQFp j URXOHU VHV \HX[ HW V¶HVW dirigé sous une table pendant la comptine de fermeture.
80) Eliot, exprime vraiment sa présence et son intérêt pour le moment de conte. Il est WUqV DWWHQWLI YD MXVTX¶j RXYULU OD ERXFKH j O¶pYRFDWLRQ G¶XQ RUWHLO PDQJp par Baba Ghannouj et participe. (Manger plus que ses besoins, révélé par la médiation). &HSHQGDQWHQFKDQJHDQWGHSODFHDSUqVDYRLUDFFpGpjODGHPDQGHGHVDPqUHO¶HQIDQW
138
semble exprimer un EHVRLQG¶un espace propre par rapport à sa mère et aux autres spectateurs. Il présente de nouvelles expressions oculaires comme pour acquiescer. (Mobilisation GHO¶HQIDQW par la médiation HWDPRUFHG¶DXWRQRPLH).
La gXLGDQFHpGXFDWLYHG¶(OVD
/¶pFKDQJH G¶DSUqV FRQWH UHYLHQW VXU OHV GLIILFXOWpV G¶(OVD DYHF OHV FRQGXLWHV alimentaires de son fils qui ressemblent aux siennes. En effet, elle nous raconte une anecdote survenue la veille. Une heure après le déjeuner, elle a surpris Eliot, dans la cuisine debout VXUXQWDERXUHWHQWUDLQGHPDQJHUGHVFpUpDOHV6HORQ(OVDLOV¶DJLVVDLW GHFpUpDOHVWUqVVXFUpHVDFKHWpHVSDUVRQFRQMRLQWHWTX¶HOOHGpVDSSURXYH
81) Cette prise alimentaire est très probablement de nature émotionnelle mais non nommée. (Manger plus que ses besoins)'¶DXWUHSDUWOHVSDUHQWV VHSUpVHQWHQWGDQV GHVSRVLWLRQVHWU{OHVpWRQQDQWVO¶XQSDUUDSSRUWjO¶DXWUHHWSDUUDSSRUWDX[HQIDQWV3DU ce désaccord dans leurs achats alimentaires qualitatifs, ils ne semblent pas réussir à construire un consensus éducatif.
(OOH V¶HVW GLWH : « Puisque tu veux manger, alors mange mais assis à table et dans un bol ». Dubitative, nous lui avons suggéré, si un même fait se reproduisait, de O¶LQWHUSHOOHUsur sa faim à 1h du repas précédent, et de lui proposer un câlin en le prenant dans ses bras.
82) /¶DQHFGRWHHVWOjHQFRUHUpYpODWULFHdu rapport à la nourriture de la mère. Précisons au sujet de son incitation à manger assis à table dans un bol. En effet, cette anecdote a pYRTXp FKH] PRL OH VRXYHQLU GHV SDUROHV G¶(OVD j SURSRV GH VD YLH MXVTX¶j quatre ans avec sa mère, schizophrène. Sa grand-mère lui aurait dit TX¶HOOH avait mangé par terre sans couvert. On peut imaginer que voir son fils manger dans un DXWUHHQGURLWTX¶jWDEOH la touche autant. De plus, j¶DL FRPPH OH VHQWLPHQW TX¶(OLRW PLPH OHV FRPSRUWHPHQWV DOLPHQWDLUHVGHVDPqUHSDULGHQWLILFDWLRQG¶XQHSDUWHWG¶DXWUHSDUWSDUFHTXHOXL-même a ELHQSHUoXO¶DSDLVHPHQWGHVHVpPRWLRQVSDUODSULVHDOLPentaire (Manger plus que ses besoins). &HSHQGDQW G¶DXWUHV PpFDQLVPHV VHPEOHQW V¶LQWULTXHU (OLRW YLW GDQV XQH
famille où le père affiche la maitrise de ses choix alimentaires qualitatifs par son végétarisme. Ce dernier a acheté les céréales sucrées, achat désapprouvé par Elsa qui FRQQDvW O¶LQIOXHQFH GHV WHQWDWLRQV YLVXHOOHV HW H[WpULHXUHV pYRTXpH SDU 1LVEHWW HW Schachter (1968). En revanche, quand elle mange des bonbons, son conjoint la regarde avec des gros yeux FRPPHXQSqUH5DSSHORQV TX¶(OVDQ¶DSDV vécu avec son père. Il « fait » le père avec son épouse en se positionnant en juge mais il ne la sécurise pas. Sans épiloguer sur les conduites ambivalentes voire contradictoires et dissonantes au sein du couple parental, jeu que nous avons déjà repéré, cet achat alimentaire ne vient-il SDV FRPPH XQH SURYRFDWLRQ j O¶HQFRQWUH GH VRQ pSRXVH " '¶DXWUH SDUW OH UpJLPH végétarien de son conjoint Q¶DSSDUDvW-il pas comme une restriction TX¶Elsa ne peut que transgresser ? Eliot, témoin de ce jeu peut-il se présenter lui aussi comme assujetti à la maitrise de son père TX¶LOWUDQVJUHVVHSDUULFRFKHW ?
Quant à PDSURSRVLWLRQG¶pWUHLQWHMHO¶DLDGUHVVpjODPqUHFRPPHXQHFRQWHQDQFH TX¶HOOHSeut offrir à son fils en dehors des temps de repas. En effet, cet espace tiers contenant apparaît comme essentiel pour cet enfant et sa mère. Celui-ci est représenté SDUO¶pFROHRLOQHSUpVHQWHSDVGHWLFVHWFHW pYqQHPHQWUDSSRUWpVHVLWXHSHQGDQWOHV vacances. Hors de ce lieu scolaire, il ne peut, me semble-t-il, que chercher le cadre ou cet espace tiers en le provoquant sans arrêt. Ces notions de cadres, de contenance IRQW pFKR j O¶KLVWRLUH G¶(OVD avec sa PqUH TX¶HOOH SHXW UHSURGXLUH VDQV HQ DYRLU SULV conscience. En choisissant son conjoint, par le « même » à un degré différent TX¶HOOHD UHVVHQWL jVHV F{WpVHOOHSURORQJHFHTX¶HOOH DFRQQXGDQVVRQHQIDQFH &RQWHQDQFH Ht débordement sont des problèmes dans cette famille, thèmes qui ont été abordés dans les contes tels celui de la grenouille qui a bu plus que ses besoins, toute l'eau de la terre ainsi que ceux de dévoration.
/HOHQGHPDLQGHFHWWHVpDQFHDORUVTX¶(OVDQRXVFRQVXOWDLWSRXUVRQSUREOqPH SHUVRQQHO QRXV DYRQV FRQYHQX OD VXVSHQVLRQ GH VHV FRQVXOWDWLRQV MXVTX¶j OD ILQ GH O¶pWXGH DYHF (OLRW DILQ GH OXL ODLVVHU SOHLQHPHQW O¶HVSDFH HW VXUWRXW HQ UDLVRQ GX WURS