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CHAPITRE 4 : RECUEIL DES DONNEES ET

4.1. METHODOLOGIE DE RECUEIL DES DONNEES

4.1.1. Public visé

Nous avons donc décidé de conduire trois enquêtes :

– deux enquêtes visant principalement à l'observation de l'activité métalinguistique spontanément activée en lecture / compréhension en ELVIF par des lecteurs novices et casuels ;

– une enquête "contrepoint" auprès d'hispanophones natifs au moyen d'un protocole spécifique.

En ce qui concerne la première enquête, au sujet du "noviciat" des sujets, nous avons déjà indiqué qu'ils sont débutants complets en espagnol, en ce sens qu'ils ne l'ont jamais étudié formellement. De plus, ce qui distingue ce public de celui de la deuxième enquête, c'est qu'ils n'ont comme langue romane de référence que le français, leur langue maternelle. C'est pourquoi nous les avons appelés les sujets binômes (français / espagnol). Quant au fait qu'ils sont des lecteurs occasionnels de l'espagnol, on verra que cette donnée peut avoir de l'importance dans la mesure où, dans toutes les études rapportées plus haut sur les processus et stratégies de lecture, il était question d'apprenants véritables de la langue cible.

Les sujets de notre deuxième enquête ne se différencient de ceux de la première que par le fait qu'ils disposent, en plus du français langue maternelle, d'une deuxième langue romane de référence, l'italien, maîtrisée néanmoins à des niveaux divers. Nous les appellerons désormais les sujets trinômes1.

Enfin, une troisième enquête d'envergure plus modeste, dont nous expliquerons plus loin les raisons, les objectifs et la méthodologie (cf. infra 4.1.3.2.), a été conduite auprès de 6 natifs hispanophones.

On trouvera récapitulé sur le graphique de la page suivante une visualisation de l'échantillon que constitue ces trois publics et des textes qui leur ont été soumis.

L'ECHANTILLON

20 17,5 15 12,5 10 7,5 5 2,5 0

Binômes Trinômes Natifs

"Muerte en directo" "Jessica" Les 2 textes

Graph. 5 : l’échantillon des trois enquêtes

En définitive, notre échantillon est constitué de : – 14 sujets binômes numérotés de B1 à B14 ;

– 6 sujets trinômes dont 4 (T1, T2, T3 et T4) ont travaillé sur le texte « Muerte en directo », et 2 (TA et TB) sur le texte que nous avons intitulé « Jessica ».

Du point de vue des caractéristiques socio-professionnelles du public, bien qu'il ne nous semble pas que nos propositions pédagogiques doivent être réservées à terme à une "élite", il nous a paru néanmoins à la fois plus sage et plus indiqué de nous adresser à un public d'étudiants ou de jeunes professionnels (Bac+2 minimum)2 pour les raisons suivantes :

– D'abord, pour des raisons qui renvoient aux finalités du programme Galatea, parce qu'il constitue, comme nous l'avons annoncé dès l'introduction de cette étude, le public dont les besoins seront les plus immédiats compte tenu de l'intensification au niveau européen des échanges d'étudiants comme des programmes industriels et technologiques. Les sujets observés en constitue par conséquent un échantillon, sinon représentatif, au moins "illustratif".

– Par ailleurs, il convient d'invoquer les raisons liées à la méthode de recueil des données retenue. Bien que celle-ci s'apparente par certains aspects à une situation didactique, elle ne doit en aucun cas lui être confondue. D'une part elle n'était pas identifiée comme telle par les participants, d'autre part, nous n'avons pas cherché à "didactiser" la lecture, au contraire. Rien n'a été fait en ce sens pour la contextualiser (lui donner un objectif pragmatique par exemple), et les textes, de courts faits divers

tirés du journal espagnol El País (cf. annexes 1 et 2), étaient proposés hors de leur support. L'un d'entre eux a même été "recomposé" pour les besoins de l'expérimentation (cf. en annexe 1 bis, l'original du texte « Muerte en directo »). Enfin, il était exposé clairement que la correction des hypothèses sémantiques formulées sur les textes n'était que d'un intérêt secondaire pour l'expérimentation par rapport aux raisonnements qui

2 En écartant toutefois les enseignants et praticiens des langues en raison de leurs compétences métacognitives et/ou métalinguistiques supposées peu représentatives.

avaient servi à les avancer. Si l'on ajoute aux exigences cognitives créées par une telle situation de lecture la durée relativement longue de l'entretien (1 heure 15 à 2 heures, lecture comprise) et notre manque d'expérience pour une telle procédure, on comprendra que le public en question était sans doute le plus indiqué.

– Enfin, ce public, du fait du niveau de scolarisation atteint, est censé disposer de compétences de lecture en LM dont on peut faire l'hypothèse que le niveau de performance est relativement homogène. Cela étant, un niveau de performance semblable peut cacher d'importantes différences interindividuelles quant aux modes de traitement et aux stratégies que privilégie tel ou tel individu. Nous nous sommes donc interrogé, au moment de la constitution du protocole, sur la nécessité de les observer, perspective à laquelle nous avons renoncé compte tenu des contraintes déjà lourdes du protocole. En effet, il aurait alors fallu alléger le protocole de recueil de données mis en place pour observer les stratégies développées pour lire la langue étrangère. Or, cette modification nous semblait de nature à aller à l'encontre des objectifs poursuivis puisque pour tirer bénéfice des techniques introspectives choisies, il ne fallait pas être soumis à une contrainte temporelle, ce qui aurait été forcément le cas si le protocole avait été plus lourd. Face au choix entre, d'une part, l'exhaustivité au risque de la superficialité, et d'autre part, la sélectivité au risque de manquer de données importantes, nous avons opté en connaissance de cause pour cette dernière solution. Cela étant, nous porterons malgré tout notre intérêt sur les discours faisant état des rapports du sujet à l'écrit, aussi bien au niveau de ses structures affectives que cognitives. En revanche, lorsqu'il s'agira d'élaboration pédagogique cette dimension pourra être prise en compte, en nous appuyant sur les nombreux travaux réalisés dans ce domaine (cf. chapitre 3), de façon à proposer aux apprenants sous une forme optionnelle (au moyen de petits tests au sein d'un didacticiel par exemple), une prise de conscience de leurs compétences et stratégies de lecture en langue maternelle.