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CHAPITRE 2 : CADRE ANALYTIQUE DE LA RECHERCHE

2.4. Méthodologie

2.4.4. Procédure de l’analyse

Avant d’aller plus loin, nous précisons que nous reviendrons plus en détail sur la procédure et la grille d’analyse définitive dans les chapitres 5 et 6 qui porte sur la présentation et l’analyse des résultats de notre analyse de contenu. Il s’agit dans cette sous-section de présenter dans les grandes lignes la manière dont nous comptons mener notre analyse. Après avoir montré pourquoi nous comptons analyser les discours des présidents, nous allons dans cette section revenir sur la manière dont nous traiterons notre corpus c’est-à-dire le codage.

Comme le définit parfaitement Bardin, « le codage correspond à une transformation – effectuée selon des règles précises – des données brutes du texte. Transformation qui, par découpage, agrégation et dénombrement, permet d’aboutir à une représentation du contenu, ou de son expression, susceptible d’éclairer l’analyste sur des caractéristiques du texte qui peuvent servir d’indice […] » (2007 : 134).

a) Choix des unités

Une première étape du codage est la définition des unités de découpage du texte. Il existe deux types d’unités pour le codage. Il y a l’unité d’enregistrement qui correspond à « l’unité de signification à coder. Elle correspond au segment de contenu à considérer comme unité de base en vue de la catégorisation et du comptage fréquentiel » (Bardin : 2007 : 135). Il peut s’agir d’un mot, d’une phrase, d’un personnage, d’un évènement, d’un document ou d’un thème.

Il y a ensuite l’unité de contexte qui « sert d’unité de compréhension pour coder l’unité d’enregistrement. Elle correspond au segment du message dont la taille (supérieure à l’unité d’enregistrement) est optimale pour saisir la signification exacte de l’unité d’enregistrement. Cela peut, par exemple, être la phrase pour le mot, le paragraphe pour le thème » (Bardin, 2007 : 138).

Le thème est souvent utilisé dans l’analyse de contenu comme unité d’enregistrement, car il permet au chercheur de s’intéresser au sens et non à la forme du texte et c’est cela que nous souhaitons effectuer dans notre analyse. De plus, « le thème est utilisé généralement comme unité d’enregistrement pour des études de motivations, d’opinions, d’attitudes, de valeurs, de croyances, de tendances, etc. » (Bardin, 2007 : 137). Ceci est particulièrement le cas pour notre étude qui s’intéresse aux perceptions des leaders. Par conséquent, nous considérons que les thèmes (tableau 4) seront nos unités d’enregistrement et le paragraphe sera notre unité de contexte. Ce choix du paragraphe comme unité de contexte nous est facilité par le fait que les discours de notre corpus se composent initialement de paragraphes bien distincts.

b) La règle d’énumération

La règle d’énumération correspond à la manière dont les unités d’enregistrement seront comptabilisées. Il existe plusieurs moyens de comptabilisation comme la présence (ou l’absence) d’éléments dans les textes, la fréquence (simple ou pondérée) d’apparition d’un élément, l’intensité à laquelle apparaît un élément, la direction (positive, négative, neutre, ambivalent), l’ordre d’apparition des unités, la cooccurrence. Dans notre travail, les indicateurs de nos unités d’enregistrement à savoir les thèmes, seront la fréquence simple et la cooccurrence.

D’abord il y a la mesure de la fréquence simple dans laquelle tous les éléments mesurés ont le même poids, la même valeur. À travers la prise en compte de la fréquence, il s’agit de défendre l’idée selon laquelle « l’importance d’une unité d’enregistrement croît avec sa fréquence d’apparition » (Bardin, 2007 : 140). C’est donc le nombre de fois où un thème apparaît qui est significatif. Ceci nous permettra de quantifier la position des leaders sur les différents thèmes.

Ensuite on a la mesure de la cooccurrence qui « rend compte de la distribution des éléments, de l’association de ceux-ci » (Bardin, 2007 : 145). Ceci nous permettra de voir si des thèmes sont associés ou opposés, et d’en tirer des interprétations pour notre étude. Nous prévoyons par la suite recueillir les résultats à travers des tableaux, de matrices, des graphiques, etc. avant de passer à leur interprétation.

c) Catégorisation

Notre technique d’analyse de contenu sera donc l’analyse thématique. Cette dernière est une technique d’analyse qualitative qui permet « en somme, à l’aide des thèmes, de répondre petit à petit à la question générique type, rencontrée dans divers projets d’analyse : qu’y a-t-il de fondamental dans ce propos, dans ce texte, de quoi y traite-t-on ? » (Paillé et Mucchielli, 2006 : 161). Il s’agit donc de donner un sens, une signification à un corpus donné en le fragmentant en différents thèmes établis préalablement ou de façon simultanée à l’analyse de ce corpus. Ainsi, comme le souligne à juste titre Paillé et Mucchielli,

Avec l’analyse thématique, la thématisation constitue l’opération centrale de la méthode à savoir la transposition d’un corpus donné en un certain nombre de thèmes représentatifs du continu analysé et ce, en rapport avec l’orientation de recherche (la problématique). L’analyse thématique consiste, dans ce sens, à procéder systématiquement au repérage, au regroupement et, subsidiairement, à l’examen discursif des thèmes abordés dans un corpus, qu’il s’agisse d’un verbatim d’entretien, d’un document organisationnel ou de note d’observation. (2008 :162).

La démarche de thématisation ou catégorisation peut se faire de trois différentes manières que sont la catégorisation induite, la catégorisation déductive et la catégorisation mixte (L’Écuyer, 1990 ; Bardin, 2007 ; Paillé et Mucchielli, 2008). Dans la démarche induite (ouverte ou continue), l’analyste n’établit pas une liste de thèmes préalable qu’il appliquerait au corpus, mais il se laisse guider par le texte, ce qui le conduit à établir son arbre thématique à la fin de l’analyse du corpus. Dans la démarche déductive (séquencée ou fermée), l’analyste établit une liste ou grille de thèmes (ou catégories) qu’il cherche à identifier dans le corpus à analyser.

Quant à la démarche mixte ou hybride, elle est à la fois déductive et inductive. Déductive, dans le sens où l’on peut définir une grille de lecture thématique que l’on cherche à appliquer au corpus, mais aussi inductive, car cette grille n’est pas définitive au début de l’analyse, mais elle peut évoluer au gré des informations qui ressortiront de notre analyse. Ainsi, contrairement à la démarche fermée, les catégories prédéfinies dans la démarche mixte ne possèdent « aucun caractère immuable, c’est-à-dire qu’elles peuvent être conservées, rejetées, modifiées ou nuancées, complétées et même remplacées par de nouvelles catégories selon les particularités du matériel recueilli » (L’Écuyer, 1990 : 66). Par ailleurs, dans la démarche mixte – et déductive – les thématiques ou catégories sont souvent prédéfinies à travers les travaux empiriques pertinents dans la littérature existante.

Un des grands avantages de la démarche mixte qui nous amène finalement à le choisir pour notre travail réside dans sa flexibilité. En effet, l’analyse n’est pas exclusivement dirigée par les catégories existantes, mais ces dernières servent de guides à l’analyste pour mieux cerner le matériel à analyser. La démarche mixte permet d’atteindre une certaine exhaustivité dans la définition des catégories et ceci ne peut être que bénéfique pour l’analyse (L’Écuyer, 1990).

Dans notre cas, une des rares études ayant effectué une analyse de contenu des discours de Cardoso et Lula da Silva avec une grille thématique est celle de Vilela et Neiva (2011) dont nous nous sommes, entre autres, inspirés dans la définition des thèmes et des régions. Il convient ici de préciser certains aspects importants de notre choix de nous inspirer du travail de Vilela et Neiva (2011).

Tout d’abord, concernant le corpus, Vilela et Neiva ont travailler sur un corpus plus volumineux que le nôtre, car ils ont pris en compte les deux mandats de Cardoso et de Lula da Silva, alors que nous nous sommes limités à un mandat pour chacun d’eux. En effet, notre choix s’est porté sur le dernier mandat de Cardoso et le premier mandat de Lula da Silva et ceci pour deux raisons principales. D’une part, comme nous l’avons remarqué dans la littérature, les deux présidents ont globalement mené la même politique étrangère durant leurs deux mandats respectifs, par conséquent il nous semblait tout à fait pertinent de nous limiter à un mandat pour chaque président. D’autre part, notre objectif dans cette thèse étant d’analyser la réorientation survenue en 2003, et non d’étudier les possibles variations de politique étrangère au cours des mandats respectifs de Cardoso et de Lula da Silva, l’analyse du mandat antérieur et du mandat postérieur à cette année charnière nous semble donc pertinente et suffisante.

De plus, nous avons ajouté le mandat de Dilma Rousseff pour essentiellement deux raisons : apporter une contribution par rapport au travail de Vilela et Neiva qui nous a inspiré, mais aussi pouvoir apprécier le positionnement en matière de politique étrangère de Dilma Rousseff par rapport à Lula da Silva avec qui elle partage la même idéologie politique. Ceci nous permettra de mieux vérifier notre hypothèse et de déterminer l’influence des perceptions et du contexte.

Ensuite, concernant le choix des régions et des thématiques, la grille de Vilela et Neiva nous semble adéquate pour notre étude, car elle fait référence aux deux points qui nous paraissent essentiels dans la définition des objectifs d’une politique étrangère : Quelles sont nos régions prioritaires et quelles thématiques ou enjeux allons-nous discuter avec chacune d’elles ? Nous avons juste ajouté deux thématiques qui nous semblent importantes de distinguer quand on aborde la politique étrangère brésilienne : celle de l’intégration et coopération régionale

et celle relative à l’insertion internationale. Par ailleurs, ce choix de garder les mêmes grandes catégories régionales et thématiques que Vilela et Neiva nous permettre de vérifier si cela est transposable d’une étude à une autre, ce qui est en soit une contribution scientifique.

Enfin, nous signalons que, contrairement à leur étude, nous ne définissons pas une grille fermée et l’adoption d’une démarche mixte nous donne donc la possibilité de modifier notre grille au gré de l’analyse. Contrairement à eux, notre grille n’est pas fermée et nous avons utilisé au cours de notre analyse une approche mixte. Si la démarche fermée dans laquelle la grille d’analyse est fixée dès le début et ne changera pas, la démarche mixte s’appuie sur des catégories prédéfinies qui peuvent évoluer au gré des informations qui ressortent au cours de l’analyse. De plus, notre utilisation des variables affectées aux discours est différente. En effet, comme nous le verrons dans la prochaine section, des caractéristiques ont été attribuées à chaque cas et contrairement à Vilela et Neiva, nous présenterons dans les résultats (chapitre 5 et 6) ce que ces variables signifient pour notre analyse et les interprétations qu’on peut en faire en lien avec notre hypothèse. Nous envisageons également un ajout et une discussion des sous-thèmes (ou codes) plus approfondis que l’ont fait Vilela et Neiva.

Par ailleurs, nous reviendrons plus en profondeur sur le codage dans les derniers chapitres portant sur l’analyse et les résultats, mais concernant les catégories présentées au tableau 4, nous pouvons dès à présent apporter quelques précisions. Concernant les régions, la classification se fera selon leur appellation et selon les appellations des pays qui composent chacune d’elles. À titre d’exemple, l’Afrique sera classée avec des termes comme Afrique, Nigeria, Sénégal, Égypte, etc. Concernant les thématiques, le tableau 6 présente la manière dont elles seront classées.

De plus, dans notre volonté d’extraire le maximum d’information lors du codage, nous envisageons d’identifier pour chaque document la nature (discours, article, conférence de presse, etc.), l’auteur, la date, le lieu, l’occasion (visite officielle, conférence, etc.). Tout ceci sera fait à l’aide du logiciel QDA Miner qui est un logiciel d’analyse mixte qui nous permettra d’avoir des résultats qualitatifs et quantitatifs.

Tableau 6: Liste des thèmes

Thèmes Définitions Exemples de termes et expressions pour le codage

Intégration régionale

Toute référence au processus d’intégration politique, économique, commerciale

dans les Amériques

Intégration régionale ; intégration sous-régionales ; région ; sous-région ; Marché commun du Sud (Mercosur) ; Organisation

des États américains (OEA) ; Zone de libre-échange américaine (ZLEA) ; Association latino-américaine d’intégration (Aladi) ;

Unasur; etc. Insertion

internationale

Toute mention relative à la place du Brésil dans le monde et à son ambition de jouer (ou pas) un rôle dans le

système international

Insertion internationale; autonomie; souveraineté; système international; scène internationale; place( du Brésil); rôle (du

Brésil); le Brésil dans le monde; politique internationale; ambition internationale; volonté; stature (ou statut) internationale; leadership brésilien; ordre international; Institutions

internationales

Toute mention relative à l’engagement du Brésil dans une institution internationale

Institutions internationales; institutions financières multilatérales; Organisation des Nations unies (ONU); Banque

mondiale; Fonds monétaire international (FMI); Organisation mondiale du commerce (OMC); Banque interaméricaine de développement (BID); Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO); Organisation internationale

du travail (OIT); G7; G8; Organisation mondiale de la santé (OMS); Organisation des Nations unies pour l’éducation et la

culture (Unesco); Programme des Nations unies pour le développement (Pnud); Communauté des pays de langue

portugaise (CPLP), etc. Économie et

commerce

Toute mention relative à la coopération en matière économie et commerciale

Économie; commerce; exportation; importation; entreprise; compagnie; développement économique; finance; protectionnisme; investissement; production; productivité; produit intérieur brut (PIB);industrie; crise économique (ou

financière) croissance économique; marché; etc. Coopération

internationale

Toute mention relative à l’engagement du Brésil dans la coopération en matière de

développement

Coopération internationale ; coopération pour le développement ; pays en voie de développement ; pays sous-développés aide au

développement ; coopération au développement ; coopération technique ; coopération financière; etc.

Paix et sécurité internationale

Toute mention relative à la politique brésilienne pour garantir la paix et la sécurité

mondiale

Paix; sécurité internationale; sécurité nationale; narcotrafic; trafic de drogues; frontières; terreur; militaire; guerre; défense

nationale; défense internationale; conflits internationaux; conflits; armes; armées; désarmer; nucléaire; etc.; Environnement et

développement durable

Toute mention relative à l’engagement du Brésil en

matière d’environnement

Environnemental; Environnement; réchauffement climatique; dérèglement climatique; émission de gaz à effet de serre; pollution; énergie fossile; énergie renouvelable; énergie propre;

changement climatique; carbone; CO2;écologie;Rio 92; écosystème; Amazonie; forestière; Kyoto (protocole);

développement durable; etc.; La lutte contre les

inégalités sociales

Toute mention relative à la position du Brésil en matière de lutte contre les inégalités, la pauvreté, l’exclusion, etc.

Inégalité; égalité; lutte contre la faim; pauvreté; exclusion sociale; inclusion sociale; misère; éducation; santé;

redistribution; distribution; injustice sociale; Droits de

l’homme et démocratie

Toute mention relative à l’engagement du Brésil pour le respect des droits humains

et de la démocratie

Démocratie ; droits humains ; droits de l’homme ; discrimination ; racisme ; minorités ethniques ; minorités

sexuelles ; minorités raciales ; xénophobie ;etc.;