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Institutions, organisations et forums internationaux

CHAPITRE 5 : LES DIFFÉRENCES DE PERCEPTION ET LA DIPLOMATIE

5.3. Les perceptions des présidents par rapport aux différentes thématiques

5.3.7. Institutions, organisations et forums internationaux

Le Brésil a toujours donné une grande importance à sa participation dans différents forums ainsi que dans les organisations et les institutions internationales. Ces cadres multilatéraux constituent des plateformes favorisant l’affirmation et l’insertion internationale du Brésil ainsi que la consolidation de la coopération dans divers domaines avec différents États.

Figure 21 : les pourcentages de citation des principaux sous-thèmes de la thématique « Institutions, organisations et forums internationaux » par président

Cet engagement du Brésil dans les différents cadres multilatéraux s’observe notamment par la place du multilatéralisme dans le discours des trois chefs d’État comme le montre la figure 21. En effet, le multilatéralisme représente 12,5 % (soit 42 citations) dans les propos du président Cardoso concernant cette thématique des institutions et organisations internationales, 17,8 % (soit 133 citations) pour le président Lula da Silva et 17,1 % (soit 71 citations) pour la présidente Rousseff. Comme nombre de pays du Sud, le Brésil a toujours été un militant du multilatéralisme et ceci s’est renforcé lorsque le pays est devenu une puissance émergente reconnue à travers le monde sous la présidence de Lula da Silva. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre l’intérêt du président Lula da Silva pour des instances comme l’ONU ou l’OMC entre autres (voir figure 21).

En effet, le pourcentage de citation de l’ONU quand le président Lula da Silva abordait les instances internationales est de 13,8 % (soit 100 citations) contre 7,8 % (soit 26 citations pour Cardoso) et 8 % (soit 33 citations) pour Rousseff. Pour le président syndicaliste, au moment

où la tendance à l’unilatéralisme des États-Unis sous Georges W. Bush semblait de plus en plus forte, il était essentiel de replacer l’ONU au cœur du multilatéralisme. C’est dans ce sens qu’il considérait :

Un ordre international fondé sur le multilatéralisme est le seul capable de promouvoir la paix et le développement durable des nations. Il devrait s’appuyer sur le dialogue constructif entre différentes cultures et visions du monde. Aucun organisme ne peut remplacer les Nations Unies dans sa mission visant à assurer la convergence des objectifs mondiaux du monde. (Discours de Lula du 21 septembre 2004)

De même, il accordait une importance particulière à l’OMC au vu de la prépondérance de la question du commerce international — et de sa régulation notamment — dans l’expansion commerciale du Brésil. Cette perception va au-delà de la seule dimension commerciale, car Lula voyait le commerce international comme non seulement un facteur de développement économique et social, mais aussi un facteur de justice sociale et d’égalité en coopérant notamment avec les pays en développement. C’est ce qu’il faut comprendre lorsqu’il déclare :

Nos efforts pour assurer l’insertion compétitive de nos économies dans un monde de plus en plus mondialisé sont entravés. Nous ne pouvons accepter que les pays riches continuent à protéger leurs marchés, ériger des barrières ou dépenser des milliards de dollars en subventions qui rendent nos exportations non viables, surtout l’agriculture. Il est donc crucial que les pays en développement se réunissent et se coordonnent dans le domaine des négociations commerciales internationales, comme à l’OMC (discours de Lula du 5 novembre 2003)

C’est cette dynamique qui a conduit à la création du Groupe des vingt (G-20) au sein de l’OMC lors du sommet de Cancún en 2003 sous l’impulsion du Brésil.40 Ce groupe

constituait pour le gouvernement brésilien une tribune pour dénoncer entre autres les subventions agricoles des pays développés, en particulier les États-Unis et l’UE. Il n’est donc pas surprenant d’observer un pourcentage de citation de 11,4 % (soit 85 citations) contre 0,2 % (soit une citation) pour la présidente Rousseff.

40 Selon l’OMC, le G-20 est « Coalition de pays en développement qui cherchent à obtenir des réformes

ambitieuses de l’agriculture dans les pays développés, avec une certaine flexibilité pour les pays en développement »

Concernant le président Cardoso, il est intéressant de noter que le forum auquel il a le plus fait référence concernant cette thématique est la CPLP. En effet, cette dernière présente un pourcentage de citation de 24,2 % (soit 81 citations) contre 7,2 % (soit 54 citations) pour Lula da Silva et 1,2 % (soit 5 citations) pour Dilma Rousseff. Cette importance peut s’expliquer par le fait que pour le gouvernement Cardoso, la CPLP était – avec le MERCOSUR – l’une des rares instances internationales où Brasilia pouvait jouir d’une grande influence et affirmer un certain leadership par rapport à d’autres États. Pour le président Cardoso,

Outre les questions régionales, il est important que la CPLP articule ses positions sur des questions plus vastes inscrites au programme contemporain. Le Brésil compte par exemple que nous pourrons agir de manière concertée à l’Assemblée du millénaire. Le monde lusophone ne doit pas renoncer à la prérogative de critiquer les effets douloureux et asymétriques de la mondialisation. (Discours du président Cardoso du 17 juillet 2000)

Quant à la présidente Rousseff, le principal forum auquel elle fait référence est le groupe des BRICS. En effet, avec un pourcentage de citation de 26,8 % (soit 111 citations), ce groupe des principaux pays émergents de la planète occupe une place importante dans la vision de Rousseff41. Ceci vient confirmer l’idée selon laquelle la coopération avec les pays émergents occupait une place importante dans la perception de Dilma Rousseff comme nous l’avons souligné dans la section relative à l’insertion internationale. Par ailleurs, la présidente Rousseff est celle qui a le plus fait référence au G-20 financier avec un pourcentage de citation de 9,4 % (soit 39 citations) contre 2,7 % (soit 9 citations) pour Cardoso et aucune citation pour Lula da Silva. Un élément contextuel pourrait expliquer cette situation. En effet, Cardoso et Rousseff ont eu à gérer le Brésil dans des périodes de crise économique : Cardoso, après la crise financière de la fin des années 1990 et Dilma, après la crise financière de 2008.

Les deux ont donc perçu l’importance que pouvait avoir pour le Brésil le G20 financier comme un instrument de régulation des marchés financiers qui étaient à l’origine de ses différentes crises. C’est ainsi qu’il faut comprendre la présidente Rousseff lorsqu’elle

41On constate que le groupe des BRICS n’est pas cité par Lula da Silva ici. Ceci ne signifie pas que Lula da Silva n’accorde pas trop d’importance aux pays du BRICS bien au contraire. Cette situation s’explique par le fait que le premier sommet des BRICS a eu lieu en 2009 (donc sous Lula da Silva), mais nous rappelons que notre corpus du président Lula s’arrête au premier mandat entre 2003 et 2006, d’où cette absence.

rappelait que « Dans le domaine de la gouvernance économique et financière internationale, le G-20 s’est déjà montré capable de prendre des décisions importantes, indispensables pour surmonter les moments les plus dramatiques de la crise mondiale, à partir de 2008. » (Discours de Dilma Rousseff du 5 mai 2011)