• Aucun résultat trouvé

Les principales catégories de risques qui entravent l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables

renouvelables : avantages et opportunités

Section 2. Les risques d’investissements dans les projets d’énergies renouvelables d’énergies renouvelables

2. Les principales catégories de risques qui entravent l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables

L’investissant dans les ER est une affaire risquée pour plusieurs raisons. Tout d’abord, à cause de l’inconvénient du coût élevé de production des ER par rapport aux énergies fossiles, ce qui rend la viabilité commerciale des projets d’ER largement dépendante des régimes réglementaires, des subventions et des aides financières. Ainsi, tout changement des priorités ou des budgets d’appui du gouvernement pour l'énergie verte pourrait conduire à des changements dans la réglementation et donc des impacts sur la rentabilité des projets. Ensuite, la dispersion géographique des projets d'ER peut susciter une forte résistance de type “Not In My Back Yard ” (NIMBY), c'est-à-dire « pas dans ma cour », en créant une pression sur le gouvernement afin de refuser les demandes d'approbation.

Figure 8. Les principales catégories des risques d’investissement dans le secteur des énergies renouvelables

Source : Auteur

Les risques de marché

Les risques économiques et financiers

Les risques politiques

Les risques institutionnels

Les risques réglementaires

Les risques techniques

Les risques de type social et culturel

Les risques de dommage à l’environnement

Les risques opérationnels

Les risques liés aux sources Les barrières et/ou les

risques d’investissement dans le secteur des ER

107 Dans un secteur aussi jeune et prometteur, estimer tous les risques attendus et prévoir toutes les opportunités à saisir est un grand défi pour les entreprises d’ER, lors de l'évaluation de l'attractivité d’un pays pour leurs investissements.

En s’inspirant de la revue de littérature déjà expliquée, nous allons classer les risques d’investissement dans les projets d’ER en 10 grandes catégories qui sont les suivantes : les risques de marché, les risques économiques et financiers, les risques politiques, les risques institutionnels, les risques réglementaires, les risques techniques, les risques de type social et culturel, les risques de dommage à l’environnement, les risques opérationnels et les risques liés aux sources (Figure 8).

2.1. Les risques de marché

Les risques de marché découlent, essentiellement, de l’existence de défaillance ou d’imperfection dans le marché de l’énergie. En effet, dans plusieurs pays, notamment les PED, le marché des ER souffre de contrôle excessif, d’accès restreint à la technologie, de coûts de transaction élevés et d’absence de concurrence, ce qui rend l’investissement une tâche très difficile et risquée.

Ce qui marque encore les marchés énergétiques est la persistance, dans plusieurs pays, des privilèges accordés aux énergies conventionnelles tels que les subventions, les taxes sur les technologies d’ER, la non considération des externalités et les barrières douanières.

2.2. Les risques économiques et financiers

En général, les investisseurs dans les projets d’ER obtiennent difficilement le financement nécessaire pour leurs projets de grande envergure, surtout dans le cas où les banques trouvent que ces projets ont un risque élevé. Donc, les investisseurs souffrent souvent de difficulté d’accès au capital nécessaire.

Ainsi, les barrières économiques et financières découlent, surtout, du fait que le coût d’investissement dans les projets d’ER est énorme et qu’il y a peu de modes de financement adaptés à ce type d’investissement qui a des caractéristiques bien particulières. En effet, les investisseurs se trouvent, en général, confrontés à des périodes de remboursement longues, à un marché d’ER de petite taille, à un coût de capital élevé, au manque d'accès au capital, au faible accès au crédit pour les consommateurs, au manque d’instruments financiers, à la faible participation du secteur privé, etc.

108 Dans ce cadre, Del Rio et Gual (2007) et Mendonça (2007) ont examiné l’efficacité de l’instrument Feed-in Tariff et ont montré qu’il connait plus de succès que les autres instruments. Ceci est dû au fait que l’application de ce mécanisme permet de réduire le risque lié au développement du projet ce qui permet d’attirer les investisseurs.

Cependant, il est à noter que l’investissement dans la plupart des technologies d’ER peut faire l’objet d’économies d’échelle importantes. En effet, le coût d’investissement diminue d’une manière considérable avec la taille du projet. De ce fait, les projets ne deviennent vraiment rentables que si la capacité installée atteint plusieurs dizaines, voire des centaines de mégawatts. Mais, pour installer une telle capacité il y aura besoin d’une très grande superficie et surtout d’un capital initial qui peut atteindre plusieurs milliards.

En plus de la difficulté de financement, les méthodologies de souscription existantes dans le marché de l’assurance sont rigides et non adaptées aux projets des ER. Par conséquent, elles entravent la prise d’initiative par les investisseurs et aggravent encore les risques financiers. La convergence continue des marchés de l'assurance et des capitaux, ces dernières années, ouvre des nouvelles possibilités conceptuelles pour lever les capitaux et gérer les risques financiers dans le secteur des ER.

2.3. Les risques politiques

Les risques politiques incluent le faible niveau de stabilité politique dans un pays, l’incertitude concernant le soutien des gouvernements, les changements politiques imprévisibles, le risque de violence ou de guerre civile, etc. Ces dernières années, le risque politique est devenu plus grave que jamais, surtout avec les révolutions dans la région MENA qui ont abouti à des schémas politiques instables ce qui fait fuir les investisseurs.

Tous les grands projets d’ER nécessitent des mesures pour la maîtrise des risques techniques et des risques de marché. Mais, l’investissement en Afrique du Nord se distingue, en plus de ces risques, des risques de type politique (Komendantova, Patt et Williges, 2011).

Al Khattab, Anchor et Davies (2007) ont interrogé des investisseurs étrangers dans des PED. Les résultats du questionnaire ont révélé que le risque politique est le plus mentionné par les investisseurs (76% des investisseurs étrangers). Alors que les risques financiers ont été mentionnés par 63%, les risques culturels par 40% et les risques naturels par 16% des investisseurs.

109

2.4. Les risques institutionnels

Les risques institutionnels découlent surtout de l’effet de « dépendance du chemin parcouru » qui a été expliqué dans la section précédente. En effet, il est très difficile de changer le contexte institutionnel existant, qui est conçu pour les combustibles fossiles, et de le rendre favorable au déploiement des ER. Ceci nécessite des efforts de la part de toutes les parties prenantes, durant de longues années.

Ces barrières institutionnelles se manifestent par le manque d’institutions et de mécanismes adéquats, l'absence d'un cadre juridique et réglementaire, les difficultés dans la mise en œuvre des incitations financières et l’instabilité de l’environnement macro- économique. Ces barrières institutionnelles peuvent être aggravées par le manque d'implication des parties prenantes dans le processus décisionnel, les conflits d'intérêts, l’absence d’une culture de R&D, la non participation du secteur privé, le manque d'institutions professionnelles spécialisées, la corruption, etc.

2.5. Les risques réglementaires

Le risque réglementaire se manifeste dans le cas où les futures lois et réglementations ou les révisions d'un contrat de régulation peuvent modifier les avantages ou les charges d'un contrat à l’une des parties considérées. C’est aussi le risque d'un changement dans les politiques publiques (la politique de subventions, par exemple) ce qui va affecter la rentabilité du projet. D’une manière générale, les risques réglementaires les plus préoccupants pour les investisseurs, dans le secteur des ER, sont liés au monopole de l’État, à l’absence de cadre réglementaire stable et à la mauvaise gouvernance publique. En plus, il faut prendre en considération la complexité des procédures administratives. Par exemple, la procédure nécessaire pour obtenir l'autorisation requise pour réaliser le système de transmission électrique est trop complexe et incertaine et elle peut même durer plusieurs années.

Plusieurs recherches ont mis l’accent sur les risques réglementaires et l’incertitude concernant la réglementation future comme étant les principales barrières à l’investissement dans les projets d’ER (Holburn, 2012). En effet, l’inadéquation des mesures de soutien mises en place ainsi que l'incertitude entourant la politique future du gouvernement sont parmi les principaux obstacles au développement à grande échelle des ER. En fait, ce qui est le plus important pour les investisseurs potentiels est l’existence

110 d’une approche gouvernementale stable à long terme et qui permet de fournir un environnement plus favorable pour la diffusion des nouvelles technologies vertes.

Tandis que les possibilités d'investissement et les opportunités offertes par les différentes juridictions sont souvent faciles à identifier, ce sont, plutôt, les risques réglementaires pour les investisseurs potentiels qui sont les plus difficiles à déterminer avec précision. Ceci est dû à l’utilisation relativement récente de l'énergie verte ce qui signifie qu'il n’y a pas de retour d'expérience qui permet aux investisseurs d’apprendre davantage sur le comportement des différents gouvernements et les risques inhérents aux politiques mises en œuvre.

D’une manière générale, les entreprises qui identifient avec exactitude l'ampleur et les sources du risque réglementaire présenteront un rendement organisationnel supérieur dans le long terme. En effet, comprendre le risque réglementaire dans une juridiction permet aux entreprises de mieux adapter leurs stratégies futures.

2.6. Les risques techniques

Les risques techniques comprennent toutes les incertitudes concernant l'existence et le fonctionnement futur des actifs physiques. Ce risque varie selon le type de technologie utilisée et sa maturité. Les risques techniques sont, par exemple, plus élevés pour la technologie CSP que pour la technologie solaire PV, grâce aux effets d’expériences et d’apprentissages. Ces risques augmentent avec la taille des projets, avec l’association d’une ER avec une autre source d’énergie fossile et avec l’utilisation conjointe de deux sources d’ER. Ce risque peut même menacer la viabilité de l’entreprise dans le cas d'obsolescence technologique.

Ce risque est très dépendant de la technologie utilisée, de la taille de l’installation et du type de transmission. Par exemple, le risque de perturbations dans le fonctionnement d’un parc éolien ou d’une centrale solaire peut augmenter avec la dépendance à une transmission de l’électricité à longue distance et à cause des tempêtes ou d'autres menaces similaires.

2.7. Les risques de type social, culturel et comportemental

L'acceptation sociale est un élément important dans le développement du secteur des ER. Le phénomène « NIMBY » existe dans le cas des parcs éoliens qui ont parfois suscité des oppositions farouches, notamment aux États-Unis et en Allemagne. Plusieurs cas, au

111 niveau international, ont montré que la participation de la communauté locale au déploiement des ER facilite l'acceptation et le soutien sociaux. En effet, au fur et à mesure que les ER commencent à avoir une part plus importante dans l’offre de l’électricité et que les parties prenantes commencent à se familiariser, de plus en plus, avec les technologies d’ER, il est probable que l'acceptation sociale va s’accélérer.

Ainsi, il est clair que l'augmentation des investissements dans les ER exige des changements importants dans le contexte social et institutionnel (Krewitt et al., 2007). Ceci a été aussi confirmé par Grubb (1990) qui considère que les avancées technologiques et même les percées technologiques sont certainement appréciables, mais la révolution nécessaire est celle des attitudes. Ce changement dans les attitudes concerne une multitude d'acteurs tels que les décideurs politiques, les citoyens, les divers opérateurs du marché et les investisseurs.

En général, au cours de la période d’étude de faisabilité et de planification pour les projets de grande envergure, il n'y a guère de preuves de résistance du public et de l’existence du risque de non-acceptation. Ce n’est que peu de temps avant le début des travaux et parfois au moment du commencement de la construction, que l’opposition sociale se manifeste sous la forme d’émeutes, de manifestations, d’occupations des sites et même de “sit-in” dans les lieux des travaux. Ceci peut avoir lieu même dans le cas où les avantages sociaux et environnementaux du projet sont bien communiqués à la communauté locale. A ce stade, on peut même assister à une confrontation entre les opposants et les partisans. Ces manifestations auront des effets négatifs durables pour toutes les parties prenantes, tels que la perte de confiance, les pertes financières pour de nombreux acteurs et la démotivation des acteurs. Ces conflits peuvent même atteindre la phase de confrontations violentes avec des dommages aux personnes et aux biens.

Ainsi, il est clair que l'acceptation sociale des technologies des ER et surtout l'acceptation par la communauté financière, par exemple les banques et les fonds d’investissement, peut être un facteur de succès important pour les politiques énergétiques et climatiques futures (Wüstenhagen, Wolsink et Bürer, 2007).

2.8. Les risques de dommage à l’environnement

Même si les ER sont connues pour le fait d’être propres et vertes, cela n’empêche pas qu’il y a des risques de dommages à l’environnement. Ces risques peuvent varier d’un type d’ER à un autre. Par exemple pour le cas des centrales CSP, il existe le risque causé par

112 l’utilisation de divers types de fluide, de produits chimiques, du sel fondu, etc. Pour le cas des parcs éoliens, il y a le risque de mort des oiseaux par les éoliennes et aussi d’atteinte à la beauté du paysage.

2.9. Les risques opérationnels

Vu que les ER sont des technologies relativement nouvelles, alors les risques opérationnels associés sont beaucoup plus importants que ceux des technologies matures. Ces risques englobent le manque de standards, de codes et de certifications. En plus, ce secteur souffre de la rareté du personnel qualifié, du manque d’installations d’entretien et du nombre limité d’entrepreneurs intéressés. Les contraintes liées au réseau électrique sont aussi très probables. Par conséquent, on peut assister au risque de fermeture non planifiée et soudaine de l'usine, du parc ou de la centrale en raison de l'indisponibilité des ressources, des dommages dans l’usine ou de défaillance d'un composant.

Les risques opérationnels peuvent aussi être causés par la non atteinte de la performance prévue dans le cas où le parc ou la centrale ne fonctionne pas selon les qualifications prévues et exigées dans les contrats pour ce qui est du temps et de la quantité. Ce risque peut être aggravé dans le cas où la conception de la centrale, du parc ou de l’usine est très compliquée.

Généralement, les pertes financières causées par les retards dans les projets et les dommages pendant la fabrication, le transport, l'installation, la construction et les étapes opérationnelles sont une préoccupation majeure pour les financiers. Les bailleurs de fonds exigent donc une assurance qui couvre la plupart de ces risques. En fait, la police d’assurance est une partie intégrante de l'élaboration de tous les contrats.

2.10. Les risques liés aux sources

Ce risque concerne la baisse de la quantité de l'électricité produite en raison de la diminution de la vitesse du vent ou des heures du rayonnement solaire. Par exemple, dans le cas de la technologie CSP, il ne suffit pas d’avoir une superficie large mais il faut aussi que l’irradiation solaire soit abondante.

Dans le cas des centrales solaires, les déserts ont toutes les caractéristiques nécessaires quant à la superficie et le rayonnement solaire. Cependant, les centrales solaires se heurtent au problème de pénurie d’eau. En fait, l’eau est très nécessaire pour le système de refroidissement ainsi que le nettoyage des miroirs. De ce fait, le risque de non

113 disponibilité des ressources nécessaires est l'un des risques les plus importants à prendre en considération lors de la phase d’étude de faisabilité et surtout dans le cadre de l’étude sociale et environnementale.

3. Les risques spécifiques aux projets d’énergies renouvelables

Outline

Documents relatifs