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L’application des méthodes de management des risques dans le cas de projets d’énergies renouvelables

renouvelables : avantages et opportunités

Section 2. Le management du risque pour les projets d’énergies renouvelables

2. L’application des méthodes de management des risques dans le cas de projets d’énergies renouvelables

Le déploiement de l’approche du management des risques dans le domaine des projets d’ER est rare et aussi récent. Nous allons, dans ce qui suit, présenter une revue des différents travaux théoriques et empiriques ainsi que leurs apports et leurs limites.

Il existe quelques rapports et études qui traitent le management du risque dans le domaine des ER, mais elles restent rares et purement théoriques. On peut citer, par exemple, le rapport élaboré par International Energy Agency - Renewable Energy

Technology Deployment (IEA-RETD, 2011) qui présente le processus de management du

risque dans le cadre des projets d’ER. Il présente une analyse globale contenant les principaux risques (politique, technique, financier, etc.), les moyens de les réduire et les méthodes à utiliser aussi bien pour la collecte des données que pour l’évaluation et la réduction des risques.

Ainsi, une approche détaillée du management des risques a été proposée dans le rapport IEA-RETD (2011) et elle se base sur cinq éléments qui doivent être suivis pour une démarche de management du risque dans les projets d’ER. Les cinq éléments sont les suivants :

- La description du projet : une description détaillée du projet et du contexte dans lequel l’analyse va être effectuée.

- L’identification des risques : au cours de cette étape, il faut s’assurer que tous les risques sont pris en compte et que les leçons tirées des autres projets sont intégrées. L’étape d’identification des risques est primordiale et elle doit surtout prendre en considération les éléments suivants : la maturité de la technologie utilisée, l’intégration de l’électricité produite dans le réseau existant, la dépendance vis-à-vis des conditions climatiques, la forte dépendance vis-à-vis de la politique énergétique appliquée dans le pays d’implantation, la nécessité de grand terrain, la possibilité d’une opposition de la

136 part des populations locales ou de la société civile, la lenteur des procédures d’obtention des différentes autorisations et l’achat des différents équipements nécessaires.

- L’évaluation des risques : elle doit se baser sur l’analyse et la compréhension des résultats de projets similaires ainsi que le contexte dans lequel le projet va avoir lieu. - Le contrôle et le suivi des risques : il s’agit d’une étape importante qui permet le suivi

de l’activité et la garantie de la pérennité et de la réussite du projet.

- Le retour d’expérience ou la rétroaction : à la fin du projet, le plan de risques établi est comparé aux résultats actuels du projet, des leçons sont donc tirées et incorporées dans les prochaines analyses des risques de projets futurs.

Ce rapport propose aussi des mesures innovantes visant à traiter les principales sources de risques pour les projets d’ER :

- Les risques politiques : qui sont caractérisés par des événements discrets et difficiles à prédire et à contrôler. Pour maîtriser ce type de risques, il faut recourir aux produits dérivés financiers et à l’assurance.

- Les risques économiques : ils peuvent être maîtrisés à travers les mécanismes financiers et l’assurance ainsi que le transfert de certains risques.

- Les risques sociaux : qui intègrent aussi les risques de la santé et de la sécurité ainsi que les risques liés à l’environnement et doivent être traités par des experts dans le domaine, dans le cadre d’un plan de gestion sociale et environnementale.

- Les risques techniques : ils peuvent être maîtrisés à travers le recours aux garanties, à l’assurance ainsi que des accords ou d'autres arrangements organisationnels entre les principales parties prenantes.

Le rapport IEA-RETD (2011) présente une analyse intéressante qui simplifie l’approche du management des risques. Cependant, cette étude reste générale et se contente de la présentation des étapes du processus du management des risques, dans le cas des projets des ER, sans traiter un cas pratique.

Une autre étude faite par Apak, Atay et Tuncer (2011) s’intéresse seulement aux risques financiers rencontrés par les investisseurs dans le secteur des ER. Les auteurs ont essayé de s’inspirer du cadre européen pour déterminer les meilleurs instruments de gestion des risques financiers en Turquie.

137 En ce qui concerne la littérature empirique, le nombre des études faites est aussi limitée et la plupart d’entre elles se ressemblent. En effet, plusieurs études ont mis l’accent sur l’indicateur de valeur actualisée nette (VAN) et le risque d'obtenir une VAN négative.

Nous allons commencer par une étude assez originale faite par Amato et al. (2011) qui ont analysé les risques associés au fonctionnement d’une centrale CSP avec stockage de la chaleur par le sel fondu. L’objectif de cette étude est d’évaluer les risques associés à l'interruption d'activité (perte de production) et à la perte d’actifs en raison de la survenance d'événements internes ou externes indésirables tels que les défaillances de composants, etc.

La méthode utilisée se décompose en trois étapes qui sont l’analyse fonctionnelle du système, la méthode d’identification des dangers « HAZID » (Hazard Identification) qui est une méthode qualitative et enfin l’évaluation quantitative des risques.

L'étape d’analyse qualitative de la méthodologie utilisée et qui est basée sur les avis d'experts, a révélé la présence de 113 scénarios de risques, dont 16 sont potentiellement les risques les plus critiques. Par la suite, Amato et al. (2011) ont procédé à une analyse quantitative détaillée de ces 16 scénarios de risques critiques. Ils ont trouvé que 15 de ces scénarios vont conduire à des risques inacceptables tels que les risques de dysfonctionnement de la turbine (fuite ou autre) ou la solidification du sel fondu utilisé pour le stockage de la chaleur. Le scénario lié à l’augmentation de la pression (coup de bélier) n’a pas été traité vu que les détails et les informations disponibles concernant la conception de la centrale ne suffisent pas pour évaluer la plausibilité de l'apparition d'un tel phénomène, ni la mesure dans laquelle les actifs sont exposés à ses effets.

Cette recherche est très intéressante, néanmoins elle possède des limites. En effet, les auteurs n’ont pas traité tous les risques, la recherche est limitée aux risques de l'interruption d'activité et la perte d’actifs. Ainsi, cette recherche n’inclue pas les risques financiers, économiques ou informatiques ou les risques liés à la main d’œuvre. Elle ne traite pas aussi les risques liés aux conditions climatiques tels que les tempêtes de sable ou les tornades. Il s’agit donc d’une étude limitée qui traite une partie seulement des risques.

Bien que cette méthode soit très intéressante, elle met l’accent sur l’identification des conséquences des scénarios plus que la description détaillée des scénarios des risques. L’utilisation de cette méthode est aussi rare puisque toutes les autres études utilisent la méthode de Monte Carlo.

138 Pereira et al. (2014) ont essayé de déterminer le risque d’investissement dans deux petits projets d’énergie solaire PV au Brésil. Ils ont utilisé la méthode de simulation de Monte Carlo qui est une méthode d’analyse des risques très utilisée, très intéressante et qui est devenue très aisée avec l'augmentation de la puissance des moyens informatiques. Cette méthode consiste à calculer la VAN et le coût de l’énergie produite qui sont des indicateurs très importants pour les investisseurs potentiels. Les variables indépendantes qui vont influencer les indicateurs choisis sont : le coût initial total, la valeur de l'énergie produite et intégrée au réseau et le taux d’intérêt. Le logiciel utilisé pour effectuer l’analyse est le “Model Risk”. La méthode de simulation de Monte Carlo a été utilisée pour générer une fonction de distribution de probabilité pour chacun des indices économiques choisis qui sont la VAN et le coût de l’énergie produite. Les résultats obtenus ont montré que, sans subventions et sans une diminution du taux d’intérêt, les systèmes de production d'énergie PV au Brésil sont encore économiquement non viables en raison du risque d'obtenir une VAN négative et un coût de l’énergie produite très élevé par rapport aux tarifs pratiqués par les utilitaires.

Cette méthode a été appliquée à des systèmes PV de petites tailles de l’ordre de 1,575 KWc. Il sera beaucoup plus intéressant de l’appliquer pour l’analyse des risques d’une grande centrale solaire PV ou un parc éolien pour avoir des résultats qui seront bénéfiques pour les investisseurs potentiels. Cette recherche traite seulement les risques économiques et financiers et néglige les autres types des risques, de ce fait elle ne donne pas une image globale et réelle aux investisseurs potentiels.

La méthode de simulation de Monte Carlo, dans le domaine des ER, a été aussi utilisée par Arnold et Yildiz (2015) pour l’analyse du risque financier d’un projet d’installation de chauffage qui utilise la biomasse, en Allemagne. Elle est aussi appliquée par Li, Lu et Wu (2013) pour le cas de l’énergie éolienne et par Amigun, Petrie et Görgens (2011) pour le cas du bioéthanol, en Afrique du Sud.

Arnold et Yildiz (2015) ont fait une analyse financière complétée par une simulation de Monte Carlo pour l’analyse d’un projet d’ER, en Allemagne. Cette approche permet d’analyser le risque financier pour les investisseurs et les prêteurs, en utilisant la simulation de Monte Carlo appliquée à la VAN du projet. Ce papier étudie seulement le risque financier du projet qui est le fait d’avoir une VAN négative.

139 Li, Lu et Wu (2013) ont utilisé aussi la méthode de Monte Carlo pour la simulation de la VAN ainsi que pour l’analyse de la période de retour sur investissement et le taux de rentabilité interne. Cette méthode est appliquée à un projet d’énergie éolienne, au Nord de la Chine, afin d’évaluer le risque d’investissement dans ce projet. Ce papier présente aussi des suggestions générales pour la réduction du risque d’investissement dans les projets d’énergie éolienne en Chine.

Bien que ces travaux soient très intéressants, ils n’ont pas mis l’accent sur l’importance primordiale des instruments de management des risques financiers (IMRF) dans l’amélioration de la viabilité économique des projets d’ER. En revanche, une série d'études menées par le PNUE a fait des IMRF une question centrale en élaborant un modèle de simulation de la VAN, par la méthode de Monte Carlo, tout en incorporant le choix des IMRF dans la décision d'évaluation (UNEP, 2007).

Pour accroître les investissements d'ER dans les PED, le PNUE a mis l’accent sur la façon dont les IMRF peuvent être utilisés pour réduire le coût en capital des projets d’ER. Les rapports de l’UNEP (2004 ; 2007) suggèrent que l'utilisation des IMRF permet d’atteindre trois avantages : la réduction du taux de défaut de paiement au minimum, l’atteinte d'une cote de crédit optimale et la réalisation d’un taux de rendement interne élevé pour l'investisseur.

L’étude faite par UNEP (2004) a pour objectif de fournir un aperçu sur les obstacles d’investissement dans les projets d’ER, sur les instruments de gestion des risques financiers qui sont mis en œuvre, actuellement pour le soutien des projets d’ER, et sur les instruments qui pourraient être développés dans le futur pour réduire l'incertitude et faciliter le financement de ces projets. En effet, les auteurs de ce rapport soulignent le fait que les approches actuelles du financement des ER sont insuffisantes pour atteindre le potentiel de ces technologies et pour répondre aux besoins croissants de l'énergie tout en contribuant à atténuer le changement climatique. Il est nécessaire de recourir à une approche nouvelle basée sur le management des risques financiers.

Le modèle de base utilisé dans le rapport de UNEP (2007) est constitué d'informations financières de base pour le projet (par exemple, la structure financière, les hypothèses concernant la taxation, les coûts en capital et le prix d'achat de l'électricité) et des sources de risque qui sont considérées comme des paramètres incertains (par exemple, la production annuelle d'énergie, les retards de construction et le prix de vente de crédit

140 carbone). Ensuite, les résultats financiers possibles du projet d’ER sont prévus, en utilisant la simulation de Monte Carlo. Les simulations permettent d’obtenir une distribution de probabilité cumulative d'indicateurs de performance clés comme le taux de rendement interne et la VAN du projet. Les effets des IMRF sont jugés par les changements dans les statistiques descriptives des indicateurs de performance clés à la suite de leur utilisation.

Cette approche est très intéressante, mais elle reste encore peu satisfaisante et possède des lacunes. Par exemple, Chang (2013) considère que l’approche adoptée par les rapports du PNUE possède les limites suivantes : les résultats basés sur les différents paramètres considérés pourraient être incompatibles et aucun conseil n’est donné sur la façon de concilier des résultats contradictoires. En plus, le choix des indicateurs, des statistiques et des seuils est arbitraire.

Nous remarquons que les études théoriques restent trop générales, alors que les études empiriques qui traitent et analysent les risques dans le cas des projets d’ER se limitent à l’étude des risques financiers en utilisant la méthode de Monte Carlo. En plus, il n’y a pas vraiment une utilisation de l’approche du management des risques avec toutes les étapes citées dans l’ISO 31000, il s’agit plutôt d’une identification des risques.

Ainsi, il est clair que la plupart des études empiriques faites utilisent la méthode de Monte Carlo. Bien que cette méthode soit intéressante, elle possède néanmoins des limites puisqu’elle est appliquée seulement au risque financier et ne tient pas compte des autres risques. Il s’agit donc d’une analyse financière et non pas d’un vrai processus de management du risque. Mais, il est à noter que l’utilisation de la méthode de Monte Carlo reste relativement rare dans le domaine des ER vu la complexité de la méthode et la nécessité de traitement de données considérables et parfois non disponibles.

Il est à noter aussi que jusqu’à l’écriture de ces lignes il n’y a aucune étude empirique qui traite le management du risque dans un projet d’ER. Les papiers qui existent s’intéressent ou bien aux risques financiers et économiques, ou bien aux risques industriels et elles n’englobent pas tout le processus de management du risque. La plupart des études se limitent seulement à l’évaluation des risques sans recourir au management du risque avec toutes ses étapes nécessaires. Cette recherche a pour vocation de remplir ce vide.

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3. Justification du choix de l’approche du management des

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