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renouvelables : avantages et opportunités

Section 1. Le management du risque : nouvelle approche et nouveaux enjeux nouveaux enjeu

2. L’analyse des choix sous incertitude

L’analyse des choix sous incertitude a été et reste toujours au cœur des sciences sociales et surtout des sciences économiques, depuis des décennies (Moureau et Rivaud- Danset, 2004). C’est à Nicolas Bernoulli que revient l’énoncé d’un paradigme probabiliste, en 1713, mais la reformulation mathématique de ce paradigme revient au mathématicien Daniel Bernoulli sous le nom du « paradoxe de Saint-Pétersbourg ». Ainsi, l'approche de base à la décision sous incertitude a été introduite par Bernoulli (1738) et a été modélisée ensuite, formellement, par von Neumann et Morgenstern (1944). Ces derniers sont à

25 « Un état d’esprit, un point de vue mental ou une disposition à l’égard d’un fait ou d’un état »

124 l’origine des fondements de la théorie de l’utilité espérée qui repose sur le fait que les individus font des choix rationnels, en se basant sur leurs préférences pour le risque et leur connaissance des résultats potentiels et les probabilités respectives.

De ce fait, ce n’est qu’au XXe

siècle que les fondements axiomatiques de la théorie de l’utilité espérée viennent d’être formulés, aussi bien dans le cas où les probabilités sont connues de l’individu qui prend la décision que dans le cas où les probabilités sont inconnues. En effet, on parle de décision face au risque lorsqu’un individu opte pour des choix dont les conséquences dépendent de la réalisation d’événements auxquels des probabilités sont rattachées, alors qu’on parle de décision face à l’incertitude dans le cas contraire. C’est à l’économiste Knight (1921) que revient la célèbre distinction entre les situations « risquées » où les probabilités sont connues et les situations « incertaines » où les probabilités sont inconnues.

En ce qui concerne le cas des situations où les probabilités sont connues, les fondements axiomatiques sont ébauchés et publiés par Ramsey (1931). La formulation de ces fondements revient à von Neumann et Morgenstern (1944) dans l’ouvrage “The Theory

of Games and Economic Behaviour”. Ils ont fourni les axiomes de base du comportement

rationnel (les axiomes de complétude, de transitivité, de continuité et d’indépendance). Ainsi, ces auteurs ont formalisé le critère d’utilité espérée afin de déterminer ce que doit être le comportement idéal et a priori d’un individu en situation de prise de décision en présence des risques. Ainsi, ils ont donné les règles de base nécessaires à une prise de décision rationnelle. Par la suite, le mathématicien Savage (1954) a intégré le traitement des situations incertaines au modèle de l’utilité espérée.

A partir des années 1920, la théorie de l’utilité espérée a été appliquée aussi bien par les économistes que les financiers et les mathématiciens, tout en fournissant un outil d’analyse aux fournisseurs et aux assureurs. Cependant, les critiques à cette théorie n’ont pas trop tardé à apparaître, surtout dans les travaux de Allais (1953) et de Kahneman et Tversky (1979). En effet, Allais (1953) est le premier à critiquer le modèle de l’utilité espérée, notamment l’axiome d’indépendance. Il a montré que les préférences des individus vis-à-vis d’un gain donné et donc son utilité varient chaque fois que les probabilités de réalisation de ce gain changent. Il rejette l’idée de base selon laquelle les préférences qui concernent un gain bien déterminé restent stables indépendamment des probabilités liées à ces gains.

125 Les travaux de Allais (1953) et Kahneman et Tversky (1979) ont attiré l'attention sur les limites de la théorie de l’utilité espérée et ont joué un rôle décisif dans la description et l’explication réaliste des comportements des individus, en présence de risque et d’incertitude. En effet Kahneman et Tversky (1979) ont critiqué la théorie de l’utilité espérée en s’inspirant du paradoxe d’Allais. Ils ont montré empiriquement que les choix, en cas de situations incertaines ou risquées, contredisent les principes de la théorie de l’utilité espérée et obéissent plutôt à une rationalité informelle et intuitive. Ils ont proposé « la théorie des perspectives » afin de dépasser les limites qui sont prouvées empiriquement. En effet, ils ont réalisé des expériences pour étudier le comportement des individus face aux situations risquées, ce qui a permis de remettre en cause plusieurs principes de la théorie de l’utilité espérée et de proposer une nouvelle manière pour la compréhension de l’attitude face au risque. Ils ont établi un modèle descriptif des choix risqués : « la théorie des perspectives ».

Un autre volet de la littérature économique s’est préoccupé par le problème de l'action collective sous incertitude et a proposé les principes essentiels pour le surmonter. Dans leur travail pionnier dans les années 1970, Leonid Hurwicz, Roger Myerson et Eric Maskin ont étudié les mécanismes d’incitation pour atteindre l'efficacité dans les marchés, les organisations et les institutions. Il s’agit de « la théorie des mécanismes d’incitation ». Cette théorie permet de faire la distinction entre les situations dans lesquelles les marchés fonctionnent bien et les autres situations.

Le point essentiel étudié est que les contraintes aux incitations devraient être considérées aussi importantes que le manque de ressources dans la compréhension de la prise de décision en présence d'incertitude. Cette idée est essentielle lors de l'élaboration des meilleures façons de coordonner l'action collective de tout groupe, en particulier, en présence d’asymétrie d'information, des intérêts divergents et une connaissance limitée.

La théorie de « conception des mécanismes » est une déclinaison de la théorie des jeux et elle repose sur le fait qu’il est possible de changer les règles du jeu en modifiant les mécanismes d'incitations (Hurwicz, 1973). Le régulateur doit trouver un mécanisme qui incite les entreprises à révéler leurs informations. Ainsi, la théorie de « conception des mécanismes » prend en compte les asymétries d’information en proposant les différents mécanismes pour les atténuer. Ces mécanismes peuvent prendre la forme de la création d'un marché, d’un système de taxation, d’une vente aux enchères, etc. Un mécanisme

126 d’incitation est une procédure mise en œuvre par un planificateur ou un médiateur dans le but de faire prendre une décision par un groupe d’agents qui disposent d’informations privées et des préférences conflictuelles. Cette théorie incite les analystes et les décideurs à voir au-delà des ressources en agrégats et de remettre en question ce qui informe et motive les actions des personnes et des organisations, y compris les actions liées au management des risques.

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