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renouvelables : avantages et opportunités

Section 1. Le management du risque : nouvelle approche et nouveaux enjeux nouveaux enjeu

1. Les concepts de base

1.1. Les concepts d’incertitude et de risque

Hillson et Murray-Webster (2007, p.5) ont fait la différence suivante entre risque et incertitude. Ils considèrent le risque comme étant une « incertitude qui compte » (“uncertainty that matters”), puisque l’incertitude sans conséquences ne pose aucun risque. Ainsi, Hillson et Murray-Webster (2007, p.5) ont donné une définition plus précise du risque qui est : “an incertainty that could affect one or more objectives”24.

L’incertitude et le risque sont indissociables de la vie économique. Pour cette raison, plusieurs économistes se sont intéressés à ces concepts. Ainsi, les différents courants de pensée économique ont essayé d’expliquer et de prévoir le comportement des agents économiques, en situation d’incertitude et de risque. Par Exemple, North (1990) considère qu’il est nécessaire de mettre en place des dispositifs formels et d’autres informels afin d’atténuer les risques. Knight (1921) souligne que la compréhension du fonctionnement du système économique nécessite tout d’abord d’examiner et d’analyser le sens et la portée du concept d’incertitude.

Bien que le concept de risque soit largement utilisé de nos jours, notamment par les hommes politiques, les économistes, les gérants d’entreprise, les investisseurs, les agences de notation et les organisations internationales, il n’y a pas vraiment un consensus sur le sens et la définition à donner à ce terme.

119 Vu que la société est un système complexe ceci va causer une complexité des risques dont elle peut faire face. De ce fait, plusieurs auteurs de toutes les disciplines se sont intéressés au concept de risque et surtout à la manière de le gérer. On assiste aussi à une multiplicité de termes (risque, danger, menace, incertitude, accident, etc.) souvent mal définis, donnant lieu à plusieurs confusions et même à des contradictions. Dans le vocabulaire courant, il y a une grande confusion entre les termes risque, menace et danger. Il est à noter que le danger est un état alors que le risque est l’exposition d’une ressource à un état de danger. Cette confusion se trouve même dans les dictionnaires. En effet, selon le petit Larousse 2010, le terme risque est défini de la manière suivante : « danger,

inconvénient plus ou moins probable auquel on est exposé ».

Le risque est un concept mal défini et aussi mal utilisé puisque ce même mot est souvent utilisé pour désigner plusieurs sens à la fois. En effet, on l’utilise pour désigner une situation dommageable (exemple : il y a un risque de séisme), tout ou partie des causes d’une situation dommageable (exemple : la machine risque une surcharge électrique), les conséquences de cette situation dommageable (exemple : l’entreprise risque de tomber en faillite), et même il peut faire référence aux victimes potentielles (exemple : cette substance présente un risque majeur aux consommateurs). Dans le cas plus précis de l’entreprise, on peut considérer le risque comme étant un événement aléatoire et redouté affectant les ressources de l’entreprise, tout en ayant un impact négatif sur ses objectifs et ses obligations sociétales. L’OCDE (2003, p.32) donne une définition technique du risque qui est la suivante : « La notion de risque renvoie à la combinaison de deux facteurs : la

probabilité qu’un évènement nuisible se produise et le dommage qui pourrait potentiellement en résulter ».

Malgré les différences dans les détails, toutes les définitions données au risque mettent l’accent sur deux caractéristiques du risque qui sont les suivantes : tout risque est lié à l’incertitude et il a des conséquences (Hillson et Murray-Webster, 2007, p.5). Même si les définitions du terme risque sont différentes et très diversifiées, la majorité d’entre elles soulignent l’aspect négatif de ce terme.

Cependant, la définition du risque, reste toujours une tâche difficile comme le souligne Beck (2001, p.52), « lorsqu’il s’agit de définir les risques, la science perd le

monopole de la rationalité. Les différents acteurs de la modernisation et les différents groupes exposés au risque ont toujours des objectifs, des intérêts et des points de vue

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concurrentiels et conflictuels qui sont forcément associés lors de la définition des risques puisque appréhendés comme étant cause ou effet, comme étant à l’origine d’un risque ou soumis à ce risque ».

Hillson et Murray-Webster (2007, p.5) ont mis l’accent sur l’évolution de la définition donnée au terme risque dans les normes officielles qui concernent le management du risque et la sécurité :

- Avant 1997, la définition donnée au risque met l’accent seulement sur l’aspect négatif du risque, il est alors lié au danger, à la perte, etc. Ainsi, le risque est perçu comme étant une incertitude qui pourrait avoir un effet négatif sur un ou plusieurs objectifs. - A partir de 1997, la définition donnée au risque est plutôt neutre, il est définit comme

étant une incertitude qui pourrait avoir un effet sur un ou plusieurs objectifs sans préciser la nature de l’impact, c'est-à-dire positive ou négative.

- A partir de 2000, le risque est considéré à la fois comme une menace et une opportunité. Bien que le débat sur la définition du risque continue encore, plusieurs définitions récentes mettent l’accent sur l’aspect général du risque qui englobe à la fois la menace et l’opportunité. De ce fait, la démarche de management du risque a pour vocation de minimiser l’effet négatif du risque (la menace) et de maximiser l’effet positif (l’opportunité) afin d’optimiser l’achèvement des objectifs.

Les risques sont de plus en plus complexes à cause d’une plus grande mobilité des personnes, des biens, des services, des capitaux et de l’information (OCDE, 2003). Ainsi, le risque renvoie à une situation complexe et multidimensionnelle qui fait appel à des attitudes différentes et des points de vue différents de la part de tous les acteurs.

Mais, quelque soit la nature du risque, il a pour origine les actions des êtres humains. En effet, les risques sont souvent causés par les activités humaines soit d’une manière directe ou indirecte. Les individus véhiculent donc du risque : « Les risques sont souvent le

contrecoup de l’activité humaine. Même les risques dits naturels peuvent avoir pour germe l’action de l’homme sur son écosystème » (Hassid, 2008, p.29). Le risque est le produit

même de nos sociétés modernes et il est considéré par Beck (2001), comme étant un phénomène social voire même individuel en considérant que « la production sociale de

richesses est systématiquement corrélée à la production sociale de risques » (Beck, 2001,

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1.2. La typologie des risques

Nous allons classer les risques selon leurs origines ainsi que leurs natures.  Origine : risques intrinsèques versus risques fonctionnels

- Les risques intrinsèques ou structurels : ils trouvent leurs origines dans la nature même des éléments du système, en absence de tout fonctionnement. En effet, aussi bien les éléments qui constituent le système que les éléments produits par celui-ci peuvent être sources de danger sans que le système soit nécessairement en fonctionnement.

- Les risques fonctionnels ou conjoncturels : ils sont causés par le fonctionnement du système et non par les éléments de celui-ci.

 Nature : risques purs versus risques spéculatifs

- Les risques spéculatifs : ce sont des risques pris volontairement. Ils résultent des choix et des orientations stratégiques fixés par l’entreprise dans le but de gagner plus. Ils concernent, par exemple, l’investissement de capitaux ou le lancement d’un nouveau produit. Les dirigeants doivent donc adopter « une bonne prise de risque » à moins de faire faillite. Ces risques sont subis, suite à une décision raisonnée, la perte potentielle est acceptée en vue du gain et ils sont maîtrisables et contrôlables.

- Les risques purs : ce sont des risques subis par l’entreprise et découlent de l’activité même de l’entreprise, indépendamment du profil du dirigeant et de ses choix stratégiques. Ils englobent, par exemple, les incendies, les grèves, les pertes de données, etc. Ces risques peuvent entrainer des pertes et sont difficilement contrôlables.

1.3. La perception du risque

La perception du risque est un concept important qui a fait l’objet de plusieurs travaux, à partir des années 1970 (Slovic, Fischhoff et Lichtenstein, 1982 ; Slovic, 1987 ; 1993 ; Kermisch, 2010). La perception et l’attitude du public, des investisseurs, des collectivités locales sont des composantes essentielles de toute décision en présence de risque. En effet, le comportement de tout individu face au risque est déterminé sous l’influence de plusieurs facteurs, notamment les besoins, les motivations, la perception et l’attitude. Par conséquent, ce n’est pas la réalité du risque qui motive toute réaction, mais c’est plutôt notre perception du risque qui stimule tout comportement envers une situation de risque. La perception du risque est fondamentale puisqu’elle permet de déterminer si le risque est acceptable ou non pour les parties considérées.

122 Le processus de perception du risque est souvent influencé par les besoins, les valeurs, la culture, les intérêts et le cadre de référence de l’individu. La perception du risque est souvent individuelle, mais on peut avoir un groupe ou un organisme qui ont la même perception du risque. On peut avoir aussi deux perceptions différentes du même risque qui sont toutes les deux correctes, car elles sont déterminées sous l’influence de facteurs différents. Il est à noter aussi que la perception du même individu face au même risque évolue d’une manière continue.

Les caractéristiques de la perception sont les suivantes :

- La perception est subjective : l’acceptation de toute information par l’individu ne se fait que si elle est plus ou moins compatible avec son acquis culturel, l’image qu’il a de lui- même, ses croyances, etc.

- La perception est sélective : l’individu est souvent incapable de percevoir tous les aspects d’une situation avec la même intensité.

- La perception est cumulative : l’individu est capable d’enregistrer en même temps plusieurs sensations qu’il va les accumuler, par la suite, pour créer un tout unifié.

- La perception est temporelle : puisqu’elle concerne généralement le court terme.

Burns et al. (1993) ont constaté que la réponse publique vis à vis des risques et une large couverture médiatique sont les deux principaux canaux de l’amplification sociale des risques. En effet, la perception d’un risque de la part des individus est très influencée et alimentée par les médias, ce qui peut entraîner des biais très coûteux pour les parties concernées. Cette idée est confirmée aussi par le rapport de l’OCDE (2003, p.73) qui considère que : « Le risque est une construction sociale autant qu’une réalité physique, et

ces deux aspects sont intimement liés ».

La perception du risque a un impact important sur son évolution, dans ce sens Desroches et al. (2006) précisent qu’une mauvaise perception peut conduire à une sous évaluation d’un risque ou d’une opportunité. Par conséquent, il y aura des impacts de différents types sur l’activité de l’entreprise.

1.4. L’attitude face au risque

L’attitude désigne la prédisposition à réagir d’une manière favorable ou défavorable face à certains aspects du monde qui nous entoure. La connaissance de l’attitude vis-à-vis du risque permet de prédire les comportements futurs des individus. Selon Hillson et

123 Murray-Webster (2007, p.6), l’attitude est définie comme étant : “state of mind, mental

view or disposition with regard to a fact or state”25.

Il ne faut jamais négliger la prise en compte de la réaction de la société vis-à-vis des risques. En effet, la réaction de la société influence énormément les conséquences finales aussi bien que les caractéristiques même du risque et peuvent avoir un effet amplificateur. La prise en compte des aspects sociétaux est donc très importante.

Kerebel (2009, p.58) distingue cinq profils psychologiques (en considérant l’attitude face au risque et l’arbitrage risques/opportunités) qui sont les suivants :

- Le profil risquofile : la prise de risque est considérée comme une valeur importante dans l’entreprise et elle est encouragée par les dirigeants. Dans ce cas, la prise de risque est l’un des piliers de la stratégie de l’entreprise.

- Le profil tolérant aux risques : dans ce cas l’organisation encourage la prise de risque, mais tout en appliquant une démarche rigoureuse de management du risque.

- Le profil neutre : l’organisation opte pour une approche structurée en matière d’arbitrage risques/opportunités.

- Le profil moyennement risquophobe : la prise de risque n’est pas trop encouragée par les dirigeants. Le transfert des risques vers les tiers est la stratégie préférée de l’organisation.

- Le profil risquophobe : la prise de risque ne fait pas partie des valeurs de l’organisation. Les risques qui ne peuvent pas être maitrisés sont supprimés, même si cela peut amener à supprimer certaines activités.

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