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ENERGIES RENOUVELABLES EN TUNISIE

Section 2. Le succès du projet PROSOL

2. Résultats : réalisations et impacts du projet PROSOL sur le développement durable

2.2. L’évaluation des impacts environnementaux et socio-économiques

2.2.4. Les limites du programme PROSOL

Bien que le projet PROSOL ait réalisé un grand succès, il contient plusieurs lacunes et inconvénients qui doivent être éliminés dans les années à venir. Les limites sont les suivantes :

- Tout d’abord, les objectifs sont fixés d’une manière générale sans tenir compte de la spécificité de chaque région en Tunisie. Il serait préférable de développer des sous- stratégies et des objectifs pour chaque région.

- Ensuite, il convient de noter qu'il y a certaines lacunes et déficiences dans les mécanismes financiers mis en œuvre par le gouvernement pour soutenir le projet PROSOL :

 Le niveau relativement faible des subventions qui ne dépasse pas 20% du coût de l'investissement et qui est très faible, surtout en comparaison avec d'autres pays méditerranéens où le soutien du gouvernement à l'énergie solaire est plus important.

 Le service d'installation n’est pas exonéré de la taxe sur la valeur ajoutée.

 Paiement des droits de douane sur les composants importés pour la fabrication locale des CES.

 L'absence de taux d'intérêt bonifié de la part des banques comme c’est le cas dans plusieurs pays de l'Europe du Sud.

 Le manque de soutien spécifique financier et fiscal à l'industrie locale de fabrication des CES.

 L'absence de politiques visant à contrôler les prix des CES.

- Enfin, des lacunes sont également notées aux niveaux institutionnel et organisationnel, y compris :

 L'insuffisance des moyens logistiques et humains pour fournir le contrôle et l'entretien efficaces d'équipements installés.

180  L'absence de communication avec les clients concernant les étapes à suivre en cas

de problèmes.

 Le manque de procédures claires pour la suspension de la subvention en cas de non-conformité de la part des fournisseurs.

 Les efforts déployés par l'ANME dans le domaine de la communication et la sensibilisation sont insuffisantes.

 La nécessité d'une plus grande coordination entre les structures régionales de l'ANME.

Conclusion

La volatilité des prix des énergies fossiles, l’augmentation de la consommation nationale d'énergie et la stagnation de la production locale ont causé de nombreuses répercussions économiques négatives. En fait, nous avons assisté à une sortie massive des devises et une augmentation des dépenses publiques (vu que les énergies fossiles sont subventionnées par l’État).

La seule face lumineuse dans le contexte énergétique tunisien est le fait que la Tunisie est dotée de conditions climatiques très favorables pour le développement à grande échelle des ER, notamment l’énergie solaire (le solaire PV et le solaire CSP). En effet, l'énergie solaire est considérée comme une source prometteuse pour l'amélioration du bilan énergétique et la protection de l'environnement et surtout pour la transformation de la réalité énergétique de la Tunisie d’un importateur net à un exportateur net, dans les années à venir.

La première section nous a permis d’analyser en profondeur le contexte énergétique tunisien en mettant l’accent sur un contexte difficile et plein de défis. En effet, la Tunisie est trop dépendante des exportations des énergies fossiles qui constituent la plus grande part du mix énergétique. Le fait que les énergies fossiles sont fortement subventionnées (14% du budget de l’État, soit 5% du PIB sont alloués à la subvention énergétique, en 2013) constitue aussi une vraie contrainte budgétaire pour l’État. Ce fardeau n’arrête pas de s’aggraver à cause de différents facteurs exogènes, notamment le prix du baril du pétrole et la redevance gazière.

Face à tous ces défis, la Tunisie s’est engagée dans une politique de développement des ER depuis les années 1980. Nous avons essayé de détailler le contexte ainsi que les principaux enjeux rencontrés dans ce secteur. En effet, les réalisations s’avèrent

181 insignifiantes par rapport au potentiel énorme, notamment pour l’éolien et le solaire (la part des ER dans le mix électrique ne dépasse pas 3% en 2013) et aussi par rapport aux objectifs fixés (la part des ER dans le mix électrique doit être de 30% en 2030).

Pour ces raisons, la Tunisie a fixé un PST qui présente une composante majeure du processus de transition vers les ER. De même, la Tunisie a renforcé ses stratégies de partenariat et de coopération surtout de type Nord-Sud, a instauré un débat national sur l’énergie en 2013 et surtout on a assisté, en 2015, à la ratification d’une nouvelle loi relative à la production de l’électricité à partir des ER.

Après avoir détaillé les principaux défis rencontrés dans le contexte énergétique ainsi que les opportunités présentées par le secteur des ER, nous avons mis l’accent, dans la seconde section, sur le projet PROSL de développement du CES. Ce projet a été un changement d'échelle dans le marché du solaire thermique depuis 2005. En effet, la surface installée de CES a augmenté de 7000 m2, en 2004, à 22 000 m2 en 2005. Elle a atteint 80 000 m2 en 2010. Ce projet a contribué à la réduction des émissions de GES, à la création de nouveaux emplois (environ 3000 emplois), au développement d'une industrie locale et aussi à l'augmentation de la valeur des exportations dans ce secteur. Vu le succès du PROSOL résidentiel, il a été élargi pour les secteurs tertiaire et l'industrie avec l'ajout de nouveaux mécanismes institutionnels et financiers. Mais, il est à noter que les efforts fournis sont insuffisants et que le développement du marché du solaire thermique se heurte encore à plusieurs obstacles.

Bien que le projet PROSOL soit une initiative réussie, l'expérience tunisienne dans le domaine de l’énergie solaire est loin des expériences réussies d'autres pays comme l'Allemagne, l'Espagne, le Danemark et le Maroc. La Tunisie a toutes les conditions nécessaires : un grand potentiel des ER, une main d’œuvre très qualifiée, etc. Mais, le soutien du gouvernement, les instruments institutionnels et réglementaires et le climat d’affaires restent encore insuffisants et inadéquats pour le développement à grande échelle de l’énergie solaire centralisée telle que la technologie CSP qui va être le sujet du chapitre suivant.

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Chapitre

6.

Le

cas

du

projet

de

solaire

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