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Première macro-analyse du corpus

UNE DOUBLE ANALYSE DE NOS DONNEES

CHAPITRE 1 : MACRO-ANALYSE DES TROIS CM DU CORPUS

2. Structure organisationnelle

2.2. Première macro-analyse du corpus

Nous allons exposer ci-dessous les différentes façons d’envisager la structure des CM de notre corpus pour en montrer la régularité et la cohérence.

2.2.1. Structure thématique

Nous allons présenter ci-dessous chaque CM en nous intéressant à l’enseignement suivant la structure ou basique en fonction de trois parties que nous venons d’aborder. Autrement dit nous traiterons successivement le plan thématique des trois CM composés de l’ouverture, l’enseignement et la clôture.

2.2.1.1. Structure thématique du CM1

Dans le CM de psychologie de l’adolescence, puisqu’il s’agit du premier cours, l’enseignant définit d’abord la notion d’adolescence et annonce les points généraux qu’il va traiter, à savoir la psychologie de l’adolescence envisagée dans son contexte sociologique. Il ajoute dans le premier chapitre le sujet de la sexualité, ou puberté chez les adolescents et les adolescentes. Puis, il annonce le deuxième chapitre, à savoir les problèmes relatifs au corps. Le dernier chapitre portera sur le conflit et sa mentalisation,

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sujets très importants. Il proposera dans la dernière partie du cours des mesures ou plutôt des conseils aux responsables adultes qui prennent en charge des adolescents, et adolescentes. Voici la schématisation de ce CM, d’un point de vue thématique :

La première partie : l’ouverture du cours Annonce du cours (CM1, l. 1-3)

Retour et correction des copies (CM1, l. 3-59) La deuxième partie : l’enseignement du cours :

Première partie : Les généralités (CM1, l. 59-92) - notion principale du cours : adolescence - les parents

- la sexualité (CM1, l. 93-129)

Partie 2 : le corps et la conduite (CM1, l. 129-161) Partie 3 : le conflit et la mentalisation (CM1, l. 167-713)338 La troisième partie : la clôture du cours339

Salutation de l’enseignant (CM1, l. 713)

Tableau 10

Structure thématique du CM1 - Psychologie de l’adolescence

2.2.1.2. Structure thématique du CM2

Dans le CM de macroéconomie qui est son deuxième cours, l’enseignant continue le premier chapitre intitulé « La macroéconomie : positionnement actuel ». Au début du cours, il fait quelques rappels sur les points importants traités lors du premier cours, à savoir la définition de la macroéconomie. Puis il aborde le deuxième chapitre du programme en parlant des phénomènes singuliers du domaine économique appelés faits stylisés. Puis il enchaine sur l’histoire de la discipline en commençant par Keyne, un économiste qui fonde la macroéconomie avec le « keynésianisme » ou macro standard. L’enseignant met en garde les étudiants contre une opposition mal comprise qui en découle puis il clarifie les rapports entre la macro standard, la macro contemporaine et la macro classique. Le deuxième temps du cours vise à rappeler les derniers points abordés et à préciser les politiques économiques basées sur la macroéconomie. On trouvera ci-dessous la structure thématique du CM2 résumée :

338 Ce dernier chapitre du cours porte sur le conflit et la mentalisation est largement détaillé, ce qui signifie qu’il s’agit des sujets importants dans l’étude de la psychologie de l’adolescence.

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La première partie : l’ouverture du cours

Le rappel du point traité de la dernière fois – la définition de la macroéconomie (CM2, l. 1-66)

La deuxième partie : l’enseignement du cours

L’abord du 2e point : les faits stylisés (CM2, l. 66-217)

L’abord du 3e point : les aspects historiques de la macroéconomie Présentation sur Keynes (CM2, l. 217-246)

1er argument : Keyne, premier auteur de théorie du produit et de

l’emploi (CM2, l.246-288)

2e argument : Keyne, codificateur des politiques économiques (CM2, l. 288-364)

3e argument : ses influences sur les extensions des fonctions de l’Etat (CM2, l. 364-399)

Keynes et la macro standard (CM2, l. 399-661) Bilan des contenus traités (CM2, l. 663-969) La troisième partie : la clôture du cours

Annonce du prochain cours (CM2, l. 969-973)

Tableau 11

Structure thématique du CM2 - Macroéconomie

2.2.1.3. Structure thématique du CM3

Quant au CM du Droit civil qui a lieu au milieu du semestre, l’enseignante y parle des formes de vie en couple. Elle a commencé au cours précédent l’enseignement sur le pacs. Ici, elle traite de sa formation et de ses conditions. Il faut d’abord que le pacs s’établisse d’une manière solennelle par une rédaction écrite et notariée. La deuxième condition oblige que les deux partenaires déclarent le pacs devant un professionnel juridique, le greffier. Enfin, la troisième condition clarifie des règles pour enregistrer et publier la convention du pacs en vue de sa validité. Après avoir expliqué les conditions pour se pacser, l’enseignante mentionne les effets qui découlent de la légitimité de cette nouvelle forme de vie en couple, dans le cadre de la société française d’aujourd’hui. Il s’agit d’abord du droit de filiation, dont la grande question controversée est celle de l’adoption par des couples homosexuels. L’enseignante cite deux exemples tirés de deux affaires connues, celles de Monsieur F. et de Madame EB qui ont posé le problème sur la balance juridique franco-européenne. Après le droit de filiation, l’enseignante aborde d’autres effets selon un double volet, personnel et extra-personnel, autrement dit de l’ordre extra-patrimoine et patrimoine. Les premiers portent sur les questions de l’assistance réciproque et de la fidélité alors que les seconds touchent les biens de chacun de deux partenaires.

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Ce qui est intéressant dans le CM de droit civil sur le pacs, c’est la comparaison constante entre cette forme de vie en couple et le mariage et le concubinage qui ont été traités dans les cours précédents. Voici le schéma résumant cette analyse thématique :

La première partie : l’ouverture du cours

Consignes de gestion de classe (CM3, l. 1-2)

Rappel de ce qui est traité au dernier cours : la définition du pacs, mise en comparaison avec le mariage et le concubinage (CM3, l. 2-109)

La deuxième partie : l’enseignement du cours La formation du pacs – ses conditions :

- 1ère condition : établissement solennel via la rédaction écrite et notariée (CM3, l. 109-247)

- 2e condition : déclaration témoignée par un professionnel juridique, dont le greffier (CM3, l. 247-318)

- 3e condition : enregistrement et publication de la convention du pacs (CM3, l. 318-391)

Les effets du pacs :

- Le droit de filiation (CM3, l. 392-564)

- Effets extra-patrimoniaux : questions d’assistance réciproque et de fidélité (CM3, l. 564-606)

- Effets patrimoniaux : question d’intérêts des biens de chacun de deux partenaires(CM3, l. 606-617)

La troisième partie : la clôture du cours

Annonce du prochain cours (CM3, l. 617-619)

Tableau 12

Structure thématique du CM3 - Droit civil

2.2.2. La structure du CM à l’aide d’outils linguistiques et discursifs

Les travaux de nombreux chercheurs donnent des indices pour repérer les parties principales d’un CM, grâce aux outils langagiers et discursifs spécifiques identifiés dans leurs observations. Ces configurations sont en effet portées par des phénomènes oraux repérables. Elles se manifestent à la fois par des énoncés caractéristiques entre les grandes parties du cours et à l’intérieur de chaque sous-partie, notamment au sein de la partie d’enseignement que nous venons d’analyser thématiquement dans ce qui précède.

Les parties d’ouverture s’annoncent souvent par des formules orales telles que bien, bon, donc, formules qu’on retrouve aussi au début des parties de clôture mais auxquelles il faut ajouter voilà. A côté de ces indices oraux qui sont des sortes de ponctuations rythmiques sans véritable sens, d’autres outils linguistiques contribuent à signaler et accentuer la structure du cours. C’est ainsi que les parties d’ouverture sont soulignées par certains procédés comme la numérisation et la dénomination des parties principales du cours, par exemple :

153 « une deuxième partie […] qu’on appellera corps et conduite » (CM1, l.

129-130).

« deuxième point macro / […] deuxième point macro quelques faits stylisés macroéconomiques » (CM2, l. 66-68),

S’y ajoutent des indices verbaux comme le futur proche, qui sert à exprimer un acte à venir, souvent quelques minutes plus tard par l’enseignement mis en place :

« bien alors on va voir avec quelques mots rapidement sur un deuxième lot // donc le deuxième point macro » (CM2, l. 66-67),

« dans cette troisième partie / je serai amené à parler de l’adolescence en tant que +++ / autant d’ailleurs sur la question de la conduite et de la mentalisation » (CM1, l. 163-165).

Les parties de clôtures semblent plus compliquées et diverses car elles se traduisent plutôt par les demandes d’acquiescement ou de précisions telles que ça va ? ok ? c’est bon ? des questions ? etc. qui semblent rituelles car elles n’attendent pas de réponse et il est exceptionnel que des étudiants y répondent autrement que par des signes non verbaux. On peut aussi noter, dans un cours, les énoncés en vue de récapituler ou d’introduire une remarque synthétisant ce qui vient d’être traité :

«voilà* ça c’est la problématisation » (CM1, l. 128).

Ce qui est intéressant, c’est le « talonnement » fréquent de l’ouverture d’une partie juste après la clôture de la partie précédente. Ceci est renforcé par les marquages structurels du cours tels que nous venons de les voir. Par exemple :

«ok ? ça va ? des questions ? / sur ce qu’on a vu la dernière fois hein / bien alors on va voir avec quelques mots rapidement sur un deuxième lot // donc le deuxième point macro » (CM2, l. 65-67),

« bien ça va ? c’est bon trois / trois +++ / troisièmement dans la macro / un rappel / sur / l’historique / sur l’origine de la macro» (CM2, l. 217-218).

On voit alors qu’un CM comprend lui-même trois grandes parties, mais que la partie « enseignement » du milieu est elle-même composée de sous-parties thématiques (réf. analyse ci-dessus) qui comprennent chacune les 3 séquences sus-citées. On assiste à une sorte d’emboîtement discursif, semblable à celui des poupées russes, repérable à l’infini ou presque par des marques linguistiques ritualisées.

Concernant les trois grandes parties du CM, si la grande partie d’ouverture de trois CM de notre corpus paraît facilement identifiable par les marques linguistiques décrites, la partie de clôture semble en revanche dépendre de chaque enseignant et il est difficile de lui trouver une unité. Dans un des trois CM, elle est réduite à l’énoncé interactionnel suivant, qui est minimal :

« allez je vous souhaite une bonne soirée » (CM1, l. 715),

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plus complète :

« on va commencer la semaine prochaine / le modèle serait plus précis : sur l’enroulement des choses et bon et cætera et des variables des relations des variables des fonctions et cætera / que va et capable de savoir surtout bien en termes de revenu / c’est bon ? ça va ? pas de question ? / bon » (CM2, l. 964-967),

« donc on verra tout ça demain donc on finira ça demain et on commencera les droits de la filiation que l’on continuera le 3 mai à la rentrée bonne journée à tous et à demain (1’14’55) » (CM3, l. 616-618).

Les trois cas se remarquent par une ouverture vers le futur (« allez – bonne soirée », « on va », « on verra »), qu’il soit quotidien ou universitaire.

Cette structure en trois parties nous a permis une première approche de notre corpus, par ses dimensions thématique et discursive. Toutefois, sa spécificité en présentiel n’est pas assez mise en valeur, à notre avis. Nous verrons pourquoi et quelle réflexion nous devrons mener pour mieux saisir cette forme particulière d’interaction.