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CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL EN TROIS VOLETS

2. La transmission des savoirs

2.2. Connaissance vs savoir

2.2.1. Connaissance

Ce terme désigne d’abord « l’acte de connaître », ensuite « la faculté de connaître propre à l’être humain160 », à savoir l’intelligence, le discernement, l’entendement. Donc, il se réfère au fait à la manière, au processus de connaître. Outre ces aspects cognitifs, selon Louis-Marie Morfaux161, le terme se voit attribuer d’autres dimensions, dont celle de la psychologie en tant que conscience, perception, celle de la sociologie162, celle de l’épistémologue et de la gnoséologie (théorie de la connaissance). Par ailleurs, une connaissance, comme mentionnée ci-dessus, est une personne qu’on connaît bien, avec qui on entretient des relations sociales. La dernière acception de connaissance réside, dans son usage pluriel, dans la désignation de « ce qui est connu, ce que l’on sait, pour l’avoir appris163 ». Autrement dit, c’est le résultat de « l’état de l’esprit de celui qui connaît et discerne ». On retrouve donc la notion de stabilité, d’immobilité déjà entrevue dans les verbes.

159 Foulquié Paul, 1971, Dictionnaire de la langue pédagogique, Paris, Presses Universitaires de France, pp. 429-430.

160 Le Robert, 1977, p.367.

161 Morfaux Louis-Marie, 1980, p. 96.

162 S’agissant des « études des conditions sociales, historiques du développement des connaissances humaines, en particulier scientifiques » (Idéologie-K.Marx, Conscience collective-Durkheim, Idéal type-Max Weber).

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Nous trouvons le recueil des acceptions mentionnées ci-dessus dans le Dictionnaire universel francophone de Hachette, 1997 :

« 1-faire de connaître, faire de savoir

2-ensemble de spéculations visant à déterminer l’origine et la valeur de la connaissance commune, scientifique et philosophique

3-idée exacte d’une réalité, de sa situation, de son sens, de ses caractères, de son fonctionnement

4-en venir à apprendre quelque chose

5-connaissance de sa propre existence et de l’exercice de ses facultés 6-(plur.) notions acquises

7-relation avec des personnes

8-DR : droit de statuer sur une affaire ».

Les mots « acquises », « idée exacte », « déterminer » soulignent la même démonstration d’immobilité, d’installation.

Dans les dictionnaires spécialisés, par exemple en sciences de l’éducation, le terme de connaissance est employé au pluriel pour désigner « ce que l’on connaît » et a pour synonyme les termes notion, savoir, science. Il est utilisé a priori dans le cadre scolaire : à l’école primaire, les élèves acquièrent des connaissances de base de l’ordre de la lecture, de l’écriture, de l’orthographe et du calcul. Les écoles secondaires ont pour objectifs de leur « procurer des connaissances nécessaires pour les études supérieures ». A ce dernier niveau, « le savoir et le savoir-faire sont importants pour la réussite164 » des étudiants. Cette acception conduit à une confusion possible avec « savoir ».

Dans le Dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation (DEEF désormais, le terme connaissance présente trois acceptions à savoir :

« 1. représentation mentale qui correspond de façon adéquate à une partie ou à un aspect de la réalité,

2. ensemble de ces représentations,

3. fonction qui a pour finalité de créer ces représentations par apprentissage ou découverte165 ».

La connaissance ou les connaissances sert ou servent à manifester en partie la réalité par le mécanisme cognitif. Ces représentations assignent :

« une propriété exceptionnelle, et peut-être unique, de ces produits perfectionnés de l’évolution de l’univers que sont les êtres humains166 ».

Le passage cognitif montre qu’il y a une transformation de l’objet perçu. Voyons maintenant ce qu’il en est du substantif savoir.

164 Foulquié Paul, 1971, id., p. 96.

165 Champy Philippe, Eteve Christiane, 1998, Dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la formation, Maxéville, Nathan, p. 209.

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2.2.2. Savoir

Dans le dictionnaire Robert, le substantif savoir désigne :

« un ensemble de connaissances plus ou moins systématisées, acquises par une activité mentale suivie167 ».

C’est aussi rapproché de la définition donnée par Le dictionnaire de la langue pédagogique : le substantif savoir se réfère au terme science, avec quelques nuances168.

Dans la vision philosophique, le terme savoir est lié au latin sapiens, « qui a bon goût, qui sait169 », donnant lieu au terme sage. Le savoir signifie alors l’« état de l’esprit qui sait », la « relation entre le sujet et l’objet de pensée dont il admet la vérité (pour des raisons intellectuelles et communicables)170 ». Cette définition se rapproche de celle dénoncée par Morfaux disant que le savoir est :

« (une) connaissance bien fondée par opposition à simple opinion, à

croyance, à foi ».

Selon le DEEF, c’est :

« ce qui, pour un sujet, est acquis, construit, élaboré par l’étude ou l’expérience […] Le savoir s’actualise dans des situations et dans des pratiques. Tout savoir individuel est donc partiel et s’inscrit dans l’histoire psychique et sociale du sujet sur l’horizon fantasmatique d’un savoir absolu171 ».

L’aspect volontaire et ordonné est donc souligné. Le terme savoir contient aussi un contenu neutre lui-même, sans être influencé par aucun facteur extérieur :

« La formation du savoir scientifique dépend de la société dans laquelle se font les découvertes, mais le contenu lui-même de ce savoir est neutre : il n’a ni appartenance nationale ni appartenance de classe172 ».

Alors que, à l’inverse, une connaissance s’acquiert d’une manière forcément subjective :

« …l’acquisition de la connaissance ne se fait jamais à l’état pur ; une foule d’émotion, un état affectif complexe l’accompagnent toujours, dans lesquels interviennent les fantasmes des interdits, de l’autorité des parents et des premiers maîtres : découvrir quelque chose de nouveau, en effet, c’est toujours s’insurger contre quelque autorité, notamment contre la première de toutes173 ».

167 id.

168« Le savoir suppose des connaissances étendues relevant de divers domaines, mais, par le fait même, peu approfondies et non systématisées ; la science, au contraire, exige la systématisation te par suite, surtout de nos jours, est normalement spécialisée », Folquié Paul, 1971.

169 Cellard Jacques, 2000, id. p. 125. 170 id.

171 Champy Philippe, Eteve Christiane, 1998, id., p. 944.

172 Mayor Federico, Schatzman Evry, « SCIENCES - Sciences et société », Encyclopædia Universalis[en ligne], disponible sur le site http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/sciences-sciences-et-societe/, consulté le 23 avril 2011.

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En bref, si les deux termes, sous leur forme verbale, expriment deux manières différentes de reconnaître ou d’appréhender des choses, il paraît qu’ils établissent une hiérarchie systématique dans leur forme nominale. Une connaissance fait partie d’un ensemble d’acquis solidement intériorisés dus à l’apprentissage, alors qu’un savoir se bâtit petit à petit, c’est l’ensemble des relations étudiées à propos d’un objet, des connaissances traitées, analysées, des compétences entrainées, des tâches pratiquées. La notion de savoir englobe donc entièrement celle de « connaissances » qui correspond en quelque sorte au terme savoir au singulier dans « savoirs », objet de notre analyse ultérieure.