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Le cours magistral étudié selon les approches FOS et FOU

CHAPITRE 3 : CADRE DIDACTIQUE LA SCENE ET LE METTEUR EN SCENE LA SCENE ET LE METTEUR EN SCENE

3. Le cours magistral étudié selon les approches FOS et FOU

Depuis une dizaine d’années, deux didacticiens français Chantal Parpette et Jean-Marc Mangiante explorent l’approche Français sur Objectifs Spécifiques (FOS), et depuis quelques années sa déclinaison Français sur Objectifs Universitaires (FOU), pour aider les étudiants étrangers à apprendre et à poursuivre leurs études supérieures en français. Le FOU se caractérise par des caractéristiques particulières qui résultent à la fois de l’environnement et du niveau d’enseignement/apprentissage dit supérieur, ce qui se passe dans un pays déterminé qui est la France (ou les pays francophones) et suivant sa culture et/ou la (les) culture(s) qu’il(s) adopte(nt)242. La démarche du FOU tend à décortiquer entre autre243 la complexité du français utilisé à l’université, ce qui concerne toute forme d’établissement de ce niveau en France, à savoir les IUT, les universités, les grandes écoles, etc. Leurs recherches sont étalées sur divers terrains dans l’enseignement supérieur, du milieu académique aux chantiers professionnels, et ils ont traité en grand nombre de types d’activités, à l’oral ou à l’écrit. La démarche du FOU s’intéresse aux types les plus classiques, dont les cours magistraux ou aux plus modernes tels que les

240 http://www.unesco.org/education/educprog/wche/declaration_fre.htm. 241 Baron Myriam, id., p. 39.

242 Nous avons parlé du traité de Bologne, unifiant tout le système université européen.

243 Elle s’intéresse aussi aux compétences requises par des étudiants étrangers vis-à-vis de l’enseignement dispensé à l’université en France.

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cours en ligne. Bien qu’aujourd’hui les formations à distance soient en plein essor, en répondant à un grand besoin du public, les chercheurs affirment que

« le cours magistral occupe une place emblématique dans la représentation de l’enseignement universitaire à la française244 ».

Se distinguent d’autres recherches précédentes, les études en 2010 de Chantal Parpette et Jean-Marc Mangiante insistent sur les contextes du cours magistral et sur le tout début, les premiers cours en première année. Le CM se situe dans « cadre spatio-temporel particulier, une prestation orale d’1h30, 2 heures, voire 3 heures consécutives, dans cet espace spécifique qu’est l’amphithéâtre245».

Ce qui compte dans les travaux de cette équipe, c’est la mise en évidence des rôles multiples qu’assurent le responsable du CM, l’enseignant-chercheur. Comme ils l’appellent « nouveau type d’acteur pédagogique », ses fonctions sont de distributeur « des connaissances », « de pédagogue », « de représentant de l’institution » et « de chercheur ». Par ailleurs, les résultats de ces travaux ont montré que l’étudiant non-francophone avait besoin de s’intégrer dans un cadre institutionnel qui serait éventuellement différent de celui de son pays, à savoir l’organisation des enseignements et des validations. Une fois familiarisé avec cette culture institutionnelle, l’étudiant étranger, lors de ses cours, aurait à faire face à des données culturelles, impliquées, qui « sous-tendent certains savoirs enseignés (surtout en sciences humaines)246 » et on sollicite de lui des comportements de travail précis. En comparaison avec l’étudiant français, l’étudiant étranger doit surmonter ses difficultés linguistiques et langagières lors du suivi du cours, ce qui lui permet « d’accéder aux discours des enseignants, et d’acquérir une certaine autonomie de fonctionnement au sein de l’université247 ». Cette conclusion renforce une de nos hypothèses selon laquelle les cours magistraux assurent la fonction d’apprendre une attitude autonome, c’est l’auto-formation de l’étudiant.

Par ailleurs, le tableau ci-dessous présente une hiérarchie dans l’ordre décroissant en fonction des contextes qui influencent le CM.

244 Mangiante Jean-Marc, Parpette Chantal, 2010, Le Français sur Objectifs Universitaires, Grenoble, PUG, p. 57.

245 id. 246 id., p. 58. 247 id.

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Tableau 6

Le cours magistral au centre de contextes superposés248

Mangiante et Parpette, les auteurs de ce schéma, suggèrent que :

« plus on s’éloigne du centre du schéma 2, plus ces données sont allusives dans la mesure où elles sont censées être acquises ailleurs, en dehors du cours, et ne relèvent pas de la responsabilité directe de l’enseignant ».

Cette hypothèse semble être valide aussi bien pour le deuxième cercle que pour le troisième. Le discours de l’enseignant précise l’organisation de la discipline, le CM suivi du TD (travaux dirigés) constituant deux parties distinctes du cours. Il mentionne la façon selon laquelle se déroule le cours, les dispositifs matériels et pédagogiques, par exemple deux polycopiés :

« alors / on va heu / commencer ce cours de thermodynamique / par / l’étude du modèle du gaz parfait / et dans le polycop // le polycop / de cours qui vous a été distribué ce matin / il correspond aux pages 17 à 24 / donc y a peu de chose / je vais développer davantage / sur les clichés / que j’ai distribués / vous retrouverez certaines choses communes // et puis / vous avez un deuxième polycop / d’exercices / et les exercices qu’on fera tout à l’heure en TD / que ce soit avec heu / moi ou / J…D… ce sera les exercices qui sont page / 6 du polycop d’exercices (…)249 »

Il présente également l’organisation universitaire, le système d’études : la relation entre les licences et les masters, la relation entre recherche et enseignement et la caractéristique scientifique, le règlement et le système d’évaluation de l’université.

« bien donc je me présente rapidement hein monsieur R… professeur euh à la faculté des sciences économiques / j’évoque également parce que pour vous ça peut vous intéresser j’enseigne en master un master deux qui s’appelle économique et management de l’emploi et des ressources

248 Mangiante Jean-Marc et Parpette Chantal, 2010, id., p. 116. 249 Exemples des auteurs, id., p. 59.

Cours magistral

Organisation de la discipline Organisation universitaire Culture nationale

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humaines / qui constitue pour un certain nombre d’entre vous un débouché pas naturel mais enfin un débouché possible potentiel voilà / et je suis également dans une équipe de recherche qui s’appelle le … ça a un peu rapport avec l’économie de la firme et des institutions hein / vous savez que les enseignants chercheurs sont rattachés à une équipe de recherche d’accord //

(…) on fait un contrôle continu aux deux tiers du cours c’est-à-dire qu’aux deux tiers du cours il y a un contrôle de / d’une heure et demie d’accord / voilà / et après à la fin donc il y a un examen l’examen terminal d’accord donc (…) donc j’attire votre attention sur le fait que ce contrôle continu est obligatoire donc faites très attention donc si vous n’êtes pas dispensés de contrôle continu vous aurez zéro c’est-à-dire que si vous ne venez pas vous aurez zéro (…)250 ».

Ces récentes réflexions apportées par le FOU nous sont utiles dans la mesure où notre objet d’étude, le cours magistral, se situe effectivement au centre du système institutionnel et culturel de la société française. Ce cadre semble lui assigner des valeurs à la fois didactiques et sociales.