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de la méthode et de la lecture par l’entraineur en escalade

3. Présentation du dispositif transformatif « Basalte évolution »

3.1. Construction de l’artefact utilisé lors du dispositif transformatif : les capteurs accélérométriques

L’usage d’un artefact capable de réaliser une mesure cinématique de l’activité de l’acteur a été adopté pour des raisons techniques et scientifiques. Comme indiqué dans la revue de littérature, un atout certain des capteurs accélérométriques est d’obtenir une description cinématique de l’action sur l’ensemble d’une ascension, contrairement à l’usage d’une prise instrumentée, par exemple.

Les paramètres cinématiques ont été calculés à partir des données accélérométriques dans les trois dimensions (3D) issues de deux centrales inertielles (Shimmer Sensors 3, Dublin, Ireland).

Les capteurs ont été fixés à l’aide de sangles réglables au niveau du poignet droit et en bas du dos, proche du centre de masse des grimpeurs. Le choix de ces emplacements a permis de rendre compte de l’évolution des paramètres cinématiques des membres supérieurs (capteur poignet) ainsi que du tronc (capteur en bas du dos) qui est le segment corporel le plus lourd et le plus proche du centre de masse. L’emplacement du poignet nous semblait porteur d’informations complémentaires et nous ouvrait la possibilité d’interpréter certains résultats d’études menées sur des prises instrumentées, dont le principe de smoothness (Fuss & Niegl, 2006, 2008). Les données produites par le capteur situé en bas du dos, proche de la troisième vertèbre lombaire, peuvent être considérées comme de bons marqueurs de l’évolution des paramètres cinématiques du corps du grimpeur. Par ailleurs, ce point anatomique nous semblait heuristique dans la mesure où l’équilibration du grimpeur exige des placements de bassin complexes, continuellement réajustés au fil d’une ascension. Les ouvertures de blocs sur les compétions nationales et internationales ces 5 dernières années ont par ailleurs valorisé des méthodes dites à « calages » dans le jargon de la communauté. Ces ouvertures nécessitent de se déplacer finement, en situation d’équilibre précaire et dynamique, sur des volumes ou macro prises impossibles à maitriser par une simple saisie manuelle.

3.1.1. Fonctionnement des capteurs et type de données utilisées

Les données ont été échantillonnées à 100 Hz et transmises en direct à un ordinateur portable par télémétrie (Bluetooth). Les données accélérométriques sur les 3 axes ont été

119 filtrées grâce à un filtre passe-bande pour supprimer le bruit haute fréquence ainsi que la composante statique liée à la gravité (g), avec une fréquence basse de 0,1 Hz et une fréquence haute de 30 Hz.

Dans cette étude, seules les données relatives à l’accélérométrie ont été utilisées. Immédiatement après l’ascension le chercheur traitait les données enregistrées dans une Macro-Excel qui les codait en VBA, construite spécialement à cet effet. Le calcul principalement utilisé a été le JERK du tronc et de poignet. Nous avons également réalisé d’autres calculs que nous n’avons cependant pas utilisés lors des protocoles.

Tableau 5. Exemple de notes globales obtenues après traitement des données dans la Macro Excel, à l'issue d'un essai lors du protocole transformatif Basalte évolution

Sujet SD Jerk Tronc (m/s3) SD Jerk Poignet (m/s3)

Yvan_bloc2bleu_noir-25-07-2017 16-29-09 27,5 57,31

Le JERK, a été calculé en dérivant l’accélération totale, qui elle-même a été calculée par la somme vectorielle de l’accélération sur les trois axes. La « note globale de JERK » correspond à la moyenne quadratique du signal de JERK sur l’ensemble de l’ascension du grimpeur. Le signal de JERK contient des phases positives et négatives avec une valeur moyenne proche de zéro. L’écart type du JERK (ou la moyenne quadratique) a été calculé afin de rendre compte des amplitudes du signal de JERK, et donc de la valeur efficace du signal sur un intervalle de temps donné.

À cette note globale était ajouté un traitement des données accélérométriques sous forme de graphique. Cette modalité d’observation des données permettait d’obtenir une vision d’ensemble de la progression du grimpeur et de la qualité de la méthode déployée. Les bouffées identifiées correspondaient à des zones spécifiques de la méthode de l’acteur comme potentiellement perfectibles ou, au contraire, satisfaisantes. Le Graphique 1 est un exemple de traitement utilisé lors du dispositif transformatif. Les cercles rouges (ajoutés ici dans le cadre de ce chapitre) circonscrivent des bouffées correspondant à des zones spécifiques de la méthode travaillée avec l’acteur.

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Graphique 1. Exemple de traitement du Jerk sous forme de graphique. Les bouffées correspondent à des zones de la méthode comme potentiellement perfectibles. Les cercles rouges correspondent à des bouffées ayant fait l’objet d’un travail avec l’acteur.

3.1.2. Procédure adoptée concernant l’utilisation des capteurs sur le dispositif transformatif

Lors du protocole transformatif de Basalte Evolution, une procédure identique aux trois séances d’entrainement a été utilisée. Le grimpeur équipé des capteurs réalisait des essais sur un bloc avec l’aide du chercheur-formateur. À la fin de chaque essai, le grimpeur et le chercheur examinaient ensemble les données métaphorisées relatives aux données accélérométriques. Les deux acteurs convenaient alors d’une méthode pour faire baisser le JERK.

Deux types de retours métaphorisés étaient à la disposition du chercheur pour caractériser l’escalade du grimpeur : 1) des notes globales de la prestation dont l’échelle est ouverte et 2) les courbes du JERK relatives à l’ensemble de la prestation.

Il était possible aux grimpeur et chercheur d’observer aussi bien les données relatives au capteur placé sur le poignet qu’au capteur placé sur le centre de masse.

Comme décrit ci-dessous, l’usage des capteurs nécessitait une procédure identique employée sur l’ensemble du dispositif.

Étape 1 : Le grimpeur se positionnait près du mur et maintenait la position de son choix pendant 5 secondes durant lesquelles l’enregistrement était lancé sur l’ordinateur par le chercheur.

121 Étape 2 : Une fois les 5 secondes écoulées, le chercheur indiquait au grimpeur qu’il pouvait débuter l’ascension lorsqu’il le souhaitait.

Étape 3 : Lorsque le grimpeur décollait le deuxième pied du sol, le chercheur déclenchait la plage de sélection des données par le bouton « pulse ». Cette étape permettait d’identifier dans les données enregistrées les phases d’escalade et les phases de mise en place et/ou de chutes. Étape 4 : Une fois les deux mains du grimpeur placées sur la prise d’arrivée, comme requis en compétition pour valider le bloc, le chercheur indiquait un « pulse » sur le signal et 5 secondes plus tard stoppait l’enregistrement.

Étape 5 : Deux types de données étaient entrés dans la Macro-Excel: (1) la donnée de calibration correspondant au bloc considéré et (2) la donnée relative à l’ascension, de façon à traiter les données et obtenir les notes globales de JERK.

Étape 6 : Le chercheur réalisait une sélection manuelle des colonnes « Temps » et « JERK tronc » ou « JERK poignet » sur le classeur Excel correspondant à la donnée traitée afin de réaliser la courbe du JERK de l’ascension.

122 3.2. Description du dispositif transformatif « Basalte évolution »

Trois séances d’entrainement ont été menées lors de ce dispositif. Au cours de ces trois séances il s’agissait de stabiliser des méthodes en collaboration avec le grimpeur, de façon à ce que ces dernières correspondent à une diminution ou une stabilisation du JERK et conviennent autant que possible aux deux acteurs. Suite à son ascension, il était communiqué au grimpeur les notes globales et/ou les courbes de JERK. Lorsque cela était nécessaire, un retour vidéo était également réalisé de façon à mettre en correspondance des zones de la courbe de JERK avec les méthodes employées par l’acteur.

Le chercheur et le grimpeur réalisaient une enquête visant à diminuer les bouffées observées sur les courbes et/ou les notes globales de JERK. Il s’agissait de réaliser des méthodes efficaces du point de vue du JERK, mais également d’un point de vue ordinaire dans la mesure où les méthodes employées devaient être signifiantes pour l’acteur à partir de ses concepts ordinaires et satisfaisantes (ou non) à partir de ses critères ordinaires de jugement. Le chercheur contrôlait et accompagnait le suivi des méthodes employées lors des essais. Plusieurs blocs ont été conjointement sélectionnés avec l’acteur. Deux blocs ont fait l’objet d’un travail sur deux séances. Un bloc a fait l’objet d’un travail sur trois séances.

Tableau 6. Présentation des blocs travaillés au cours des trois séances du protocole transformatif Basalte évolution

Blocs travaillés par séance Séance 1 Séance 2 Séance 3

Bloc noir x

Bloc vert fluo x

Bloc vert normal x x

Bloc vert normal uniquement le jeté x x x

Jeté rouge x

Jeté violet x

Bloc bleu x x

Immédiatement après chaque séance était réalisé l’EAC, dont l’objet était tout autant d’obtenir des données en produisant des traces de récit d’expérience et d’explication téléologique du sens des actions, que de permettre un développement réflexif de l’acteur, qui produisait des analyses et tirait des leçons du visionnage de ses essais.

123 Le protocole a consisté en cinq étapes menées de façon identique lors des trois séances.

Etape 1 : Grimpeur et chercheur-formateur décidaient des blocs et exercices à réaliser lors de

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