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CHAPITRE 3 : Cadre méthodologique

3.3 Sources de données

3.3.1 Population ciblée et participant-e-s

3.3.1.1 Doctorants et doctorantes

La principale population ciblée regroupe l’ensemble des étudiant-e-s inscrits à l’un des programmes de doctorat des facultés de Droit, de Philosophie, des Sciences de l’administration, des Sciences sociales, des Sciences de l’éducation ainsi que de Lettres et sciences humaines qui mènent au grade de PhD16. Faute de candidats, il n’a toutefois pas été

possible de rencontrer des doctorant-e-s de la faculté de Théologie et sciences religieuses, ce qui nous aurait permis d’obtenir le point de vue de participant-e-s issus de l’ensemble des facultés des SHS de l’université constitutive du cas. Néanmoins, l’échantillon comporte une variété et un nombre suffisants de participant-e-s issu-e-s des six autres facultés.

Compte tenu de la nature de la recherche et de la population circonscrite à laquelle on s’intéresse, la méthode d’échantillonnage retenue est de type non probabiliste (Beaud, 2009; Fortin, 2006; Ouellet & Saint-Jacques, 2000) et intentionnel. Les personnes participantes ont été sélectionnées sur une base volontaire « en fonction de leur capacité anticipée de témoigner de façon intéressante et pertinente de l’objet d’étude » (Turcotte, 2000, p. 59). Le recrutement des participant-e-s doctorants a été effectué par le biais de la liste de distribution LISTSERV (adresses courriel) de l’ensemble des étudiant-e-s de 3e cycle de l’université

16 Nous avons volontairement exclu de notre échantillon le programme de doctorat professionnel de psychologie (D. Psy)

qui ne fait pas l’objet des mêmes exigences et ne présente pas les mêmes modalités que les programmes de doctorat menant au grade de PhD. En revanche, nous avons considéré le témoignage de doctorants et doctorantes inscrits au programme de doctorat en psychologie Recherche et Intervention (RI) qui, malgré une structure et des exigences particulières (internat d’un an en intervention en plus de la réalisation d’une recherche originale) mène au grade de PhD.

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étudiée (voir courriel de recrutement à l’annexe 1), avec l’autorisation de la direction des technologies de l’information.

Il s’agissait de rencontrer 1/des hommes et des femmes; 2/des personnes qui en sont à l’étape de la rédaction de la thèse et 3/des personnes inscrites à différents programmes de doctorat d’une des six facultés étudiées. Ces trois critères d’inclusion ont été retenus pour les raisons suivantes : plusieurs recherches actuelles sur l’expérience de formation des étudiant-e-s au doctorat montrent que celle-ci peut être vécue différemment selon le genre (Smallwood, 2004; Tanguay, 2014), ce qui permet de penser que la perception des doctorants et des doctorantes à l’égard du processus de formation doctorale peut différer. De même, l’étape de la rédaction de la thèse est un moment critique eu égard au choix de persister ou non dans les études doctorales (Bair & Haworth, 2004). À cette étape, les doctorant-e-s sont d’ailleurs plus susceptibles d’adopter une posture de recul quant à leur processus de formation que ceux qui se trouvent en début de parcours. À des fins de comparaison, le témoignage de trois doctorant-e-s en début de parcours a toutefois été considéré afin d’examiner si l’état d’avancement dans le processus de formation doctorale peut influencer la perception d’un-e étudiant-e à l’égard, notamment, des exigences, des normes et des règles relatives à la formation ou encore de ses aspects facilitants et contraignants. Enfin, la « culture disciplinaire » (Becher &Trowler, 2001), et donc le domaine d’études, peut en outre influencer la façon dont est considéré le processus de formation doctorale et ses finalités. Ce mode de sélection des personnes participantes ne vise pas une représentation statistique de l’ensemble de la population (Beaud, 2009; Ouellet & Saint-Jacques, 2000); il offre plutôt la possibilité de construire une connaissance détaillée et circonstanciée de l’objet d’étude (Deslauriers & Kérisit, 1997).

L’échantillon de doctorant-e-s a été constitué selon les principes de diversification et de saturation (Ouellet & Saint-Jacques, 2000; Pires, 1997) qui ont permis de nous assurer que les données recueillies témoignent d’une variété de façons de percevoir les études doctorales et d’orienter son parcours de formation. Comme nous venons de le voir, les participant-e-s ont été recrutés en fonction de variables « stratégiques » (ici le genre, un moment précis du parcours doctoral ainsi que la discipline) afin d’obtenir la plus grande diversité possible d’opinions ou d’attitudes à l’égard de l’objet de recherche (Michelat, 1975). En outre, dans

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le souci d’obtenir un corpus de données suffisant, et par le fait même d’atteindre un degré satisfaisant de saturation de nos données, les entretiens de recherche se sont succédé jusqu’à ce que très peu de nouvelles informations n’y soient générées (Mucchielli, 1996), c’est-à- dire, dans ce cas-ci, après 36 entretiens. Cette démarche nous a permis de renforcer la transférabilité de nos résultats (Drapeau, 2004).

Profil des doctorants et doctorantes

Au total, 21 doctorantes et 15 doctorants âgés de 27 à 66 ans (médiane = 31 ans) ont été recrutés entre les mois de septembre 2013 et avril 2014. Ces doctorants et doctorantes, tous inscrits à temps plein dans un programme de doctorat de l’une des six facultés à l’étude, sont issus de 19 disciplines différentes soit : droit, études internationales, philosophie, management, systèmes d’information organisationnels, sciences politiques, sociologie, anthropologie, relations industrielles, service social, psychologie, sciences de l’orientation, didactique du français, psychopédagogie, histoire, ethnologie, archéologie, communication publique et études littéraires.

Au moment des entretiens, les personnes participantes étaient inscrites à leur programme de doctorat en moyenne depuis environ 11 trimestres (3,7 ans)17. Neuf d’entre elles avaient déjà

interrompu temporairement leurs études, pour une période allant de quatre mois à une année18, en raison d’une grossesse, d’un congé de maternité/paternité, d’un contrat de travail,

d’un changement de programme ou pour des raisons de santé. Alors que plusieurs étaient sous la supervision d’un seul directeur ou d’une seule directrice de thèse (n=16), d’autres se trouvaient dans une situation de « co-direction », c’est-à-dire supervisés par deux directeurs ou directrices de thèse (n=15). En outre, quatre des personnes participantes se trouvaient dans la situation d’une cotutelle de thèse19.

17 Cette information n’est pas disponible pour 2 des participant-e-s.

18 Deux participants avaient respectivement interrompu leurs études pendant 12 et 16 ans. Nous avons considéré leur

situation comme un retour aux études plutôt que d’y voir une interruption dans le parcours doctoral.

19 Dans le cadre d’une cotutelle de thèse, les travaux du doctorant ou de la doctorante sont réalisés sous la supervision

conjointe de deux directeurs/directrices de recherche. Il s’agit d’une collaboration entre deux professeur-e-s affiliés à deux universités différentes et donc d’une convention de cotutelle entre deux établissements. Au terme des études doctorales, une seule soutenance a lieu, mais l’étudiant-e reçoit deux diplômes portant la mention de la cotutelle.

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Si certain-e-s participant-e-s venaient tout juste d’amorcer la rédaction de leur thèse (n=10), pour plusieurs celle-ci était déjà bien avancée (n=17), alors que d’autres étaient sur le point de la soumettre en prélecture (n=6). Pour deux des personnes participantes, la soutenance de la thèse était imminente alors qu’une autre l’avait déjà soutenue quelques mois avant l’entretien. En outre, trois des participant-e-s n’ayant pas encore soutenu leur thèse avaient déjà obtenu un poste de professeur-e d’université, conditionnel à l’obtention du diplôme de doctorat.

En ce qui concerne leur travail de recherche en tant que tel, la moitié des participant-e-s (n=18) ont déclaré que leur projet de thèse s’inscrivait en continuité avec leurs travaux de maîtrise alors que le projet de huit autres relevait directement des travaux de recherche de leur directeur ou directrice de thèse. Par ailleurs, la majorité des personnes participantes réalisaient leur thèse selon une approche qualitative (n=28) et quelques-unes selon une approche mixte (quantitatif et qualitatif) (n=6), alors que seulement deux personnes travaillaient dans une perspective quantitative. Les participant-e-s rédigaient principalement une thèse dite « classique » (n=26), alors que certains privilégiaient la formule « thèse par articles » (n=10). Par ailleurs, 15 participant-e-s étaient membres d’une équipe de recherche subventionnée au moment des entretiens.

Du côté des sources de revenus20, la majorité des doctorant-e-s interrogés (n=25) avait obtenu

au moins une bourse d’excellence ou de recherche, d’un organisme subventionnaire (n=22) ou d’un autre organisme (n=3) depuis le début de ses études doctorales. Toutefois, au moment des entretiens, la principale source de revenus mentionnée par les participant-e-s était un emploi à temps partiel (sur le campus ou non) (n=19). Plusieurs n’occupaient aucun emploi afin de se consacrer entièrement à la réalisation de leur thèse (n=12) en s’appuyant notamment sur les revenus d’un conjoint, des économies personnelles ou encore sur une marge de crédit. Trois participants se trouvaient quant à eux dans l’obligation d’occuper un emploi à plein temps en parallèle à leurs études.

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Enfin, du point de vue de la situation matrimoniale et familiale, la majorité des personnes participantes était en couple (n=30), le tiers était parent (n=12) alors que six d’entre elles étaient célibataires et sans enfant.

3.3.1.2 Directeurs et directrices de thèse et administrateurs21

Des professeures et professeurs, issus des six facultés étudiées, ayant déjà accompagné au moins un doctorant ou une doctorante jusqu’à la diplomation ainsi que des administrateurs et une administratrice universitaires (directions de programme de 3e cycle, vice-doyen-ne-s

et doyen-ne-s) ont également été sollicités pour connaître la façon dont ils appréhendent le processus de formation doctorale. Chacune de ces personnes a été contactée par courriel selon la méthode « boule de neige » (Baud, 2010), à la suite de premières références de la part de professeur-e-s et d’administrateurs faisant partie du réseau de connaissances de la chercheure. L’intérêt que nous portons à ces deux autres types de participant-e-s réside dans leur « positionnement social » (Giddens, 2005) qui se distingue de celui des doctorant-e-s, ce qui implique que leur vision des aspects facilitants ou contraignants de la formation est potentiellement différente (Kechidi, 2005). Au total, les témoignages de sept directeurs de thèse et de sept directrices de thèse ainsi que de cinq administrateurs ont été recueillis entre les mois de janvier et avril 2014. Dans le cas des administrateurs, trois des personnes participantes sont issues de chacune des facultés étudiées, une d’entre elles est issue de la faculté des études supérieures alors que la dernière était à la retraite au moment de l’entretien. Si le choix de ces trois types de participant-e-s a permis de centrer l’analyse sur des aspects informels et subjectifs du processus de formation doctorale en SHS dans un contexte québécois, le recours à un corpus de documents institutionnels a offert la possibilité d’en examiner les éléments plus formels et objectifs.