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CHAPITRE 4 : Résultats

4.2 Progresser dans la formation doctorale en SHS : possibilités et contraintes

4.2.2 Facteurs individuels de progression dans la formation doctorale en SHS

4.2.2.2 Défis liés au travail de recherche

Les défis liés au travail de recherche dont rendent compte les participant-e-s renvoient aux défis intellectuels qui le caractérisent, mais aussi aux aspects plus logistiques de sa réalisation tels que la demande d’approbation au comité d’éthique, le recueil et l’analyse des données ou la rédaction de la thèse.

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soulignent que le degré de complexité d’une recherche dépend de sa nature et de sa portée, mais aussi du contexte dans lequel elle est réalisée. En l’occurrence, certains types de recherche sont vus comme étant plus exigeants tant du point de vue intellectuel qu’en termes de temps :

Quand on travaille avec une équipe de recherche, des fois la ligne est déjà un peu tracée : on [se retrouve] avec un projet vraiment « clé en main ». Alors que si on travaille tout seul… Tout penser la recherche, penser ce qu’on va faire, ce qu’on ne va pas faire, comment on va le faire… Ça prend beaucoup, beaucoup de temps. Moi j’étais un peu dans ce cadre-là. Je suis avec un groupe [de recherche], oui, mais c’est vraiment moi qui ai décidé de A à Z mon projet. Donc il y a eu beaucoup d’allers-retours, puis bon ça a quand même pris beaucoup de temps avant d’y arriver. Tu sais, je regarde ce que j’ai fait au début versus ce que je fais maintenant, c’est sûr qu’il y a toute une marge. (Doctorante 15, Sciences sociales)

Dans un cas on demande à un étudiant de tourner un boulon, dans l’autre on lui demande d’inventer sa machine. On n’est pas du tout dans la même partie, ni sur le plan conceptuel, ni sur le plan temporel… (Administrateur 4)

Tous les étudiants qui ont fini avec moi, à l’exception d’une étudiante qui a voulu faire sa propre enquête étant donné la spécificité de son sujet, les autres, je leur donne des données. Ça, ça sauve facilement un an, un an et demi. (Directeur 12, Sciences de l’administration)

Par ailleurs, si nombre de participant-e-s soulignent que réaliser « un terrain », c’est-à-dire procéder à des entretiens ou à des observations de recherche aux fins d’une thèse peut allonger le processus en comparaison à un type de thèse basé sur l’analyse d’un corpus de textes ou de documents, dans certaines disciplines, la nécessité de consulter des fonds d’archives peut rendre l’exercice plus laborieux :

[…] tu vas dans les archives puis là tu t’attendais à trouver des choses merveilleuses, qui vont faire avancer ton projet… Puis souvent, les archives, ce n’est pas ici à côté-là! Moi, j’allais à Ottawa. Donc, tu planifies ton voyage – quand même un investissement d’argent –, tu veux le rentabiliser. Là, tu t’es informé avant, tu as parlé aux archivistes tout ça, mais tu arrives puis le fond est complètement en bordel. Puis ce que tu pensais trouver ce n’est pas là du tout! […] Tu n’as pas les documents que tu veux, quand tu veux… Faut que tu y retournes, tu ne trouves pas ce que tu pensais trouver. T’as perdu un mois à chercher puis tu n’as rien trouvé […]. (Doctorante 16, Lettres et Humanités)

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un exercice particulièrement fastidieux selon plusieurs participant-e-s :

Là où j’ai le plus rushé, c’est vraiment en termes de « réduction des données ». C’est ça que j’ai trouvé le plus difficile! Faire la part entre ce qui est vraiment important et ce qui est plus secondaire… Ce qui m’a manqué, je trouve, sur le plan des outils, c’est vraiment [l’aspect] procédural. J’estime, à postériori, qu’on m’a un peu laissé passer une étape où j’aurais eu besoin d’être plus structuré. Donc, je suis arrivé pour faire mes analyses puis ouf!! Ok, par quel bout je prends ça?! (Doctorant 30, Sciences de l’éducation)

Dans les périodes où c’est plus rough là… Il y a une partie du travail, le travail d’analyse des entrevues, il y a des bouts où tu as le sentiment de tourner en rond dans une pièce fermée où il n’y a pas de fenêtre. Tu as l’impression de vivre avec les 20 personnes que tu as interviewées parce que tu les connais par cœur, [tu sais ce] qu’[elles] vont dire… Et là, tu te dis : bon, faut que ça aboutisse à quelque chose… Puis là tu t’aperçois qu’une fois que tu as [lu l’ensemble des entrevues], tu es au commencement de ta démarche d’analyse tu sais! Et là, tu te dis : Ok! J’ai tout un travail à faire maintenant. Je dirais que le travail de recherche ça ne me déplait pas, mais je sais qu’il y a des périodes où tu n’as vraiment pas le goût! (Doctorant 20, Sciences sociales)

Enfin, si au cours des entretiens, il a souvent été question de la complexité que revêt l’exercice de rédaction de la thèse en tant que telle – que ce soit sous sa forme classique ou encore « par articles » –, très peu de doctorant-e-s ont explicitement évoqué les difficultés que cela sous-tend. En revanche, les directeurs et les directrices ont amplement abordé le sujet :

C’est dur écrire. C’est très dur. C’est une job difficile. Vous êtes seuls, vous devez être créatif. Faut s’assoir. Y’a personne à côté de vous. (Directeur 12, Sciences de l’administration)

Les étudiants se plaignent beaucoup de la solitude quand ils écrivent. Parce qu’il y a un passage à vide pourrait-on dire hein! Il y a de la solitude qui est vécue. […] Parce que c’est une démarche d’écriture […] l’écriture c’est quand même quelque chose de difficile. (Directrice 11, Philosophie)