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Le nombre des rencontres et le nombre des participants à la recherche

3. Mise en œuvre de l’enquête

3.7. Le nombre des rencontres et le nombre des participants à la recherche

De manière formelle, mon équipe de recherche s’est réunie douze fois entre novembre 2012 et août 2013, seule ou avec d’autres participants à la recherche. À part les deux pre- mières, qui portaient sur la présentation du projet aux co-chercheurs et les modalités pra- tiques de la recherche-action, les séances de l’équipe de recherche avaient pour but de pré-

parer les rencontres des groupes de discussion ou de dégager l’essentiel des échanges après ces rencontres. J’ai déjà dit que c’est moi qui modérais les séances de l’équipe de re- cherche, en suivant le questionnaire-guide, mais je rappelle que chaque co-chercheur pou- vait intervenir pendant les échanges entre co-chercheurs ou avec les participants aux groupes de discussion. L’enquête s’est déroulée dans une dynamique de coresponsabilité. Sans compter le chercheur principal que je suis et les deux consultants nationaux qui ont répondu au questionnaire qui leur avait été envoyé, cent quarante-une personnes impli- quées dans le programme d’éducation civique dans la paroisse Sacré-Cœur de Shabunda ont participé à cette enquête.

* * *

L’engagement sociopolitique de l’Église catholique de la RDC dans l’éducation civique et électorale vient de sa conscience d’être, pour le peuple de Dieu qui est au Congo, une mère et une éducatrice. Se sachant envoyée par le Christ dont elle continue la mission, elle con- sidère son programme d’éducation civique et électorale comme un engagement pastoral. Il ne s’agit donc pas d’un programme d’engagement politique à caractère partisan, dont le but serait de placer des catholiques à des postes politiques ou de prendre le pouvoir dans un pays laïc et multiconfessionnel, mais d’une mystique d’engagement inspiré de Jésus-Christ, dont l’engagement pour la dignité humaine est inconditionnel selon les Saintes Écritures. Ce que pense de ce programme ecclésial d’éducation civique et électorale la hiérarchie ec- clésiale, que j’appelle l’Église d’en haut, est bien décrit dans le Manuel de référence. Il reste à savoir ce qu’en pense l’Église d’en bas, celle des communautés ecclésiales de base, premières bénéficiaires du programme. C’est pour recueillir les avis de certains membres de ces communautés ecclésiales que j’ai organisé une recherche-action dans la paroisse de Shabunda.

En choisissant la recherche-action comme méthode d’enquête, pour la cueillette de données sur le terrain, j’ai tenu compte de sa pertinence par rapport à la problématique et aux objec- tifs de ma recherche. J’ai été conforté dans ce choix par la portée théologique de cette mé- thode, dont le succès repose sur l’humilité du chercheur et la reconnaissance des praticiens comme des partenaires. Mais je tiens à signaler qu’en choisissant de réaliser une recherche- action avec les communautés ecclésiales de base de Shabunda, j’avais pleinement cons-

cience du fait que je ne pourrais pas aller jusqu’à sa dernière phase, celle de la mise en place des changements souhaités et de l’évaluation de la situation nouvelle. Les commu- nautés ecclésiales de base de Shabunda étant intégrées dans l’organigramme institutionnel de l’Église catholique de la RDC, la mise en pratique des changements proposés par ma recherche dans ces communautés dépendra de la hiérarchie de l’Église au niveau paroissial, diocésain, provincial et national, laquelle hiérarchie pourrait prendre beaucoup de temps avant de les autoriser. Logiquement, je ne peux pas attendre cette décision avant de con- clure ma recherche, sans prendre le risque d’allonger indéfiniment la préparation de ma thèse. Par contre, je me propose de faire de la mise en place des changements rendus néces- saires par les conclusions de ma recherche une priorité pour l’après-thèse, dans le cadre des études postdoctorales. En attendant, je vais présenter les résultats de la recherche-action réalisée à Shabunda. Ce sera le cinquième chapitre de mon travail.

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CHAPITRE CINQ

DES OBJECTIFS PRÉVUS AUX CONSTATS INATTENDUS

« L’intérêt ecclésial et l’intérêt scientifique ne peuvent entrer en contradiction l’un avec l’autre dans le travail en histoire de l’Église. »

Friedrich Schleiermacher, Le statut de la théolo-

gie (1830)

Un participant à un groupe de discussion s’exprimait ainsi au cours de la rencontre : Concernant ce programme des évêques, au sujet de la justice, je vois qu’il donne aux chrétiens la force d’avoir une liberté d’expression. Au sujet du déve- loppement, il y a dans les communautés ecclésiales quelques actions concrètes, même dans les villages. Par exemple ici chez nous à Shabunda, il y a un pro- gramme d’amélioration de l’habitat, tout le monde s’efforce de construire en briques cuites. Au sujet de la paix, là c’est encore un peu difficile. Que les évêques s’efforcent parce que, au sujet de la paix, la peur domine encore et il se remarque que les gens sont comme opprimés. (Communauté Saint-Kizito)

Ces paroles m’ont conforté dans mon choix de procéder à une recherche-action pour saisir la perception et les pratiques des communautés ecclésiales de base de Shabunda par rapport au programme d’éducation civique et électorale de l’Église catholique, que je désignerai simplement par programme pour des raisons pratiques. Ajoutées à plusieurs autres enten- dues durant les échanges, les paroles de ce participant mettent en lumière la perception que les bénéficiaires ont de ce programme. En outre, elles permettent d’élaborer, avec les per- sonnes concernées, des propositions pouvant favoriser une transformation positive de la situation sociopolitique décrite dans cet extrait. La recherche-action est un excellent outil pour réaliser un tel travail, par la manière dont elle fait coopérer un ou plusieurs chercheurs et des praticiens aux prises avec une situation difficile qu’ils souhaitent changer347.

Tel est le sens de la démarche réalisée avec les communautés ecclésiales de base de Sha- bunda. J’en présenterai ici les résultats, en les rapportant aux objectifs que je m’étais fixés au départ, qui ont trait aux acquis, aux forces, aux faiblesses et aux limites du programme, à la perception qu’en ont les communautés et à la manière dont elles comprennent et justi- fient, au plan de la foi, l’engagement de l’Église dans le domaine très politique de l’éducation civique et électorale.