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1. Six catégories dans une dynamique d’ensemble

1.3. Le développement

Les opinions exprimées par les participants à la recherche montrent que ce qu’espèrent les membres de leurs communautés ecclésiales de base c’est une vie digne caractérisée par le respect des droits humains : nourriture, logement, scolarité, emploi, sécurité physique et

375 Léon-Dufour, Vocabulaire de théologie biblique, Col. 880.

376 Sur la problématique du développement en Afrique, lire entre autres : Axelle Kabou, Et si l'Afrique refu-

sait le développement ?, Paris, L'Harmattan 1991 ; Id., Comment l'Afrique en est arrivée là, Paris, L’Harmattan, 2010 ; Stephen Smith, Négrologie. Pourquoi l'Afrique meurt, Paris, Fayard/Pluriel, 2012 ; Dambisa Moyo, L'aide fatale. Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique, Paris, Éditions JC Lattès, 2009.

juridique, etc. En définitive, ils recherchent « leur promotion individuelle, celle de leur famille, de leur communauté et de leur pays, c’est-à-dire leur développement377 » :

Dans notre communauté, il y a beaucoup de gens qui aiment le développement. C’est pourquoi, lorsqu’il y a des conflits, ils sont touchés et s’impliquent dans la réconciliation, afin que la vie s’améliore dans leur communauté. (Commu-

nauté Emmanuel)

« Ce qui nous motive c’est de voir que d’autres communautés se prennent en charge dans des questions de Justice et Paix. Alors, nous aussi nous ne voulons plus attendre. Avec nos responsables, nous travaillons nous aussi pour la jus- tice et la paix dans notre communauté. La raison profonde de notre engagement c’est parce que nous désirons le développement. (Communauté Saint-François-

Xavier)

De quel type de développement s’agit-il ? Parce que certains participants ont recommandé la prise en compte des questions environnementales dans l’éducation civique et électorale, on peut supposer qu’ils souhaitent un développement durable, tel que défini par le rapport Brundtland378. Le concept de développement durable est relativement récent, mais un cer- tain consensus entre experts permet d’en définir les contours :

Selon la définition classique qu’en a donnée [sic] la Commission mondiale pour l'environnement et le développement des Nations Unies en 1987, le déve- loppement est durable s’il « répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Il est généralement admis que cette « équité entre générations » sera impossible à réaliser s’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de justice sociale, si les activités économiques de cer- tains groupes d’individus continuent de menacer le bien-être de ceux qui appar- tiennent à d'autres groupes ou qui vivent dans d'autres parties du monde379.

Si le développement durable semble se préciser, la notion de développement reste globa- lement très difficile à cerner. Utilisé à toutes les sauces, ce concept souffre de sa popularité

377 Gutu Kia Zimi, « La paix et le développement au Congo et en Afrique centrale » dans F.C.K, Les défis de

la nouvelle République Démocratique du Congo, Kinshasa, Facultés Catholiques de Kinshasa, 2003, p. 124.

378 Voir Notre avenir à tous, rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement,

Montréal, Éditions du Fleuve, 1988.

379 Le Groupe Banque Mondiale, « Au-Delà de la Croissance Économique », 2002.

www.worldbank.org/depweb/french/beyond/global/chapter1.html (20/12/2014). Sur la problématique du développement durable, lire aussi : Serge Latouche, Faut-il refuser le développement ?, Paris, PUF, 1986 ; Lester R. Brown, Éco-économie, une autre croissance est possible, écologique et durable, Paris, Seuil, 2001 ; Dominique Bidou, La Dynamique du développement durable, Québec, Presses de l'université du Québec, 2002.

et de son ambivalence. De l’approche évolutionniste du début, son sens a beaucoup évolué à travers l’histoire, comme l’indique une étude de la Commission française Justice et Paix :

Lorsque ce terme est apparu, aux XVIIe-XVIIIe siècles, il était déjà lié à l’idée de progrès et à une approche évolutionniste de l’univers, dans la ligne darwi- nienne. Le développement se plaçait dans un plan divin global sur l’humanité. Mais peu à peu, il fut réduit à la sphère économique. Jusque dans les années soixante en effet, le développement ne fut considéré qu’en termes de croissance économique. C’est après la Seconde Guerre mondiale que des théories spéci- fiques au développement des pays du tiers monde ont été élaborées. Très vite, les analyses, nées de la réflexion théorique et de la confrontation de la réalité, vont se multiplier pour répondre aux questions posées par les hommes poli- tiques. Dès 1948, les Nations unies installent à Santiago du Chili la Commis- sion économique pour l’Amérique latine (CEPAL), qui constituera, dans le tiers monde, un pôle de recherche et un lieu d’élaboration productif de la pensée sur le développement. Mais la plupart des théoriciens qui se penchent sur cette question sont, aujourd’hui encore, originaires du Nord. […] Cette vision évolu- tionniste est synthétisée dans le courant libéral par W.W. Rostow qui, dans son livre intitulé Les Étapes de la croissance économique, présente les cinq stades successifs par lesquels sont passées ou passeront toutes les sociétés du monde : la société traditionnelle, l’étape préalable au décollage, le décollage, le progrès vers la maturité et l’ère de la consommation de masse380.

Au-delà de l’ambivalence du concept de développement et des divergences entre spécia- listes, je retiens de cet extrait deux idées essentielles : d’une part, le développement est un processus évolutif comprenant des étapes à franchir par chaque peuple pour atteindre les objectifs de bienêtre qu’il aura défini à partir de ses propres critères. Ce n’est donc pas en une fois qu’on y arrive et on ne peut y arriver sans efforts ; d’autre part, l’importance que revêt l’acquisition de nouvelles compétences dans ce processus. Comme processus de changement social, le développement est un apprentissage comportant l’acquisition des différents savoirs, d’un savoir-faire et d’un savoir-être. Ce qu’on acquiert ainsi n’étant pas inné, il faut l’apprendre de quelqu’un d’autre. D’où l’importance de la formation. À travers leurs opinions, les participants à la recherche ont fortement insisté sur l’importance de la formation, la sixième catégorie retenue.

380 Commission française Justice et Paix, Les cent mots du développement et du tiers monde, Paris, Éditions