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4. ETHNOGRAPHIE DES RECOURS AUX SOINS EN MAISONS DE SOINS ET AU CENTRE MERE ET ENFANT 116

4.1 Accueil en Maisons et à la Fondation 117

4.1.2 Moments, temps et lieux de consultation en Maisons et à la Fondation 123

Les moments et le temps de consultation diffèrent, selon qu’il s’agit des Maisons ou de la Fondation. Pour ce qui est du moment, nous avons observé que les séances de consultations commencent habituellement en Fondation autour de 9h 30mn ou 10h parfois, et se terminent aux environs de 14h-15h. Mais les usagers de soins prennent place dans les salles d’attente dès le                                                                                                                

22 «Dans tous les cas, on parle peu. Le récit des difficultés et la description de la maladie sont souvent brefs. Puisque le guérisseur parle le dernier et plus souvent. Nous sommes dans des cultures où les questions sont plutôt interdites dans la mesure où chacun doit se contenter de l'expérience des anciens [tradition]» (Tsala Tsala, 2009, p. 240).

petit matin. Certains y arrivent bien avant 6h dans l’espoir d’être reçus parmi les premiers. Par ailleurs, chaque biomédecin dispose d’un jour de consultation par semaine, soit au total 4j/mois. Le reste du temps, il le passe en salle d’hospitalisation ou aux urgences. Par contre, en Maisons les consultations se font à tout moment ; tous les jours, même les weekends. Il n’y a pas un moment précis de la journée pour s’adresser au guérisseur. Il n’existe aucune restriction quant aux heures et moments d’accès aux Maisons. Comparant les moments de consultations en Maisons et à la Fondation, la Mère-Fondation#1, une mère que nous avons rencontrée à la Fondation souligne :

Chez le guérisseur, dit-elle, on ne court pas le risque de ne pas être reçue avant ou après une certaine heure de la journée. Si ce n’est pas une urgence, tu ne peux pas voir facilement le médecin avant 10h à la Fondation ou après 14h 30 mn, par exemple. Mais tu peux aller voir le guérisseur le matin, à midi, le soir et même la nuit. Quand vous avez à vous rendre à l’hôpital pour une petite maladie, c’est la journée entière qui est occupée, perdue. Ce qui n’est pas le cas chez le guérisseur où on peut soit s’y rendre et aller ensuite au champ, ou revenir du marché et y aller en après-midi ou en fin de soirée. On peut s’y rendre à n’importe quelle heure, de jour comme de nuit [Mère d’un enfant souffrant de paludisme ; 29 ans, commerçante].

Certes, la disponibilité du guérisseur par rapport à celle du biomédecin est un élément qui rend attrayantes les médecines africaines. Elle dessine aussi les préférences des mères à l’usage des médecines. «Lorsqu’on essaie de comparer les pratiques de médecine traditionnelle avec celles des hôpitaux», écrit Sounaye (2007, p. 430), «une différence apparaît nettement dans la forme de la gestion et le rapport au malade. Le patient semble trouver plus d’attention et de disponibilité auprès des tradithérapeutes». En effet, pour rencontrer un biomédecin, il faut suffisamment se préparer. Cela suppose disposer du temps et de l’argent ; d’être patient : ce qui n’est pas toujours le cas. Certaines mères d’enfants résident parfois très loin des hôpitaux et n’ont pas toujours assez d’argent pour payer le billet de cession, les examens demandés par le médecin et les médicaments. Mais si les problèmes de disponibilité se posent à la Fondation, les difficultés financières y sont moins courantes, du fait que certaines prestations médicales sont gratuites, notamment celles relatives aux maladies chroniques comme le vih/sida, la drépanocytose et le cancer, etc.

Pour ce qui est du temps imparti à la consultation, il est très court à la Fondation. La durée moyenne d’une consultation biomédicale est de 14-17mn environ. Pour les maladies considérées comme bénignes, la consultation dure moins de 10mn. C’est le cas par exemple de certaines formes moins graves du paludisme, même si cette maladie constitue, selon l’enquête démographique et de santé au Cameroun (EDSC-MICS, 2011), l’une des principales causes de la mortalité infantile dans les hôpitaux pédiatriques. Pour les pédiatres avec qui nous avons parlé, les

problèmes de santé bénins doivent être adressés, relève le Biomed#6, aux centres de santé intégrés ou aux agents de santé paramédicaux que sont les infirmiers. Les spécialistes ne pouvant être consultés qu’en cas d’urgence pédiatrique ou de maladie grave, comme l’attestent d’autres études menées dans d’autres villes du Cameroun (Gruénais, 2002b; Okalla & Le Vigouroux, 2002). Par contre, la durée de la consultation est parfois très longue en Maisons. Ici, le temps n’est tout simplement pas pris en considération ; le guérisseur est dans un contre-temps. Si bien qu’on peut penser qu’il fonctionne en dehors du temps : ce qui l’intéresse c’est d’instaurer une franche communication avec la mère, afin de bien cerner le problème de santé pour lequel elle est venue consulter. Nous avons observé cette attitude de déconsidération du temps chez la quasi totalité des guérisseurs que nous avons rencontrés, ce qui corrobore les conclusions de Van der Geest :

«Several students of traditional medicine have described the deep personal involvement of African healers in the treatment of patients. Therapeutics sessions lasting more than an hour, and continuing over a period of several months are common. The style of treatment also indicates the healer’s concern. Patients are frequently touched and their social and mental problem extensively discussed, often in the presence of their relatives (p.905) [...]. Anthropologists who compared biomedical with other practitioners observed that the latter devoted much time to their patients than the former and that they were closer to their patients in the choice of words and in their behavior (p.906)» (Van Der Geest, 1997).

Cette attitude trouve d’ailleurs un écho favorable chez tous les biomédecins résistants que nous avons qualifiés de néo-biomédecins [N=4/10], qui considèrent qu’à trop s’en tenir au timing de 15 minutes, on perd la capacité d’écoute attentive. Mais si celle-ci prolonge la durée de consultation, elle constitue en même temps un aspect très important de l’efficacité thérapeutique, comme l’illustrent suffisamment les propos du Biomed#2 dans la séquence d’interactions suivante :

Nous : Vous avez parlé tout à l’heure de votre capacité d’écoute attentive et prolongée ? Biomed#2 : Oui

Nous : L’écoute attentive obéit quand même à une chronologie, je suppose ?

Biomed#2 : Oui ! bien sûr. Il y a l’écoute attentive, il y a l’écoute dirigée. La majorité des confrères se limite

à l’écoute dirigée, comme s’ils avaient un chrono. Ce qui n’est pas le cas chez moi. Bien, je commence par une écoute dirigée. Je passe après à l’écoute attentive, ce qui permet au malade de s’exprimer. Cela peut durée environ, selon les cas, 20 mn. Donc pour un patient, et surtout accompagné de la famille ou de la mère, on peut pour un tel patient prévoir 45 min. Si nous nous imposons un timing de 15 min, nous n’aurons pas fait le tour. Déjà parce que le patient chez nous n’a pas l’habitude de dire ce qu’il a au fond de lui. Et si nous voulons faire le timing classique de 15 min, nous n’allons pas atteindre les objectifs de soins. Pourquoi ? Parce que le sujet devant nous n’a pas souvent l’habitude de dire ce qu’il a au fond de lui dès l’entrée de la conversation. Il attend que vous alliez chercher cela en lui, comme si vous étiez un guérisseur qui «voit». Le temps pour lui d’avoir confiance en nous, nous avons déjà grillé 10mn. Et nous essayons d’observer tous les niveaux d’approche, afin qu‘après la confiance, nous entrions dans l’expression du patient en toute confiance. Et cette bonne dose de confiance passe à travers : (1) la confiance entre le médecin et le parent ; (2) la confiance entre l’enfant et le médecin. Et là nous obtenons de lui [d’elle] un certain nombre d’informations. Et puis en plus très souvent les patients sont accompagnés. Donc nous

avons affaire à l’enfant et aux accompagnateurs, très souvent la mère, et faut pas l’oublier, séparément parfois. Donc, il faut faire sortir la mère parfois pour écouter le patient, s’il s’agit d’un ado. Mais c’est rarement le cas ici, on s’occupe uniquement des enfants de très bas âge. Faut aussi la faire revenir et ainsi de suite. C’est pas toujours évident par rapport aux 15 min. Il faut déroger à cela. C’est pas possible. […] Et tout ceci prend beaucoup de temps, parce qu’on ne va pas agir comme si on avait un petit chrono là, deux minutesn, trois minutes, ainsi de suite. Il faut […], déjà le patient vient pour qu’on l’écoute. Quand il verra qu’on a tendance à trop contrôler le temps, il ne dira plus rien. Ça va donner des séries de consultation qui seront vides sur le plan thérapeutique. Parce que n’oublions pas que l’écoute du patient constitue près de 50% de la valeur thérapeutique dans son ensemble. [Médecin, infectiologie, 30 ans d’expérience

professionnelle].

Les propos de trois autres biomédecins [Biomed#1, Biomed#3, et Biomed#4] rejoignent ceux du

Biomed#2. Chacun essaie de rendre compte, à sa façon, de la manière dont il se prend pour

accorder une attention soutenue aux mères désespérées par la maladie de leur enfant. Ainsi, pour le Biomed#3 :

[…] Il y a une question de temps. Dans le sens que le médecin, lui, est beaucoup plus pointu en ce qui concerne le problème médical du patient et il faudrait donc qu’il s’attache les services des travailleurs psychosociaux qui, eux, sont beaucoup plus habilités à creuser plus en profondeur l’aspect psychosocial, l’itinéraire thérapeutique du patient et qui pour cela disposent de plus de temps que le médecin. [Médecin, 8

années d’expérience professionnelle]

Pour le Biomde#2 :

Le temps de consultation est un temps institutionnel : c’est l’administration qui le définit. Il est presque imposé, même si on [l’administration de l’hôpital] ne nous le dit pas ouvertement. Mais ça se sait, du moins tacitement. Et les confrères ont déjà incorporé cela ; c’est devenu pour eux une norme ; je me demande même s’ils ont conscience que cette norme n’est pas neutre et n’est pas la leur. J’aurai aimé que chacun se mette à la place de ces patients qui arrivent tout désemparés et ne demandent parfois, pour certains, qu’à être écouté ; qu’à être attentif à leur angoisse et anxiété. Il me semble selon ma propre expérience qu’ils viennent pour se confier au médecin, comme ils le font aussi avec les guérisseurs. Mais le comportement inadéquat du premier les retourne, très souvent, chez les seconds. J’ai décidé pour toutes ces raisons de me mettre un peu en marge. Parce que quand je reçois l’enfant d’un collègue, ce dernier apprécie et aime bien qu’on s’étende, au moment de la consultation, sur tous les aspects auxquels peuvent renvoyer la maladie, dont certains sont d’ailleurs très loin des problématiques purement biomédicales. D’autres patients ont aussi le même besoin. Mais pourquoi se refusent-ils d’en faire autant, en se réfugiant derrière les normes de l’hôpital [Médecin, 30 ans d’expérience professionnelle].

Chacun à sa manière essaie d’accorder, selon les moyens dont il dispose, le maximum de temps possible aux familles. Certains médecins estiment que donner du temps à la mère de l’enfant, c’est lui offrir également la possibilité et l’opportunité de tout dire ; de tout avouer ; et de tout confesser. Mais tous n’accordent pas toujours, comme en témoigne la Mère-Fondation#1, ce temps aux malades :

Dès que tu te présentes devant lui, dit-elle, il s’en presse, à partir de deux questions qu’il pose ou de deux petits mots que tu lui as dit en réponse à ces questions, de rédiger une longue feuille de médicaments

[ordonnance]. Voilà ! Pourtant on a parfois des choses qu’on aimerait parler au médecin, mais […], il est tellement pressé lorsqu’il vous reçoit que je trouve inutile d’en parler avec lui. Mais par la suite, je m’en veux de n’avoir pas dit ces choses là au médecin. […] Pourtant, parfois j’ai envie d’évoquer d’autres aspects qui sont du domaine de la santé même si ça ne touche pas directement le problème pour lequel je suis venu consulter. [Mère d’un enfant paludisme, 29 ans, commerçante]

Le discours de cette mère laisse apparaître deux éléments intéressants. Le premier est la déploration du peu de temps imparti à la consultation qui ne permet pas d’aborder certains aspects non biomédicaux qui accompagnent le problème de santé de l’enfant, mais qui sont aussi importants que celui-ci. Le discours de déploration trouve un écho à celui du Biomed#3 qui estime que : c’est vrai que notre attitude de routine n’incite pas vraiment le patient à parler des aspects non médicaux de la santé. Il y répond cependant en ajoutant qu’en ce qui concerne son unité de soins, notamment celle de l’hôpital de jour où consultent les mères dont les enfants sont porteurs du vih/sida :

En fait lorsque nous constatons ou nous décelons des indices annonciateurs d’un problème non médical, nous confions la mère et l’enfant à nos collaborateurs psychosociaux pour qu’ils puissent creuser le problème en profondeur. Mais en consultation médicale notre attitude n’incite pas directement le patient à s’ouvrir entièrement à nous. Si t’es attentif parfois, les mères disent que nous sommes brefs, quand elles sont entre elles en salle d’attente. En effet c’est extrêmement préoccupant. Mais sinon nous restons à l’écoute, surtout avec l’aide des collaborateurs psychosociaux. C’est le temps qui nous est imparti qui ne nous permet pas d’aller plus loin ; c’est-à-dire d’entrer dans la vie du patient, dans ses inquiétudes extra- médicales [Médecin, 8 années d’expérience professionnelle]

En effet, tout dire procède aussi de la déculpabilisation, en ce sens que les mères dont les enfants portent une maladie comme le vih/sida, le cancer ou la drépanocytose vivent parfois une double angoisse : celle de la maladie de l’enfant et celle d’avoir mis au monde «un mauvais enfant» :

Mère-Quartier#8 : Tout montrait que c’est notre faute. Mais je ne parvenais pas à accepter. Le diagnostic

était comme un coup de poignard dans mon cœur. Mon mari et moi avons pris un coup très dur ; nous ne parvenons plus à nous parler ; la communication était rompue. Il m’en voulait, mais je ne sais pas trop pourquoi. La famille était presque traumatisée. Chacun vivait la maladie de l’enfant comme un trauma familial. C’était lourd à supporter, surtout qu’il m’était rapporté à l’hôpital qu’on aurait pu éviter la maladie à l’enfant en faisant les tests avant notre mariage : ils ont appelé ça le test prénuptial à l’électrophorèse. C’est la première fois que j’entendais ce nom. Nous en étions vraiment perturbés, déstabilisés. C’est comme si le monde avait cessé de fonctionner et que le ciel s’abattait sur nos têtes. L’annonce du diagnostic a raisonné en moi comme une fin de vie pour notre enfant. Mais surtout elle a mis au grand jour notre implication profonde, notre responsabilité dans la maladie de notre enfant, et surtout la mienne. Mon mari avait adopté une attitude de repli sur lui-même. Je me sentais tellement mal et je culpabilisais. C’est avec le temps que j’ai pu accepter [Mère d’un enfant drépanocytaire, 45 ans, secrétaire].

En effet, les époux sont ici, chacun de son côté, dans un déni, de part et d’autre ; ce déni étant accompagné d’un rejet de responsabilité. Le rôle du praticien consiste à prescrire la démarche thérapeutique à suivre, mais aussi à arbitrer également le conflit relationnel au sein du couple, afin

d’éviter une éventuelle rupture. Cet arbitrage nécessite de clarifier les causes de la maladie sans toutefois porter la responsabilité sur les parents. Or cela demande un investissement en temps, de soi-même : deux aspects qui diffèrent le biomédecin du guérisseur, dans la mesure où le premier n’a pas toujours assez de moyen pour le faire. D’ailleurs, les règlements institutionnels en matière de timing ne sont pas en faveur du rallongement du temps de consultation. On comprend pourquoi les guérisseurs sont sollicités de plus en plus par les mères. Un seul guérisseur peut recevoir en moyenne, comme le précisait le Tradi#4, 30 à 45 personnes par jour, un chiffre qui dépasse de 5 fois le nombre de patients que reçoit par jour un biomédecin. Les données statistiques que nous avons rassemblées à la Fondation sur une période d’une année [mars 2011-mars 2012] indiquent qu’environ 1360 mères s’y adressent mensuellement à plus de 30 médecins et pédiatres. C’est sensiblement le même nombre de mères consultantes que reçoit chaque guérisseur par mois. Malgré le fait que les guérisseurs rendent des services de soins à une importante population, ils continuent à être ostracisés et à subir une marginalité institutionnelle qui est, selon Tonda (2001b, p. 141), plus le fait d’une disqualification professionnelle par les soignants biomédicaux jouissant d’une forte légitimité au sein du système de santé que «d’une marginalité sociologique». Une telle disqualification aurait pu être légitime si elle venait des usagers ou utilisateurs des services de soins proposés par les guérisseurs ; si ces derniers n’étaient pas consultés par les populations ; si la majorité de la population recourait plutôt à la biomédecine. Selon l’auteur (2001b, p.142), il s’agit d’une «marginalité idéologique», c’est-à-dire «une marginalité construite par les pratiques et les discours normatifs des instances de légitimation qui sont ici la biomédecine et l’État».

Pour ce qui est du lieu de la consultation, les biomédecins accueillent les malades dans les locaux de la Fondation ; et les guérisseurs, en Maisons. Bien que les guérisseurs reçoivent et soignent à domicile, il arrive qu’ils se déplacent vers les domiciles des malades, à la demande de ces derniers ; et parfois, vers l’hôpital lorsqu’ils sont sollicités par une famille au chevet du lit de l’enfant malade. Des guérisseurs nous ont rapporté qu’il arrive que certains biomédecins les fassent venir pour certaines femmes en situation d’accouchement difficile. De même, certains biomédecins nous ont aussi confirmé avoir fait venir clandestinement un guérisseur au chevet de certaines mères pour une consultation, notamment lorsque l’enfant est en position de siège. Hebga (2006, p. 326) souligne que «des médecins, professeurs de médecine, tel agrégé de psychiatrie reconnaissent

pratiques sont courantes dans les hôpitaux au Cameroun ; y compris ceux tenus par les chrétiens. Par ailleurs, quand ces derniers sont malades, ils n’hésitent pas à faire venir un guérisseur. L’expérience de ce catéchiste que relate de Rosny (1992, p. 13) en est une illustration : lors «d’une grave maladie, les remèdes européens ne lui faisant pas d’effets, le catéchiste fit venir clandestinement, au risque d’être privé de sacrement, un nganga qui le guérit grâce aux herbes et aux écorces».

Mais l’intervention clandestine du guérisseur montre qu’on est dans un contexte où le pluralisme médical n’est pas encore assumé ; où les normes idéologiques priment encore sur les normes des pratiques ; où «l’agir compétent» et l’agir» capable du guérisseur souffrent toujours d’une absence de reconnaissance. Pourtant, les autorités de la santé publique n’ignorent pas qu’ils sont capables de venir à bout de certains problèmes de santé auxquels la biomédecine trouve des limites. D’ailleurs l’action capacitaire des guérisseurs ne souffre pas de doute, si on en croit cette remarque de Dozon (1986, p. 52) : «les guérisseurs sont doués d’incontestables capacités et font preuve parfois d’autant, sinon plus, d’efficacité qu’une biomédecine» considérée comme déficitaire. Pour mieux apprécier leurs compétences thérapeutiques, nous avons choisi de les observer dans les cas de traitement des maladies liées au corps, celles-là qui constituent le terrain de prédilection de la biomédecine.  

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