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3. Méthodologie

3.2 Méthode adoptée : une ethnographie en CHSLD

3.2.1 Les milieux : deux CHSLD publics de la région montréalaise

Le principal élément ayant guidé la sélection des milieux a trait à la volonté d’éviter les milieux atypiques, sur le plan de la taille, du profil de la clientèle hébergée24 ou de la qualité des soins et services offerts (telle qu’évaluée dans le cadre des visites ministérielles d’appréciation, dont les rapports sont publics). Un premier CIUSSS a donc été approché, regroupant en son sein 15 CHSLD et dont le territoire couvre des quartiers principalement francophones et de classe moyenne, dans la région de Montréal. La prise de contact avec le milieu envisagé a tenu compte du contexte social et médiatique actuel, marqué par la suspicion et les préjugés très négatifs à l’endroit des milieux d’hébergement pour les personnes ainées, dans la mesure où cela pouvait soulever des réticences face à notre projet de recherche chez

24 Pensons par exemple à des milieux accueillant des clientèles au profil particulier (des résidents plus jeunes,

ayant des troubles de santé mentale ou présentant des problèmes d’agressivité, etc.) ou des milieux multi- ethniques accueillant une clientèle allophone.

les directions d’établissement. En novembre 2015, une première rencontre avait lieu en présence de deux cadres responsables respectivement du secteur de la recherche et de celui de l’hébergement. Les discussions ont permis de mettre de l’avant nos expériences professionnelles au sein de milieux d’hébergement (voir section 3.3.4, p.107) et notre approche constructive des défis qu’on y rencontre au quotidien. Une copie écrite du projet de thèse a été remis. L’accueil réservé au projet a été très positif et enthousiaste.

Suite à l’obtention de la certification éthique, une réunion a été organisée à la fin mars 2016 avec les deux cadres présents à la rencontre initiale afin de planifier la sélection des CHSLD participants. Il a alors été convenu de nous présenter à la rencontre mensuelle d’avril de l’équipe de gestion du secteur hébergement, à laquelle assistent les coordonnatrices25 de chacun des CHSLD du CIUSSS. À nouveau, l’emphase a été mise sur les expériences de travail préalables et l’approche respectueuse, mais aussi sur l’opportunité d’offrir un accompagnement et une présence à des résidents atteints de TNC au stade avancé. Parmi les coordonnatrices présentes, trois se sont spontanément dites intéressées par le projet. La collaboration avec l’une d’entre elle a été rapidement écartée, étant donné que les CHSLD sous sa responsabilité accueillent une clientèle majoritairement allophone.

Les deux autres coordonnatrices volontaires étaient chacune responsable d’un CHSLD de grande taille et d’un de petite taille (autour de 75 résidents); ces derniers ont été écartés par souci d’éviter ce caractère atypique. Les deux CHSLD retenus, le CHSLD A et le CHSLD B, accueillent respectivement un peu plus de 250 et un peu moins de 200 résidents, majoritairement francophones. Dans chacun de ces CHSLD, deux unités de vie (ou unités de soins) ont été sélectionnées pour réaliser la collecte de données. Ce choix a été guidé par les suggestions des coordonnatrices, celles-ci proposant des unités qui leur semblaient adéquates par rapport au projet, notamment en termes d’ouverture des infirmières responsables et du profil des résidents hébergés sur ces unités.

25 Dans le CIUSSS, le titre de « directeur » est utilisé par le responsable de tout le secteur hébergement. Celui de

« coordonnatrice » désigne la personne responsable d’un CHSLD et dont le supérieur immédiat est le directeur de l’hébergement.

Le fait de retenir deux CHSLD différents et un total de quatre unités a permis d’ajouter une dimension supplémentaire aux analyses effectuées, en ouvrant la possibilité de comparaison inter-sites, favorisant une compréhension plus fine des réalités et dynamiques transversales.

Présentation des CHSLD et des unités participantes

Le CHSLD A est situé dans un quartier francophone de Montréal, sur une petite rue en croissant peu achalandée et en face de quelques blocs d’appartements à loyer modique. La réceptionniste accueille les visiteurs, assise derrière son bureau placé directement à la droite de l’entrée du centre. La salle à manger commune, où se tiennent aussi certaines activités de loisirs, se trouve directement en face de l’entrée, après un petit salon proposant quelques fauteuils confortables. À l’extrémité de la salle à manger, on distingue de grandes fenêtres et des portes patio automatisées qui permettent l’accès au grand jardin extérieur, bien aménagé et clôturé pour assurer la sécurité. En suivant le corridor à gauche de l’entrée, on passe devant le babillard où sont annoncés à la fois les décès et certaines activités spéciales, puis on accède aux ascenseurs. Les deux unités de vie participantes se trouvent au 4e et dernier étage du centre, dont le plan d’étage est présenté ci-dessous.

Figure 1. Photographie du plan d’étage, CHSLD A

L’ascenseur s’ouvre sur un grand corridor, à chaque bout duquel se situe une unité de vie. Une fois les portes d’une unité passée (portes lourdes, qui se referment derrière nous), on se trouve devant la salle commune utilisée comme salle à manger et salon. Les unités ne comportent pas d’autre salle commune (petits salons, par exemple) où il serait possible de

s’installer pour les visiteurs. Un large balcon est cependant accessible à partir de la salle commune, sur lequel certains résidents sont installés lors des belles journées d’été. Le poste infirmier se situe juste à côté de la salle commune puis se déploient les corridors (2 ou 3, selon l’unité) menant aux chambres, alignées l’une après l’autre, avec une photo du résident placée près de chacune des portes. Bien que des espaces communs soient accessibles dans le centre (salon des loisirs près de l’ascenseur à un étage inférieur, salle à manger du rez-de-chaussée, etc.), nos accompagnements se sont surtout concentrés sur l’unité (à la chambre, à la salle commune de l’unité, ou sur le balcon en été). Comme si le sentiment d’une unité de vie plus (dé)finie, confinée derrière des portes, nous avait incité à y demeurer.

Le CHSLD B, quant à lui, se situe sur une grande artère de la ville, tout près des transports en commun. Il présente une forme cubique : les longs corridors de chambres encerclent complètement une jolie cour intérieure, à laquelle il est possible d’accéder par le sous-sol de l’établissement. Celui-ci, invitant, propose un espace « bistro », avec des tables rondes disposées près du petit dépanneur géré par l’association des bénévoles. C’est aussi au sous-sol que se trouve la salle à manger où se rassemblent, pour les repas du midi et du soir, les résidents en mesure de s’alimenter de manière autonome.

Figure 2. Photographie du plan d’étage, CHSLD B

Dans ce centre, les unités participantes se trouvent au rez-de-chaussée. On y accède, après la réception, par des portes à ouverture automatisée qui demeurent fermées en tout temps. Une fois passé ces portes, on se trouve devant le premier poste infirmier, et un petit salon commun se trouve à notre gauche. Nous nous trouvons alors dans l’un des « coins » du carré de l’étage : un corridor de chambres se déploie à notre droite, un autre devant nous. Ces

deux corridors (ailes A et B, sur le plan ci-haut) composent la première unité de vie. Celle-ci comporte, en plus du petit salon à l’entrée, une grande salle à manger qui se trouve juste derrière le poste infirmier. En s’engageant dans le corridor devant nous, on arrive, dans le « coin » suivant, à un autre petit salon disposant d’une télévision, d’un piano et d’une petite bibliothèque, et qui donne accès à un balcon. En tournant ce « coin », on entre dans la deuxième unité de vie de l’étage, qui comprend les deux corridors de chambres restants (ailes C et D, sur le plan ci-haut). Au croisement de ces deux corridors, dans le troisième « coin » de l’étage, se trouve le poste infirmier, une salle à manger et un grand salon commun. Un peu plus loin, un nouveau petit salon s’ouvre sur un balcon qui donne sur la cour intérieure.

Figure 3. Photographies de salons communs, CHSLD B

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