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Les manifestations habitables contemporaines de l’engagement écologique entre 2013 et 2015 : les cas à

CHAPITRE III L’utopie comme lieu des manifestations contemporaines de l’engagement écologique

3.6. Les manifestations habitables contemporaines de l’engagement écologique entre 2013 et 2015 : les cas à

l’enquête

«  Utopie en acte  », «  communautés à la marge du monde majoritaire  », « communautés intentionnelles », « contre-culture » (Sargent et coll., 2000), « uto- pie réalisable » (Breviglieri, 2013; Friedman, 2015), « utopie pratique » (Ricœur, 2016), « utopie concrète », « alternative », « utopies vivantes » (Revue XXI, 2017), « personnes autrement engagées » (Thévenot, 2006), « possibilités latérales du réel » (Sanchez et Valdès, 2012), « vivre autrement » (Paquot, 2007)… Fidèle à son essence, la diversité des formes habitables (foyers) de l’engagement écologique se reflète aussi par sa nomenclature plurielle. Je propose de les appeler utopies habitables dans le

cadre de cette recherche pour mieux exposer la dimension pragmatique, empirique, vécue de ces expérimentations sociales10. Comme exposé dans le chapitre II, habiter

est pris « dans le sens d’une intelligence corporelle, il est une modalité essentielle par laquelle l’homme déploie ses qualités personnelles », c’est un geste politique qui se déploie dans la familiarité et qui contribue à la construction de l’identité (Breviglieri, 2006, p. 9). Les terrains qui nous intéressent sont ceux qui sont habités et habitables pour qu’on puisse y enquêter sur l’esthétique de l’engagement écologique. Ceux qui se situent dans une grande métropole urbaine européenne ou nord-américaine, pour ne pas dire occidentaux, qui sont le produit d’une initiative alternative en réaction aux modes de vie actuels, aux mouvements environnementaux.

Pour parvenir à les identifier, nous avons consulté diverses ressources. Les ouvrages collectifs l’Utopie : la quête d’un monde meilleur dirigé par Lyman Tower Sargent

et Roland Schaer en 2000 et L’Atlas des Utopies : Rêvons-nous encore? publié par Le Monde et La Vie en 2012, puis pour une deuxième édition en 2017 répertorient

plusieurs utopies habitées et établies géographiquement. Les livres Sur la route des Utopies (2007) de Christophe Cousin, et Urban Utopias  : The Built and Social Architectures of Alternative Settlements (2008) de Malcolm Miles présentent une

sélection de communautés existantes à travers le monde où les auteurs ont mené des

10 « Expérimentation sociale » en écho au gouvernement danois, qui a reconnu Christiania sous cette nomenclature.

enquêtes. Les documentaires Les sentiers de l’utopie (2007) d’Isabelle Frémeaux

et John Jordan, Dive! (2010) de Jeremy Seifert, Solutions locales pour un désordre global (2010) de Coline Serreau, Les insurgés de la Terre (2011) de Philippe Borrel, Empire Me : New Worlds Are Happening! (2011) de Paul Poet, Cultures en tran- sition (2012) de Nils Aguilar, Bidonville  : Architectures de la ville future (2013)

de Jean-Nicolas Orho, INHABIT  : A Permaculture Perspective (2015) de Costa

Boutsikaris, En quête de sens (2015) de Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière

permettent de découvrir divers milieux de vie alternatifs utopiques, mais aussi d’élar- gir notre conception des espaces de vie en marge. Les camps des réfugiés, les bidon- villes, les Zones à défendre et les lendemains de catastrophes naturelles créent des es- paces de vie où, en l’absence de toute structure et de tout ordre établi, les solidarités et la communauté engendrent d’autres rapports au monde (Comité invisible, 2014). Ces documentaires exposent une connaissance sur la matérialité et les structures de ces communautés. Depuis la fin des terrains d’enquête, d’autres œuvres cinémato- graphiques ont vu le jour : Demain (2016) et Après Demain (2018) de Cyril Dion

et Ecotopies (2017) de ARTE, qui diffusent d’autres initiatives à travers le monde.

Étant donné que les pratiques actuelles sont davantage publicisées sur Internet que dans les livres, consulter les informations en ligne pour identifier les communautés existantes était inévitable. Nous avons employé une méthode de recherche numérique à travers l’interrogation du moteur de recherche Google.com avec une adresse IP située à Montréal avec les mots « utopie », « communauté », « contre-culture », « squat », « alternatif », « initiative » et leurs synonymes. La même démarche a été répétée en anglais. Dans les deux langues, cette sélection de mots a été combinée aux mots « écologique », « blogue » et « voyage ». Ces requêtes ont été réalisées pendant le mois de juin 2014, et seulement les trois premières pages de résultats ont été consultées. Des blogues de voyages, des sites d’inspiration ou de style de vie écologique et engagé, des pages Internet sur les modes de vie alternatifs ont été consultés pour identifier divers cas. Ainsi, les articles de blogues comme Quartiers Alternatifs et Sustainable Alternatives11 ont permis d’explorer des communautés de

contre-culture moins connues, mais aussi de confirmer celles qui ont le plus marqué l’imaginaire utopique.

En m’appuyant sur les ouvrages cités précédemment, j’ai identifié sept grands réper- toires internationaux d’initiatives en ligne12 : Eurotopia : directory of intentional

communities and ecovillages in Europe, Trans Europe Halles, Habiter Autrement, Utopies Concrètes!, Transition Network, The Intentional Communities Directory, Global Ecovillage Network. Ces annuaires numériques répertorient des initiatives

citoyennes autonomes à travers le monde. Au Québec, le document Répertoire des éco-communautés du Québec (2010), le Répertoire de l’autonomie collective en

ligne, et le Réseau Transition Québec dessinent les initiatives du paysage québécois. Au-delà de la littérature sur l’utopie, le cinéma, et les ressources en ligne, nous avons mobilisé en complément une autre approche pour identifier les utopies habitables. Il s’agit d’activer le réseau de connaissances personnelles de la chercheure, qui com- porte quelques militants écologistes au Québec. Ces personnes, par le biais de leurs propres expériences ou connaissances du terrain, ont su nous orienter vers d’autres individus et groupes susceptibles de faire partie de milieux de vie qui répondent aux exigences de cette enquête. Ces individus ont été approchés par écrit ou en personne pendant des activités militantes afin de savoir si ils ou elles connaissent des espaces où des individus et des groupes expérimentant des modes de vie alternatifs écolo- giques. Les références et contacts obtenus par ce biais ont été complétés grâce aux réseaux sociaux et recherches sur Internet (voir le tableau 3 ci-contre).

3.6.1. Les critères de sélection

Afin de constituer l’échantillon de terrain d’enquête, les critères de sélection appliqués aux « utopies habitables » identifiées sont :

• urbain : comme expliquée précédemment, la nécessité de déployer

l’engagement écologique dans un environnement urbain afin d’observer les qualités esthétiques propices ou mises en place dans un contexte normé et dominant;

• autoproclamé : une déclaration explicite et publique de la

communauté ou de l’individu sur son engagement écologique. Il est possible de qualifier plusieurs utopies concrètes d’écologiques

selon la définition que nous donnons à l’engagement écologique. Cependant, l’objectif ici est d’identifier des milieux de vie mis en place par des personnes et communautés qui déclarent ouvertement d’être engagé envers la cause écologique, d’avoir un souci conscient sans porter un jugement sur la nature de cet engagement écologique;

• occidental : des initiatives localisées dans une zone géographique

nord-américaine et européenne;

• installé : un ancrage dans le temps pour avoir un milieu de vie

occupé, habité et familiarisé depuis au moins un an; à ces quatre critères de sélection de fond s’ajoutent :

• accessibilité : capacité économique et temporelle dans le cas de cette

enquête;

• complémentarité : la diversité historique, structurelle et formelle des

cas comme le nombre de personnes impliquées, la mixité d’usages et des activités, la taille physique de l’initiative.

Nature de la source Référence

Livres ou documents

Sargent et coll, 2010 L’Atlas des Utopies (2017)

Cousin (2007) Miles (2008) Carbonneau (2010)

Documents Liste #1 Liste #2

Recherche numérique Interrogation de Google

I.P. montréalais juin 2014 pages consultées : 1 à 3 combinaison des mots de la liste 1 et 2

Utopie communauté contre-culture squat alternatif initiative Écologique Blogue Voyage

Blogues en lignes Quartiers Alternatifs Sustainable Alternatives

Répertoires internationaux d’initiatives en ligne 

Eurotopia Trans Europe Halles

Habiter Autrement Utopies Concrètes! Transition Network

The Intentional Communities Directory Global Ecovillage Network

Réseau Transition Québec Réseau de connaissance de la

chercheure Montréal (personnes et maison collectives)

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