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La littérature de l’utopie comme sources pour identifier les engagements écologiques

CHAPITRE III L’utopie comme lieu des manifestations contemporaines de l’engagement écologique

3.5. La littérature de l’utopie comme sources pour identifier les engagements écologiques

À l’origine, l’utopie est un genre de fiction littéraire en lien avec l’Utopia de

Thomas More. Au XVIIe siècle, elle prend une tournure concrète et expérimentale

avec les communautés fouriéristes. Selon Friedman, les utopies ont toujours existé, et les modernes ne sont pas plus légitimes que les utopies d’antan (2015). Ernst Bloch explique que la nature inachevée de l’utopie lui permet de persister à travers le temps (Bloch, 1976). «  Selon les époques, les rêves autour de la société offrent assez de disparités pour que l’utopie couvre tout l’éventail des expériences et des aspirations

de l’humanité  » (Sargent et coll., 2000). Malgré cette diversification, l’Utopia de

Thomas More demeure un pivot historique incontournable. Et le flou intentionnel que l’auteur a créé grâce à ce néologisme constitue toujours sa richesse. Aujourd’hui, un champ de connaissance autonome propre à l’utopie existe, réunissant un corpus d’initiatives majoritairement occidentales, riche, diversifié et composé de cas fictifs et réels, artistiques, architecturaux, sociaux et culturels. Ces travaux montrent l’onto- logie complexe de la figure utopique. Et ils constituent une base de données propice pour identifier diverses manifestations de l’engagement écologique.

Dans The Three Faces of Utopianism (1994), Lyman Tower Sargent propose

trois façons de classer les cas qui constituent les Utopian Studies, le champ d’études

sur les utopies  : 1) les œuvres incluant toute forme de représentation artistique; 2) le communautaire, qui représente toutes les initiatives habitées par des groupes; 3) la théorie, qui réunit la connaissance sur la nature et le rôle de la figure de l’uto- pie. En 2000, à l’occasion de l’exposition L’Utopie : la quête d’un monde meilleur

réalisée par la Bibliothèque nationale de France et la New York Public Library, l’au- teur réduit sa classification à deux catégories : imaginaire et réelle. Dans la première, ce sont les œuvres littéraires. Dans la deuxième, il rassemble les utopies concrètes, en opposition à des utopies imaginaires, en y incluant les programmes politiques, les traités, les manifestations, les communautés intentionnelles, les mouvements popu- laires et citoyens, la contre-culture7 et les expérimentations qui ont pour objectif di-

rect la transformation sociale et culturelle de la société. Cette simplification répond au double rapport qu’entretient l’utopie avec la réalité (Redeker, 2003). L’imaginaire rassemble les utopies irréalisables, « suspendues dans l’irréel », qui demeurent dans un « présent éternel », et qui sont des « ailleurs absolus » (Redeker, 2003) comme l’Utopia de Thomas More. La catégorie réelle regroupe celles qui naissent grâce

aux contextes : ce sont « des ailleurs relatifs » qui sont réalisables (Redeker, 2003).

7 La contre-culture « est utilisée pour distinguer des valeurs considérées comme dominantes ou largement partagées (mainstream) de systèmes de valeurs alternatifs qui, tout en étant le fait d’une minorité, sont

agencés dans une pluralité de formes culturelles – la musique, l’écriture, l’art, les luttes socioculturelles et ainsi de suite. Ces différentes formes servent à amplifier la portée collective d’une contre-culture et permettent à une minorité d’acquérir une certaine visibilité » (Bennett, 2012). J’aurais pu limiter mon argumentaire et ma recherche de terrains d’enquête à la littérature de la contre-culture. Mais l’essence utopique qui habite le Mouvement moderne, le développement durable, le design et le transhumanisme mérite d’être explicitée pour mieux comprendre la nature de l’engagement écologique.

On peut énumérer La République de Platon, les religions, le social-nationalisme, le

Mouvement moderne, les hippies, le Bauhaus, Auroville parmi tant d’autres.

L’intérêt de cette recherche porte sur cette deuxième catégorie, qui réunit les ma- nifestations concrètes et empiriques. Mais les utopies fictives entretiennent un lien intime avec les utopies concrètes, elles s’alimentent et s’engendrent mutuellement. Ces deux formes d’utopies s’alternent tout au long de l’histoire, même si une certaine synchronicité existe. Dans la première moitié du XIXe siècle, l’utopie se retire de la

littérature pour se manifester dans les pratiques culturelles et sociales. Au XXe siècle,

la production artistique visuelle, plastique et photographique catalyse les mouve- ments environnementaux, sociaux et culturels. Au XXIe, ce sont les programmes

politiques universalistes et uniformisants qui vont dominer le paysage en entraînant par opposition la multiplication et le renforcement des mouvements militants au- tonomes. Les deux formes d’utopies créent ainsi une dialectique ouvrant à chaque fois des champs du possible : « la véritable force de l’utopie réside dans sa capaci- té à exercer une influence sur la réalité qui ne soit pas de l’ordre de la réalisation programmatique » (Redeker, 2003). Les utopies fictives, qui servent d’outil d’éveil, sont présentées comme des horloges parfaites, avec des structures très définies où le temps est soit absent, soit répétitif. Quant aux utopies concrètes, elles ne sont ni parfaites ni idéales : ce sont des expérimentations qui s’ajustent, tâtonnent, évo- luent en permanence. Elles sont des œuvres inachevées, le produit du travail humain, basé sur l’engagement des personnes, qui agissent pour le collectif et elles-mêmes. Nous retrouvons ce dialogue entre l’utopie fictive et réelle dans les déclarations de Théodore Monod et de William Morris : « l’utopie ne signifie pas l’irréalisable, mais l’irréalisé » (Monod, 1997). Et dans Nouvelles de nulle part, William Morris conclut

en écrivant : « oui, certes! et si d’autres aussi peuvent voir ce que j’ai vu moi-même, c’est une vision des jours à venir qu’il nous faut alors l’appeler, non plus un rêve » (Morris, 2009, p. 504). Les deux auteurs montrent que l’utopie promet un projet à réaliser, une action à poser.

Avant de plonger dans la littérature de l’utopie pour identifier les utopies concrètes qui répondent aux exigences empiriques de cette enquête, je tiens à proposer un bref détour sur d’autres approches possibles pour contribuer à la connaissance sur

l’esthétique de l’engagement écologique. La littérature de l’utopie regroupe d’autres manifestations du souci écologique sous divers formats. Afin de dessiner ces en- quêtes qui éclairent les investissements esthétiques, le tableau 2 (page 161) regroupe une esquisse ni exclusive ni achevée de ces possibilités accessibles à la recherche. La nature de ces formats de données montre quels sont les supports pour conduire une analyse sur l’esthétique. C’est une lecture tout à fait arbitraire, mais elle aide à voir les possibilités de recherche si notre enquête n’exigeait pas l’observation empirique des initiatives alternatives.

Par exemple, dans la catégorie d’utopie fictive, les œuvres de science-fiction pré- sentent, comme dans l’œuvre d’Utopia de Thomas More, des mondes alternatifs. Ce

sont souvent des dystopies qui visent à éveiller la critique, plutôt qu’aspirer à devenir de la réalité (Theobald, 2017). Les propriétés esthétiques imaginées sont souvent des caricatures et exagérations de nos pratiques actuelles pour signaler les risques qui guettent la société. Ce sont des mondes où, au contraire de l’engagement des individus, domine souvent le totalitarisme. La série Black Mirror (2014) ou les films Cloud Atlas (2012), Snowpiercer (2013), Elysium (2013) et Avatar (2009) proposent

des milieux de vie fictifs. L’analyse des positions esthétiques de ces œuvres révèle des indices pour une meilleure compréhension des liens entre l’engagement, le souci écologique et l’esthétique. Quelques cas cinématographiques comme L’An  01 de

Jacques Doillon (1973) ou certaines séries postapocalyptiques comme (R)évolution

(2012) ou The 100 (2014), où les protagonistes tentent de survivre et de s’autosuffire,

mettent en scène des paysages humains et non humains propices à la réflexion pour le champ de l’esthétique.

En littérature, l’œuvre de Thomas More puise sa force dans les détails et la qualité des descriptions de la vie quotidienne des Utopiens et des Utopiennes. L’objectif de la des- cription est de « donner toutes les apparences de la réalité » (Sargent et coll., 2000). La force de l’utopie fictive, autant en littérature qu’au cinéma, est souvent cette capa- cité de projection descriptive des détails du quotidien qui le rend réaliste, imaginable et près de soi. Cette production de détails descriptifs offre une source de données propices pour enquêter sur les liens entre l’engagement et l’esthétique. Dans le même sens, les planches de projets architecturaux prospectifs matérialisés avec des plans, dessins, images 3D, maquettes, scénarios d’usages exposent les formes, couleurs,

Utopies Manifestation Exemples Formats

Fiction

Littéraire Écotopie, Utopia Textes Programme politique

Certificats écologiques Agenda 21, Our future 2020 Textes

Installation habitable Swimming Cities, Gartenskulptur Photographies, vidéos, visites de l’exposition, textes de blogues

Projet architectural Habitarbre, Otra Nation Images de synthèse Mouvement artistique Arte Povera, land art Photographies, enquêtes empiriques

Film de science-fiction L’An 01, Avatar, Black Mirror Vidéos

Jeux vidéos SimCity, BioShock Images de synthèse animées

Réel

Musées Collections ethnographiques : communauté primitive et autre Photographies et observations

Occupations éphémères Occupy, Indignés Photographies, vidéos, entrevues

Communautés mortes Hippies, Neu West Berlin Photographies, vidéos, entrevues

Architecture habitée (FR), coop Le Coteau Vert (CA)Écovillages, la Cité radieuse Enquêtes empiriques Communautés vivantes Auroville Enquêtes empiriques Expérimentation Base Nasa pour Mars, villes en transition Enquêtes empiriques

Mouvement Zéro déchet, décroissance, transhumanisme, villes en

transition Enquêtes empiriques Programmes politiques

Certificats écologiques économie circulaire, LEEDDéveloppement durable, Lieux réalisées selon Enquêtes empiriques

structures, fonctionnements, systèmes des espaces de vie écologiques imaginés créant des données d’enquête qualitatives.

Enfin, je tiens à attirer l’attention sur deux œuvres habitables, que nous avons déjà évoquées. Elles sont composées de matériaux récupérés, détournés, recyclés, usés.

Swimming Cities of Serenissima (2009-2014), est un ensemble de barques, qui a na-

vigué dans la mer Adriatique, qui a été habité par un groupe d’artistes brooklynois pendant plusieurs semaines pour atteindre la Biennale de Venise. Les barques ont été ensuite exposées en 2014 au Brooklyn Museum. Aujourd’hui, à la demande de l’artiste, elles sont déposées dans une forêt et servent d’abri aux animaux sauvages. La deuxième œuvre, l’installation Gartenskulptur, a été développée et habitée pen-

dant plusieurs années par l’artiste allemand Dieter Roth (1968). Elle a été ensuite reprise par son fils, Björn Roth, et exposée en 2014 au Musée d’art contemporain de la Hamburger Bahnhof à Berlin et, depuis, dans plusieurs autres pays. Ces deux œuvres parmi d’autres oscillent entre fiction et réalité de l’œuvre utopique habitable qui développent des langages esthétiques qui leur sont propres.

Dans la catégorie du réel existent des cas qui se présentent sous forme de programme politique, d’architecture expérimentale, d’expérimentations, de communautés qui ont existé ou existent toujours. Au XIXe siècle, des centaines de communautés uto-

pistes ont vu le jour à travers le monde, inspirées des mouvements fouriéristes, owe- niens, communistes ou socialistes, et anarchistes (La Vie et Le Monde, 2017). Les

sources textuelles et illustratives de ces initiatives détiennent des connaissances sur les investissements esthétiques de ces projets. Il existe une vaste documentation tex- tuelle, filmique et visuelle et des sources vivantes qui peuvent témoigner et infor- mer sur les communautés inspirées des mouvements contestataires des années 1960 comme les Provos8 d’Amsterdam, les Wagenburg berlinois, la coopérative Longo

Maï, les hippies. Par exemple, les communautés hippies qui ont manifesté un enga- gement écologique authentique peuvent être étudiées en s’appuyant sur des données

8 Le mouvement Provo est un mouvement politique et culturel hollandais né à Amsterdam dans les années 60. Il est lié aux mouvements contestataires et à la contre-culture : « Provo représentait un style de vie, avançant la quête de l’infini, de l’inconnu et de l’irrationnel, s’opposant aux valeurs strictes, à la culture rationnelle et aux bornes bien définies de la société bourgeoise » (Pas, 2005).

photographiques, textuelles, filmiques et sonores, en analysant les collections de musées qui exposent la culture matérielle de l’époque, mais aussi en récoltant des témoignages.

Les mobilisations ponctuelles comme Occupy Montréal, Occupy Wall Street, ou 15-M et Indignés de Madrid ou de Belgique ont créé des espaces de vie mixtes –

alimentation, information, logement, espaces privés et communs – dans les centres- villes de grandes métropoles. Ce sont des insurrections spontanées contre les pou- voirs en place pour dénoncer les problèmes écologiques dans leurs dimensions économique et sociale, et les inégalités causées par les mesures d’austérité incessan- tes. L’engagement écologique a pris place par la mobilisation de milliers de corps, et l’occupation de places réappropriées par des habitations de fortune, improvisées, rendues viables avec des services de proximité autonomes et populaires. Des don- nées journalistiques, mais surtout citoyennes existent sur ces mobilisations qui sont survenues entre 2011 et 2014 à travers le monde (Chavranski, 2017). Elles ont des formats sonores, filmiques, photographiques et textuels, et plusieurs des participants sont joignables via les groupes créés dans les réseaux sociaux.

Parmi les utopies réelles existent aussi des initiatives qui sont soutenues ou pro- duites avec les politiques environnementales que nous avons mises à l’épreuve dans le premier chapitre de cette recherche, puis écartées pour étudier ses alternatives. Cependant, un regard potentiel a été posé sur le document Quartiers durables  : Guide d’expériences européennes (2005), même si ces initiatives ne répondent

pas à l’exigence de notre enquête qui nécessite l’absence de lien avec les politiques environnementales. BedZED à Beddington, au Royaume-Uni, Bo01 à Malmö en Suède, Vesterbro à Copenhague, au Danemark, Vauban à Fribourg et Kronsberg à Hanovre, en Allemagne, et Hammarby Sjöstad à Stockholm, en Suède sont des

quartiers durables. Ces quartiers sont la réalisation de différents acteurs comprenant

la ville, l’État, les promoteurs immobiliers, les secteurs privé et public découlant parfois de l’adoption de l’Agenda 21 dans certaines de ces collectivités (ARENE et I.-

d.-F., 2005). Dans la même lignée, les écoquartiers sont des programmes politiques et gouvernementaux. Au Québec, un écoquartier permet de soutenir les initiatives associatives du terrain pour la cause écologique. Ces écoquartiers relèvent :

[d’]une approche d’aménagement urbain [...] qui comprend également des facettes éducatives et économiques. En Europe, où le concept est très développé, ce type d’initiative se retrouve plutôt en milieu urbain bien qu’il soit possible qu’un écoquartier se développe en milieu rural. Il peut être mis sur pied par une municipalité, un groupe de citoyens ou encore des promoteurs. Dans tous les cas, la participation citoyenne des futurs résidents à l’ensemble du processus de création de l’écoquartier assure de meilleures chances de réussite (Carbonneau, 2010, p. 7).

En France, « un ÉcoQuartier est un projet d’aménagement urbain qui respecte les principes du développement durable tout en s’adaptant aux caractéristiques de son territoire. Le ministère s’est doté d’un référentiel en matière d’aménagement durable. Des textes de référence posent également les principes de la ville durable »9. Dans les

fiches d’écoquartiers européens consultées (ARENE et I.-d.-F., 2005), l’implication de promoteurs et de l’État est quasi systématique. La Grande Motte dans le sud de la France, Brasília au Brésil, Chandigarh en Inde sont des utopies réalisées (Herbert, 2015), des projets d’urbanisme progressiste, selon Françoise Choay (1965). Ils sont

mis en place par des pouvoirs politiques et étatiques.

Le mouvement de transition et les villes en transition sont une des plus récentes formes de manifestations des initiatives écologiques habitables qui créent des com- munautés de pratique écologiques. À l’origine, ce mouvement est né au Royaume- Uni, dans la ville de Totnes, dans le cadre d’un cours universitaire. Cette ville vise aujourd’hui l’autonomie à 85 % en 2030 (Action plan, 2012). Le mouvement orga-

nise sa biennale et possède un réseau mondial avec des villes et des villages membres. Des villes comme Lyon et Sète, en France ou le quartier Villeray de Montréal, au Canada font partie de ces communautés en transition. Souvent un groupe de ci- toyens adopte ce mouvement et met en place des activités et initiatives bénévoles. Par exemple, dans le quartier Villeray, il s’agit de collaborer avec les propriétaires d’arbres fruitiers pour récolter les fruits ou de créer un projet de coopérative soli- daire comme La Remise, bibliothèque d’outils autogérée qui permet d’emprunter des

appareils utilitaires. Dans le 7e arrondissement de Lyon, il s’agit d’un mouvement

parapluie pour rassembler divers organismes déjà engagés pour la cause écologique.

9 À l’adresse URL : Ministère De La Cohésion Des Territoires Et Des Relations Avec Les Collectivités Territoriales http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/les-ecoquartiers

En juin 2014, je n’ai pas réussi à identifier un groupe actif (dans la littérature et en ligne) suffisamment documenté lié au mouvement des villes en transition pour mener une enquête dans le cadre de cette recherche.

Ces terrains d’enquête présentent diverses possibilités pour contribuer à la connais- sance sur les liens qui existent entre l’engagement et l’esthétique. L’objectif est de des- siner les univers et pratiques de l’engagement écologique sous diverses formes pour connaître les diverses facettes de l’esthétique de l’engagement écologique. Quelles propriétés esthétiques ces individus ont-ils rassemblées pour manifester leur critique de l’ordre social en mobilisant des médiums différents? Est-ce qu’il y a transversa- lement des propriétés communes qui se dessinent? Je ne pourrais pas explorer cette question, mais je donne au lecteur ou lectrice un aperçu des explorations possibles (des champs qui pourront contribuer à la connaissance dans ce domaine).

Chacun de ces terrains, avec leurs propres enjeux, champs disciplinaires et médiums qui leur sont propres – cinéma, sculpture, littérature, mouvement social –, repré- sente des recherches en soi. Cependant, ces terrains représentent des impasses aux exigences empiriques, formelles, temporelles, conceptuelles et d’accessibilité (notre capacité physique, temporelle, économique à nous rendre dans les lieux) durant cette recherche. Ils ne permettent pas de faire l’expérience in situ de ces milieux de vie

et d’en documenter les propriétés esthétiques. Les textes impliquent des interpréta- tions de notre imaginaire pour en retirer des propriétés. Les photographies, ayant été récoltées avec des interrogations autres que les nôtres, exposent difficilement les diverses facettes. Les films, leurs décors et acteurs sont propices à analyser, mais proposent souvent des dystopies au lieu d’alternatives aux politiques. Au sein de ces manifestations de l’engagement écologique sous diverses formes (texte, image, mi- lieu de vie, vidéo, historique, etc.), la question que j’adresse à ce corpus est celle des qualités esthétiques mises en place ou qui furent préalables au geste écologique de l’individu ou du groupe. Notre approche pragmatique implique une enquête in situ,

3.6. Les manifestations habitables contemporaines de

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