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Nouvelles fonctions, nouveaux défis

2.3. Les coordonnateurs de MDPH et leurs partenaires

Dans cette perspective, il est important de connaître les relations qu‟entretiennent les coordonnateurs avec leurs partenaires. Dans le questionnaire, nous leur avons demandé d‟indiquer, dans une liste préétablie de dix partenaires, quels étaient ceux avec lesquels ils avaient le plus de facilités à travailler, d‟une part, et le plus de difficultés, de l‟autre. Ils pouvaient également citer d‟autres partenaires. En moyenne, les coordonnateurs ont déclaré qu‟ils avaient de la facilité à travailler avec 3,8 partenaires, et de la difficulté avec 1,6. Le graphique 4 montre comment se répartissent les réponses.

2 ème AX E = Aspira ti on 1er AXE = Activité

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Graphique 4. Les relations des coordonnateurs de MDPH avec leurs partenaires105

Les médecins traitants sont les partenaires les plus cités, ce qui peut être considéré comme un indice de l‟importance de ce partenaire pour les coordonnateurs. Les services sociaux, les Conseils généraux, les services d‟aide à domicile, les associations d‟usagers et les hôpitaux seraient aussi des partenaires privilégiés. Mais les médecins traitants ont pour particularité

d’être de loin les plus cités lorsqu’il s’agit de signaler une difficulté dans la collaboration. Sur les 50 coordonnateurs interrogés, 21 ont indiqué qu‟ils avaient du mal à

travailler avec eux. Concrètement, cela signifie le plus souvent que les médecins traitants ne répondent pas toujours aux demandes que les coordonnateurs ou les évaluateurs leur adressent, qu‟ils mettent du temps à réaliser ou à envoyer des certificats médicaux, ou encore qu‟ils ne font pas suivre les comptes rendus de leurs visites. Notre enquête montre que ces plaintes sont formulées par l‟ensemble des acteurs du secteur médico-social, qu‟il s‟agisse des assistantes sociales des Conseils généraux et des services sociaux municipaux, ou des infirmières coordinatrices des services de soins à domicile. Tous soulignent aussi combien les médecins traitants, à leur décharge, manquent de temps pour assurer les tâches administratives et communiquer avec les intervenants qui s‟occupent de leurs patients, ce que les médecins sont d‟ailleurs les premiers à regretter (Bournot et al., 2008). Néanmoins, ce manque de temps

105 Ce graphique indique le nombre de citations reçues pour chaque type de partenaire. Lecture : parmi les 50

coordonnateurs interrogés, 16 ont cité les médecins traitants comme l‟un des partenaires avec lequel ils ont le plus de facilité à travailler, et 21 ont cité les médecins traitants comme l‟un des partenaires avec lequel ils ont le plus de difficulté à travailler.

0 5 10 15 20 25 30 35 40 CLIC Autre Famille Foyers Etablissements scolaires Hôpitaux Associations d'usagers Services d'aide à domicile Conseil Général Services sociaux Médecins traitants

Facilité à travailler Difficulté à travailler La coopération avec les partenaires

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ne suffit pas à expliquer les difficultés ressenties par les coordonnateurs. Si ce n‟était que cela, en effet, tous auraient les mêmes difficultés à contacter les médecins traitants ou à en obtenir des documents. Or les relations semblent bien différentes selon l‟appartenance professionnelle des coordonnateurs.

Graphique 5. Les relations des coordonnateurs de MDPH avec les médecins traitants106

Comme le montre le graphique 5, les coordonnateurs médecins, et dans une moindre

mesure les travailleurs sociaux, ont plus de facilité à collaborer avec les médecins traitants que les autres coordonnateurs. Les professionnels paramédicaux, tout comme les

administratifs, déclarent au contraire plus souvent qu‟ils ont des difficultés avec ce partenaire. Ces résultats sont difficiles à interpréter, et demanderaient une enquête plus poussée. Nous pouvons néanmoins suggérer que les écarts observés ici ont à voir avec l‟autorité dont jouissent les médecins auprès de leurs confrères et, inversement, avec la faible légitimité que les médecins traitants accordent aux autres coordonnateurs. Le secret médical est aussi souvent évoqué comme un frein à la collaboration et à la coordination des services des secteurs sanitaire et médico-social, d‟où la pertinence des discussions en cours visant à élaborer un « secret professionnel », qui faciliterait le partage de l‟information entre les professionnels intervenant dans le parcours d‟une personne handicapée107

.

A propos des autres partenaires, de tels écarts s‟observent selon la formation des coordonnateurs, ce que révèlent les graphiques 6 à 9.

106 Ce graphique indique la répartition des mentions obtenues par un partenaire selon qu‟elles indiquent la facilité

ou la difficulté qu‟ont les coordonnateurs à travailler avec lui.

107 La journée nationale des coordonnateurs de MDPH du 2 juin 2010 a été justement consacrée à ce sujet.

0% 50% 100% Administratifs Médecins Professionnels paramédicaux Travailleurs sociaux Ensemble

Facilité à travailler avec les médecins traitants Difficulté à travailler avec les médecins traitants

141

Graphique 6 à 9. Les relations des coordonnateurs de MDPH avec leurs partenaires108

Avec les familles : Avec les associations d’usagers :

Avec les hôpitaux : Avec les services sociaux :

Les écarts les plus accusés concernent les familles et les associations d’usagers, avec lesquelles les coordonnateurs médecins de formation semblent avoir davantage de difficultés à travailler que les autres. Ce résultat, qui est à considérer avec prudence compte

tenu des petits effectifs, n‟est pas très étonnant si l‟on se souvient des revendications régulièrement portées contre la médicalisation du handicap par les personnes handicapées et par leurs porte-parole. Néanmoins, plusieurs coordonnateurs ayant déclaré avoir des difficultés avec les associations ont souligné que ces difficultés touchaient une association en particulier, et non les associations en général. D‟autres ont aussi complété leur réponse en indiquant que les relations étaient en train de s‟améliorer. Avec les services sociaux, les coordonnateurs médecins auraient aussi davantage de difficultés à collaborer tandis que les travailleurs sociaux et les professionnels paramédicaux auraient une grande facilité. Cela peut être le signe d‟un effet facilitant de la proximité professionnelle, comme cela apparaissait plus

108

Les couleurs utilisées sont les mêmes que dans le graphique 6 : le gris foncé désigne les réponses allant dans le sens de la facilité à collaborer, le gris clair dans celui de la difficulté.

0% 50% 100% Administratifs Médecins Professionnels paramédicaux Travailleurs sociaux Ensemble Facilité à travailler avec les familles Difficulté à travailler avec les familles

0% 50% 100% Administratifs Médecins Professionnels paramédicaux Travailleurs sociaux Ensemble Facilité à travailler avec les associations Difficulté à travailler avec les associations

0% 50% 100% Administratifs Médecins Professionnels paramédicaux Travailleurs sociaux Ensemble Facilité à travailler avec les hôpitaux Difficulté à travailler avec les hôpitaux

0% 50% 100% Administratifs Médecins Professionnels paramédicaux Travailleurs sociaux Ensemble Facilité à travailler avec les services sociaux

Difficulté à travailler avec les services sociaux

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haut pour les médecins et leurs confrères, et inversement d‟un effet limitant de la non- proximité. Avec les hôpitaux, enfin, il apparaît que beaucoup de coordonnateurs aient des difficultés de collaboration, quelle que soit leur formation d‟origine, et de manière encore plus remarquable avec les médecins, peut-être parce que les interlocuteurs hospitaliers sont surtout des travailleurs sociaux. Cela est cohérent avec les plaintes formulées par d‟autres acteurs du secteur médico-social, et révèle une fois encore la fragmentation du système de prise en charge des personnes handicapées. Mais là aussi, plusieurs coordonnateurs interrogés ont souligné que les relations avec les hôpitaux s‟étaient améliorées depuis leur prise de poste.

Il ressort de cette enquête que l‟on peut identifier plusieurs profils de coordonnateurs de MDPH (type évaluateur, type pilote et type manageur), que ceux-ci peuvent être associés à la formation initiale des professionnels et qu‟il y a une tendance au rapprochement de ces profils avec un souhait de maitriser à la fois l‟activité d‟évaluation et la construction des partenariats. Dans une étude ultérieure il pourrait être intéressant d‟étudier si ces profils sont liés aussi aux contextes spécifiques des différentes MDPH, à savoir par exemple, le mode d‟organisation général qu‟elles ont mis en place, leur taille, le type de population auxquelles elles s‟adressent et la démographie des professionnels au niveau local. On pourrait alors par la même occasion examiner comment la fonction pilotage de réseau est distribuée au sein des MDPH. Enfin cette étude permet d‟identifier quelques pistes d‟amélioration pour le futur. En dehors du besoin de peut-être renforcer les moyens au sein de certaines MDPH, une formation au pilotage de réseau pourrait être proposée ainsi qu‟une réflexion collective sur le partenariat avec les médecins généralistes et le secteur hospitalier, en s‟appuyant notamment sur les expériences positives des MDPH qui ont déjà pu progresser dans ce sens.

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