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Les cadres conceptuels : activité/inactivité, emploi/chômage

Balance commerciale de la France par produit année

6.2. Les cadres conceptuels : activité/inactivité, emploi/chômage

Des différents thèmes abordés à travers cet exercice prospectif, celui du travail, de l’emploi et du chômage est probablement celui qui mériterait la discussion la plus approfondie, tant un travail de re-conceptualisation nous paraît nécessaire. Nous devrons cependant nous contenter ici encore des catégories conceptuelles et statistiques disponibles. En l’occurrence, celles-ci s’articulent essentiellement autour des dichotomies activité/inactivité et emploi/chômage (Figure 29).

Nous incorporons donc à notre modèle des indicateurs de nombre et de taux d’emplois, d’activité, et de chômage, qui demeurent les principaux indicateurs socioéconomiques quantitatifs publiquement disponibles et susceptibles d’être intégrés à un modèle numérique appliqué. Leur prise en compte ne dispense pas, évidemment, d’une réflexion autour des différents scénarios à modéliser, à propos de la nature des emplois, des conditions concrètes de travail, de sous-emploi et de chômage, sur l’accès à d’autres moyens - annexes ou parallèles- de subvenir à ses « besoins », sur le rapport aux outils (convivial ou non), sur la nature et l’organisation hiérarchique des relations humaines au sein des structures de production, leur caractère démocratique, ou sur le sens donné au travail : toutes ces dimensions qualitatives qui sortent du domaine de compétences de la modélisation numérique, mais qui sont pourtant essentielles.

Figure 29 : « activité/inactivité » et « emploi/chômage » et halo du chômage (source : INSEE, 2012))

260 Il s’agit là d’un problème similaire à celui évoqué plus haut au sujet du périmètre de la comptabilité nationale et de la (non-)prise en compte de l’économie informelle non-monétaire. Par ailleurs, en adoptant cette notion particulière du travail, s’interroge Gorz, « si, comme c’est la tendance aujourd’hui, la création d’emplois est posée comme but principal par la classe dirigeante, où s’arrêtera la transformation de toutes les activités en activités rétribuées, ayant leur rémunération pour raison et le rendement pour but ? » « A force de monétariser, de professionnaliser, de transformer en emplois les rares activités d’autoproduction et d’autoservice que nous assumons encore nous-mêmes, ne réduit-on pas, jusqu’à finalement l’anéantir, notre capacité à nous prendre en charge nous-mêmes, sapant ainsi les fondements de l’autonomie existentielle mais aussi les fondements de la socialité vécue et du tissu relationnel ? » (Gorz, 1993b, p. 65). La primauté de l’objectif de l’emploi n’est pas quelque chose de nouveau. C’était déjà l’ambition essentielle des politiques keynésiennes, et Galbraith observait déjà en 1958 : « Not the goods but the employment provided by their production was the thing by which we set ultimate store » (Galbraith, 1998, cité par Humbert, 2008, p. 79).

Chapitre 4 - Description du cadre de modélisation

6 Population Active, Emploi, et chômage

163 Avant de détailler le mode de traitement de ces indicateurs, reprécisons brièvement les concepts. L’Insee retient, pour définir le chômage, la définition du Bureau International du Travail (BIT), adoptée en 1982 et inchangée depuis, qui sert aux comparaisons internationales et à la mesure de l’évolution du chômage dans le temps). Selon celle-ci, est comptabilisée comme chômeur une personne (INSEE, n.d.):

- en âge de travailler (conventionnellement : 15 ans ou plus) ;

- sans emploi (n’ayant pas travaillé –moins d’une heure- pendant une semaine de référence) ; - disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;

- ayant cherché activement un emploi261 dans le mois précédent, ou en ayant trouvé un qui commence

dans moins de trois mois.

L’ensemble des personnes en situation d’emploi et des chômeurs constituent la population active. La population inactive, définie par la négative, correspond par conséquent aux personnes sans emploi et ne répondant pas aux critères précédents (âge, recherche d’emploi, et disponibilité).

Le caractère binaire de la distinction entre chômage et inactivité et les critères limitatifs262 sur lesquels celle-ci est opérée, qui ne permettent pas de rendre compte de la diversité des situations vécues par les populations concernées, ont fait l’objet de nombreux débats et donné lieu à la notion de « halo autour du chômage », qui vise à englober – sans les assimiler- les personnes inactives, sans emploi, souhaitant travailler, mais non comptabilisées comme chômeurs. Il inclut donc : les personnes disponibles pour travailler mais ne cherchant pas d’emploi (parfois parce qu’elles attendent le résultat de démarches antérieures, ou parce qu’elles approchent de l’âge de la retraite) ; les personnes non disponibles cherchant un emploi (souvent parce qu’elles suivent des études, une formation ou gardent leurs enfants) ; et celles non disponibles et ne cherchant pas d’emploi (cf. Figure 29). Le graphe ci-dessous (Figure 30) illustre l’importance de la population concernée.

Figure 30 : Chômage et « halo autour du chômage » (1975-2015)

261 Eurostat a dressé une liste précise des actes considérés comme une « démarche active spécifique» de recherche d’emploi.

262 Limitatif vis-à-vis du chômage, mais aussi extensif vis-à-vis de l’emploi, puisqu’il suffit d’avoir « contribué à la production nationale » pendant ne serait-ce qu’une heure pendant la semaine de référence pour être considéré comme « en emploi ».

0 2 4 6 8 10 12 14 0 500 1,000 1,500 2,000 2,500 3,000 3,500 4,000 4,500 5,000 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 % (milliers de personnes)

Chômage et "halo autour du chômage"

(1975-2015 & 2003-2015)

Personnes inactives, souhaitant un emploi mais n'ayant pas effectué de démarches de recherche active, et non disponibles pour travailler dans les deux semaines Disponibles pour travailler dans les deux semaines mais pas de recherche active d'un emploi dans le mois précédent

Recherche active d'un emploi dans le mois précédent et non disponibles pour travailler dans les deux semaines

Chômage au sens du BIT (en milliers)

Taux de chômage au sens du BIT (en pourcentage) Taux de chômage au sens du BIT (ancienne définition)

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans et plus Source : Insee, enquêtes Emploi (calculs Insee)

164

Symétriquement, en ce qui concerne la frontière de l’emploi, la diversité des situations concrètes a conduit le BIT à définir la notion de sous-emploi, relative à la durée de travail. Cette notion désigne des personnes « ayant

un emploi, mais :

- qui travaillent à temps partiel, qui souhaitent travailler plus, et qui recherchent un emploi et/ou qui

sont disponibles pour travailler plus ;

- qui ont involontairement travaillé moins que d'habitude, pour cause de chômage partiel par exemple,

qu'elles travaillent à temps plein ou à temps partiel. » (INSEE, 2014b) (Figure 31)

Figure 31 : Evolution du sous-emploi (2003-2015)

La mesure de ces différents indicateurs (emploi, sous-emploi, chômage et son halo) mobilise l’enquête emploi de l’Insee263.

Etant donné que les notions de « halo autour du chômage » et de « sous-emploi » se rapportent à l’ (in-

)adéquation entre les souhaits des personnes et leur situation concrète personnelle, il est particulièrement

difficile d’en intégrer des indicateurs robustes dans un cadre de modélisation macroéconomique. Nous n’en définissons donc que des « proxys » (par exemple sur la base de ratios moyens observés), qu’il convient de considérer avec grande prudence ─ ou d’ignorer. La représentation adoptée dans notre modèle en ce qui concerne la population active, l’emploi, et le chômage, est détaillée dans ce qui suit.

263 Par ailleurs, la Direction de l’animation de la recherche, des études, et des statistiques du ministère du travail de l’emploi et de la santé (DARES) publie conjointement avec Pôle Emploi une statistique de demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois à Pôle Emploi. Toutefois, les catégories statistiques ne correspondent pas exactement aux critères du BIT, sans compter que l’inscription à Pôle Emploi relève d’une démarche administrative, et dépend également des conditions d’accompagnement, d’attribution des indemnités, etc… Notons au passage que le champ des données relatives au chômage construites par l’Insee à partir de l’enquête emploi concerne la population des ménages, qui n’inclut pas les « sans domicile fixe ». 0 200 400 600 800 1,000 1,200 1,400 1,600 1,800 2,000 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 (milliers de personnes)

Sous-emploi (2003-2015)

Temps partiel, souhait de travailler plus d'heures, disponible pour le faire et à la recherche d'un autre emploi

Temps partiel, souhait de travailler plus d'heures, disponible pour le faire mais sans recherche d'un autre emploi

Temps plein, ou temps partiel (autre que les deux cas ci-dessus), en situation de chômage technique ou partiel

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans et plus Source : Insee, enquêtes Emploi

Chapitre 4 - Description du cadre de modélisation

6 Population Active, Emploi, et chômage

165

6.3. La population Active

Au-delà des déterminants évidents que sont l’accroissement naturel et le solde migratoire, l’évolution de la population active dépend pour l’essentiel des facteurs suivants :

- la structure de la pyramide des âges (Figure 35) : ce facteur devrait jouer à la baisse dans les années à venir avec l’arrivée à la retraite des générations nombreuses du « baby-boom » ;

- l’âge de la retraite (l’âge d’ouverture des droits, l’âge de départ à taux plein, et les possibilités de départs en préretraite) : son recul successif et les allongements de carrières expliquent notamment la hausse des taux d’activité des seniors constatée depuis 1995 (Figure 32) ;

- l’évolution des taux et de la durée de scolarisation, de la temporalité des périodes de formation au cours de la vie : ces déterminants expliquent l’essentiel de la diminution des taux d’activité des jeunes (15-25 ans) entre 1975 et 1995(Figure 32)264 ;

- la structure de l’économie en termes d’emplois : par exemple, la baisse des taux d’activité observée entre 1970 et 1990 chez les seniors (Figure 32) serait en partie due au déclin de certains secteurs comme l’artisanat ou l’agriculture, dans lesquels on quittait traditionnellement son activité à un âge avancé (Biesse and Cabannes, 2013) ;

- L’évolution de l’activité féminine : ce que traduit la hausse du taux d’activité global de la population féminine au cours des 40 dernières années (Figure 33) n’est pas une plus grande participation des femmes au processus de production, mais plutôt une évolution de la nature de leurs activités, qui prennent désormais place dans la sphère publique265, alors qu’auparavant, celles-ci s’effectuaient

dans la sphère domestique (par exemple, travail dans l’exploitation agricole ou le commerce familial), et n’étaient pas comptabilisées comme activité. On observe une convergence entre les taux d’activité féminins et masculins au cours des dernières décennies.

Nous abordons ici la population active à travers un modèle à cohortes (par âge et sexe) de taux d’activité266. Le

nombre total de personnes actives est calculé par :

𝑁𝑁𝐴𝐸𝑡𝐸𝐸𝑛 = � ��𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑛𝑡𝐸𝑃𝑛â𝑔𝐹,𝑠𝐹𝑠𝐹× 𝑇𝑥𝐴𝐸𝑡𝐸𝐼𝐸𝑡éâ𝑔𝐹,𝑠𝐹𝑠𝐹� 𝑠𝐹𝑠𝐹

â𝑔𝐹

Cette représentation permet d’intégrer l’effet des évolutions démographiques (accroissement de la population, structure de la pyramide des âges). La Figure 32 illustre par exemple la sensibilité du taux d’activité global (population de 15 ans et plus) aux hypothèses démographiques. Le rôle des autres déterminants est à prendre en compte à travers l’évolution des taux d’activité par âge et sexe, laquelle est à renseigner de manière exogène par l’utilisateur (dans la version actuelle du modèle267).

264 En France, le taux de scolarisation à 19-20 ans a augmenté de près de 30 points entre 1985 et 1995, (celui à 20 ans passant d’environ 25% à plus de 55%). Sur cette même période, l’espérance de scolarisation à 15 ans est passée d’environ 5 ans à plus de 6.5 ans (cette évolution semble s’être stabilisée depuis) (Durier, 2006). La poursuite des études jusqu’à un degré élevé est en partie motivée par la recherche d’une protection contre le chômage, d’autant plus que l’évolution des processus de production dans les industries et le tertiaire réclame une main d’œuvre de plus en plus qualifiée.

265 Cette évolution résulte notamment de l’évolution des schémas traditionnels et des structures familiales, d’une volonté d’émancipation qui passe par la recherche d’une plus grande indépendance financière, mais aussi de la tertiarisation de l’économie, le tertiaire étant un secteur où elles rencontrent moins de discrimination à l’embauche. Il faut enfin ajouter le rôle du développement du travail à temps partiel, et surtout de la réduction du temps de travail, qui, en laissant davantage de temps pour la gestion des contraintes familiales – qu’elles assurent encore pour la plus grande partie–, peut modifier l’arbitrage des femmes entre emploi et retrait de la vie professionnelle. (Inan, 2009, p. 373)

266 Le taux d’activité correspond au rapport entre le nombre de personnes actives dans une population donnée, et l’effectif total de cette population.

267 Il est tout à fait envisageable de faire dépendre, dans le modèle, les taux d’activité de chaque classe d’âge des taux de scolarisation correspondants (évolution inverse et à peu près complémentaire), ou de l’âge de la retraite (une évolution de l’âge de la retraite peut se traduire en première approximation par un décalage des taux d’activité par âge).

166

Figure 32 : Evolution des taux d’activité en France depuis 1975 par classe d’âge et sexe

Figure 33 : Evolution du taux d’activité par sexe sur la

période (1975-2013) Figure 34 : Evolution de la population active (1975-2013)

Figure 35 : Taux d’activité au sens du BIT par sexe et tranche d’âge quinquennal (2013) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

% Evolution des taux d'activité en France depuis 1975 par classe d'âge et sexe 15-24 ans Femmes 15-24 ans Hommes 25-49 ans Femmes 25-49 ans Hommes 50-64 ans Femmes 50-64 ans Hommes dont 55-64 ans Femmes dont 55-64 ans Hommes 65 ans ou plus Femmes 65 ans ou plus Hommes

Source: INSEE enquêtes emploi

0 10 20 30 40 50 60 70 80 1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003 2007 2011

% Evolution du taux d'activité par sexe sur la période [1975-2013]

Hommes Femmes Ensemble

Champ : France métropolitaine, population de 15 ans et plus

0 5,000 10,000 15,000 20,000 25,000 30,000 35,000 1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003 2007 2011

Evolution de la population active

Hommes Femmes Ensemble

Champ : France métropolitaine, population de 15 ans et plus

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 15 à 19 ans 20 à 24 ans 25 à 29 ans 30 à 34 ans 35 à 39 ans 40 à 44 ans 45 à 49 ans 50 à 54 ans 55 à 59 ans 60 à 64 ans 65 à 69 ans 70 et plus Taux d'activité au sens du BIT par sexe et tranche d'âge quinquennal (2013)

Hommes Femmes Ensemble

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans et plus Source : Insee, enquêtes Emploi (calculs Insee)

Chapitre 4 - Description du cadre de modélisation

6 Population Active, Emploi, et chômage

167 Figure 36 : « Eventail » d’évolutions du taux d’activité global de la population de 15 ans et plus, à taux d’activité par âge

et sexe constant, correspondant aux différents jeux d’hypothèses démographiques proposés à l’utilisateur du modèle.

6.4. L’emploi

Figure 37 : Ventilation de l’emploi à l’intérieur de chaque branche par catégories socio-professionnelles (CSP) La demande de travail découle ici du niveau de production envisagé268. Pour chaque branche 𝐸, nous calculons le Nombre total d’heures de travail correspondant au niveau de valeur ajoutée de la branche (obtenu par l’analyse entrées-sorties), via des hypothèses de productivité horaire apparente du travail :

𝐻𝑛𝑃𝑁𝑛𝑛𝑇𝑁𝑛𝐼𝑛𝐸𝑃𝑃é𝑛𝑛𝑃(𝑡) =𝑃𝑁𝑃𝑑𝑃𝐸𝑡𝐸𝐼𝐸𝑡é_𝑇𝑁𝑛𝐼𝑛𝐸𝑃𝑉𝑛𝑃𝑛𝑃𝑁_𝐴𝑗𝑃𝑃𝑡é𝑛𝑃(𝑡) 𝑃(𝑡)

Il faut ici comprendre le concept de productivité apparente du travail non pas comme une mesure du flux de production qui lui serait imputable269 ─ce qui ne saurait avoir de sens pour des processus de production dans

268 L’approche adoptée ici, dont le choix a été influencé par le cadre statistique de la comptabilité nationale, traduit en quelque sorte la logique de la théorie keynésienne dans la mesure où l’emploi dépend du niveau de production, qui dépend de la demande. %CSP branche i Valeur Ajoutée branche i Nombre d’heures de travail branche i « Producti- vité horaire » du travail branche i Durée moyenne de travail par personne branche i Nombre d’emplois branche i

168

lesquels les facteurs sont complémentaires (Harribey, 2007) ─, mais plutôt comme l’idée qu’à contexte

organisationnel et technique donné, une certaine quantité de travail est nécessaire et indispensable à

l’obtention d’un certain niveau de production dans une branche particulière. La « productivité du travail » correspond donc ici à la notion inverse de « l’intensité en travail » d’un processus de production.

Les valeurs initiales de productivité apparente du travail de chaque branche sont issues de la comptabilité nationale, et leur évolution repose sur des hypothèses exogènes. L’utilisateur peut notamment choisir d’appliquer de manière tendancielle, pour chaque branche, le taux moyen annuel d’amélioration de la productivité observé sur les 10, 15, 20, 30, ou 40 dernières années (cf. Figure 38) ; il peut encore définir explicitement l’évolution au cours du temps de ce taux d’amélioration pour chaque branche, ou directement celle de la productivité.

Figure 38 : Evolution de la productivité du travail en France pour les différentes branches (1959-2013), (logarithme) 269 Telle semble être la conception intuitive et couramment admise du concept de productivité du travail, qui peut pourtant prêter à des idées fallacieuses lorsqu’appliqué à des approches sectorielles, notamment en faisant fi du contenu indirect en travail des consommations intermédiaires et des actifs fixes employés pour la production. Par exemple, le chiffre de 6% de croissance annuelle moyenne de la productivité du travail dans le secteur agricole français entre 1949 et 1973 masque ainsi l’apport indirect de travail contenu en amont dans les apports scientifiques, la production des intrants chimiques, le matériel, les bâtiments, etc. (Groupe du chêne, 2008, p. 149), bref, l’ensemble des moyens techniques et matériels qui ont permis la diminution du besoin de main d’œuvre à l’intérieur de la branche agricole . On retrouve ici en quelque sorte la notion de « détour de production » proposée par Illich, qui invite à une réinterprétation plus holistique du concept de productivité. 0 1 2 3 4 5 6 19 59 19 62 19 65 19 68 19 71 19 74 19 77 19 80 19 83 19 86 19 89 19 92 19 95 19 98 20 01 20 04 20 07 20 10

Ln (Productivité du travail) en fonction du temps (=Ln (Valeur ajoutée (€) / Heures travaillées)) Agriculture, sylviculture et pêche Industries extractives

Prod&distrib électricité, gaz, vapeur et air conditionné

Prod&distrib eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution Fabrication de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac Cokéfaction et raffinage

Fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques Fabrication d équipements électriques

Fabrication de machines et équipements n.c.a. Fabrication de matériels de transport

Fabrication textiles, industries habillement, cuir et chaussure Travail du bois, industries du papier et imprimerie Industrie chimique

Industrie pharmaceutique

Fabrication prod. caoutchouc, plastique & autres prod. minéraux non métal. Métallurgie & fabric. Prod. métalliques, hors machines et équipements Autres industries manufacturières ; répa. Instal. machines et équipements Construction

Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles Transports et entreposage

Hébergement et restauration Édition, audiovisuel et diffusion Télécommunications

Activités informatiques et services d'information Activités financières et d'assurance Activités immobilières

Act. juridiques, compt.,gestion, architect.,ingé, contrôle & ana.tech. Recherche-développement scientifique

Autres activités spécialisées, scientifiques et techniques Activités de services administratifs et de soutien Arts, spectacles et activités récréatives Autres activités de services

Activités des ménages en tant qu'employeurs

Administration publique et défense - sécurité sociale obligatoire Enseignement

Activités pour la santé humaine

Hébergement médico-social et social et action sociale sans hébergement

Source des données : Comptes nationaux - Base 2010, Insee

Dans l’ensemble (à l’exception de la branche des industries extractives ,probablement du fait des ressources plus rares et moins accessibles) on observe une tendance croissante régulière de la productivité au cours du dernier demi-siècle, sous l’effet du « progrès technique », de l’innovation technologique, de la spécialisation des tâches, de la formation plus poussée de la main d’œuvre, de la substitution du travail par du capital, etc. Une même quantité de travail permet de produire une quantité croissante de biens et services, ou des biens de valeur d’échange croissante.

Chapitre 4 - Description du cadre de modélisation

6 Population Active, Emploi, et chômage

169 Il conviendrait, pour assurer une certaine cohérence des hypothèses relatives au processus de production, de considérer conjointement celles relatives à la productivité du travail et celles relatives à l’intensité capitalistique de chaque branche. Car ces deux paramètres ne sont pas indépendants dans les faits : il existe, suivant les processus, une certaine marge de substituabilité entre travail et capital, et le dernier, notamment en incorporant le « progrès technique », contribue à augmenter la productivité du premier. Bien que les hypothèses de productivité du travail et d’intensité capitalistique soient par défaut indépendantes dans notre modèle270, nous permettons également à l’utilisateur de sélectionner une combinaison productive, c’est-à-dire un couple (productivité du travail – intensité capitalistique) correspondant à une année passée, au choix sur la période 1980 et 2012, et de définir la temporalité de la transition entre la combinaison actuelle et celle sélectionnée.

Il faudrait également, dans le choix de ces hypothèses de productivité et de combinaison productive, prendre en considération la disponibilité future des autres facteurs primaires, en particulier des ressources naturelles. Il est par exemple envisageable que la raréfaction des ressources énergétiques fossiles ou leur renchérissement conduise à une refonte des processus de production, pouvant se traduire par une plus forte intensité en travail, c’est-à-dire par une diminution de sa productivité (Kallis, 2011; Latouche, 2007b). Il est aussi probable que cette productivité soit affectée à la baisse par d’éventuelles contraintes ou règlementations environnementales (Cordonnier and Van de Velde, 2007). Car si la technique s’est dans une certaine mesure autonomisée du politique de par le passé, rien ne permet d’exclure pour le futur la possibilité d’une réappropriation politique du choix des modes et des processus de production. De ce point de vue, les paramètres de productivité du travail et d’intensité capitalistiques ne sont pas indépendants des choix politiques, ce qui conforte notre choix de les laisser exogènes.

La deuxième étape du calcul consiste à passer du volume total d’heures travaillées par branche au nombre d’emplois, c’est-à-dire à effectuer la répartition, le « partage du temps de travail », à partir d’hypothèses exogènes de durée moyenne de travail par personne pour chaque branche 𝐸 :

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