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Entretiens et recueil de scénarios participatifs

2. Description de la méthode et du format des entretiens

95 déclinée selon plusieurs thèmes, que nous soumettons et proposons à nos interlocuteurs d’explorer à travers ces entretiens.

2. Description de la méthode et du format des entretiens

Les entretiens sont conçus selon un format intermédiaire entre l’entretien semi-directif et le questionnaire d’administration indirecte : ils s’appuient sur un document structuré en différents thèmes, qui amène les participants à s’exprimer, pour chacun d’eux, sur l’évolution d’une liste prédéfinie de variables, ce qui constitue en quelque sorte une « grille de réponse » à remplir dans la mesure du possible ; mais ceux-ci sont également invités à s’exprimer avec un grand degré de liberté, pour chaque thème, au-delà de cette « grille de réponse », et autour de questions relativement larges (ce qui laisse le champ ouvert à des réponses que nous n’aurions pas prévues initialement). Ce format à la fois ouvert et structuré nous permet de recueillir, pour chacun des thèmes qui nous intéressent, de larges éventails de propositions quantitatives accompagnées de commentaires qualitatifs qui facilitent leur interprétation. Ces éléments, qui pris tous ensemble, reflètent des « visions » particulières de transitions sociales, fournissent ainsi des jeux d’hypothèses suffisamment « complets », organisés, et détaillés pour permettre leur retranscription sous forme de scénarios implémentables dans un cadre de modélisation numérique. De par sa flexibilité, l’entretien se révèle ici beaucoup plus riche que le simple questionnaire quantitatif. Outre les nuances, le niveau de détail et de complexité des informations réunies, indispensables à l’interprétation des « visions » proposées et à la compréhension des perspectives adoptées – que ne peuvent retranscrire sans ambiguïté des indicateurs purement quantitatifs –, il permet d’appréhender la logique des raisonnements qui sous-tendent les points de vue exprimés, de mettre en évidence les croyances, les préférences, et les systèmes de valeurs sur lesquels ils reposent, et de refléter l’intensité des préoccupations des participants pour les différents sujets abordés160. Enfin, la simplicité relative de la méthode permet aux répondants d’en comprendre aisément le processus et les objectifs.

Les entretiens collectifs se déroulent sur le même format, mais à la manière de « focus groups », c’est-à-dire sous la forme de discussions structurées et approfondies au sein de groupes interactifs, organisées dans un cadre non contraignant et détendu (Slocum et al., 2006). Du fait de la dynamique délibérative qu’ils impliquent, les entretiens de groupes présentent un intérêt encore plus grand dans notre cas : ils « permettent aux

participants de développer et d’exprimer leurs opinions dans un contexte social plus ‘naturel’, que certains qualifient de plus semblable au cadre dans lequel les personnes se forgent une opinion au quotidien » (Slocum

et al., 2006, p. 119). Ils offrent ainsi la possibilité d’observer les processus par lesquels chacun développe et influence les idées et opinions des autres au cours de la discussion. Enfin, et plus important encore, bien que cela dépasse le cadre de notre étude, l’entretien collectif ne produit pas que de la donnée ; en permettant aux participants de s’interroger mutuellement, de partager des informations et des expériences, il constitue un outil d’apprentissage mutuel et d’instauration du débat social. En effet, de manière générale, « que l’objectif

soit ou non d’influencer directement la politique, les méthodes participatives interviennent dans le fonctionnement de la société » (Slocum et al., 2006, p. 14)161.

160 En effet, si le discours des participants constitue essentiellement, pour nous, une source de données et une base pour la construction et la modélisation de scénarios par la suite, il mériterait également d’être analysé en détail en tant que processus d’élaboration et de mise en forme de la pensée (Bardin, 2013). Le temps qui nous est imparti ne nous permet pas ici de proposer une telle analyse approfondie, mais celle-ci pourrait utilement faire l’objet de recherches ultérieures. Notamment, l’étude des dynamiques délibératives mises en place par les entretiens de groupe sur ces sujets pourraient apporter des éléments intéressants concernant l’étude des modes de vie et de consommation ; ceux-ci étant le plus souvent abordés sous l’angle du fait individuel ou social a posteriori (étude des modes de vie passés et présents) ou des désirs individuels « sondés » ou « supposés » a priori (projections et tendance, approche marketing), mais rarement sous la forme d’un débat collectif public à dimension normative, comme c’est le cas ici.

161 Notons toutefois que les entretiens collectifs sont parfois sujets à de potentiels phénomènes de groupes ou à des effets de « leadership », qui peuvent conduire à inhiber l’expression individuelle de certains participants, et donner lieu par exemple à de faux consensus de groupes, qui ne reflètent pas nécessairement les opinions individuelles.

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Plus concrètement, les entretiens sont organisés en 17 thèmes, dont une partie correspond aux postes de la nomenclature de fonction de consommation (COICOP) utilisée par le système des comptes nationaux : alimentation ; habillement et chaussures ; logement ; meubles et articles de ménage ; santé ; transport ; communication ; loisirs et culture ; éducation ; hôtels, cafés et restaurants ; biens et services divers ; budget public (dépenses et fiscalité) ; modes de production, conditions de travail et redistribution ; échanges internationaux ; énergie ; démographie.

Pour chaque thème, de manière générale, il est demandé aux participants de décrire qualitativement et

quantitativement les changements et évolutions, à l’échelle de la société française, qui leur paraissent souhaitables et soutenables à moyen et long terme (à l’échelle des 50 prochaines années). Les participants sont

en particulier invités à décrire ces changements « souhaitables et soutenables », en s’exprimant sur les évolutions futures de différentes variables (par exemple, les consommations par personne ou par ménage de différents biens ou services, des taux d’équipements, des taux de scolarité, des parts modales pour le transport, etc.). Ils peuvent, au choix, selon ce qui « leur parle le plus », exprimer les changements quantitatifs en valeur absolue, en valeur relative par rapport aux niveaux actuels (par exemple réduction/augmentation de

x% du volume de consommation de tel bien ou service), ou encore faire référence à un niveau historique passé

(par exemple : retour au niveau de consommation des années 1990). Suivant les thèmes, des questions plus spécifiques peuvent aussi être proposées. Les participants sont par ailleurs libres d’aborder les différents thèmes dans l’ordre qu’ils désirent, de les traiter avec le niveau de détail qui leur paraît nécessaire, voire de faire l’impasse sur les points qui ne leur inspirent aucune réponse.

Les entretiens s’appuient sur un document Excel, transmis aux participants et servant à la fois : de guide d’entretien pour l’enquêteur, de support d’information et de réflexion pour les répondants, et de document de consignation et de synthèse des réponses, renseigné au fur et à mesure de l’entretien. Ce fichier comporte :

• un onglet introductif, présentant brièvement l’objectif de l’enquête et de notre recherche, la structure

de l’entretien, la question générale, les « instructions » pour les réponses, et proposant un sommaire de navigation au sein du fichier, donnant une vue d’ensemble des différents thèmes qui seront abordés ;

• une série de 17 onglets correspondant chacun à l’un des thèmes abordés. Chaque onglet comporte

notamment la liste des différentes variables en lien avec le thème considéré, sur lesquelles les participants sont invités à s’exprimer, d’éventuelles questions spécifiques que ces derniers peuvent aborder librement, ainsi que divers éléments d’information susceptibles d’aider les participants à construire leurs réponses, en particulier en ce qui concerne les aspects quantitatifs (Figure 4). Ces éléments informatifs correspondent généralement à des valeurs ou à des évolutions historiques des différentes variables (par exemple : l’évolution de la consommation de différents biens ou services par personne en volume depuis 1960 ; l’évolution des taux d’activité par tranche d’âge ; la structure du budget public des trois dernières années ; la structure actuelle du financement de la dépense de santé ; etc.). Les différentes questions spécifiques ainsi que la nature des informations fournies aux participants pour chaque thème sont précisées dans le Tableau 1 ;

• un onglet supplémentaire destiné à recueillir des compléments de réponses ou d’éventuelles

remarques libres de la part des répondants ;

• un onglet final comportant un bref questionnaire visant à recueillir quelques informations

additionnelles (sociodémographiques et autres) sur les répondants, notamment : âge ; sexe ; type et taille de ménage ; lieu d’habitation (urbain ou non, taille d’agglomération) ; niveau de diplôme ; catégorie socio-professionnelle ; domaine d’activité professionnelle ou de compétences ; intérêt porté à la politique, aux enjeux économiques, énergétiques, environnementaux, de justice sociale (échelles

Chapitre 3 - « Dessine-moi un futur » - Entretiens et recueil de scénarios participatifs

2 Description de la méthode et du format des entretiens

97 de Likert), et traduction de ces intérêts à travers d’éventuelles activités ou des choix de modes de vie ; familiarité avec « la Décroissance » (et si oui, qu’est-ce que la Décroissance évoque pour vous ?, Vous

qualifieriez-vous d'objecteur de croissance? , Estimez-vous faire partie d'un mouvement social pour la Décroissance?)

Le choix des différentes variables proposées pour chaque thème a été effectué en parallèle du travail de modélisation (Cf. chapitre 4). L’ensemble de ces variables constitue une forme de « grille de réponse » pour les participants, qui vise à faciliter, par la suite, la transcription et l’implémentation dans le modèle des « visions » recueillies à travers les entretiens, en assurant entre les deux une certaine concordance des cadres conceptuels et statistiques. Il s’agit donc là d’un compromis entre : d’une part les exigences d’intelligibilité et d’accessibilité à la représentation vis-à-vis des participants aux entretiens (i.e. les variables proposées doivent permettre aux participants de traduire leurs « visions » de manière aussi explicite et intuitive que possible162) ; et d’autre part, les contraintes posées par le processus de modélisation numérique (qui dépendent notamment des cadres

statistiques disponibles163). De considérations pratiques découle par ailleurs un autre

compromis incontournable : celui entre la quantité et la précision des informations à recueillir d’un côté pour construire un scénario, et de l’autre, la nécessité de contenir la durée des entretiens (la patience des participants a des limites). De fait, certaines hypothèses qui seront par la suite nécessaires à la construction des scénarios, mais que les entretiens n’auront pas pu fournir, seront laissées à l’appréciation du modélisateur, ce qui est toujours délicat.

162 Les représentations intuitives des participants reposant rarement sur les mêmes catégories conceptuelles que celles adoptées pour les modèles numériques (qui, elles, ne sont pas toujours intuitives), il est généralement nécessaire, pour les y implémenter, d’en opérer une « traduction ». Ce processus de « traduction » peut parfois conduire à une déformation de la représentation intuitive initiale. En invitant les participants à suivre dans la mesure du possible la grille d’entretien proposée, c’est-à-dire à exprimer leur « vision » par le biais des variables proposées, nous leur confions en quelque sorte une partie de cette tâche de traduction. A condition que les catégories conceptuelles du modèle et les variables proposées soient intelligibles et dépourvues d’ambiguïté pour les participants (ce que nous avons testé au cours d’une première phase d’entretiens exploratoires) – et quitte à ce que l’enquêteur y apporte des éclaircissement au cours de l’entretien-, cela permet de limiter les distorsions d’interprétation et de traduction par le modélisateur, et de s’assurer que la représentation modélisée sera davantage conforme à leur « vision » initiale.

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Figure 4 - Exemple de contenu d’un onglet du fichier de support d’entretien

Thème, ou « fonction de consommation » Evolution historique de la consommation par ménage pour un poste donné en € constants Commentaire explicatif du contenu du poste Dif fé re nt es va ria bl es pro po sé es p ou r le th èm e (Ici : co ns om m at io n par m énage po ur le s di ffé re nt s po st es de la fo nc tio n de co ns om m at io n co ns idé e)

Chapitre 3 - « Dessine-moi un futur » - Entretiens et recueil de scénarios participatifs

2 Description de la méthode et du format des entretiens

99 Tableau 1 - Contenu du document de support utilisé pour les entretiens

Document de support pour les entretiens

Thème Questions additionnelles ou spécifiques Informations fournies aux répondants(et sources)

Alimentation • Quel type ou modèle d’agriculture ? Quel changement du niveau d’activité physique de la population ?

• Historique de la consommation effective des ménages de chaque sous-poste en €2010 par personne (comptes nationaux)

• Part de la surface agricole utile (SAU) cultivée selon le mode biologique en 2014 (Agence bio)

• Echelle de niveaux d’activité relatifs à divers modes de vie (OMS) Habillement et

chaussures • Historique de la consommation effective des ménages de chaque sous-poste en €2010 par personne (comptes nationaux)

Logement

• Quelle évolution des comportements de cohabitation ? Evolution de la taille des ménages ?

• Quels changements dans le parc immobilier existant ? (Rénovations? Etc.)

• Quelles caractéristiques pour les constructions neuves ? Maisons individuelles ou logements collectifs ? Quelle taille ?

• Graphe de taille des ménages par sexe et âge en 2005 (Insee)

• Proportion des maisons individuelles dans les constructions neuves actuelles

• Superficie moyenne par personne en France

• Superficie moyenne des maisons individuelles et des logements en immeubles collectifs.

Meubles et articles de ménages

• Historique de la consommation effective des ménages de chaque sous-poste en €2010 par ménage (comptes nationaux)

• Taux d’équipement actuels des ménages en réfrigérateur, lave-linge, lave- vaisselle (Insee)

Santé

• Quels changements dans le système de santé ? Quels types de dépenses ? Quelle évolution globale des dépenses par personne et pourquoi ?

• Quelle part du financement à la charge des patients et quelle part à la charge de la sécurité sociale ?

• Historique de la consommation effective des ménages de chaque sous-poste en €2010 par personne (comptes nationaux)

• Structure du financement de la consommation de soins et biens médicaux en 2013 (HCAAM)

Transport

• Quelle évolution des taux d’équipements en véhicules ?

• Quelles évolutions du nombre de déplacements (par motif et par distance) ?

• Quelle évolution des parts modales en fonction de la distance des déplacements ?

• Dépenses de formation à la conduite ?

• Historique de la consommation effective des ménages en achats de véhicules en €2010 par personne (comptes nationaux)

• Taux d’équipement moyen actuel des ménages en voitures, motos et bicyclettes (Insee)

• Parts des différents modes de transport en fonction de la distance des déplacements (ENTD 2008)

Communications • Historique de la consommation effective des ménages de chaque sous-poste en €2010 par personne ou par ménage (pour tel fixe) (comptes nationaux)

• Taux d’équipement des ménages en matériel de téléphonie (Insee)

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• Taux d’équipement des ménages en matériel audiovisuel et informatique (Insee)

Education

• Quel rôle pour l’école et l’université ? Quelle durée des études? Quels niveaux d'études? Quelle temporalité pour les études au cours de la vie? Quelles évolutions du taux de scolarisation pour les différents niveaux?

• Quelle évolution des dépense par étudiant? (et quel type de dépenses?)

• Quelle structure de financement (Administration publique, Ménages, Financeurs privés) pour quels niveaux?

• Taux de scolarisation par âge et par degré (MEN-MESR-DEPP)

• Evolution de la dépense intérieure d’éducation et de sa structure par niveau d’enseignement depuis 1980 (MEN-MESR-DEPP)

• Evolution de la dépense moyenne par élève depuis 1980 (en € 2012)

• Structure du financement de l’éducation par financeur final (et son évolution depuis 1980) (MEN-MESR-DEPP)

Hôtels, cafés, restaurants

• Historique de la consommation effective des ménages de chaque sous-poste en €2010 par personne (comptes nationaux)

Biens et services

divers • Historique de la consommation effective des ménages de chaque sous-poste en €2010 par personne (comptes nationaux)

Budget public (dépenses publiques

et fiscalité)

• Quelles évolutions, quelles orientations pour les dépenses publiques ?

• Etes-vous familier avec les propositions de "Revenu de Base Inconditionnel"? "Dotation Inconditionnelle d'Autonomie?"

• Si oui, qu'en pensez-vous?

• Si vous y êtes favorable, comment l'envisagez-vous? (En complément? En substitut? De quoi? Etc.)

• Quelles évolutions pour la fiscalité?

• Quelque chose à propos de la dette publique ?

• Dépense par fonction et sous-fonction et recettes des administrations publiques par sous-poste (moyenne sur 2010-2013) (comptes nationaux)

Conditions de travail, modes de production, redistribution

• Evolution des taux d’activité ? Age de départ en retraite ?

• Evolution du temps de travail ? Sous quelle forme ?

(hebdomadaire/annuelle/etc. ?) Evolution du travail à temps partiel ?

• Evolution du revenu horaire ?

• Pratique du télétravail quand c’est applicable ?

• Evolution de la productivité horaire du travail ?

• « Flexibilisation » des embauches et débauches ?

• Quelles évolutions des pratiques et dépenses publicitaires ?

• Quel schéma de redistribution ?

• Evolution des taux d’activité par classe d’âge et par sexe depuis 1975 (Insee)

• Durée du travail hebdomadaire (pour les salariés et pour les non-salariés) et proportion de travailleurs à temps partiel dans les différents pays de l’UE en 2013 dont la France (Eurostat)

• Salaires horaires nets par sexe et CSP en 2012 (Insee)

• Courbes de distribution des niveaux de vie annuels des individus par 5 centiles (de 1996 à 2011) (Insee)

Echanges

internationaux • Quels taux d’imports et quelle évolution des exports pour les différents types de produit ? • Historique des ratios Imports/Ressources totales pour chaque type de produit (comptes nationaux) Energie

• Quelle place pour quel type d'énergie?

• Quelles technologies?

• Quel "mix énergétique"? Etc.

• Evolution de la « production » d’énergie primaire par énergie (SOeS)

• Evolution de la consommation d’énergie primaire par énergie et mix de consommation en 2013 (SOeS)

• Mix de la production électrique française en 2012 (RTE)

Chapitre 3 - « Dessine-moi un futur » - Entretiens et recueil de scénarios participatifs

3 Limites et biais potentiels

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3. Limites et biais potentiels

Notre approche comporte plusieurs limites et n’est pas dépourvue de biais potentiels. Contentons-nous ici de mentionner les principaux :

les biais déclaratifs : les personnes interrogées peuvent, au cours d’un entretien, adapter leur

discours, par exemple pour chercher (souvent inconsciemment) à protéger leur image sociale (vis-à-vis des autres, et notamment de l’enquêteur dont elles peuvent se sentir jugées);

les biais d’ancrage ou des effets de cadrages : les choix des thèmes retenus, des questions posées et des variables proposées, ainsi que des différents éléments d’information inclus (et non-inclus) dans le fichier d’entretien, peuvent opérer des cadrages particuliers, et conduire certains participants à sous- développer des aspects de leurs « visions ». De manière plus générale, les participants sont invités à réfléchir et à s’exprimer sur des questions qu’ils ne s’étaient parfois jamais posées auparavant, ce qui est un exercice particulièrement délicat, non seulement à réaliser, mais aussi à interpréter ;

les biais de langage : les termes des nomenclatures utilisées pour la consommation peuvent parfois s’écarter du langage courant, n’avoir qu’une signification vague pour les participants, ou être mal interprétés. Nous avons cherché à limiter ces biais en utilisant la nomenclature par fonction de consommation (COICOP), qui est généralement plus « parlante » que la nomenclature par produits (CPF), ainsi qu’en renseignant des commentaires explicatifs précisant le contenu des différents postes de consommation (Figure 4) ;

les biais d’inclusion, également liés aux biais de langage : les différents postes des nomenclatures

utilisées peuvent constituer des agrégats que les participants peuvent assimiler de façon abusive à une partie voire à un seul des éléments (emblématique) qui les composent164.

les biais de perception, liés à la vision inévitablement partielle et limitée que chacun a de la société (en

fonction de son milieu de référence), qui peuvent conduire à une perception décalée ou erronée des « besoins » et des modes de vie et de consommation des « autres »165, et à des hypothèses d’évolutions de certaines variables plus radicales ou au contraire moins fortes que ce qui correspondrait à ce que les participants ont en tête. Les éléments informatifs et statistiques proposés dans le fichier d’entretien (par exemple, les taux d’équipement moyens des ménages en divers biens, etc.) ont pour but de limiter ces biais en offrant des repères quantitatifs;

les limites et biais cognitifs : la traduction d’une « vision » en estimation quantitative de l’évolution de certaines variables peut se révéler difficile et reste toujours approximative (par exemple, quelques chiffres sont parfois proposés de manière très approximative, adossés à des commentaires comme « j’en sais rien, mais ça va diminuer ! », ou « On est cohérent, là ? »), et d’autant plus lorsque l’évolution d’une variable est supposée résulter de plusieurs effets agissant en sens opposé (citons

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