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lerons.').Expérimentalement,celas'obserVelorsquedes

sujets ont pour tâche de reconnaitre parmi un ensemble de visages non-familiers, ceux qui leur ont été présentés auparavant (visages-cibles parmi des visages distracteurs), et que les sujets tendent à mieux reconnaitre les visages de leur origine ethnique, que les visages

d'origine

différentel8. Cela n'est qu'une manifestation des nombreuses formes de perception interpersonnelle où nous assimi-lons la personne à son groupe ethnique

plutôt qu'à

son

individualité. La

question est propre aux problèmes de conflits et d'identités intergroupes, comme les stéréotypes ethniques et d'autres

for-mes d'ethnocentrisme. De plus, le phénomène n'est pas aisément expliqué.

Mais,

avant de pour-suivre,

il

serait

utile

de commenter le concept de 'race', et ce

qu'il

représente dans ce domaine de recherche en particulier.

Il

n'existe pas de forme cohérente et scientifiquement correcte pour dési-gner le concept de 'race'. Du point de vue biologique, le concept scientifique de 'race'est inappli-cable aux populations humaine

(Vallois, I97I;Langaney,

1988; Hubert van Blyenburgh, 1989).

On

ne connait pas de marqueur (biologique)

qui

permette d'assigner une origine ethnique à un

individu

donné, et donc de séparer clairement les individus en sous-groupes distincts (populations naturelles), sans intersections. Nous faisons tous partie d'une même espèce, qui peut être définie en termes

d'interfécondité. La définition de 'race',

dans

le

sens sociologique où

il

est employé dans de nombreux travaux en psychologie, est dépendante de facteurs sociaux, culturels et

politi-ques. Les termes employés dans

la

littérature citée plus bas

font

référence au genre 'Caucasien' pour désigner une personne de couleur de peau claire (ou 'blanche'), suggérant ainsi que les Euro-péens descendraient d'une population qui aurait vécu à un moment donné dans la région du Cau-case, ce qui est pour le moins improbable. Caractériser des individus de populations actuelles par des

qualificatifs

historico-géographiques a I'inconvénient de supposer une stabilité de la

popula-tion

à

l'égard

des mariages intrapopulation (endogamie), de

l'émigration

et de

I'immigration

ou du déplacement de la population même. C'est peut-être le cas de certaines populations, mais cer-tainement pas de toutes.

L

étude de marqueurs génétiques montre même que des populations con-sidérées comme des isolats

ont

subi des importations de gènes étrangers par des contacts avec

18. Idéalement, cela requière deux échantillons de sujets, d'origines ethniques différentes, qui ont comme tâche de reconnaitre des visages des deux mêmes origines. Une perception inter-ethnique différentielle est observée lorsqu'on peut mettre en évidence une interaction entre I'appartenance ethnique des sujets et I'appartenance ethnique du visage observé: les performances de reconnaissance des sujets sont relative-ment meilleures avec les visages de leur propre origine ethnique, qu'avec ceux de I'autre. En principe, I'interaction devrait être symétrique (Valentine, et al., 1995).

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2.1 Contributions de la psychologie

d'autres populations. De la môme manière, les catégorisations en

'noir'(ou 'blanc')

sont complè-tement inadaptées à I'immense diversité biologique intra et inter-ethnique et à

la

complexité des sociétés actuelles. Sans parler de

I'attribution

d'une valeur discrète

('noir')

à une variable comme la couleur de la peau, qui varie de manière continue à I'intérieur et entre les populations. La varia-tion dans les populations est telle

qu'il

suffit de quatre d'entre elles pour passer, de manière conti-nue, des humains les plus clairs aux plus foncés (Langaney, 1988). De nombreux anthropologues se sont évertués à dresser la liste des caractéristiques biométriques du visage

qui

permettraient la différenciation ethnique

('raciale')

des individus en sous-populations (Coon, 1965).

Il

y a très peu

d'information

sur la nature des indices faciaux utilisés pour ces différenciations. Par contre, la

lit-térature sur les stéréotypes ethniques est très riche (Brigham, 1971), mais elle est essentiellement basée sur des protocoles de questions orales,

qui

suscitent des réponses à des listes d'attributs de personnalité (Katz et

Braly,

1933; Karlins, Coffman et Walters ,1969). Peu de travaux ont examiné

jusqu'à

quel

point

un même stéréotype est évoqué par la présentation de photographies

d'indivi-dus

d'origine

ethnique identique (Secord, Bevan etKatz,1956b; Secord, 1959). euelques travaux

ont

tenté de mettre en évidence les caractéristiques physionomiques utilisées par des sujet pour catégoriser des

individus

comme 'blancs'

ou 'noirs'.

Parmi les méthodes utilisées,

on

distingue des échelles

d'évaluation

(Secord et Bevan

,

I956a), des analyses multivariées sur des mesures anthropométriques (Jones et Hirschberg,1975; Shepherd et Deregowski,

198lb)

ou des descrip-tions verbales

libres (Ellis,

Deregowski et Shepherd,

I975;

Caroo, 1936). Les résultats obtenus sont plus ou moins similaires. Les

Africains ('noirs'

subsahariens) sont différenciés par les occi-dentaux

('blancs')

par la couleur de la peau, la texture des cheveux, l'épaisseur des lèvres et la lar-geur du nez; les visages 'blancs'(européens) sont reconnus grâce à la couleur et à la longueur des cheveux, la forme du visage et la texture de sa peau (Jone s, et

al.,

1975; Shepherd, et

al., IgBIb;

Sheperd, 1983). Cependant, des individus d'origines différentes utiliseraient des traits différents.

Nous serions tenté de spéculer, comme le fait remarquer Shepherd (1989) dans une revue

qu'il fait

sur le sujet, que les éléments faciaux à utiliser pour décrire I'appartenance ethnique

d'un individu,

devraient être ceux

qui

montrent

le

plus de variabilité dans

la

population considérée. Goldstein

(Ig7gb)

a testé cette hypothèse en effectuant un certain nombre de mesures anthropométriques du visage sur des échantillons qualifiés de Japonais', de 'caucasiens'et de 'négroides' (termes

origi-naux de

I'article).

Un coefficient de variation fut calculé pour chaque mesure, et

il

conclut que les différences de

variabilité entre

'races' sont très faibles,

et

ne peuvent pas

expliquer I'effet

de reconnaissance

différentielle

interethnique précédemment décrit par d'autres auteurs (Shepherd, et

al.,198lb;Brigham,

1986). Ces mesures étaient strictement anthropométriques, et

n'incluaient

pas

la

couleur de cheveux,

qui

varie beaucoup plus chez dans les populations occidentales, que dans les deux autres.

La

variation de variables telles que l'épaisseur des lèvres ne semblait pas être significativement différente d'une population à I'autre.

Il

est très

difficile

de standardiser ce genre d'épreuve, dans la mesure où I'attitude, les convictions politiques ou sociales, l'âge, etc., du

II. Reconnaissurce et Perception des Visages

sujet, vont influencer la perception des attributs physionomiques associés avec

l'origine

ethnique de

I'individu

présenté (stimuli)19. Les distinctions ethniques basées sur des caractéristiques physi-ques semblent être davantage

fonction

de

la

perception

d'attributs distincts

(catégorie,

stéréo-type),

que

de la

perception de

la variation

continue des caractères.

La

dimension affective ne pouvant qu'accentuer ce processus, car elle a plus de chances

d'aboutir

à des catégorisations qu'à

un

arrangement selon

un continuum

(Eiser

et

Stoebe, 1972;

Milford,

1978;

Tajfel et

Forgas, 1981). Le

fait

d'assigner une catégorie à un

individu

sur la seule base de ses caractéristiques phy-sionomique revient à

lui

associer le stéréotype de la catégorie en question, quel que soit son degré de ressemblance au prototype physique du groupe2O (Secord, et a1.,1956b; Secord, 1959).

Bothwell

et

aI.

(1989) ont publié une méta-analyse de 19 études regroupant presque 1450 sujets dans lesquelles une perception différentielle interethnique entre

'noirs'et 'blancs'était

décrite, et les performances de reconnaissance étaient testées dans les deux sens. Les performances étaient meilleures pour les visages

d'origine

identique à celle du sujet dans près de 80Vo des cas testés.

Shapiro

et

Penrod

(1986)

arrivèrent

à

des résultats identiques

en

examinant

un

large éventail d'expériences de reconnaissance de visages publiés dans la littérature. Plus récemment, d'autres travaux portant sur des échantillons de visages de britanniques et de japonais (Valentine, et al., IggZ), ou de canadiens et d'orientaux (Ng et Lindsay, 1994) ont mis en évidence une perception

différentielle

interethnique statistiquement significative.

Les données expérimentales disponibles suggèrent que ce phénomène est observé dans la majorité des travaux sur

le

sujet (Valentine, et a1.,1995). Cependant, certains auteurs discutent encore de

l'importance

des effets de ce phénomène, notamment dans

le

contexte

judiciaire2l,

où sa faibte importance

aurait

peu

ou

pas d'incidences pratiques sur

la fiabilité d'un

témoignage oculaire (Lindsay et

Wells,

19S3).

L

effet de perception différentielle interethnique a été mis en évidence à

19. Des visages de noirs américains furent évalués plus 'noirs'(plus extrêmes) sur la base de traits 'négroi-des' par des 'caucasiens anti-noirs', que par des 'caucasiens neutres' (Secord, et aI.,1956b). La distinc-tion physique entre des visages de chinois et dejaponais changea en concert avec l'état des relations que les Etats-unis entretenaient avec avec ces deux pays (Farnsworth, 1943; Farnsworth, 1965).

20. Les sujets devaient caractériser des photographies de visages par des attributs de personnalités. Les attri-buts associés au stéréotype 'noir' furent attribués à toutes les photographies de 'noirs', même si certains visages, parmi les plus clairs, étaient plus proche des visages 'blancs' présentés dans l'expérience' Uimportànce des facteurs de nature affective dans le processus de catégorisation et de 'stéréotypage' fut observée par une catégorisation plus extrême des sujets 'anti-noirs' (racistes) que des sujets 'neutres' (Secord, et al., 1956b). L auteur observa également que la catégorisation se fondait davantage sur les attributs du stéréotype que sur une évaluation objective du stimuli présenté (Secord, 1959)'

21. Le problème de la reconnaissance différentielle interethnique s'est posé dans le domaine de I'expertise judiciaire et, plus particulièrement, lors de l'évaluation de dépositions de témoins oculaires. La question iosée était comment juger de la pertinence (validité) d'une identification interethnique au vu des problè-mes mentionnés ci-dessus. A partir de la constatation que des visages d'une origine ethnique différente de la notre apparaissent subjectivement plus semblables entre eux, comment procéder pour estimer, et éviter, les erreurs d'identification. Cette problématique s'applique à I'identification d'un individu parmi une liste de 'suspects' en général. (Laughery et Wogalter, 1989).

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2.1 Contributiorrs de la psychologie

travers des situations expérimentales de reconnaissance impliquant une composante de mémoire.

Il

a été suggéré que cet effet pourrait être la conséquence de la manière dont les visages sont évo-qués, plutôt qu'un effet de perception proprement dit. Selon Shepherd

(198lb)

lorsque des visages d'une autre ethnie/population sont présentés un à la fois dans une tâche de reconnaissance, le sujet les encoderait selon des termes familiers mais inapropriés à

I'origine

du visage présenté.

Plusieurs hypothèses ont été proposées pour essayer d'expliquer les causes possibles de ce phéno-mène (pour des revues plus complètes, voir Yarmey, 1979; Brigham et Malpass, 1985; Ng, et aI., 1994). Premièrement,

il

a été considéré que les visages de certaines populations/groupes ethni-ques seraient plus

difficile

à reconnaitre que d'autres (Brigham, et

aL,1985).

Cette hypothèse ne peut pas expliquer les résultats de

Bothwell

(1989), mentionnés plus haut, qui décrit des effets de perception

différentielle

interethnique comparables entre sujets

'noirs' et 'blancs'.

De plus,

si il

existait une

difficulté

inhérente à la reconnaissance de visage d'une origine particulière, on devrait également observer des performances de reconnaissance accrues pour les visages d'une autre

ori-gine

plus 'facile'

à reconnaitre, même comparées aux performances de reconnaissance des

visa-ges de son propre groupe.

Certains

travaux décrivent un effet de perception

différentielle interethnique supelposé

à un effet global d'origine du

visage,

qui

s'exprime,

en

moyenne sur I'ensemble des sujets, par de meilleures performances de reconnaissance des visages

'blancs'que

des visages

Japonais'ou

'noirs-africain'(Valentine, et a1.,1992). Des phénomènes de mode peu-vent contribuer à augmenter

la variabilité

des visages-stimuli

d'un

échantillon, ne serait-ce que par la longeur,

la

couleur et la texture variable des cheveux qui pourraient expliquer en partie la 'meilleure'reconnaissance des visages 'blancs'. Remarquons que les données anthropométriques disponibles ne permettent pas de mettre en évidence une différence significative de variabilité crâ-niale entre visages d'origines différentes (Goldstein,

I979a;Goldstein,

IgTgb).

Une seconde hypothèse

fut

de considérer que les a

priori

raciaux

(le

racisme)

jouaient un

rôle important dans cet effet de reconnaissance différentielle interethnique. Une attitude raciste

dimi-nuerait les performances de reconnaissance des visages appartenant aux populations à préjudice (Seeleman, 1940; Galper, 1973). Cependant,

il

est possible que les notions

'd'attitude

raciste' et 'd'expérience

de

visages d'autres

origines'

soient confondues dans ces travaux,

car

ces effets

n'ont

pas été observés dans les études qui suivirent (Lavrakas,

Buri

et Mayzner,

I97î;Brigham

et

Barkowitz,

1978;

Caroo,

1987).

Finalement, une hypothèse alternative

fut

de considérer que cet effet de reconnaissance

diféren-tielle

résultait

d'un

contact

limité,

voire nul, avec des exemplaires multiples et différents de visa-ges d'autres populations (hypothèse dite de 'contact,).

II. Reconnaissance et Perception des Visages

Des

individus

exposés uniquement

à

des visages de

leur

même ethnie

ou

population, auraient appris à percevoir des caractéristiques subtiles dans ces visages qui les différencient efficacement, mais

qui

ne varient pas autant, ou pas de la même manière, dans d'autres ethnies ou populations, en général,

et par

conséquent, ne permettent pas de distinguer efficacement les

individus

entre eux. Le style de coiffure et la couleur de cheveux sont des indices pertinents pour différencier les européens entre eux (Jones, et

aI.,

1975; Shepherd, et

aI., l98lb;

Shepherd, 1983), mais permet-tent une moins bonne distinction de visages de populations du Japon ou

d'Afrique

sub-saharienne, par exemple. L'exemple s'appliquerait également à des européens

qui

porteraient tous

la

même perruque,

par

exemple

(Gombrich,

1982). Expérimentalement,

il

existe quelques observations pour étayer cette hypothèse: Chioro et Valentine (1995) ont comparés les performances de recon-naissance d'étudiants africains

'noirs'et

'blancs' du Zimbabwe (Harare), et d'étudiants 'blancs'

anglais du nord-est de I'Angleterre, et

observent des performances variables selon

le

degré

d'exposition

aux visages de I'autre population: les étudiants du Zimbabwe avec une forte

exposi-tion

aux visages 'blancs' (environnement

multiracial

urbain), reconnaissaient aussi bien les visa-ges de leur population que ceux de I'autre, alors qu'un effet de reconnaissance différentielle était observé chez les africains à faible exposition (environnement rural). Curieusement, les sujets

afri-cains à forte exposition, présentaient des performances de reconnaissance des visages

'noirs'-afri-cains inférieures à celles des africains à faible exposition. Ce

qui

a amené les auteurs à postuler I'existance

d'un 'coût'associé

à I'apprentissage de la reconnaissance de visages

d'origine

diffé-rente sur les performances de reconnaissance des visages de sa propre population. En revanche, ces observations ne sont pas valables pour les sujets 'blancs' (africains et britanniques). L'assy-métrie des résultats est d'autant plus surprenante que les deux groupes à forte exposition étaient issus de la même école de Harare. Cela suggère que I'exposition seule n'est pas une condition suf-fisante

pour

développer une expertise dans

la

reconnaissance des visage d'une autre origine. Le contexte social et I'expérience personnelle jouent certainement un rôle important. Dans I'exemple cité précedemment, la majorité du personnel de

l'école

était

d'origine

européenne, par exemple.

Socialement, les étudiants africains

'noirs',

pour des raisons de structure sociale (relation à

I'auto-rité, p.ex.), doivent apprendre à reconnaitre le personnel de

l'école,

alors que le problème se pose moins pour les étudiants africains 'blancs', plus particulièrement encore si, socialement,

ils

ne se

mélangent pas. Comme le souligne Brigham (1986), la nature du contact, en plus de son ampleur, doit être prise en considération dans ce genre de travaux.

Des travaux portant sur la

reconnaissance

de

visages dans des environnements multiraciaux, décrivent un

effet

de reconnaissance différentielle interethnique plus important chez des

adoles-cents 'blancs'

provenant d'environnement

où sévit

une ségrégation, que chez des adolescents habitant dans des environnements intégrés (Cross, Cross et

Daly, IglI).

Cependant, les auteurs n'observèrent pas les mêmes différences chez des adolescents

'noirs'. L

importance de la qualité

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2.1 Contributio11s de la psychologie

du contact inter-racial de l'environnement de résidence fut mis en évidence dans d'autres travaux

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