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CONiSUMPTIAT{ AHI} T1.}IER MAL

2.1.7.4 Les attributs de personnalité

2.1.7.4.3 L'attirance (la beauté) du visage

Une des caractéristiques du visage à laquelle on porte une grande attention, que cela soit le notre ou

celui

des autres, est certainement son attirance et sa beauté. La théorie la plus ancienne sur la beauté est probeblement celle I'hypothèse des grecs anciens qui considère que tout est une affaire de rapports et de proportions corectes24. Certains philosophes de la seconde moitié du

XVIIIème

siècle considéraient que la beauté

n'était

qu'une manière de contempler les choses, que chacun

23. Des photographies de visages d'hommes étaient présentées aux sujets, en leur précisant verbalement que le visage était soit celui d'un 'meutrier', soit celui d'un 'garde-côte'. Les sujets devaient ensuite classer les stimuli présentés selon des échelles d'attributs de personnalité. Les différences entre les deux types de visages cibles étaient très fortes, suggérant que les sujets classaient d'avantage les concepts, que les visages eux-même. Par la suite, les sujets devaient reconstruire de mémoire des représentations Photofit des visages cibles, qui étaient classés selon les mêmes échelles par un nouveau groupe de sujets. Les représeniations des 'gardes-côte' présumés étaient systématiquement classés à des rangs supérieurs pour des attributs comme 'l'intelligence' ou 'la beauté', à ceux des 'meurtriers' présumés (Shepherd, ef c/.,

1978).

24. .

ll

s'agit de la Section d'Or définit par: le rapport du tout sur le grand segment est égal au rapport du grand segment sur le petit segment.

Page 63

2.1 Contributions de la psychologie

possédait

la

sienne,

et

que

la

beauté

n'avait

aucune existence

en

soi.

Aujourd'hui,

I'immense diversité des critères du concept de beauté à travers les différentes cultures renforce

le fait qu'il

n'existe pas de standard physique universel de la beauté. Cependant, les variations individuelles ne doivent pas masquer l'existence de critères communs de beauté au sein

d'un

groupe social,

uti-lisés pour établir une identité collective.

Au

delà des variations individuelles et collectives,

il sem-blerait qu'il

existe une base moyenne commune inter-culturelle à la

déf,nition

de

la

beauté, pris dans le contexte 'attirance sexuelle', et non 'beauté de

I'individu'en

soi (Langlois et Roggman, 1990).

Il

existe bien entendu une grande variation entre individus, mais cette variation serait cen-trée autour

d'une 'norme' qui

se retrouve parfois dans différentes cultures.

La

technique utilisée par les auteurs est celle que Galton utilisa pour la création de portraits composites

(voir

la section

2.I.7.4.4,

ou

Galton,

18S3). Différentes images composites générées par ordinateur furent créées à partir

4,8,

16 et 32 visages de femmes et d'hommes. Les sujets interrogés sur la beauté

(l'atti-rance) des

portraits

présentés,

ont

systématiquement coté

I'attirance

des composites

par

ordre croissant

du

nombre de visages compris dans

I'image

(quelque soit

le

sexe des images présen-tées).

L

attirance augmenterait au

fur

et à mesure

qu'on

se rapprochait de

I'image

moyenne de

l'échantillon. Un

artefact technique

lié

à I'augmentation du nombre de visages

d'un

composite, est

l'élimination

des particularités de chacun et I'adoucissement de

I'aspect

généraI de I'image.

Galton remarqua cet effet dans ses travaux sur les images composites (Galton, 1883). Cependant, le même effet est observé avec des images de visages au trait (des dessins). Plus les traits se rap-prochent de la configuration moyenne de

l'échantillon,

plus

le

dessin est perçu comme attrayant (Rhodes et Tremewan, 1996).

La préférence marquée pour la moyenne dans ces expériences sur I'attirance et la beauté, a amené de nombreux chercheurs à

formuler

des hypothèses sociobiologiques pour tenter de

I'expliquer (Thornhill

et Gangestad, 1993; Jones, 1995; Salter,1996). Le résultat est

qu'aujourd'hui,

le

nom-bre

d'hypothèses dépasse de

loin le

nombre de

faits

concrets sur lesquelles

elles

sont censées reposer. Néanmoins, le concept que

la

beauté est Ia moyenne

est

trop simple pour expliquer les différentes situations observées dans

la vie

de tous les

jours.

Les personnalités

du

monde de la mode ou du show business sont rarement proches d'une quelconque 'moyenne'. De récents tra-vaux de Perrett et

al.

(1994; 1998) parus dans Nature nous apprennent que la situation n'est pas si simple. Les auteurs ont examiné jusqu'à quel point la forme moyenne

d'un

visage peut expliquer son attirance. Les expériences de perception ont porté sur des images de visage moyen (forme et couleur) calculées sur la base

d'un

ensemble de 244 points de repère25: (a) le visage moyen

d'un

échantillon de 60 femmes occidentales, âgées de20 à 30 ans; (b) le visage moyen des 15 visages

25.

Il

ne s'agit pas de points de repères homologues au sens strictement morphométrique du terme. Les points choisis se répartissent sur I'ensemble de la forme et des courbes (la définition d'un point de repère homologue se trouve au point 2.3.5).

II. Reconnaissance et Perceptiott des Visages

jugés les plus attrayants, et (c) un visage moyen constitué à partir des différences entre les visages (a) et

(b)

augmentées de 50Vo.Les sujets (britanniques) jugèrent systématiquement le visage (b) comme 'plus attrayant'que (a), et le visage (c) comme 'plus attrayant'que (b). Ces résultats nous apprennent que

le

visage moyen dérivé

d'un

sous-ensemble de visages jugés attirants, est perçu comme 'plus

attirant'que

le visage moyen de l'échantillon entier de visages dont ils sont issus. La même remarque s'applique lorsque les différences entre Ie visage moyen de

l'échantillon et

le visage

moyen du

sous-ensemble

de

visages attirants est augmentée.

Or,

cette

manipulation

a comme résultat d'éloigner la configuration de ce visage de la moyenne de

l'échantillon,

mais sont attirance perçue est accrue. Notons que les auteurs ont trouvé des résultats similaires lorsqu'ils ont

reproduit

leurs expériences de perception basée sur des visages de femmes japonaises, sur des sujets britanniques ou japonais. De plus, les images de visage ainsi manipulées apparaissent plus jeunes (comme observé au

point 2.I.7.1),

ce

qui

n'est certainement pas sans importance.

Alors

que tous les visages possèdent une légère à forte asymétrie, la symétrie verticale (gauche-droite) du visage semble avoir une importance dans I'attirance perçue de ce visage, comme le montrent certains travaux

dont

les résultats indiquent une préférence pour les visages rendu parfaitement symétriques

(Thornhill,

et

aL,1993;

Rhodes, et

aL,

L996). Les arts plastiques, ou certains domai-nes

du

marketing

font

déjà largement usage d'images manipulées dans ce sens pour idéaliser la beauté

d'un

visage, et le faire apparaitre 'plus beau'.

Les psychologues se sont essentiellement intéressés à I'importance sociale du stimulus, à ses sté-réotypes physiques,

à

son

effet sur les

relations sociales

et aux

caractéristiques personnelles

d'individus

jugés comme attirants. De nombreuses revues du sujet sont disponibles dans la littéra-ture. Shepherd passe en revue les attributs sociaux liés au visage,

y

compris la beauté (Shepherd, 1981; Shepherd, 1989), d'autres se sont intéressés au rôle de la beauté et de I'apparence physique dans

le

développement de

l'enfant

(Langlois et Stephan, 1981;

Hildebrandt,

1982), et aux rela-tions sociales chez les adultes (Adams, 1977; Adams et Crossman,1978; Langlois, et a1.,1990).

Le concept de ce qui est beau, est bien se retrouve dans des travaux en psychologie sociale où les auteurs suggèrent que I'attirance (ou la beauté) du visage influence la manière dont on est perçu en tant

qu'individu.

Karen Dion et al. (L972) présentèrent des photographies de visages préalable-ment jugés comme attirants, repoussants ou intermédiaires, et demandèrent aux sujets de

s'expri-mer sur I'impression qu'ils

percoivent

en

regardant ces portraits.

Les

visages attirants furent associés

à la notion de 'vivre une meilleure vie', 'plus heureux', et

possédaient d'avantages

d'attributs

sociaux reconnus comme positifs que les autres. Dans une autre étude, la description

d'un

acte aggressif était accompagnée d'une photographie

d'un

enfant 'attrayant', et

d'un

enfant 'non-attrayant'. Les adultes étaient plus enclin à expliquer I'acte par des dispositions de I'enfant 'non-attrayant', et par des circonstances de

I'enfant'attrayant'(Dion,

et

aI., 1972).

En d'autres

Page 65

2.1 Contributions de la psychologie

termes,

ils

assumaient que

I'enfant

'non-attrayant'

était

méchant, alors que

I'enfant

,attrayant, était dans un mauvais jour.

Du point

de vue ethologique,

il

existerait des configurations optimales des traits

du

visages qui déclencheraient une réponse appropriée de la part de celui qui les perçoit; un parent s'occupant de sa progéniture,

par

exemple

(Eibl-Eibesfeldt,

1970).

De

nombreux travaux sur

I'attribution

du caractère

'mignon'

des visages de nourissons ont

utilisé

ce concept. Des protocoles expérimen-taux furent mis au point pour essayer de déterminer

s'il

existait des positions, ou des tailles, opti-males

de

certains éléments de visages,

qui

généreraient une réponse

plus forte de la part

des sujets, la position et la

taille

des yeux, par exemple (Brooks et Hochberg, 1960).

Un

visage com-posite idéal, c'est-à-dire perçu comme le plus attrayant,

fut

produit par Sernglantz et

a/.

(Stern-glantz, Gray et

Murakami,

1977) en utilisant des dessins schématiques de visages de nourrissons, où

la position

verticale des éléments était variable, ainsi que divers paramètres des yeux. Leurs résultats livrèrent un

portrait

du

nourisson

idéal possédant un grand

front,

de larges yeux grand ouverts,

un

grand

iris

et

un petit

menton. Des dessins de visages de nourrissons, basés sur des mesures biométriques d'enfants prématurés et à terme, fournirent des résultats similaires: les visa-ges étaient perçus plus attrayants

("cute")

en fonction d'une augmentation relative de

la taille

du

front,

de la largeur du visage et de la taille des yeux (Maier, et a1.,1984; McCabe, 1984).

Finale-ment, une configuration faciale idéale du

nourrisson émergea

de

ces

travaux, qui, selon

les auteurs,

incite à

des comportements protecteurs, d'affects

positifs et d'inhibition

des réponses aggressives de la part du récepteur26

lHild"brandt,

1982;

McArthur,

et

al.,

1983-84).

Laconéla-tion négative entre l'âge perçu et la beauté chezlafemme adulte (Kogan, et

al.,196l;

Korthase et

Trenholme,

1982), suggéra

à

de nombreux auteurs que

la

présence de

traits infantiles

dans le

visage influencerait cette

impression2T

lMcArthur, et al.,

1983-84;

Keating,

1985;

Berry

et

McArthur,

1986; Cunningham, 1936).

2.1.7.4.4

L'apparentement

L'apparence faciale est contrôlée en grande partie génétiquement. La moitié des gènes

d'un

enfant provenant de sa mère, et

I'autre moitié

de son père, la composition et

la

structure de son visage sera influencée par une interaction des deux, débouchant souvent sur le débat populaire de

I'iden-tification

des traits du visage de bébé qui ressemblent au père, ou à la mère. En termes scientifi-ques' nous connaissons très peu de choses sur la transmission de la ressemblance

familiale,

ou sur la manière dont nous croyons la percevoir.

ce

problème

fut

étudié par Sir Francis Galton (1883)

26' L'impression généralement perçue serait composée, entre autres, de faiblesse physique, de soumission et d'une certaine naïveté intellectuelle (McArthur, et al., l9g3_g4).

27. Ces travaux utilisent le système de construcrion Identikir. McArthur et al. (1983-84) et Keating (19g5) composèrent des visages d'hommes et de femmes d'apparence plus ou moins mature. Cunningham (1986) utilisa des photographies.

IL Reconnaissance et Perception des Visages

qui

examina

la

ressemblance

familiale

en superposant des portraits de différents individus sur la même plaque photographique. Les portraits superposés étaient alignés les uns avec les autres en

utilisant

un

trait

facial commun (les yeux, p.ex.). Galton supposait que que cette procédure

allait

renforcer

les traits

communs de chaque

individu, et

adoucir,

ou

rendre

floue,

les

traits ou

les

régions différentes, car elles seraient mal alignées dans I'image composite. L'environnement joue également un rôle important sur la manière dont les gènes seront exprimés. Le développement des

différents tissus composant le visage et le crâne prend place relativement tôt (voir

la section

2.I.2). Le

contrôle génétique est très complexe et encore incompris peut résulter en une altération de I'apparence du visage dans certains syndromes congénitaux, comme Ia trisomie

2l

(syndrome de Down), ou lors d'exposition prénatale à certains agents chimiques comme la

phéyn-toine (un

antiépileptique),

ou I'alcool

(FAS

-

"Fetal

AIcohoI

Syndrome").

Les

processus

et

les gènes en causes ne sont pas identifiés, mais les cliniciens sont des experts dans la reconnaissance des caractéristiques des différents effets sur I'apparence faciale d'un

individu

(Baraitser et Winter,

1983).

Le

cas de vrais jumeaux (monozygotiques) est un exemple intéressant.

Ils

sont issus de la

division

du même oeuf fécondé, et sont donc génétiquement identiques.

Ils

se ressemblent beau-coup, mais possèdent de petites différences qui permettent aux proches de les discerner. Ces

diffé-rences sont probablement issues d'interactions gènes-environnement légèrement différentes, dans leur nature et dans le temps, pour chacun des jumeaux, résultant en I'accumulation de différences subtiles au niveau du visage.

Il

s'agit à nouveau d'apprendre à percevoir les régions du visage, ou les relations entre certains de ses traits, qui sont les plus différents entre eux pour arriver à les dis-tinguer. Une fois le bon répertoire perceptuel composé, les jumeaux apparaitront bien moins iden-tiques,

qu'ils

n'apparaissent à quelqu'un qui les

voit

pour la première

fois

(Bruce, et a1.,1998).

C'est une situation d'apprentissage perceptuel identique à celle de la reconnaissance différentielle interethnique, où les individus d'une population

d'origine

différente de celle du sujet apparaissent tous identiques,

jusqu'au

moment où

il

aura appris à les distinguer efficacement, sur la base des traits qui les différencient

(voir

la section 2.I.7.3).

Un aspect des expériences en laboratoire,

qu'il

ne faut pas sous-estimer, est celui de I'influence de

la

nature de

la

tâche que

les

sujets doivent effectuer. Une

publication

intéressante de

Lewicki

(1gg6a) nous montre comment

le

comportement

d'un

sujet peut être influencé inconsciemment par

la

covariation

'forcée'de

deux caractéristiques (variables). Des photographies de visages de femmes étaient présentées au sujet, accompagnées par une brève description orale de la

personna-lité

du stimulus. Les individus présentés étaient inconnus du sujet; tous les visages à long cheveux avaient une caractéristique en commun, alors que les visages à cheveux courts en partageaient une autre (les visages à long cheveux étaient tous décrits comme

'gentils',

par exemple, alors

qu'ils différaient sur

les autres

points).

Plus tard, lorsque

les

sujets étaient inteffogés sur

un

nouvel ensemble de visages, et devaient répondre si le visage possédait tel ou tel attribut de personnalité,

Page 67

2. 1 Contributions de la psychologie

les temps de réaction des sujets variaient selon que

I'attribut

était lié à la longueur des cheveux, ou non.

Les

temps de réponse des sujets

qui

n'avaient pas assisté à

la

présentation

initiale

étaient significativement plus

long

(pour répondre

'oui'ou 'non') lorsqu'ils

étaient interrogés sur

I'attri-but 'gentil'

et

un

visage de femme aux cheveux longs, par exemple

(Lewicki,

1986b;

Lewicki,

1986a).

La perception du visage implique donc des processus qui vont bien au-delà de

I'information

pré-sentée. Sur la seule base du visage d'un individu, nous pouvons émettre un jugement sur son

ori-gine

ethnique, son état émotionnel, des traits de sa personnalité, son âge

et

éventuellement sa profession. Uexpérience de

Lewicki

montre comment I'assimilation inconsciente

d'une

variable physique à un attribut de personnalité peut prendre place; une telle covariation peut être induite ou renforcée par les stéréotypes véhiculés par les médias, l'éducation, etc.

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