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d’étude et orientations de recherche

Chapitre 2 : Les espaces verts et leur

2.2. Le contexte de la gestion durable des espaces verts

2.2.3. La participation pour une gouvernance des espaces verts

Les élus semblent répondre aux enjeux du Développement Durable en mettant en place une gouvernance territoriale où la participation citoyenne aux débats démocratiques joue un rôle déterminant. La participation se divise en quatre niveaux en fonction des degrés d’implication des acteurs du territoire : l’information, la consultation, la concertation et la co-construction.

Tout d’abord, pour comprendre la mise en œuvre de la participation citoyenne exercée dans les communes françaises, il est nécessaire de remonter à l’échelle européenne. En effet, en Europe, la participation au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement sont cadrés dans la Convention Aarhus. « Elle impose aux Etats Parties des obligations vis-à-vis du public […] Elle induit une démarche de démocratie des processus décisionnels nationaux » (Boutelet et Olivier, 2009). La convention encourage les Etats à mettre en place des dispositifs de participation aux décisions relatives à l’environnement. Elle incite les décisionnaires à élaborer des normes environnementales ou à adopter des plans et des programmes d’action. La participation renforce la défense des droits individuels à vivre dans un environnement assurant la santé et le bien-être. Elle améliore la qualité et l’efficacité des décisions administratives. De plus, elle intègre la diversité des intérêts et des valeurs du public. Il s’avère que la participation du public permet de mieux approcher les spécificités et les dynamiques territoriales détectant les interdépendances spatiales et temporelles (Faburel et Manola, 2007) du fait de la proximité spatiale entre le citoyen et le territoire. Et enfin, elle contribue aussi à l’amélioration de l’éducation et de la pédagogie environnementales à destination du public pour le responsabiliser (Boutelet et Olivier, 2009). La participation citoyenne est prise en compte dans le système politique français à travers la démocratie participative. C’est un « mouvement continu dans la prise de parole et de conquête de droits […] Elle implique un jugement de la part du public à travers une gamme de formules de

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participation» (Barbier, 2005). Quatre formes de participation existent dans le système démocratique français :

- l’information, qui fournit des éléments aux individus sur le projet mené. Son contenu doit être accessible et vecteur de communication ;

- la consultation, où la population est mobilisée par les décideurs afin d’avoir leur avis sur le projet préalablement défini et sélectionné par ces derniers ;

- la concertation, qui consiste à avoir une attitude globale de demande d’avis avant qu’une décision soit prise. Elle permet un dialogue dont l’objectif est de définir un ou plusieurs axes pour le projet. Le décideur reste le seul maître à bord car c’est à lui seul que revient la décision. Par une démarche de concertation, les décideurs tentent de débloquer les conflits en constituant un échantillon d’acteurs le plus complet possible d’afin d’obtenir une diversité de points de vue (Alban et Lewis, 2005) ;

- la co-construction de projet, où les acteurs participent à son élaboration dans son intégralité. Par essence, l’ensemble des acteurs se positionne en situation d’équité où la décision est prise par un vote, un consensus ou par un consentement.

Par ces formes, la participation s’insère au cœur des processus de décision publique dont la caractéristique commune est d’être à l’initiative des autorités publiques et hors des campagnes électorales (Bherer, 2011).

Ne pas savoir ce qu’est la participation, ne pas savoir à quoi elle sert, ne pas savoir où elle s’organise, ou encore le manque de disponibilité des individus, le manque de confiance en cette démarche ou les NIMBY (« Not In My BackYard » signifiant « pas dans mon arrière- cour ») sont autant de freins qu’il semble possible de surmonter. En effet, il faut ouvrir les champs des possibles, donner le sentiment d’être dans l’informel ou encore autoriser le public à imaginer le futur. Il existe cinq champs de levier à explorer afin de mettre en place un projet participatif de co-construction : la posture des organisateurs, l’organisation matérielle, la posture de l’animateur, la posture des participants et enfin la capacitation (Evaléco, formation « Apprendre à participer à la co-construction de projet », 7-8 juillet 2014). L’organisateur, c’est-à-dire le commanditaire du projet participatif doit travailler en toute transparence. Il doit être clair sur les moyens dont il dispose, clair sur le mode de prise de décision (vote, consensus, consentement) et clair sur les objectifs des réunions (information, consultation, concertation, co-construction). Il ne faut pas, qu’il propose d’emblée d’importants engagements aux participants mais au contraire en formuler des moindres. Ils sont ainsi sollicités mais ne sont pas réticents à l’idée de s’engager dans la participation. L’organisation

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matérielle permet de cadrer la participation. Il s’agit d’indiquer l’ordre du jour et de bien le respecter. Il faut permettre à tous les publics de venir. Pour ce faire, il s’agit de varier les moments de participation dans le temps. Les dates de réunion sont fixées à l’avance. Le compte rendu est aussi un outil de communication très important qui permet de réaliser un bilan et d’avoir un journal de bord. La posture de l’animateur est neutre. Il est le médiateur qui énonce les règles de la réunion, aide à gérer les conflits et reformule ce qui est dit par les participants afin que tout soit bien compris. Saint-Amand (2013) distingue le lexique à éviter, c’est-à-dire les mots anxiogènes, à connotation péjorative ou induisant un jugement et le lexique à expliquer relatif aux mots polysémiques en fonction des disciplines. Il peut déléguer certaines de ses compétences afin d’attribuer de petits engagements auprès des participants comme la gestion du temps de parole, l’autorisation de la prise de parole ou la prise de notes. Le participant se doit de respecter autrui et de se mettre en position d’écoute. Il est présent afin de raconter, transmettre et échanger ses connaissances et ses compétences. Dans le dernier champ, il s’agit de la capacitation, c’est-à-dire de la capacité réelle de participer à une réunion ou projet pour tous les individus qui le désirent. Ce levier consiste à lever l’ensemble des freins susceptibles de limiter la participation. Par exemple, il faut organiser une réunion dans un endroit accessible avec des places de parking gratuites à proximité de la salle. Il est indispensable d’organiser des réunions à des jours et des heures différents pour permettre à tous de venir ou encore utiliser un langage intelligible pour ne pas décourager l’assistance. Un panel d’outils collaboratifs est aussi utilisé pour animer la participation. L’objectif est de dynamiser et d’intéresser les acteurs du projet. Effectivement, la collaboration est bénéfique lorsque l’atmosphère est conviviale et lorsque la discussion et l’écoute sont au cœur de l’exercice. Il s’agit pour la plupart de « jeux brise-glaces », dont le but est d’éveiller l’intérêt des participants. Ils permettent aussi de lever les angoisses ou encore d’amorcer la discussion avec les personnes présentes. Les « jeux coopératifs », où l’ensemble des joueurs gagnent ou perdent conjointement, mettent en avant le fait de pouvoir construire ensemble quelque chose et de lutter contre les conditionnements de l’esprit de compétition.

D’après Sébastien (2011), un nouveau mode de management de la complexité territoriale est en train de s’imposer et se développer grâce à la mise en place de la participation. Cela permet à de multiples acteurs de se réunir et de réfléchir ensemble aux problèmes et à leur résolution (Callon et al., 2001, Alcouffe et al., 2002, dans Sebastien, 2011). Pour ce faire, nous devons

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instaurer une collaboration entre les acteurs du territoire par le bais d’un outil de médiation, entre lui et les espaces verts, lors de la participation.

Synthèse

Nous proposons de conceptualiser la gestion des espaces verts en répondant à trois questions (Figure 20) :

- Pourquoi mettre en place une gestion des espaces verts ? Car la présence de la végétation en ville semble apporter de réels bénéfices d’un point de vue environnemental, social et économique ;

- Dans quel but ? L’objectif est de répondre aux attentes des différents acteurs du territoire qui sont liés aux usages des espaces verts et à leurs mode d’appropriations ; - Comment les gérer ? Nous proposons d’utiliser la participation pour instaurer une

gouvernance des espaces verts.

La mise en œuvre de la participation est favorisée par la prise en compte de cinq leviers, mais doit aussi passer par un outil favorisant le dialogue et perceptible par tous. Il doit permettre à chacun de révéler la matérialité des espaces verts et leur sensibilité envers celui-ci. Pour ce faire, nous utilisons une approche par le paysage.

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