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participation dans les ateliers pilotes

7.2. L’atelier pilote PINS

Cette étude pilote fait l’objet de l’expérimentation d’une procédure participative de co- construction d’une vision partagée de la Pinède de Juan-les-Pins. Dans cet atelier pilote nous nous servons des représentations de chaque individu pour apprendre et cerner les relations, les dynamiques et les enjeux dans les espaces verts (Dubus et al., 2015), à travers la photographie, faisant émerger les intérêts des personnes par rapport à l’espace. Comment faire bon usage de la photographie en tant que géographe dans le cadre de la gouvernance des espaces verts ? Deux hypothèses sont émises :

1) le paysage possède un ou plusieurs éléments constitutifs et représentatifs observables par la photographie ;

2) le géographe peut mettre en relation la photographie et les outils de représentation spatiale pour identifier la structure et les dynamiques de l’espace vert en question dans le but d’accompagner le gestionnaire.

Nous voulons rendre compte des relations spatio‐fonctionnelles, c’est‐à‐dire des distances et de l’hétérogénéité dans notre espace d’étude (Lardon et Capitaine, 2008), en y interrogeant les usages et les pratiques (Brassac et al., 2008) afin d’aider le gestionnaire dans ses choix de gestion. L’accueil des participants se fait au puits de la Pinède le samedi matin (Figure 75) :

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Figure 74 : Programme de l’atelier pilote PINS (d’après le modèle de (Bedu, 2010))

7.2.1. Enquête photographique à la Pinède

L’atelier PINS commence par une visite guidée de la Pinède pour instaurer un climat de convivialité. Suite à cela, les participants sont sollicités pour répondre à un questionnaire par l’intermédiaire de la photographie (Figure 76).

Figure 75 : Questionnaire distribué à chacun des participants

La photographie se révèle être un outil opérationnel et populaire levant les inhibitions (Claire Blouin-Gourbilière, 2011). En effet, il s’agit d’une approche non verbale, « narration

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figurative », dépassant les limites de l’enquête orale (Claire Blouin-Gourbilière, 2011). Toutefois, une description de la photographie, « narration descriptive », est nécessaire afin d’associer le duo représentations/pratiques (Berque, 1994 dans Blouin-Gourbilière, 2011). Elle fournit trois éléments d’information (Michelin, 1998) :

- elle permet de distinguer la part intime et affective du paysage selon chaque individu. « En demandant à une personne de photographier « son » paysage préféré, nous interrogeons la part intime et affective de son lien avec le paysage, part parfois difficile à exprimer (Michelin et Gauchet, 2009), part que « chacun porte en lui comme élément de son identité (Michelin, 1998).» (Claire Blouin-Gourbilière, 2011), - elle nous fait accéder aux éléments constitutifs et représentatifs du paysage que les

individus souhaitent montrer. La photographie fournit des informations pour mieux comprendre comment se structure et s’harmonise un paysage lorsqu’elle est associée à un travail de description et de justification (Mamou, 2013),

- elle met en avant la conscience qu’ont les acteurs des évolutions paysagères en cours et ce qu’ils souhaiteraient pour le futur. L’association question-photographie soulève ainsi les problématiques liées aux transformations auxquelles chacun participe, subit ou s’oppose (Luginbühl, 1989).

Le questionnaire est intitulé « Espace vécu/Espace perçu : la Pinède, site emblématique d’Antibes Juan‐les‐Pins ». Les objectifs de l’investigation sont rappelés au début du questionnaire : connaître la manière dont les personnes pratiquent et perçoivent la Pinède de Juan‐les‐Pins et en faire émerger les enjeux sociaux, environnementaux et économiques. L’enquête est composée de sept questions relatives à la Pinède abordant sa différenciation, son organisation spatiale, sa situation dans le milieu urbain, les pratiques et les représentations des usagers (Annexe 4). Cette première phase s’est déroulée en une heure et demie lors de laquelle les participants ont été libres de se déplacer, d’échanger et de se regrouper. Pendant cette rencontre nous remarquons que les participants se présentent spontanément les uns aux autres, échangent leurs expériences, racontent des anecdotes en lien avec l’espace où ils se trouvent et partagent des informations sur leur activité du jour avec les individus rencontrés sur le site (Figure 78).

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Figure 76 : Echanges entre participants et usagers de l’espace vert

En tant qu’animateur nous nous sommes rendus disponibles pour répondre aux différentes questions et nous avons observé le déroulement de l’atelier. Nous remarquons que les participants ont interagi, de nombreuses fois, avec les usagers de la Pinède curieux de savoir ce qu’ils étaient en train de faire. Nous avons été sensibles au fait que chacun d’entre eux évoque la réalisation d’une enquête de groupe et non d’une enquête individuelle. Les participants se sentent appartenir à un projet commun. Cependant, deux groupes se sont clairement constitués entre les individus qui se connaissaient déjà et les individus qui se sont rencontrés le matin même.

A l’issue de cette investigation de terrain, le groupe de participants se retrouve dans une salle de réunion dans le but de visionner les clichés pris à la Pinède de Juan-les-Pins. Pour chacune des photographies, nous indiquons si elle revient plusieurs fois ou une seule fois. Cela met en évidence si la photographie d’un même paysage est partagée ou spécifique à chacun (Michelin, 1998). Par exemple, pour la question 2, relative à l’identification de l’entrée principale de la Pinède de Juan-les-Pins, huit personnes sur dix ont pris la même photographie tandis que deux autres personnes ont répondu deux endroits différents pour y rentrer (Figure 78).

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Ensuite, nous demandons aux participants de ne sélectionner qu’une seule photographie par question parmi le corpus. La photographie entendue comme une analyse individuelle est agrégée dans un espace de représentation collective (Mamou, 2013). Par exemple pour la question 5 (Figure 79), les éléments perçus comme négatifs à la Pinède de Juan-les-Pins sont passés en revue puis hiérarchisés en fonction de l’importance qui leur est accordée par le groupe de participants. Cela permet au gestionnaire de déceler les éléments rejetés ou devant être améliorés (Michelin, 1998). En demandant de choisir une photographie représentative de la Pinède de Juan-les-Pins pour l’ensemble du groupe, cet atelier incite au débat. Il est possible de détecter les conflits et les divergences entre les acteurs ainsi que leurs ententes et leurs connivences pour mieux les connaître et mieux les appréhender. Les photographies sont placées au cœur de chaque conversation. Chacune d’elle fait émerger une parole qui laisse à chaque participant l’occasion de s’exprimer et d’alimenter un intérêt collectif (Mamou, 2013). Dans notre cas, quatre types de discussion se distinguent :

1) certaines photos éclairent les parties sur la réalité du terrain et permettent d’en apprendre davantage sur les responsabilités des différentes parties ;

Extrait question 5 :

Elue : Les extractions des cuisines !

Association A : C’est incroyable qu’on puisse autoriser cela. Elue : Ce n’est pas autorisé c’est toléré, mais on est bien d’accord. Association A : Avant c’était encore pire, avec les poubelles. Quand

c’est plein au mois d’aout !

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