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participation dans les ateliers pilotes

Administré 40 : Justement pourquoi ne pas regagner en biodiversité.

7.2.2. Appropriation des informations de l’atelier pilote PINS

Le « chorème » est utilisé comme outil d’analyse spatiale pour décrire les caractéristiques (Voiron et Chéry, 2005) de la Pinède de Juan-les-Pins pour expliquer les localisations, les processus et les relations (Mérenne-Schoumaker, 2002).

Il s’agit d’un modèle graphique dont les caractéristiques sont la simplification, l’interprétation et la formalisation révélant une vision d’ensemble (Lardon et Capitaine, 2008) des pratiques et des usages. Il a trois intérêts fondamentaux (Lardon et Piveteau, 2005) :

- il sert à construire un raisonnement sur l’espace en explorant les représentations spatiales pour en comprendre l’organisation ;

- il permet d’interpréter les stratégies, d’expliquer les visions du territoire et d’expliciter les facteurs de blocage des acteurs en faisant émerger les enjeux ;

- il crée des propositions d’actions compatibles avec les contraintes et les ressources du territoire.

Cette analyse spatiale s’attelle à démêler la complexité des dynamiques entre les objets géographiques, à révéler les structures spatiales et les processus qui les produisent (Bavoux, 2010) pour faire émerger l’organisation, le fonctionnement et les représentations spatiales du territoire ainsi que les attentes des différents individus (Dubus et al., 2015). Le « chorème » est un outil de spatialisation qui permet d’exprimer l’organisation spatiale et fonctionnelle (Lardon et Capitaine, 2008) de l’espace vert. Il tend à révéler sa complexité ainsi que les connaissances acquises lors de l’atelier. En effet, il correspond à des lois de l’organisation spatiale comme les maillages et treillages, les dissymétries, les gravitations, les fronts et les affrontements, les interfaces et les synapses (Brunet, 1992). C’est un langage commun créé à partir d’un alphabet de chorèmes élémentaires dont les combinaisons rendent compte des organisations spatiales (Lardon et Piveteau, 2005). Cet alphabet est simplifié dans une grille, répertoriant les sept principes organisateurs de l’espace qui répondent à des problématiques d’aménagement des territoires (Figure 80). Elle est divisée en deux volets : les chorèmes de structure, c’est-à-dire les objets spatiaux et les chorèmes de dynamiques représentant les processus spatiaux. Dans notre travail, nous appliquons cette grille de lecture afin de faire émerger l’organisation spatio-fonctionnelle de la Pinède de Juan-les-Pins (Figure 81).

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Figure 79 : Les sept principes organisateurs (selon Lardon et Piveteau, 2005)

Par cette analyse spatiale (Figure 81), les principes organisateurs définis par les participants sont mis en avant et interprétés pour aider le gestionnaire dans ses choix de gestion. En effet, la Pinède de Juan-les-Pins semble se découper en quatre zones distinctes clairement identifiées par le groupe : la mer, la Pinède bord de mer, la Pinède intérieure, la ville. Elles sont quadrillées par des axes de circulation :

- un axe qui entoure la Pinède, caractérisé par une circulation routière faisant office de séparation entre la zone de bord de mer, la Pinède intérieure et la ville ;

- trois axes piétonniers permettent de circuler dans la Pinède dont un drainant les individus de la ville à la mer, un qui irrigue la Pinède et un dernier qui se situe le long du littoral.

D’après les commentaires des participants ce découpage fait de la Pinède un lieu essentiellement de passage. Ils identifient une entrée principale même si toutefois ils émettent des réticences vis-à-vis de cela car ils semblent vouloir un espace vert ouvert, où il est possible de circuler librement et de toute part.

Extrait question 3 :

Association A : On voit bien que c’est le prolongement de la ville par

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du centre-ville, comment les faire traverser par cet espace-là, pour moi c’est juste un axe pour traverser, pas forcément pour faire découvrir quelque chose.

Administré 27 : Ouais voilà.

Elue : Mais l’intérêt d’un tel espace ce n’est pas simplement pour en

faire un axe de passage.

Administré 40 : Ca dépend les fonctions : ou tu peux traverser ou tu te

balades.

Touriste 26 : Pour traverser on n’a pas besoin d’y rentrer à la rigueur on

pourrait passer par les deux extérieurs.

Association A : Ouais mais ça va plus vite quand même.

Touriste 26 : Tout dépend si on va au cap, on part là où les gens sont

garés c’est plus rapide.

Association B : Pour apporter un éclairage historique, cette traversée a été

conçu par Massé avec le lotissement qui a été fait à la fin du XIXe, ça s’appelait la promenade […] l’idée c’était comme vous dites que ça parte de la ville et que ça remonte et à l’époque ça allait jusqu’en haut et les gens se promenaient quoi.

Animateur : La question 3 qui était : prenez en photo l’endroit par lequel

vous entrez ?

Administré 27 : Moi je n’ai pas fait de photo. Animateur : Tu n’entres pas dedans ?

Administré 27 : Non, c’est parce que ça peut être n’importe où en fait ! Animateur : D’accord, parce que ça peut être n’importe où, c’est-à-dire ? Administré 27 : La question d’avant (Q2) c’est dans le cas où je dois

définir une entrée mais pour moi il n’y en a pas !

Administré 40 : Ça revient à l’idée d’un espace ouvert, d’ailleurs, c’est

beaucoup mieux, pour éviter d’être muré, d’être cantonné là. […]

Concernant les spécialisations de la Pinède, les participants semblent d’accord sur le fait qu’il s’agisse d’un espace vert à vocation sociale et culturelle, grâce à la présence d’une aire de jeux et d’un manège, des terrains de boules et des concerts en période estivale. Ils parlent aussi des plages privées qui bordent la Pinède en évoquant particulièrement la présence incommodante des extracteurs d’air de leurs cuisines. Leurs discours fait référence aux

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touristes qui fréquentent le manège. Cependant, il semble que certains participants souhaitent mettre en avant la Pinède en développant une orientation plus environnementale qui s’oppose, d’après leurs dires, à ce développement d’activités ludiques gérées par des privés.

Extrait question 5 :

Touriste 26 : Les manèges ça c’est moi, alors bien sûr par rapport à mes

critères, pour moi c’est négatif parce que d’accord on cherche à ce que la population réintègre cet espace, se réapproprie l’espace mais pas avec ça, avec un jardin d’enfant parce que c’est un lieu de partage etc… mais ce genre de commerces moi non.

Touriste 27 : C’est mettre du privé dans du public.

Association A : Je ne suis pas contre moi, ça me dérange pas trop.

Administré 40 : Pour moi car j’ai aussi pris cette photo, ça devrait être à

l’extérieur dans cette zone on peut mettre du loisir oui ! Mais en périphérie de la zone naturelle ou en tout cas ce qu’on a envie qui reste naturel […]

Le chorème présente l’espace tel qu’il est vécu, déterminant les enjeux socio-spatiaux de l’espace vert. Le gestionnaire peut appréhender la manière dont il est pratiqué et approprié par les différents acteurs du territoire. Le gestionnaire peut ainsi relever les différences entre la réalité et ce qui est voulu par les décisionnaires. Par exemple, les participants identifient l’entrée principale de la Pinède de Juan-les-Pins à des endroits tous autres que celle préalablement décidée par les décisionnaires. En effet, dans le projet d’aménagement défini par les décisionnaires, l’entrée est à l’opposé de celle déterminée par nos participants. Ainsi, le chorème localise les fonctionnements et les dysfonctionnements de l’espace vert en question fournissant des informations importantes au gestionnaire qui pourra réviser ses actions en conséquence. L’atelier pilote proposé est orienté, d’une part, sur l’action et l’évaluation des politiques d’aménagement et, d’autre part, sur le fait de pouvoir prédire les attitudes en fonction des éléments structurants le paysage (Lelay et al., 2005). En effet, les participants émettent certaines attentes fournissant ainsi des indications en matière d’aménagement et d’organisation spatiale. La présence de l’ensemble des acteurs du territoire permet ainsi de mutualiser les connaissances et les compétences pour définir une vision partagée par le groupe de la Pinède à partir de son histoire, de ses enjeux politiques et de ses caractéristiques spatiales, environnementales et économiques.

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Synthèse

Cet atelier pilote aborde le paysage sous l’angle de l’observation, c’est-à-dire en tant qu’objet, et sous l’angle de l’action, c’est‐à‐dire en tant qu’instrument dont l’intention est de créer quelque chose lors d’une application spécifique. La photographie est placée au centre de ce protocole pour faciliter le partage des connaissances et stimuler la collaboration. Cette démarche impose une conception d’ensemble dont l’intention est d’améliorer la qualité des processus de décision. Grâce à cette expérimentation nous concluons que la modélisation aide le géographe à expliciter le territoire, ses acteurs et son espace en devenant un « analyste » soucieux des mouvements, des actions et des aspirations de la société civile en réunissant des méthodes de production d’images (Piot, 2007).

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