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d’étude et orientations de recherche

Chapitre 2 : Les espaces verts et leur

2.2. Le contexte de la gestion durable des espaces verts

2.2.1. La gestion des espaces verts : réponse aux bienfaits de la présence de la végétation en ville

La présence de végétation en ville est aujourd’hui mise en avant pour les bienfaits (Figure 19) qu’elle procure chez l’homme, à l’environnement et pour l’économie (Laïlle et al., 2014), que les gestionnaires et les politiques développent, adaptent et promeuvent dans leurs espaces verts.

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Figure 19 : Tangibilité des bienfaits et robustesse des arguments (selon Laïlle et al., 2014)

Tout d’abord, nous nous intéressons aux bénéficies de la présence de la végétation sur l’homme. Au niveau de la santé, elle contribue à l’équilibre physique et psychique des habitants (Barra, 2015) grâce aux espaces de détente, de repos et de loisir, réduisant le stress et favorisant l’activité physique pour lutter aussi contre l’obésité (Laïlle et al., 2014). Au niveau social, les espaces verts se distinguent par leurs « opportunités d’interactions sociales » grâce à l’organisation d’événements, d’actions pédagogiques et participatives (Laïlle et al., 2014) pour créer des liens sociaux (Zimmermann, 2010). L’objectif étant de faire des espaces verts des lieux de vie, d’échanges et d’expérimentations pour garantir le « bien-être » des habitants et « l’attachement communautaire », pour permettre l’implication des populations dans les choix de développement, dans le dialogue et la concertation (Laïlle et al., 2014). Par exemple, lors de la réalisation de cette recherche, nous avons rencontré l’association Evaléco5 qui s’intéresse particulièrement à l’implication des citoyens dans le cadre de leur espace de vie. Elle a pour objet l’éducation populaire au développement durable et l’accompagnement à la transition écologique par la sensibilisation et la formation auprès de toute personne y compris auprès des élus locaux et des services des collectivités territoriales (Evaléco, 2013). Le travail de ce type d’association est d’encadrer les relations entre « une multiplicité d’acteurs hétérogènes qui s’expriment, se questionnent et se répondent pour définir, en commun, les conditions d’intervention et d’élaboration d’un projet (Daré et al., 2007 dans Etienne, 2010). L’objectif est de développer des espaces verts de manière collective, en prenant en compte non seulement les gestionnaires et les décisionnaires mais aussi les

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administrés et les associations ou toutes autres personnes ayant un lien direct ou indirect avec l’espace ou le phénomène à gérer. Ainsi, le principe de participation s’inscrit dans une logique de partage du pouvoir où des actions sont menées par des collectifs qui s’impliquent directement aux processus de programmation et de conception en tant qu’habitant. Cela permet de contribuer à la création et à la gestion de leurs propres espaces comme lieu d’échange et peut aussi contribuer à l’insertion socio-professionnelle (Manola et al., 2009). Au niveau environnemental, les espaces verts améliorent la qualité de l’air grâce à l’absorption de gaz toxiques (Soulier, 1968) pour lutter contre les pollutions et fixer le dioxyde de carbone (Laïlle et al., 2014). Les espaces boisés et jardinés réduisent les îlots de chaleur, c’est-à-dire des élévations localisées des températures en milieu urbain pour créer un milieu favorable pour la faune urbaine (Donadieu, 2013). Ils permettent aussi de réguler le climat (Wackermann, 2005) et les variations thermiques grâce à l’évapotranspiration et l’ombre issues des arbres (Barra, 2015) pouvant baisser de deux degrés Celsius la température d’une rue (Laïlle et al., 2014). « Ainsi comprendre l’utilité de la biodiversité à travers les services rendus est un levier important pour l’intégration du végétal en ville. » (Laïlle et al., 2014). D’un point de vue de l’entretien mené dans les espaces verts, les gestionnaires préconisent la « gestion différenciée ». Elle tend vers une évolution des techniques en accord avec le rythme biologique des espèces (Novarina, 2003). Désormais, c’est le mode biologique des plantes qui détermine la forme et la place des fleurs, variable en fonction des espèces et du temps. Il s’agit d’un « jardin en mouvement […] entrainant une différenciation accrue des espaces en fonction du type d’entretien que l’on prodigue .» (Novarina, 2003). Dans ces cas, l’esthétisme des espaces verts n’est plus l’enjeu central. Il s’agit de développer différents types d’entretiens et de services adaptés aux caractéristiques de chaque espace vert pour augmenter le potentiel de biodiversité présent sur les lieux (Zimmermann, 2010). Il s’agit donc d’intervenir en faveur de l’environnement et de tenter de contrôler les impacts écologiques et sociaux provoquant indirectement ou directement un changement voire une altération dans l’écosystème (Moser et Weiss, 2003). Nous pouvons donner en exemple la mise en place du dispositif « zéro pesticide » qui consiste à réduire l’usage des pesticides pour la préservation de la ressource en eau, de la biodiversité et pour la santé (www.eaurmc.fr). D’ailleurs, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte prévoit d’interdire au 1er janvier 2017 l’utilisation des produits phytosanitaires par l’Etat, les collectivités locales et les établissements publics sur les voiries, dans les espaces verts, les forêts et les promenades ouvertes au public (Ministère du Développement durable, 2015)

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Au niveau des bienfaits économiques, la présence de végétation contribue à la valorisation du bâti grâce aux espaces verts de proximité ou à un point de vue qui participe à l’augmentation du prix du foncier (Crompton, 2001 dans Laïlle et al., 2014). En parallèle, l’agriculture urbaine se développe grâce aux jardins partagés ou encore aux maraîchages urbains qui répondent à une attente des consommateurs souhaitant des produits cultivés localement et consolidant la cohésion sociale et économique du territoire (Laïlle et al., 2014). Nous citons l’attractivité du territoire comme avantage économique. Les espaces verts rendent une ville attractive tant au niveau touristique que pour les entreprises, les centres de recherche, les étudiants ou encore les nouveaux habitants, renforçant l’image de la ville (Zimmermann, 2010). « L’ensemble des aménagements végétaux participe à l’image de la ville, à l’ambiance générale, à sa beauté, à son attractivité. » (Laïlle et al., 2014). D’ailleurs, des enquêtes liées à des études marketing et d’opinion telles que celle de la Sofres6, menée par le Moniteur, relève ce constat en mettant le doigt sur les raisons déterminantes du choix d’une région d’habitation : 53 % désirent être proches de la nature, 75 % préfèrent une terrasse ou un jardin et 50 % expriment le souhait d’une augmentation des espaces verts. La qualité de l’environnement est une source de satisfaction pour 84 % des personnes interrogées (Felzines, 2005). Les populations des aires urbaines réclament des espaces de respiration et de détente en ayant compris la nécessité d’une gestion intégrée à la ville (Wackermann, 2005). Une enquête réalisée par l’UNEP7, sur les usages et les attentes des français en matière d’espaces verts en milieu urbain et périurbain, témoigne encore du caractère préoccupant de la nature en ville : « 7 français sur 10 choisissent leur lieu de vie en fonction de la présence d’espaces verts à proximité de leur habitation » et « 3 français sur 4 fréquentent de façon périodique ou quotidienne les espaces verts de leur commune » (Long et Tonini, 2012). « Les végétaux en ville sont des alliés objectifs de la santé humaine et du bien-être des habitants. Ils représentent aujourd’hui un des éléments essentiels non seulement de la qualité du cadre de vie, mais aussi de l’attractivité des territoires. » (Laïlle et al., 2014)

Pour répondre aux bienfaits de la végétation en ville, plusieurs opérations sont mises en place comme l’éducation et l’enseignement des valeurs du Développement Durable, la réduction des impacts environnementaux lors de la production de biens ou de services, la limitation de

6 Enquête pour Nexity, échantillonnage national de 1000 personnes représentatif de l’ensemble de la population majeure interrogée le 23 et 24 février 2005

7 Enquête menée par l’Union Nationale des Entrepreneurs du Paysage en collaboration avec l’institut de sondage Ipso, 2008.

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la consommation énergétique, de matières premières et des ressources non renouvelables ou encore la participation du public aux dialogues et aux actions menées (Moser et Weiss, 2003). Ces opérations s’inscrivent dans un contexte de gestion complexe que prône le concept de Développement Durable alliant à la fois croissance et préservation environnementale, sociale, économique ainsi qu’un choix de mode de gouvernance. Ce dernier implique alors une diversité d’acteurs du territoire en lien avec les espaces verts que nous devons identifier et considérer à travers leurs relations.

2.2.2. Les acteurs de la gestion des espaces verts et leurs relations

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