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la stratégie de recherche

4.1. L’exploration de la stratégie de recherche entre géographie et gestion

4.1.3. La géogouvernance comme moteur de la gestion publique dans une pratique de recherche-intervention

La géogouvernance s’appuie sur le concept de gouvernance, qui relève aujourd’hui d’une « manière de gouverner » dont la participation au débat démocratique est à tous les niveaux, notamment au niveau local (Vincent et al., 2012) dans le domaine de la gestion des territoires afin de contribuer à l’implication des citoyens dans les décisions en lien avec leur espace de vie et leur devenir (Dubus et al., 2015). Les habitants sont ainsi associés aux instances publiques dans « la mise en œuvre du processus décisionnel » (Dubus et al., 2010). La géogouvernance s’appuie sur un recueil de leurs représentations, de leurs attentes spatiales et de leurs conceptions sur le fonctionnement du territoire afin d’obtenir une connaissance

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partagée (Vincent et al., 2012). Elle est associée à une démarche ascendante de démocratie appelée : bottom up.

Les géographes appliquant la démarche de gouvernance fondent leurs travaux sur l’hypothèse qu’il ne peut y avoir de participation « éclairée », tant pour les citoyens que pour les élus, sans une connaissance partagée des enjeux et des stratégies territoriales. Par le biais de l’analyse spatiale, leur tâche est non seulement de rendre intelligible la complexité des enjeux et des dynamiques qui impactent l’organisation spatiale des territoires, mais aussi de partager les informations recueillies avec les différents acteurs pour encourager leur participation aux projets et favoriser une prise de décision équilibrée (Dubus et al., 2015). Leur but est de déterminer les représentations spatiales des acteurs pour libérer le dialogue pour toute construction collective ou pour résoudre un problème de gestion (Dubus et al., 2015). C’est un « processus de gouvernement concerté et pluraliste » (Masson-Vincent et al., 2013) dont la spécificité provient du fait que les citoyens sont considérés comme des acteurs territoriaux, c’est-à-dire des « opérateurs génériques dotés d’une capacité d’agir » (Di Méo, 2014) et non plus comme un agent, c’est-à-dire comme un homme ou une femme ordinaires sans réel pouvoir (Di Méo, 2014). La géogouvernance se fonde essentiellement sur quatre postulats :

- la clé de lecture de la complexité réside dans la modélisation et la simulation pour faciliter la démarche participative ;

- la démarche est multi-thématique, multi-problématique et multi-échelle avec une palette d’outils adaptative en fonction de la question traitée et des étapes pour permettre l’émergence de connaissances sur le territoire sans pour autant intervenir directement dans le processus de participation ;

- la démarche est souple et respectueuse des principes de base de la méthode scientifique ;

- la connaissance est un vecteur d’implication de tous les acteurs pour que les décisions soient prises dans la plus grande transparence possible.

Dans cette perspective, la décision est prise par l’ensemble des acteurs afin de mettre en place une démocratie participative. Il s’agit de travailler sur le territoire défini comme un « bien commun » (Masson-Vincent et al., 2013), c’est-à-dire en tant que valeur à finalité collective fondée sur la solidarité et la reconnaissance de l’autre (Donadieu, 2012).

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L’application de la démarche de géogouvernance favorise le dialogue entre les acteurs afin d’aboutir à la connaissance partagée du territoire pour co-construire des projets de manière interactive (Dubus et al., 2015). Ainsi, les géographes élaborent des diagnostics territoriaux, partagent les informations entre acteurs et font émerger leurs besoins. Le diagnostic territorial doit permettre la formulation de jugements sur la cohérence du territoire et sur la mobilisation des acteurs afin de transformer l’espace dans une perspective de développement territorial (Lardon et Piveteau, 2005). Il s’agit d’un « moment privilégié » de construction d’une vision commune du territoire en rapprochant les différentes « visions du monde » des acteurs pour qu’ils puissent coordonner leurs actions et partager un même avenir (Lardon et Piveteau, 2005). En adoptant une attitude neutre, le géographe instaure alors une géogouvernance nécessitant trois éléments clés (Hinnewinkel et Guillerme, 2006) : la mise en œuvre d’un outil pour la coopération des différents niveaux de décision, la participation des différents acteurs du territoire et l’intégration de l’ensemble des savoirs.

Synthèse

Nous évaluons les démarches explorées dans le but d’établir un bilan des actions pour élaborer notre stratégie de recherche (Tableau 2). Nous rendons compte de la complémentarité de ces démarches pour la réalisation d’un projet de gestion durable à la fois utile pour la collectivité et basé sur des connaissances robustes. Elles abordent ensemble le thème de la gestion par la participation à des degrés variables, de la simple pratique participative à la formation des acteurs. La recherche-intervention et le management se situent dans le domaine de l’opérationnalité en répondant aux exigences de la gestion tandis que la géogouvernance se préoccupe essentiellement du volet analytique de ce qui est à gérer. L’objectif est d’aider le gestionnaire à concevoir des outils de gestion pour ses espaces verts visant à orienter la conception et la formulation des actions à entreprendre. De cette stratégie de recherche émerge les différentes étapes de notre méthodologie de travail.

85 MANAGEMENT PUBLIC RECHERCHE- INTERVENTION GEO- GOUVERNANCE Dispositif participatif :

Construire une vision

commune 

Créer une démarche

participative 

Faire du terrain  

Former les acteurs  

Partager les connaissances  

Régler les conflits entre

acteurs   

Utiliser un dispositif

participatif   

La gestion :

Concevoir des outils  

Coordonner des actions  

Développer des méthodes

d'organisation   

Gérer des objectifs  

Proposer des solutions   

Régler les problèmes  

L’analyse :

Concevoir des outils  

Coordonner les actions  

Diagnostic territorial  Faire de la prospective   Faire de la recherche   Produire de la connaissance   Rendre intelligible la complexité   Les besoins : Analyser    Y répondre  

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