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La médiation décentralisée, à l’articulation de plusieurs mondes

Typologie des dispositifs de médiation littéraire

1. Les trois dispositifs de médiation et la préfiguration de la rencontre

1.2. La médiation décentralisée, à l’articulation de plusieurs mondes

Depuis les années 90, les écrivains participant ou invités au Livre sur la Place sont conviés à intervenir dans des lieux excentrés du chapiteau. Il s’agit des rencontres dites « décentralisées » pour reprendre la dénomination utilisée par les organisateurs. L’objectif premier est de créer un contact avec des œuvres sans passer par des prescripteurs habituels. Contre rémunération ou non, plusieurs écrivains choisissent par exemple d’intervenir en milieu scolaire (monde professionnel). Deux possibilités se présentent à eux : soit ils interviennent pour parler de leur activité d’écriture, soit ils préparent une séquence sur un sujet général en lien avec un des thèmes abordés dans leur livre. Dans les deux cas, le choix revient non pas à l’écrivain intervenant, mais au professeur. Ce dispositif de médiation répond en partie aux propositions inscrites dans le rapport de la commission Pingaud-Barreau (1982)

intitulé « Pour une politique nouvelle du livre et de la lecture »1 qui met l’accent sur l’action

1 « Le rapport de la commission Pingaud-Barreau, intitulé “Pour une politique nouvelle du livre et de la lecture”, est un rapport double : préconisations rapides, remises en octobre 1981, complétées par un second rapport remis en janvier 1982, après la loi sur le prix unique du livre. Nourri des rapports Granet, Chetochine et Vandevoorde, il porte sur tous les domaines du livre et de la lecture pour lesquels il détaille 55 propositions - dont certaines ont eu des effets durables et d'autres n'ont pas été réalisées - et exprime une politique du livre globale et cohérente, ce qui ne se reproduira pas avant 2007 » (Ermakoff, 2009 : 33-37).

179 culturelle et plus particulièrement sur l’intervention directe auprès des publics scolaires et empêchés.

1.2.1. De quelques différends

Depuis le milieu des années 90, les organisateurs du Livre sur la Place intègrent donc dans la programmation du salon des interventions d’écrivains en milieu hospitalier et carcéral, mais aussi dans des quartiers excentrés de la ville, comme ici l’écrivain Daniel Pennac en visite dans un quartier populaire, le « Haut-du-Lièvre » (dans une classe de collège) :

Photographie 28 : Daniel Pennac dans une classe de troisième du quartier Haut-du-Lièvre (collège Claude le Lorrain).

© Ville de Nancy. 19/09/08.

Du fait de ses activités parallèles, le Livre sur la Place est en quelque sorte un espace élargi à l’agglomération, les quartiers et villes avoisinants. En cela, il fait référence au discours relatif à la démocratisation socio-spatiale des pratiques culturelles et à une politique municipale volontariste. On parlera alors d’alliance entre l’action sociale et l’action culturelle dans la mesure où elle concerne souvent les mêmes publics et le même rapport « instrumental » à l’art. Ce type de médiation est au cœur de situations de désaccords (Boltanski ; Thévenot, 1991), au sens où les grandeurs de l’un – ici le monde professionnel – sont importées dans un autre (inspiré) régi par ses propres règles. C’est la raison pour laquelle il n’est pas rare, pour

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les écrivains – bien qu’ils acceptent de participer à ce type d’activités –, d’être tiraillés entre la conception autonome qu’ils se font de leur propre travail et son instrumentalisation au profit d’un projet non exclusivement littéraire. Nul doute que la qualité de l’intervention orale, les compétences pédagogiques et relationnelles se superposent, voire prennent le pas sur la stricte

qualité littéraire de l’œuvre1. En cela, on retrouve ce que Bernard Lahire (2006) mettait déjà

en évidence à partir d’entretiens conduits auprès de quarante écrivains en 2005. Par exemple, Muriel Carminati (08/07/2009), auteur jeunesse, que nous avons interrogée sur ce point, ne cache pas que sa « prestation » en milieu scolaire est « jugée » et « évaluée » par les

professeurs, lesquels rendent un rapport détaillé à la Maison des écrivains [MEL]2. La

rencontre avec le public peut donc être vécue comme une « épreuve » (Heinich, 1999)3

remettant en cause ses compétences et ses grandeurs. En témoigne l’expression récurrente employée par les auteurs au sortir d’une intervention publique : « Ça s’est bien passé ». Pourtant, alors que Nathalie Heinich (1999 : 141) explique que « le hiatus entre l’activité solitaire de l’écrivain et le bain relationnel quasi permanent, dans la superficialité de liens forcément éphémères, constitue toujours une épreuve », nous verrons qu’il n’en est pas ainsi pour la majorité des auteurs interrogés.

Cette parenthèse fermée, revenons aux conditions d’intervention en milieu scolaire et acceptons qu’elles puissent être le lieu de micro-conflits (de différends) entre les personnes concernées : l’auteur, l’institutrice chargée de la classe, les élèves et la personne de l’organisation qui coordonne cette rencontre. La médiation décentralisée en milieu scolaire est un cas exemplaire au sens où elle met à l’épreuve la fonction et le statut de l’écrivain. Quel rôle doit-il jouer ? Intervient-il en tant qu’écrivain, en tant qu’animateur, en tant que médiateur culturel ou bien les trois à la fois ? Quant à la personne chargée de la coordination, doit-elle intervenir dans la rencontre ? Si oui, dans quelles conditions ? Ces variations intra-professionnelles mettent en évidence une chose essentielle : il est parfois difficile pour un écrivain comme pour un médiateur (Montoya, 2008 : 32) d’intervenir à chacun des niveaux de médiation. Structurellement, l’enseignant et l’écrivain sont placés dans une position de

1 Cette dichotomie entre prestation orale et travail d’écriture solitaire sera abordée dans les prochains chapitres.

2 La Maison des écrivains et de la littérature (lieu de rencontre et de conseils pour les écrivains) a été créée à l’initiative de François Mitterrand. Elle est devenue une association 1901 en 1986. Elle est principalement financée par le Centre national du livre et la Direction du livre et de la lecture du Ministère de la Culture et de la Communication.

3 L’épreuve « opère un changement d’état du sujet […] tout en proposant une mesure de sa grandeur » (Heinich, 2000 : 71).

181 « médiation » floue puisque rarement prédéfinie. Cette instabilité – qui est le propre du monde littéraire (Boltanski ; Thévenot, 1991 ; Bourdieu, 1992 ; Lahire, 2006 ; Heinich, 2000) – soulève des divergences quant aux vues de chacun sur l’espace qui lui est réservé.

« Il arrive que le médiateur [dans notre cas, il s’agit de l’écrivain qui se rend dans la classe] ait le sentiment que l’enseignant, qui intervient pendant la rencontre, outrepasse ses fonctions. Il est surtout beaucoup plus fréquent d’entendre des médiateurs se plaindre du “manque d’initiative” des enseignants, qu’ils chargent souvent implicitement d’assurer la discipline de la classe : dans ce genre de cas, le médiateur délègue unilatéralement et tacitement à l’enseignant la charge de s’assurer que les élèves soient “prêts” à accueillir la rencontre – soit une fonction médiatrice uniquement tournée vers la disciplinarisation du public » (Montoya, ibid.).

Pour ce qui est des rencontres littéraires organisées en milieu scolaire, c’est bien souvent l’écrivain – alors considéré comme médiateur entre un public et une offre culturelle – qui charge tacitement l’enseignant de préparer les élèves à cette rencontre.

1.2.2. L’instabilité du statut d’écrivain

La rencontre littéraire organisée à l’école de Buthégnémont le 19 septembre 2009 entre l’écrivain Muriel Zürcher et les élèves de CM2 de Dominique Kissienne rend compte de la complexité des positions et des rôles pris par chacun dans un contexte de médiation scolaire. Autrement dit, elle est le lieu où se déroulent des « épreuves de la grandeur » (Heinich, 1999). Selon la demande de l’institutrice, Muriel Zürcher n’est pas intervenue en tant qu’auteur mais en tant que professionnelle de la santé. Son livre, La santé à petit pas paru chez Actes Sud Junior en 2008 devient le support d’une véritable campagne de prévention contre les accidents domestiques, les troubles psychologiques et la santé en général. La nature de l’intervention modifie alors le statut même de l’écrivain. Elle n’intervient pas pour présenter son livre mais pour informer les enfants, dans une démarche pédagogique (métaphores, jeux de

questions-réponses, vidéo-projection de dessins explicatifs...), des risques du quotidien1. Plusieurs

indices en attestent. Le premier, très révélateur, est qu’à aucun moment l’auteur ne se préoccupera de savoir si les enfants ont lu ou non son livre. Deuxièmement, son intervention est minutée, occupant une heure dans l’emploi du temps de la classe. Une fois que la cloche a

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retenti, tous les élèves se précipitent vers la porte de sortie pour aller en récréation. Troisièmement, les élèves ne poseront aucune question sur le livre, ni sur l’auteur ou encore sur le processus créatif. Enfin, aucun enfant ne demandera à l’auteur une dédicace. Dépossédée d’une grande partie de ses attributs d’écrivain (grandeurs du monde inspiré), Muriel Zürcher se contentera de signer l’exemplaire qui sera destiné à l’ensemble de la

classe1. Au cours de la rencontre, un différend apparaît au moment où l’auteur se plaint du

manque de matériel mis à sa disposition : « L’institutrice aurait pu prévoir au moins une rallonge pour brancher le vidéo-projecteur » regrette-t-elle. Ce reproche, si minime soit-il, témoigne d’une chose : le rôle de l’auteur et celui de l’institutrice ne sont pas clairement définis. Par conséquent, il arrive régulièrement que l’espace et les conditions d’intervention de chacun ne soient pas perçus de la même façon. Où s’arrêtent le travail de l’écrivain et celui de l’enseignant ? Qui doit prendre en charge la gestion du matériel ? Qui doit faire respecter l’ordre dans la classe ? L’institutrice ou l’auteur ? C’est donc le statut d’écrivain, sa marge de manœuvre, les limites de sa fonction et de son intervention, mais surtout la répartition des

rôles qui posent question2. L’auteur Muriel Carminati, qui intervient régulièrement auprès

d’enfants dans un cadre scolaire, déplore le cas de rencontres où les enseignants lui ont donné des attributions qui n’étaient pas celles d’un écrivain (conformes au monde de l’inspiration) :

« Il y a effectivement des fois où l’on doit absolument tout faire, y compris la discipline. Je corrigeais les fautes d’orthographe, on me donnait parfois des brouillons ! […] Ce n’était pas mon rôle. […] Mais je comprends tout à fait. Écrire, c’est un métier, parler en public en est un autre et

1 La rencontre avec les scolaires n’est pas toujours aisée. On se souvient des réactions agacées de certains auteurs (G. Tenenbaum et V. Boly par exemple) pendant la matinée scolaire du Livre sur la Place. Beaucoup reprochent aux élèves leur manque de curiosité et reprochent aux enseignants d’imposer l’exercice du questionnaire. En effet, les élèves sont amenés à répondre à un certain nombre de questions posées par leur professeur. Pour y répondre, ils doivent se renseigner auprès des auteurs ; situation qui fait de la rencontre un exercice obligatoire et évalué. « Il y a une période où les gamins viennent avec des questionnaires et les trois quarts des écrivains ne supportent pas ce truc-là. C’est hyper critiqué, et je pense à raison. En plus c’est mal foutu. Les gamins ne savent pas pourquoi ils sont là. Leur but est de remplir le plus de questionnaires possible pour partir. Je pense que là il y a vraiment quelque chose qui ne va pas du tout, et je pense qu’il y a une vraie responsabilité des profs pour faire autre chose. Ce serait vachement plus intéressant de leur faire lire un bouquin à l’avance et de dire aux gamins d’aller poser des questions directement aux auteurs. Je trouve que c’est frustrant parce que ça embête tout le monde. C’est sans intérêt pour le gamin et du coup l’impact est faible » (entretien, V. Boly, 08/07/09).

2 À ce sujet, la FILL (Fédération internationale du livre et de la lecture) créée en 1985 à l’initiative des différentes structures régionales pour le livre met à disposition des auteurs et des organisateurs d’événements littéraires un certain nombre de fiches pratiques et juridiques notamment sur les thématiques suivantes : intervention de l’écrivain en milieu scolaire, carcéral, hospitalier. Quelles conditions ? Quelle rémunération ? Puisque le statut des manifestations littéraires est instable, puisque celui des écrivains l’est tout autant, ces fiches pratiques tentent de codifier les choses pour éviter les dérives possibles. Accès : http://www.fill.fr/fr/les_fiches_juridiques, consulté le 14/02/11.

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intervenir et mener des groupes pendant des heures, c’est encore autre chose » (entretien, 05/06/09).

Quant à Bernard Appel, enseignant de carrière, il veille à séparer ce qui relève du statut d’écrivain (parler de poésie) de ce qui relève de l’enseignant (apprendre à écrire de la poésie) : « Je ne serai pas un prof. J’utilise de la pédagogie, c’est vrai, mais je ne veux pas que le prof se dise : “il va me remplacer”. Je ne fais pas de cours de poésie » (entretien, 29/05/10). Toutefois, dans la plupart des cas, il est très difficile d’être aussi catégorique. On l’a dit, cela tient au fait que le statut d’écrivain est particulièrement instable. À la fois auteur, animateur, promoteur, orateur et personne publique, il multiplie les rôles et, d’une certaine manière, se divise. Bien sûr, le statut de l’écrivain a récemment été bouleversé. Et bien qu’il puisse se sentir menacé de changer de métier, nous verrons qu’il ne peut pas refuser ce jeu schizophrénique qui le rend à la fois auteur, personne ordinaire, débatteur public, acteur social, pédagogue, promoteur... (voir le chapitre 7).

Un autre élément relevé lors de la rencontre qui a eu lieu avec les CM2 de l’école de Buthégnémont, rend compte de la complexité de la fonction d’écrivain dans ce type de médiation. Il s’agit des derniers mots échangés entre Muriel Zürcher et l’institutrice. En effet la première s’est inquiétée de savoir si sa « prestation » avait bien comblé les attentes de l’enseignante. Dans ce cas, nous sommes face à un échange d’ordre quasi commercial où un prestataire de service s’enquiert de connaître la satisfaction du client quant à sa contribution. Le terme de « prestation » sera d’ailleurs prononcé par une autre institutrice, Mme Seuvic, dont la classe de CM1 de l’école Boudonville à Nancy a rencontré Daniel Pennac en 2008 : « C’est une prestation de service, il a rempli son contrat » (entretien, 26/09/08).

Soulignons que ces diverses activités liées au travail d’auteur sont très souvent rémunérées1.

L’agence régionale du livre PACA a édité un fascicule présentant les différentes

1 Certains auteurs comme H. Bernier (entretien, 17/07/09) refusent systématiquement d’être rémunérés pour une intervention en milieu scolaire. « Là aussi je voulais dire quelque chose qu’on ne dit pas forcément : il y a des gens qui sont payés pour faire des interventions en milieu scolaire, moi je ne peux pas, j’ai été prof. Et je me dis que quand il y a des profs, surtout maintenant, qui font la démarche de faire venir un auteur… […] Quand ils ont des fonds simplement pour rembourser les frais de transport par exemple, je veux bien. On nous invite à déjeuner, je veux bien, mais me faire payer la prestation, non ! C’est peut-être aussi scier la branche de ceux qui font ça pour ramasser un peu d’argent mais moi personnellement je ne peux pas. Des bibliothèques, des associations culturelles qui rament pour essayer de faire des choses, non. Ce que je propose, et ça compense un petit peu, s’il y a des gens qui sont intéressés, moi je veux bien faire une dédicace et apporter des livres, je leur vends au prix libraire que je rachète moi-même au libraire. Parce que quand un livre sort, on nous en donne trente pour les enfants, les copains, les amis, etc. et après on en reprend bien sûr, mais moi je les achète. Je prends ma marge dessus sans plus mais ce n’est pas ça qui rapporte, je ne peux pas faire ça pour le rapport ».

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collaborations avec un auteur et les types de rémunération correspondants1. Pour ce qui est

des rencontres publiques, l’auteur n’est pas payé en droits d’auteur. Il perçoit des revenus accessoires aux droits d'auteur. S'il a dépassé le plafond autorisé pour ce type de revenus, il est rémunéré en honoraires ou en salaire. Le cas de Muriel Zürcher est un peu particulier. À la question : « Êtes-vous payée pour faire une rencontre décentralisée ? », elle répond :

« C’est un point qui est très important parce que quand on est auteur jeunesse et auteur en général peut-être, on a du mal à en vivre. Les droits d’auteur n’étant pas colossaux, ce n’est pas évident. Les prestations qu’on peut réaliser dans les écoles sont un apport financier bienvenu. La réponse que j’ai faite au départ quand on m’a sollicitée, c’est qu’effectivement, je n’intervenais pas si je n’étais pas payée. Étant donné que ça se faisait dans le cadre d’une association qui n’avait pas de budget pour pouvoir financer cette prestation, j’ai quand même accepté de le faire parce que c’est quelque chose que j’aime bien faire et qui me tient à cœur. Mais ce sera certainement la dernière année parce qu’effectivement, par mesure de solidarité avec mes autres collègues, comme on peut le voir dans les préconisations qui sont faites, les prestations sont réalisées contre une rémunération à hauteur du barème fixé par la charte des auteurs et illustrateurs jeunesse pour qu’on puisse vivre de ce métier. Je mets à part bien sûr toutes les interventions particulières qui peuvent se faire dans les hôpitaux ou autres où là, on est dans un autre domaine. Donc sur cette intervention là, en matière de rémunération, non, il n’y a pas eu de rémunération mais par contre, on a trouvé une solution de principe qui est l’achat d’un ouvrage. L’association m’offre un livre pour me remercier de cette prestation. […] La charte préconise un barème qui est de 220 euros la demi-journée, 330 la journée avec prise en charge des frais de déplacement, de repas et de logement ».

L’auteur fait donc un certain nombre de compromis entre son travail d’écriture et les interventions publiques selon qu’elles sont prises en charge par une association, une structure publique ou privée et selon le lieu : en milieu scolaire ou hospitalier. En effet, les activités paralittéraires (Lahire, 2006 : 331) sont considérées comme un travail qui n’est pas forcément vécu comme « une menace directement exercée sur le travail d’écriture » (Legendre, 2010 : 128), à l’instar de Muriel Carminati (entretien, 05/06/09) :

« Oui je suis payée parce que j’estime que c’est un temps qu’on donne et un métier de toute façon, donc oui je fais rarement des interventions bénévoles. […] C’est le tarif syndical “Maison des écrivains”. Ça fait dans les 150 euros pour deux heures, sachant que l’établissement scolaire en verse la moitié et l’autre moitié est versée par la Maison des écrivains, c’est-à-dire le Ministère de

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la Culture. Vous avez aussi le tarif “charte des écrivains” qui revient à peu près au même tarif par demi-journée.

AC : Est-ce que toutes ces interventions en extérieur vous semblent faire partie de votre métier d’écrivain ?

MC : Ça me paraît assez naturel, oui, en jeunesse en tout cas, pour les adultes, je dirais un peu autre chose parce que j’écris aussi de la poésie pour adultes, mais là ça me paraît quand même moins obligatoire. Mais avec la jeunesse je trouve que c’est normal quand même, les enfants ont besoin de savoir qui est la personne. Souvent quand on arrive, qu’ils nous voient pour la première fois, ils nous pensaient plus âgé ou mort [rire]. Ils pensent qu’il n’y a que des hommes qui écrivent. C’est donc très intéressant de voir tout l’imaginaire qui est véhiculé par le nom de l’écrivain. Je crois que c’est une joie, mais c’est aussi un devoir. J’y vais à reculons sur le coup parce que j’ai peur, mais ensuite, les dix premières minutes passées, tout s’arrange ».

Pour nombre d’auteurs, les activités paralittéraires « sont [donc] une source de revenus qui