• Aucun résultat trouvé

La formation pédagogique et les universités francophones

NOTICE

IV.2.2. La formation pédagogique et les universités francophones

Pour aboutir à l’autonomie francophone, le système scolaire vietnamien et le système scolaire francophone au Vietnam ont besoin d’accroître le nombre et la compétence des professeurs. Dans cette perspective plusieurs mots d’ordre politiques et scientifiques vont être lancés.

IV.2.2.1. La formation des enseignants

Un des premières conditions pour le développement et l’autonomisation du français au Vietnam est le développement des Ecoles Normales Supérieures. Ce système des écoles normales formant les enseignants de français se développe à l’échelle nationale et régionale. Pour l’ensemble du Vietnam, il y a cinq écoles normales supérieures formant des enseignants et des professeurs de français. Il y a dix écoles régionales formant des enseignants de français. Bien que de faible dimension, huit de ces dix écoles comptent cinq cent six étudiants et trente-deux professeurs de français. Les écoles normales voient l’effectif de leurs étudiants augmenter d’année en année. En 1997, l’effectif des étudiants admis aux écoles normales supérieures a triplé par rapport à celui d’il y a cinq ans. Par ailleurs, l’effectif des étudiants admis aux écoles normales régionales équivaut à soixante-dix pour cent de l’effectif des étudiants admis aux écoles normales supérieures. En outre, le développement de la coopération internationale pour la formation pédagogique est continue pour les enseignants ou futurs enseignants de français : dans ce cadre s’est développé le télé-enseignement francophone. « Après les premiers essais, les enseignants de Hué se sont rendu compte que ce système présente des intérêts incontestables;

d’abord il leur permet de rattraper le retard qu’on a eu pendant les longues années de guerre en ce qui concerne les théories du langage et les méthodes d’enseignement, et d’autre part il peut assurer la qualité de la formation tout en évitant des déplacements que les moyens financiers du pays ne permettent pas encore »115. Jusqu’en 1997, seuls les diplômes universitaires de deuxième cycle, c’est-à-dire Licence et Maîtrise, et de troisième cycle c’est-à-dire DEA et Doctorat, dans le domaine des Sciences du langage pouvaient

115 BUI OANH, Hang, Le télé-enseignement, pour une formation continue des professeurs de français, ENS de Huê, Rapport du colloque national à Huê sur la formation continue des enseignants de français, Université de Huê, Huê, octobre 1997, p.7.

113

être préparés grâce au télé enseignement. Depuis la rentrée scolaire 1997, tous les niveaux sont représentés. D’autre part, au cours des premières années116, l’Université de Rouen prenait en charge la duplication et l’expédition des cours. Avec l’augmentation du nombre des inscriptions, ce système a été abandonné au profit d’un système plus souple.

L’université de Rouen expédie deux exemplaires des cours pour chaque module vers les deux principaux centres du pays, Hanoi et Hô Chi Minh-Ville. Les responsables de la formation se chargent alors de la reproduction et de la distribution des dossiers de cours en direction de chaque Centre de français. Finalement, un programme de bourses dirigé par l’Ambassade de France joint au programme de télé-enseignement permet à des stagiaires de préparer leur diplôme de troisième cycle en France. Ce programme concerne les stagiaires susceptibles de terminer au cours de l’année de bourse le diplôme qu’ils préparent. Seuls sont concernés les stagiaires préparant un DEA et ayant obtenu au cours de la première année au Vietnam la totalité des modules d’enseignement théorique. Si la formation par télé-enseignement permet d’introduire au Vietnam de nouvelles données pédagogiques, le problème de la codiplômation, c’est-à-dire de l’équivalence des diplômes, demeure posé. « Cet investissement ne garantit aux enseignants inscrits en télé-enseignement aucune reconnaissance officielle dans leur carrière professionnelle.

Ce qui décourage bon nombre d’inscrits »117. Cependant, ce dysfonctionnement est lié directement au problème de titularisation des enseignants dans la fonction publique vietnamienne. L’Etat vietnamien ne peut s’engager économiquement parlant dans une politique de recrutement et de titularisation massive des enseignants. Les enseignants formés par la coopération francophone peuvent connaître une précarisation professionnelle due à leur non titularisation. Les partenaires francophones ont à une époque, par des mesures financières (notamment le paiement des professeurs francophones pendant les vacances scolaires) réduit ce problème, mais cette compensation n’a pas duré et le problème des titularisations demeure à la rentrée scolaire 2001.

116 Le programme de télé enseignement a commencé de façon expérimentale dans le sud du Vietnam dès 1989 en vertu d’une convention interuniversitaire signée entre l’Université de Pédagogie de Hô Chi Minh-Ville et l’Université de Rouen.

117 BUI OANH Hang, op.cit., p.10.

114 IV.2.2.2. Système universitaire francophone

La formation pédagogique et linguistique des professeurs de français n’est pas seule supportée par le programme de télé enseignement. Ainsi, les conseillers pédagogiques des Filières Universitaires francophones et des classes bilingues prodiguent une formation continue sur les méthodes d’enseignement francophone auprès des enseignants vietnamiens de langue française qui participent aux programmes francophones de l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie. Parallèlement aux Ecoles Normales Supérieures dont le support francophone est assuré par une combinaison quadripartite de coopérants (l’Université de Rouen, l’Ambassade de France au Vietnam, les Centres de français et les Ecoles Normales Supérieures ou les départements pédagogiques vietnamiens), il existe au Vietnam un deuxième circuit universitaire francophone. Ce dernier est dédié non pas à la formation pédagogique des professeurs vietnamiens (bien que les professeurs vietnamiens participant à cette coopération universitaire francophone soient encadrés localement dans les universités par des conseillers pédagogiques occidentaux) mais vise à fournir aux apprenants un échantillon diversifié de disciplines en langue française. Le droit, l’économie, la gestion, les sciences physiques, mathématiques et humaines ainsi que l’informatique sont disponibles en français (cf. carte, p.116). Ces programmes universitaires sont accompagnés de deux autres secteurs fondamentaux d’activités (nous apprécierons pourquoi à propos des stratégies d’apprentissage, p.193), qui sont un circuit de formation pédagogique pour l’emploi universitaire francophone comme aboutissement principal de l’activité des Filières (ceci participe à un processus plus global de fonctionnement qui cherche la production de l’autonomie) et un système de bourses indispensables pour l’apprentissage francophone qu’il soit effectué suivant principalement un cursus universitaire classique ou sponsorisé par une administration vietnamienne. Pour accompagner la distribution des avantages francophones et organiser la sanction de l’excellence (diplômation), dans chaque ville universitaire francophone, un Bureau de suivi veille à assurer le relais de l’information entre le niveau régional et les autorités nationales universitaires francophones intergouvernementales. A Huê, son rôle dépasse largement la compétence présentée ici et le Bureau de suivi est utilisé comme outil d’appropriation de la responsabilité du développement universitaire francophone local en favorisant une autonomie des Filières Francophones Universitaires à caractère ethnicisant.

115

La francophonie au Vietnam a besoin pour s’implanter du point de vue politique et médiatique en Asie du Sud-Est d’un événement francophone fort, à dimension internationale pour concurrencer le poids multinational de l’Association Economique des Pays du Sud-Est Asiatique118 et politiquement favorable au développement du Vietnam pour profiter de l’intervention modératrice de l’Etat dans le développement économique, civil et linguistique. Cet événement aura lieu en deux temps. Un premier, celui du Sommet Francophone de Hanoi en 1997 qui manifeste une francophonie intergouvernementale (avec la présence des Chefs d’Etats) proposée comme alternative raisonnable aux relations avec les pays anglophones stigmatisés pour l’occasion. Un deuxième, les Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche francophone qui ont lieu à Huê et qui posent les bases politiques du contrat culturel entre les organisations francophones internationales intergouvernementales et le gouvernement vietnamien, les recteurs d’universités vietnamiennes, le personnel universitaire et les étudiants vietnamiens qui font le choix francophone, un contrat qui garantit la production de l’excellence rémunérée.

118 Le Vietnam demande du soutien aux partenaires de l’ASEAN, Le courrier du Vietnam, numéro 1989, le 31 juillet 2000, Hanoi, p.3.

116

Carte n° 01 : les Filières Universitaires Francophones au Vietnam en 2000 :

H A N O I DR O I T

GE S T I O N

- DE N T R E P R I S E - B A N C A I R E - F I N A N C I E R E - C O M M E R C I A L E IN F O R M A T I Q U E

- I N D U S T R I E L L E - M A I N T E N A N C E EL E C T R O N I Q U E

- T R A I T E M E N T D E LI N F O R M A T I O N - T R A I T E M E N T D U S I G N A L

- I N S T R U M E N T A T I O N GE N I E

- E L E C T R O N I Q U E - E L E C T R I Q U E - B A T I M E N T

- P O N T S E T C H A U S S E E SC I E N C E S

- P H Y S I Q U E - C H I M I E - B I O L O G I E - N U T R I T I O N - M A T H E M A T I Q U E - M E D E C I N E - P H A R M A C I E LE T T R E S

- T R A D U C T I O N - I N T E R P R E T A R I A T

- F R A N Ç A I S D E S P E C I A L I T E S

H A I P H O N G SC I E N C E S

- M E D E C I N E - P H A R M A C I E

H Ô C H IM I N H - V I L L E DR O I T

GE S T I O N - E N T R E P R I S E

- S E C R E T A R I A T A U TO U R I S M E SC I E N C E S

- P H Y S I Q U E - C H I M I E - B I O L O G I E - N U T R I T I O N - M A T H E M A T I Q U E - M E D E C I N E - P H A R M A C I E

H U Ê DR O I T SC I E N C E

- P H A R M A C I E - M E D E C I N E - M A T H E M A T I Q U E S - P H Y S I Q U E - C H I M I E - B I O L O G I E

D A - N A N G DR O I T

SC I E N C E - P H A R M A C I E - M E D E C I N E - M A T H E M A T I Q U E S - P H Y S I Q U E - C H I M I E - B I O L O G I E

N H AT R A N G DR O I T

SC I E N C E - P H A R M A C I E - M E D E C I N E - M A T H E M A T I Q U E S - P H Y S I Q U E - C H I M I E - B I O L O G I E

C A N T H O IN F O R M A T I Q U E SC I E N C E S

- A G R O A L I M E N T A I R E

- A G R O N O M I E - M E D E C I N E&

S A N T E P U B L I Q U E - M E D E C I N E

V E T E R I N A I R E - O D O N T O S T O M A T

O L O G I E - P H A R M A C I E GE N I E

- M A I N T E N A N C E I N D U S T R I E L L E - C I V I L

- E L E C T R O N I Q U E - IN F O R M A T I Q U E

Sources reconstituées : Ambassade de France, Ministère des Affaires Etrangères, AUF, 2000.

N

117