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L’autonomisation de la dépendance pour l’enseignement du français

NOTICE

V. HANOI 1997 : LE SOMMET FRANCOPHONE

V.3. HUE ET LES ASSISES FRANCOPHONES UNIVERSITAIRES

V.3.1. L’autonomisation de la dépendance pour l’enseignement du français

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appartiennent au registre linguistique de l’action commerciale. Les concepts de compétitivité (1) et de développement (3) encadrent la langue définie comme un vecteur (2). Elle apparaît comme le passage obligé pour avoir accès à la richesse intellectuelle de l’ensemble francophone. La langue est le vecteur d’une connaissance préétablie par les pays francophones à laquelle elle donne accès. Sa capacité heuristique n’est pas mise en avant. La langue en soi semble avoir une valeur parce qu’elle permet d’accéder au trésor francophone, elle permet d’établir un lien de dépendance scientifique nord/sud plus que d’offrir la possibilité d’une autonomisation de la vie intellectuelle locale.

Schéma n° 04 : l’expérience africaine comme exemple francophone de développement proposé aux Assises de l’enseignement supérieur francophone à Huê en 1997 :

Cette définition de la langue se poursuit dans la réflexion francophone sur l’enseignement du et en français. Dans le cas de cet enseignement, soutenu par le mythe francophone du français en Afrique (4), la langue retrouve en partie ses caractéristiques heuristiques et cognitives avec le terme d’outil (6) mais en partie seulement car ses caractéristiques ont été ignorées au profit de sa capacité à susciter l’intercompréhension (5). Cette intercompréhension repose sur trois fondements dans son élaboration. Ils se retrouvent dans le développement de la francophonie au Vietnam. La francophonie permet d’organiser un support politique et économique avec le remplacement de l’action institutionnelle de l’Etat vietnamien qui, après la crise financière de 1986, cherche à réduire ses déficits publics. En cela, il confie donc en partie à l’ensemble francophone la

L’enseignement du et en français

(4) Le français,

langue de l’Afrique

(5) L’inter compréhension

multilingue

(6) Francophonie :

l’outil du multilinguisme

Le cas vietnamien :

-La politique des langues dans le système éducatif

-filières francophones universitaires (Aupelf-Uref)

-les classes bilingues (Aupelf-Uref)

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charge d’entretenir et de revaloriser son système national d’enseignement (p.209). La francophonie permet également un support scolaire qui prédétermine des générations d’élèves à l’apprentissage du et en français. Dans ce cas se pose le problème de la pérennité de l’enseignement et de l’utilisation du français au Vietnam et à plus large titre en Asie. La présence francophone représente enfin un support universitaire en français et la création de liens de dépendance technique vis-à-vis des technologies francophones.

Schéma n° 05 : présentation de l’environnement francophone vietnamien aux Assises de l’enseignement supérieur francophone à Huê en 1997 :

L’environnement francophone est une denrée extrêmement rare au Vietnam et en Asie du Sud-Est. Il est absent et cela de deux façons pour les organismes institutionnels de la francophonie qui reconnaissent deux types d’environnement. Un premier, en amont de l’apprentissage francophone, au niveau de l’environnement médiatique (7) et (9), propre à susciter la volonté d’apprentissage et un second en aval de l’apprentissage francophone, c’est-à-dire un environnement professionnel (8) qui réclame la possession du français.

Absent de part et d’autre de l’apprentissage, l’environnement ou les environnements francophones doivent être reconstitués de toutes pièces. Pour cela, la francophonie institutionnelle se dote de plusieurs moyens. Du point de vue médiatique, la volonté reconstructive se fait jour au travers des initiatives comme TV5 et RFI. D’un point de vue professionnel, les bourses pour l’emploi sont soit des bourses permettant la spécialisation francophone dans un domaine professionnel précis, soit des bourses qui permettent de

L’environnement francophone

(7) TV5

(8) Les bourses d’emploi au Vietnam

(9) RFI

-les entreprises multi langues (Maurice) -la radio bilingue (Haïti) -la publicité francophone (France)

-la presse francophone (Liban)

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financer la recherche d’emploi. Ce système de bourses de professionnalisation est un nouveau moyen de se substituer aux prérogatives de l’Etat vietnamien en lui permettant de résoudre un problème économique entraîné par l’absence dans le pays de couverture sociale en matière de chômage. Dans ce cas, comme dans celui de la substitution à l’Etat au niveau des structures de l’enseignement, la francophonie participe au Vietnam au réajustement de l’économie. Les ajustements structurels par la réduction des dépenses publiques réclamés par le Fonds Monétaire International touchent en premier lieu les structures nationalisées du Vietnam. C’est dans ce cadre de prise en charge qu’apparaît la problématique de la formation des enseignants francophones.

Schéma n° 06 : la formation pédagogique comme processus d’autonomisation francophone proposé aux Assises de l’enseignement supérieur francophone à Huê en

1997 :

La création de la dépendance francophone qui se met en place par l’apprentissage du français dans les classes de l’enseignement général et dans les filières universitaires ne peut concorder avec nos propos sur l’aspect commercial de la francophonie qu’à condition de prendre en compte la notion de coût : celui de la création de la dépendance francophone. C’est dans le cadre de cette réduction du coût francophone qu’intervient la formation pédagogique des enseignants vietnamiens à l’enseignement du et en français.

Ainsi, le concept de francophonie économique (p.10) revêt deux sens. Premièrement, nous avons dit que les représentants de la francophonie institutionnelle annonçaient ouvertement en 2000 que la francophonie jusque-là développée en vue de favoriser un

Formation pédagogique

(10) Développer les nouvelles formations

(11) L’évaluation

(12) L’immersion

linguistique

-la formation au Vietnam -la formation au Cambodge -formation et coopération francophone

-la formation continue à distance

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développement principalement intellectuel allait devenir économique. Cette déclaration est à l’adresse des partenaires vietnamiens et notamment des apprenants francophones qui ont des visées vers l’emploi et qui voient dans l’apprentissage du français une possibilité d’accroître leur chance de trouver du travail sur le marché vietnamien. Cependant, ce concept de francophonie a un deuxième sens à l’adresse des partenaires occidentaux qui financent l’ensemble francophone et à qui est proposé un nouvel âge de la francophonie : celui du temps de l’exportation lucrative de leurs produits francophones. Mais pour que cette promesse francophone soit tenue, il faut réduire les coups de formation des enseignants francophones chargés par leur fonction d’alimenter la dépendance du public vietnamien vis-à-vis des produits culturels francophones (manuels scolaires, livres, journaux, cinéma et télévision…). Dans cette perspective de réduction du coût francophone, la francophonie vietnamienne (et celle des différents pays francophones) doit s’auto-produire, c’est-à-dire qu’elle doit produire sa propre dépendance scolaire et linguistique intérieure vis-à-vis des produits culturels francophones et sa propre

« générescence » structurelle (du moins idéalement). La dépendance ne peut se maintenir à long terme que si le Vietnam produit ses propres enseignants francophones via ses Ecoles Normales Supérieures. Pour les cas africains francophones, la volonté stratégique des pouvoirs politiques de maintenir leur domination sur les différents territoires nationaux par l’usage excluant du français est devenu le moteur de cette autonomisation/dépendance.

Pour le cas du Canada et particulièrement du Québec, la volonté stratégique économique de la recherche d’alternative commerciale au continent nord américain (p.32) garantit elle aussi la pérennité du système autonomie/dépendance. Pour le Vietnam, ce circuit d’autonomie/dépendance reste à créer (ce qui signale également la faiblesse de la francophonie endémique). Dans ce désir de création de l’autonomisation dépendance, la formation pédagogique des enseignants apparaît au premier plan. Il s’agit de fournir le Vietnam en pédagogues vietnamiens, capables de former efficacement des contingents d’élèves francophones qui seront demandeurs à leur tour de produits culturels francophones. La formation à distance (10) est un mécanisme intermédiaire de réduction des coûts francophones pour la création de la dépendance linguistique. Les structures francophones ne sont pas moins obligées de s’investir en personnels et en capitaux sur le territoire vietnamien pour former les professeurs ou pour assurer l’enseignement du français. La notion d’évaluation (11) peut prendre deux sens. D’une part, l’évaluation

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renvoie à la notion de contrôle du niveau des connaissances francophones des enseignants et des apprenants, afin d’adapter les méthodes pédagogiques. D’autre part, l’évaluation permet de fournir à l’ensemble francophone des outils qualitatifs pour interpréter convenablement l’évolution locale du circuit d’autonomie/dépendance, non pas grâce aux notes des étudiants mais avec l’aide des observations pédagogiques rédigées par des conseillers pédagogiques occidentaux. Quand l’Agence Universitaire de la Francophonie justifie son avancement ou son retrait dans le champ de l’enseignement en fonction de l’évaluation qui a été faite du niveau des apprenants (p.108), il faut comprendre, non pas que la volonté francophone des pays occidentaux de voir se développer le français est liée au niveau qualitatif de sa possession chez les apprenants, mais que cette volonté est liée au niveau de leur avancement dans le processus d’autonomisation/dépendance. C’est ainsi qu’il faut interpréter la réflexion faite par le rapporteur de l’Aupelf-Uref pour les Filières Francophones au Vietnam (p.108). Le retrait progressif des institutions francophones universitaires à Huê n’est pas un retrait suscité par la faiblesse du niveau linguistique des élèves (p.261) mais par la faiblesse du circuit d’autonomie/dépendance. Parallèlement à son retrait des Filières Universitaires, le rôle de l’Agence Universitaire de la Francophonie se renforce dans l’enseignement bilingue, car l’autonomisation de la dépendance ne peut se faire à une époque tardive de la formation des acteurs, autant chez les enseignants que chez les élèves. La langue française nécessite un apprentissage assidu et durable pour devenir un outil de compréhension scientifique réellement pertinent. Par conséquent, cette autonomie/dépendance doit se faire, si elle veut se pérenniser, au niveau le plus bas et décisif137 de l’apprentissage, c’est-à-dire dans les petites classes (12), pour favoriser l’immersion linguistique.

137 La durée moyenne d'études est de 4,9 ans (5,8 ans pour les garçons et 3,4 pour les filles). Source : Dang Anh Tuan, 2003, Vietnam.

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Schéma n° 07 : la francophonie virtuelle comme programme de développement scientifique proposé aux Assises de l’enseignement supérieur francophone à Huê en 1997 :

Le développement des nouvelles technologies (13) est une réponse à la réduction du coût francophone de formation des professeurs vietnamiens francophones (14) et à la distance géographique entre les pays participants à la francophonie. Ainsi la description thématique des séances de travail des Assises francophones de Huê décrit un circuit de la rentabilité francophone pour la création du mécanisme d’autonomisation de la dépendance. Le problème de l’emploi est au premier plan et les apprenants ne veulent pas investir dans l’apprentissage du français sans garantie de débouchés professionnels. Cependant, le développement du marché francophone reste faible au Vietnam et très peu d’entreprises recrutent du personnel francophone. A Huê par exemple, l’emploi spécifiquement francophone, dans le secteur privé de l’économie locale, ne concerne qu’une vingtaine de postes dans les trois hôtels trois étoiles (ou plus) de la ville et quelques postes d’accueil touristique de la Mairie pendant la période d’enquête. Ainsi, l’embauche dans les structures de la francophonie institutionnelle (vietnamiennes ou occidentales) et notamment scolaires et universitaires représente l’essentiel des débouchés professionnels typiquement francophones au Vietnam. Cette embauche interne est un substitut à un environnement professionnel favorable à la viabilisation du circuit autonomisation/dépendance. Mais cette substitution grève le mécanisme de l’autonomisation. Elle éloigne de la prise en charge du système francophone d’enseignement (et donc de création de la dépendance envers les produits culturels

Coopération et méthodologie

(13) Nouvelles technologies et

éducation

(14) Méthodologie

et didactique pour l’apprentissage

du français

-médiathèque et université virtuelle -les nouvelles technologies et l’expérience

brésilienne -le marché de l’édition -la formation précoce à l’Internet

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francophones) par les autorités vietnamiennes qui n’ont pas d’intérêt économique ou politique à en accepter la charge.

144 V.3.2. Les acteurs des Assises de Huê

C e n t r e s d e r e c h e r c h e s i n d é p e n d a n t s ( A ) : C P F ( F r a n c e )

M i n i s t è r e s ( B ) :

C o n s e i l d e l ’ E u r o p e ( L u x e m b o u r g ) M i n i s t r e s d e l ’ e n s e i g n e me n t , é d u c a t i o n , j e u n e s s e , s p o r t ( S é n é g a l , V i e t n a m, C ô t e d ’ I v o i r e , H a ï t i , L a o s ) A f f a i r e s E t r a n g è r e s ( F r a n c e )

I n s t i t u t i o n s p o l i t i q u e s r é g i o n a l e s e t l o c a l e s ( C ) :

M a i r i e d e L y o n / C o n s e i l G é n é r a l d e l a V i e n n e ( F r a n c e )

F r a n c o p h o n i e i n t e r g o u v e r n e m e n t a l e ( D ) : C O N F E M E N / A C C T / A I F / A U F / A I M F / T V 5 E t a b l i s s e m e n t s d ’ e n s e i g n e m e n t ( d o n t A c a d é m i e , a s s o c i a t i o n s d ’ e n s e i g n a n t s ) ( E ) : A s s o c i a t i o n s ( E 1 ) :

A u p e l f - U r e f ( C a n a d a )

F é d é r a t i o n i n t e r n a t i o n a l e d e s p r o f e s s e u r s d e f r a n ç a i s – F I P F ( B e l g i q u e )

A s s o c i a t i o n d e p r o f e s s e u r s d e l a n g u e s v i v a n t e s ( A l l e ma g n e )

E t a b l i s s e m e n t s f r a n ç a i s ( E 2 ) : U n i v e r s i t é S t e n d h a l , G r e n o b l e ( F r a n c e ) , B o r d e a u x I I I ( F r a n c e ) , U n i v e r s i t é d e P r o v e n c e ( F r a n c e ) , F r a n c h e - C o mt é ( F r a n c e ) , C o l l è g e d e F r a n c e ( F r a n c e ) , l a R é u n i o n ( F r a n c e ) ,

G u a d e l o u p e ( F r a n c e ) , P a r i s V I I I ( F r a n c e ) . E t a b l i s s e m e n t s é t r a n g e r s ( E 3 ) :

U n i v e r s i t é d e S a i n t J o s e p h - B e y r o u t h , ( L i b a n ) , U n i v e r s i t é d e H u ê ( V i e t n a m) , C o l l è g e G l e n d o n – T o r o n t o ( C a n a d a ) , U n i v e r s i t é d e D a k a r ( S é n é g a l ) , U n i v e r s i t é d e B a l e s ( S u i s s e ) , U n i v e r s i t é C a t h o l i q u e d e L o u v a i n ( B e l g i q u e ) , E c o l e r o y a l e d ’ a d mi n i s t r a t i o n - E R A

( C a mb o d g e )

U n i v e r s i t é d e B u c a r e s t ( R o u m a i n e ) , U n i v e r s i t é d e C o c o d y ( C ô t e - d ’ I v o i r e ) , U n i v e r s i t é

A n t a n a n a r i v o ( M a d a g a s c a r ) , U n i v e r s i t é M e n d é s ( B r é s i l ) , U n i v e r s i t é d e M o n t r é a l ( C a n a d a ) , U n i v e r s i t é M o h a me d V ( M a r o c ) , A c a d é mi e d e s S c i e n c e s ( B u l g a r i e ) .

L e C e n t r e i n t e r n a t i o n a l d ’ é t u d e s p é d a g o g i q u e s – C I E P ( F r a n c e )

C o n f é r e n c e i n t e r n a t i o n a l e d e f o r ma t i o n d ’ i n g é n i e u r s e t d e t e c h n i c i e n s d ’ e x p r e s s i o n f r a n ç a i s e - C I R T E F ( B e l g i q u e )

L e C e n t r e d e r e c h e r c h e e t d e d o c u me n t a t i o n p é d a g o g i q u e - C N R D P ( L i b a n )

M a i s o n s é d i t i o n , p r e s s e , t é l é v i s i o n s ( F ) : H a c h e t t e ( F r a n c e )

J o u r n a l i s t e ( T u n i s i e )

T V 5 E u r o p e ( F r a n c e ) T V 5 A f r i q u e ( S é n é g a l ) R F I ( F r a n c e )

L e M o n d e D i p l o ma t i q u e ( F r a n c e ) T é l é U n i v e r s i t é ( C a n a d a ) R a d i o H a ï t i ( H a ï t i ) P u b l i c i s ( F r a n c e ) L ’ o r i e n t l e j o u r ( L i b a n ) E d i t i o n A r l é a ( F r a n c e )

O r g a n i s a t i o n s f i n a n c i è r e s , e n t r e p r i s e s p r i v é e s ( G ) :

F o r u m d u t i e r s - mo n d e ( B u r e a u a f r i c a i n ) B a n q u e C e n t r a l e d e s E t a t s d ’ A f r i q u e d e l ’ O u e s t

( E g y p t e ) S o c i é t é P o l y g l o t t e ( M a u r i c e ) I n s t i t u t e u r o p é e n d u L e a d e r s h i p ( F r a n c e ) A i r F r a n c e ( H a n o i - F r a n c e )

Graphique n° 14 : intervenants francophones représentés aux Assises :

7 1 2 12

7 18

3

11

A B C5 D E1 E2 E3 F G

(E) = 28

Graphique n° 15 : répartition des représentants francophones par provenances géographiques aux Assises:

27

2 4 1

10

4 5 5

19,75

-5,25 -3,25 -6,25

2,75

-3,25 -2,25 -2,25

-10 -5 0 5 10 15 20 25 30

E u r o p e

O c c i d e n t a l e

A m é r i q u e

d u

N o r d

A f r i q u e

; O c é a n

i n d i e n

M o n d e

A r a b e

Représentants Ecarts à l'indépendance

Effectif théorique: 7,25

Sources reconstituées : AUF, AIF, HCF, 1997-1999

145

Dans un double mouvement absorbant (réunion d’Etats et absorption d’opérateurs), la francophonie institutionnelle et civile moderne s’est tournée vers le Vietnam d’une façon pacifique et coopérative dès les années mille neuf cent quatre-vingt-dix. Porteuse des intentions de ses membres et notamment des propositions scientifiques détaillées aux assises de Huê, elle se confronte sur le terrain vietnamien aux organisations francophones (scolaires et universitaires) et aux politiques nationales, régionales (service provincial) et municipales (comité populaire). Les organisations occidentales rencontrent également dans leur déploiement la réalité contraignante de l’espace social politique et civil vietnamien et son inscription dans les structures spatiales. Qui plus est, les organisations vietnamiennes en charge du développement principalement scolaire et universitaire de la francophonie se trouvent maintenant en concurrence avec les organisations occidentales richement dotées qui cherchent à s’approprier, suivant une idéologie de la pérennisation, les leviers de commandes francophones. Cette lutte pour le contrôle se produit également au sein même des universités et des organisations francophones vietnamiennes. Ainsi la francophonie est prise entre la coopération internationale et ses aléas et le développement local et ses contraintes. Le cas de Huê est flagrant à cet égard. La dimension internationale de la vie francophone (soutien documentaire, financier, migratoire) est patente et la nécessité de négocier avec l’espace social et civil vietnamien (p.158) y est observable et révèle les enjeux régionaux du Vietnam. D’autre part, la ville et les organisations francophones qui y cohabitent sont le théâtre de l’affrontement des acteurs pour le contrôle des prérogative francophones, qu’ils soient vietnamiens (p.244) ou occidentaux (p.255).

L’espace social, civil, francophone ou politique de Huê ne nous décevra pas pour illustrer les constructions politiques, sociologiques, économiques que nous construisons en amont de la recherche de terrain. Cette enquête sur les relations francophones au centre du Vietnam et à Huê débute par une analyse des relations à l’espace social vietnamien actuel en tenant compte de son histoire constitutive pour en déterminer les propriétés actives et contraignantes dans l’implantation et le développement francophone. Cette réflexion sur le substrat social et physique, dont nous rendons compte maintenant, va nous permettre de détailler par la suite le type et la nature des relations qui s’y inscrivent, comme les relations de coopération scientifique, documentaire, artistique ou architecturale, les relations antagonistes, hostiles ou d’indifférence.

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C H A P I T R E 3 : S Y S T E M E S D E R E L A T I O N S F R A N C O P H O N E S A U C E N T R E D U V I E T N A M

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VI. RELATIONS A L’ESPACE VIETNAMIEN ET IMPLANTATION