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Environnement anglophone et présence francophone

IV. ENVIRONNEMENT ASIATIQUE FRANCOPHONE

IV.1. SITUATION LINGUISTIQUE REGIONALE

IV.1.1. Environnement anglophone et présence francophone

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créent des liens linguistiques entre le Vietnam et les pays communistes d’Europe. En trente ans, le Vietnam aura donc connu deux allégeances politiques, culturelles et linguistiques remarquables qui renvoient la présence française à l’époque révolue, non moderne, impériale. Pourtant, en 1990 au Vietnam, apparaît politiquement et linguistiquement une situation innovante depuis plus d’un siècle. Les contraintes militaires et politiques étrangères comme la colonisation, la présence militaire américaine, ont cessé. La coopération unilatérale exclusive avec l’URSS est en régression, voire en cessation complète depuis la perestroïka en Europe de l’Est. Les langues étrangères se trouvent, pour la première fois au Vietnam, dans une situation de compétition non guerrière, dans un système de coopération librement consentie et tempérée par l’Etat vietnamien. Ainsi, la francophonie observée à Huê est anhistorique. Nous ne prétendons pas qu’elle n’entretient pas de rapport avec l’histoire vietnamienne et internationale francophone. Nous disons que le développement des structures francophones actuelles ne peut s’expliquer ou être suscité par l’héritage culturel, intellectuel, politique ou humaniste de la France au Vietnam, mais qu’il peut l’être par l’analyse circonstanciée (recontextualisée) des stratégies modernes et dynamiques locales propres à la ville de Huê, qui parfois réinterprètent, ou empruntent à l’histoire francophone du Vietnam mais dans une société post-moderne qui appartient au plus grand espace communicationnel de la planète : l’Asie. C’est ainsi que nous proposons de considérer la francophonie moderne, actuelle du Vietnam dans un cadre relativement hermétique aux explicitations historiques. Aujourd’hui, les choix sont suggérés par d’autres critères que ceux qui ont vu le jour lors de la domination française. Le Vietnam libre, le Vietnam du quôc-ngu, de l’ouverture internationale, ne peut plus se contenter pour ses choix scolaires, linguistiques et économiques d’objectifs faussement intellectuels de l’ensemble francophone colonial ou militaire, anglophone. Le discours occidental, humaniste (faussement pour le fait colonial74) n’est plus un argument rationnel. Il n’est plus l’argument fondateur de la coopération francophone, de l’unité francophone internationale alors même que son discours se poursuit dans ce sens jusqu’en 2001. Le Vietnam, pays libre, pays libéré des dogmes exogènes, s’ouvre à la compétition, aux marchés internationaux, se modernise davantage et, dans cette modernisation accentuée, recherche dans la coopération linguistique des gages de développement réel, d’emplois, de

74 KUATIBI, Abdelkébir, La francophonie comme discours : Comment je rêve le siècle qui vient, in Regards sur la francophonie, ss dir. GONTARD, Marc, BRAY, Maryse, p.30.

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bourses d’enseignement. Ces propositions fondent le développement de l’enquête, à Huê.

Le temps des hégémonies guerrières est passé laissant la place aujourd’hui à une situation de concurrence entre les opérateurs occidentaux et asiatiques.

IV.1.1.2. Une concurrence modérée

L’environnement anglophone pèse particulièrement en Asie du Sud-Est par son poids économique. L’anglais, pour les populations asiatiques et les populations scolaires vietnamiennes est, à l’instar du français pour l’ensemble francophone, la seule porte d’entrée à cet ensemble. Cependant, son attrait économique ne pose pas la question de son apprentissage. Cette décision ne doit pas être fondée sur un pari du futur développement économique et touristique, mais reposer sur une situation économique régionale favorable déjà préexistante et sur un système vietnamien qui reste très dépendant dans ses exportations et ses importations de la sphère économique de l’Association Economique des Pays du Sud-Est Asiatique, signe d’une collaboration sur le long terme75. En revanche, les débouchés économiques internationaux et localement, les rapports linguistiques professionnels avec la France sont faibles76, mélangés à la catégorie des pays « autres » (graphiques page suivante), n’appartenant pas à la zone Asie Pacifique, comme en témoignent les chiffres du commerce. Ils montrent un accroissement de l’activité économique vietnamienne avec l’ASEAN, l’Association Economique des Pays du Sud-Est Asiatique, alors que les relations avec les pays n’ayant pas d’interface géographique avec la région connaissent un repli supérieur à cinquante pour cent en deux ans.

75 « La délégation vietnamienne conduite par l’Ambassadeur Nuguyên Quôc Dung a participé, du 1 au 6 juin, à la 56e session du Conseil socio-économique de l’Asie-Pacifique (ESCAP), à Bangkok…/…Concernant le thème central de la session, les participants ont estimé que les pays devront unir leurs propres forces pour participer à la mondialisation et s’intégrer au système commercial mondial » in Coopérer pour profiter de la mondialisation, Le courrier du Vietnam, numéro 1945, le 9 juin 2000, Hanoi, p.2.

76 « La présence économique française et francophone en Asie accuse un large retard : même si les initiatives récentes et la volonté clairement affichée semble corriger la réalité…/…Il faut également remarquer que ces résultats sont largement acquis dans le cadre de contrats importants signés par de grandes entreprises francophones et que les PME et PMI sont souvent absentes du marché » in La francophonie en Asie, Rapport de la XIIIème session du Haut Conseil de la Francophonie, Paris, Avril 1997.

80 Tableau n° 4 : provenances des

importations vietnamiennes entre 1996 et 1998 :

IMPORTATIONS (EN %) 1996 1997 1998 ASEAN 26 28 34

ASIE 50 49 50

UE 9 11 10

AUTRES 15 12 6

Graphique n° 01 : provenances des importations vietnamiennes entre 1996 et 1998 :

0 105 1520 25 3035 4045 50

1996 1997 1998

importations (en %)

ASEAN ASIE UE Autres

SOURCE :OECD, Paris, 1999.

Tableau n° 5 : provenances des importations vietnamiennes entre

1996 et 1998 :

EXPORTATIONS (EN %)

1996 1997 1998 ASEAN 24,5 21 24

ASIE 49 45 41 UE 7,8 18 20 CEI 1,9 2,1 2,2 EU 2,8 3,1 5,5

AUTRES 14 10,8 7,5

Graphique n° 02 : provenances des importations vietnamiennes entre 1996 et 1998 :

0 5 1015 20 2530 35 40 4550

1996 1997 1998

exportations (en %)

ASEAN ASIE UE CEI EU Autres

SOURCE :OECD, Paris, 1999.

Cependant, cette participation au marché libéral d’Asie du Sud-Est, se produit pour le Vietnam suivant le principe de l’intervention de l’Etat dans l’économie pour garantir une répartition nationale plus égalitaire et une protection de l’économie vietnamienne. Cette politique a pour conséquence de freiner l’impact économique des marchés partenaires pour l’économie vietnamienne en limitant la spéculation extranationale. La première bourse de commerce du Vietnam77, qui n’ouvrira pas avant août 2001 à Hô Chi Minh-Ville, limite les participations étrangères à dix pour cent du marché des entreprises cotées.

77 Bourse : l’expérience américaine partagée à Hô Chi Minh-Ville, Le courrier du Vietnam, numéro 1986, le 27 juillet 2000, Hanoi, p.3.

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Dès lors, avant ou après l’ouverture de la bourse vietnamienne, la joint-venture est le modèle d’investissement principal qui permet le contrôle des investissements étrangers au cas par cas. Cet encadrement, notamment pour les entreprises linguistiques, est possible suivant le rôle distributeur et contrôleur de l’organisme vietnamien de tutelle (p.237).

D’autres dispositions légales plus générales protègent également le marché vietnamien78 : par exemple dans l’immobilier, la propriété foncière reste obligatoirement vietnamienne.

Ce relatif protectionnisme s’avère efficace, c’est en tout cas ce qui a été remarquable lors de la crise financière en Asie pour la période 1997-1998. Ainsi, la situation de concurrence économique est pondérée par l’intervention de l’Etat vietnamien qui décide de façon triennale ou quinquennale des orientations nationales et internationales, via le commissariat au plan, de l’économie vietnamienne79 comme il en a pris l’habitude dès 1960. Une victoire symbolique sur le plan politique national vietnamien permet à un partenaire (et non pas investisseur suivant le principe de la joint-venture) étranger d’obtenir un avantage concurrentiel sur le plan économique. Cette possibilité d’avantage concurrentiel définie sur un plan politique plus que suivant les réalités économiques permet à la francophonie intergouvernementale de passer un pacte tacite avec le gouvernement vietnamien. Organisations francophones et Etat vietnamien échangent la coopération pour l’implantation d’un processus « d’endémisation » (p.139) du français en Asie du Sud-Est et la production d’un circuit scolaire et universitaire d’excellence (p.260) accompagné de son financement occidental. Ce financement peut paraître démesuré par rapport aux possibilités économiques du système scolaire vietnamien. Suivant les documents comptables des deux principales missions d’enseignement à Huê, l’Antenne de coopération linguistique et éducative de l’Ambassade de France et les Filières Universitaires Francophones de l’Aupelf-Uref (p.214), nous constaterons que les salaires des professeurs intervenant dans le cadre d’enseignements en français pouvait être multiplié par quatre par rapport à la moyenne nationale des salaires dans les institutions scolaires ou universitaires vietnamiennes. Pourtant, ces avantages économiques restent

78 « La stabilité des économies du Vietnam et de la Chine au cœur de la tourmente financière démontre l’ « avantage du socialisme » d’après le Premier Ministre chinois Zhu Rongji…/…Cette stabilité repose sur le même fondement : le contrôle étroit des marchés », AUGIER, Laurent, Les conséquences de la crise asiatique sur les joint-ventures au Vietnam in L’économie vietnamienne et la crise asiatique, ss dir.

LE VAN, Cuong, MAZIER, Jacques, p.244.

79 CHAU, Lê, op.cit., pp.307 à 335.

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modestes face au poids politique80 et économique, potentiel et effectif de l’Association Economique des Pays du Sud-Est Asiatique.

IV.1.1.3. L’apprentissage en baisse

En dépit des potentialités politiques qu’offre le Vietnam du point de vue du développement des activités linguistiques (francophones) d’enseignement, nous pouvons conclure de façon générale sur la langue française en Asie que le monde asiatique n’est pas synonyme de francophonie. La langue française y est peu développée. Le nombre d’apprenants francophones est réduit à un pour cent au mieux des effectifs scolaires.

Tableau n° 6 : nombre d’ « apprenant le français » par pays asiatique :

NOMBRE DAPPRENANTS PAYS

- MOINS DE 500 BRUNEI,NEPAL

ENTRE 500 ET 1000 SRI LANKA

ENTRE 1000 ET 2000 BANGLADESH,SINGAPOUR,MALAISIE

ENTRE 3000 ET 5000 PAKISTAN,TAIWAN,PHILIPPINES,HONG KONG

ENTRE 10000 ET 15000 CHINE

30000 ET 40000 LAOS,INDONESIE,THAÏLANDE

ENVIRON 100000 VIETNAM

ENTRE 200000 ET 300000 JAPON,INDE,CAMBODGE

ENVIRON 400000 COREE

Source : Haut Conseil de la Francophonie, 1997.

Le développement de l’apprentissage de la langue française en Asie Pacifique et en Asie du Sud-Est connaît, depuis la fin des années quatre-vingt, un recul important (jusqu’à 61%). La Corée du Sud reste le pays le plus francophone d’Asie bien qu’il n’entretienne pas de relations historiques continues avec la France ou les autres pays francophones ; le Vietnam quant à lui reste dans le quatuor de tête alors qu’il peut apparaître comme le terrain historiquement le plus favorable. Pourtant, tandis que l’apprentissage du français est en repli de façon globale en Asie, il reste en augmentation au Vietnam de 1992 à 2000 (p.101).

80 « Dans une perspective d’intégration politique régionale, le Vietnam prend la relève de la Thaïlande à la présidence de l’ASEAN. Une lourde charge prise cinq ans après son adhésion », ASEAN, le Vietnam assume la présidence de l’organisation, Le courrier du Vietnam, numéro 1986, le 27 juillet 2000, Hanoi, p.3.

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Tableau n° 7 : variation entre 1985 et 1995 du nombre « d’apprenant le français » :

PAYS 1985 1995 ECARTS EN % COREE 430000 375000 12,79 JAPON 390000 280000 28,20 INDE 300000 210000 30

INDONESIE 73000 38000 47,94

SINGAPOUR 4600 1800 60,86

THAÏLANDE 70000 35000 50

TOTAL 1267600 939 800 25,85 Source : Haut Conseil de la Francophonie, 1997.

Graphique n° 03 : représentation de l’évolution de l’apprentissage du français en Asie en 1997 :

Source : Haut Conseil de la Francophonie, 1997.

Cette baisse de l’apprentissage du français en Asie et particulièrement en Asie Pacifique et en Asie du Sud-Est est en partie due au développement des ensembles économiques dans la région qui, depuis vingt ans, se forment avec comme langue d’intercommunication l’anglais. Ainsi, le Vietnam vit dans un environnement linguistique interrégional essentiellement anglophone, l’Association Economique des Pays du Sud-Est Asiatique qui n’accepte que l’anglais comme langue officielle. Pour des raisons pratiques et pour des intérêts immédiats, les élèves et les professeurs choisissent l’anglais. Si le français est moins utilisé que l’anglais, il semble difficile de soutenir que le développement de l’apprentissage du et en français puisse s’engager sur le terrain quantitatif. Ainsi, « la concurrence peut être menée du point de vue qualitatif. Je pense que la qualité de

12,79

28,2 30

47,94

60,86 50

0 50 000 100 000 150 000 200 000 250 000 300 000 350 000 400 000 450 000

Corée Japon Inde Indonésie Singapour Thaïlande 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

1985 1995 Ecarts en %

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l’enseignement est une autre arme efficace dans le maintien et le développement de la francophonie au Vietnam. Beaucoup de collègues du Nord ont fait cette remarque »81. Le nombre d’élèves qui s’inscrivent aux classes de français est proportionnel au taux de réussite au baccalauréat et au concours d’entrée à l’université de l’année précédente. C’est cette promesse d’un enseignement efficace qui paraît attirer principalement les élèves vers le français.

Tableau n° 8 : répartition des professeurs de langues étrangères dans l’enseignement vietnamien en 1997 (en %):

ANNEE SCOLAIRE 1997 PROFESSEURS DE FRANÇAIS PROFESSEURS DANGLAIS PROFESSEURS DE RUSSE AUTRES

COLLEGES 11,4 78 10,3 0,3

LYCEES 3,3 91 5 0,7

Graphique n° 04 : répartition des professeurs de langues étrangères dans l’enseignement vietnamien en 1997 (en %) :

A Huê, suivant les informations obtenues auprès de l’antenne canadienne de l’UNDP (United Nation Developpement Program), l’action scolaire et universitaire à Huê ne s’effectue pas à travers le développement de structures d’apprentissage ou de Centres documentaires. Ces propos sont relayés par les consignations du responsable du Centre de coopération linguistique et éducative francophone à Huê dans son rapport de fin de

81 NGUYEN Huu Tho, Formation continue des professeurs, un atout pour élever la qualité de l’enseignement du français à l’école secondaire, Rapport du colloque national à Huê sur la formation continue des enseignants de français, Rapport à Université de Huê, Huê, octobre 1997.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Professeurs de français

Professeurs d’anglais

Professeurs de russe

Autres Collèges Lycées

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mission82. En revanche, l’action scolaire et universitaire anglophone est soutenue principalement par trois aspects dont un seul a trait directement à l’enseignement en langue anglaise : le système des bourses scolaires pour les cursus anglophones, la coopération universitaire pour l’échange international des personnels scientifiques et l’envoi de lecteurs américains, canadiens ou australiens dans les classes et les universités vietnamiennes83. L’anglophonie peut faire l’économie de son implantation structurelle car l’apprentissage de l’anglais est soutenu par les structures nationales vietnamiennes d’enseignement. L’apprentissage obligatoire d’une première langue étrangère au Vietnam provoque l’adhésion massive des apprenants et des professeurs de langue qui répondent à cette demande, comme témoigne la surreprésentation nationale des professeurs d’anglais vietnamiens par rapport à l’ensemble des professeurs de langues étrangères (anglais, chinois, français, japonais, russe, allemand et italien), aux cursus anglophones. Cet engouement pour l’anglais première langue est soutenu essentiellement par le processus de création d’un marché commun en Asie du Sud-Est qui débute par l’élaboration d’un ensemble homogène du point de vue politique avec la création en 1967 de l’Association Economique des Pays du Sud-Est Asiatique. Il se poursuit alors par l’élaboration d’une zone libre de commerce (AFTA) qui entre en fonction le premier janvier 1993. Il s’agit au sein de cet ensemble de réduire les barrières tarifaires douanières à un maximum de cinq pour cent. Cet ensemble d’Asie du Sud-Est va s’élargir à la région Asie Pacifique avec la création de la Coopération Asie Pacifique84. Dans ces nouveaux ensembles, l’Australie et la Nouvelle-Zélande jouent un rôle décisif85. La pénétration des produits européens, notamment francophones, est par conséquent très précaire. Il en va de même pour la

82 Raveneau, Jean Pierre, Rapport de fin de mission de l’attaché de coopération pour le français en poste à Huê de septembre 1996 à août 2000, Centre de français, Huê, août 2000.

83 Sources : BULLETIN of concerned asian schoolars, collectif, volume 23, numéro 4, BCAS, Boulder, USA, oct.-déc. 1991, 73 p. BULLETIN of concerned asian schoolars, collectif, volume 25, numéro 1, BCAS Boulder, USA, jan.-mar. 1993, 84 p. BULLETIN of concerned asian schoolars, collectif, volume 25, numéro 2, BCAS Boulder, USA, mai-juin 1993, 76 p. BULLETIN of concerned asian schoolars, collectif, volume 26, numéro 2, BCAS Boulder, USA, jan.-juin 1994, 148 p. BULLETIN of concerned asian schoolars, collectif, volume 27, numéro 2, BCAS Boulder, USA, avr.-juin 1995, 84 p. Migration and the Labour Market in Asia : prospects to the year 2000, OECD Documents, OECD, Paris, 1996, 270p.

84 DUBUS, Arnaud, Dans le nouvel ordre mondial, l’émergence de l’Asie du Sud-est, Le Monde diplomatique, p.24.

85 « La poussée de la langue anglaise dans les systèmes éducatifs en Asie est d’autant plus irrésistible que ce continent a été profondément colonisé par les Britanniques…/… et que l’Australie y poursuit une politique économique et linguistique très active » in PONTAULT, Monique, L’enseignement du français en Asie in Les cahiers de la francophonie, collectif, numéro 5, Haut Conseil de la Francophonie, Paris, novembre 1997, p.73.

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langue française dont les atouts commerciaux deviennent discutables. Lorsque le Vietnam entre à son tour dans le giron de l’Association Economique des Pays du Sud-Est Asiatique en 1995 à la suite du déclenchement d’un processus de normalisation des rapports politiques et économiques avec les Etats-Unis l’année précédente et qui prendra cinq ans86, le monde francophone voit un de ses derniers bastions historiques lui tourner le dos. Cette partie du monde s’oriente maintenant vers une coopération avant tout anglophone touchant

« toutes les activités quotidiennes de commerce, de tourisme, d’information et de recherches scientifiques »87. Face à la domination de l’environnement économique et culturel anglophone, le développement d’un environnement linguistique francophone au niveau global de l’Asie doit être maintenu artificiellement. Il revêt un caractère primordial pour soutenir les apprenants qui se trouvent, géographiquement, dans un environnement linguistique pauvre en locuteurs francophones nécessaires dans l’apprentissage du français et pour conserver une lisibilité médiatique régionale qui favorise le recrutement d’apprenants francophones. Dans le cadre de la francophonie intergouvernementale cette mission est confiée à l’opérateur francophone TV5.