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La culture de l’information orientée journalisme

Dans le document La culture de l'information en reformation (Page 80-83)

1.1.4 « Culture de l’information » oxymore ou pléonasme ?

1.2 LE RAPPORT AUX DISCOURS : QUELLES CULTURES DE QUELLES CULTURES DE

1.2.1 Quelles cultures de l’information ?

1.2.1.2 Deuxième tendance : La dimension économique

1.2.1.2.3 La culture de l’information orientée journalisme

La culture de l‘information concerne également les médias. Nous avons trouvé l‘usage de cette expression dans un sens éthique douteux comme en témoigne cet extrait d‘une interview de Nicolas Roisin du directeur de l‘information d‘une radio belge, « contact » :

Une nouvelle culture de l‘information en somme ? Une culture qui correspond mieux à Contact en tout cas. Quand Grégory Lemarchal est mort, nous avons ouvert nos journaux avec cela. Ca ne devait même pas se discuter. C‘est notre univers. C‘est une information qui parle directement à nos auditeurs. L‘information est d‘abord et avant tout des histoires d‘hommes et de femmes racontées à d‘autres hommes et femmes. Ce côté humain doit ressortir. Nous ne devons jamais oublier que nous faisons des informations pour nos auditeurs et qu‘il s‘agit donc de leur parler, de s‘adresser à eux.

Pour chaque sujet, chaque son, nous devons nous poser cette question : « Est-ce-que ce que je vais dire va intéresser notre auditeur ? ». Et je n‘ai pas dit : « Est-ce-que cette info est attendue par notre auditeur ? » La différence est de taille puisque la première question invite aussi les journalistes à amener sur la place publique des sujets qui vont bousculer les auditeurs, les étonner, les surprendre.

132 Norbert LEBRUMENT. Prolégomènes à une compréhension des responsabilités de l‘intelligence économique. In Congrès Aderse. Grenoble, 10 et 11 janvier 2008. Disp sur :

<http://www.aderse.org/docatelecharger/congres_aderse_2008/actes/Articles/Session%202.3/Prolegomenes%20 a%20une%20comprehension%20des%20responsabilites%20de%20lin.pdf>

133 Alain JUILLET. Mon rôle consiste à débarbouzer l‘intelligence économique. Article et interview par Jean Marc Manach. Internetactu.net. Billet du 26 janvier 2006. <http://www.internetactu.net/2006/01/26/alain-juillet-mon-role-consiste-a-debarbouzer-lintelligence-economique/>

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80 En résumé, notre logique rédactionnelle est une triple proximité : proximité temporelle, proximité géographique et proximité émotionnelle. 134

Cette utilisation d‘ailleurs du terme de culture de l‘information dans une vision visant à mettre en avant la tragique fin d‘une star éphémère repose réellement sur la seule « proximité émotionnelle ». Nicolas Roisin confond information et sensationnel. Cette vision rejoint d‘ailleurs étrangement les propos de Patrick Le Lay cherchant à obtenir du temps de cerveau disponible pour satisfaire les exigences publicitaires. Cette conception n‘est pas partagée, et selon nous heureusement, au sein de la profession.

Cela signifie qu‘au sein des professions des médias, une éthique de la culture de l‘information doit faire face à d‘autres cultures, comme le souligne Thomas Sottinel dans Le Monde à propos du journaliste Morrow, personnage principal d‘un film de George Clooney:

Il n'empêche, tout en conférant ses lettres de noblesse au journalisme télévisé, Murrow contribue à l'édification de la culture de la célébrité qui prendra bientôt le dessus sur la culture de l'information. 135 La culture de l‘information journalistique est plus liée à une éthique de l‘information et à un devoir d‘explication. Cette culture de l‘information, reposant sur le devoir d‘informer du journaliste, prend en compte l‘importance d‘une information mondiale compréhensible par tous selon les propos de Franco Siddi, Président de la Fédération Nationale de Presse Italienne (syndicat unitaire des journalistes italiens). :

Pour le journaliste ‗global‘ de ce siècle, c‘est un défi permanent que de comprendre les réalités, petites et grandes, et les rendre compréhensibles aux citoyens d‘une zone toujours plus vaste que celle de ses propres frontières. Pensons à l‘Italie, à la complexité de ses événements politiques et institutionnels et à la difficulté de les rendre compréhensibles au lecteur français ou d‘une autre nationalité. Mais pensons également à combien il est nécessaire de promouvoir une culture de l‘information qui sache tenir compte, et en même temps qui sache allez plus loin, que ce qui se passe sur le pas de notre porte. 136

Les récents Etats généraux de la presse écrite137 ont démontré que le secteur connaissait quelques difficultés notamment financières. Mais la définition même du métier

134 Interview sur le site de Tuner.be, site d‘information indépendant sur les médias

<http://www.tuner.be/actu.asp?id=139542>

135 Thomas SOTTINEL « Good Night, and Good Luck : lutte de titans à l'aube de la télé » Le Monde. 4 janvier 2006

136 Discours de Franco Siddi., congrès du 8 décembre du club média France

<http://www.clubmediafrance.org/html/modules.php?name=News&file=article&sid=54>

137 Etats généraux de la presse écrite. <http://www.etatsgenerauxdelapresseecrite.fr/home/index.php>

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81 n‘est pas épargnée du fait de l‘information délivrée en ligne qui n‘est pas toujours l‘apanage des professionnels. La culture de l‘information des journalistes est donc amenée à évoluer.

Des rapprochements s‘opèrent d‘ailleurs entre des journalistes qui sont également blogueurs et des professionnels de la documentation. L‘exemple le plus flagrant se rencontre dans le cas du journaliste et blogueur Guillaume Narvic138 qui prône un journalisme de recommandations et de liens dont une des préfigurations est la constitution du projet aaaliens139. Ce dernier est basé sur un système de recommandations éffectuées par une dizaine de blogueurs reconnus pour la qualité de leur veille. Parmi ces blogueurs figurent des journalistes, des professionnels de l‘information mais aussi des enseignants et notamment des professeurs-documentalistes comme Richard Peirano.

L‘interrogation porte pour les journalistes davantage sur un réexamen de leur rapport avec les technologies de l‘information que vis-à-vis de la déontologie. Guillaume Narvic expose alors le fait qu‘il demeure une confusion au sein du métier vis-à-vis de la définition donnée à l‘information :

Par exemple, issus de la théorie mathématique de l‘information dans les télécommunications, des termes passent peu à peu dans « l‘autre univers » de l‘information « journalistique », tels que les questions du bruit et du signal ou encore du filtrage, sans qu‘il soit bien clair s‘il s‘agit d‘abus de langage, de métaphores plus ou moins assumées ou d‘un réel effort théorique pour appliquer les enseignements de l‘un à la pratique de l‘autre. 140

Cette confusion issue des succès des théories de Shannon et Weaver ainsi que de la cybernétique influe également sur la conception du métier qui répugne à clairement identifier des fonctions techniques :

Cela impose au journalisme une clarification terminologique qui lui répugne, comme il a toujours refusé de se définir lui-même avec précision. Le journalisme n‘a jamais voulu choisir entre se définir par une compétence ou par une déontologie, par une fonction technique dans l‘univers socio-économique ou par un rôle politique dans la cité. Le journalisme navigue depuis l‘origine entre ces deux pôles, sans choisir ni l‘un ni l‘autre, sans même tenter de se positionner entre les deux, en tentant d‘articuler clairement une relation entre les deux. 141

138 Comme beaucoup de journalistes qui possèdent un blog, Guillaume Narvic est un pseudonyme.

139 Aaaliens- Auteurs et agrégateurs associés. Disp sur : <http://aaaliens.com/>

140 Guillaume NARVIC. L‘ultime bataille du journalisme contre la presse. Növovision. Billet du 28 novembre 2008. Disp sur :<http://novovision.fr/?L-ultime-bataille-du-journaliste>

141 Ibid.

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82 Voilà, des réflexions et des inquiétudes qui ne sont pas éloignées du champ des documentalistes, ce qui explique l‘usage de l‘expression de « journadocumentalistes »142 par Olivier Ertzscheid, décrivant des similitudes recensées sur le site journalistique143 entre les deux professions notamment dans la collecte d‘information. Au sujet de cette proximité, Jean Michel Salaun, directeur de l‘Ecole des Bibliothèques et des Sciences de l‘information de Montréal, signale en commentaire du billet de journalistique, l‘existence du métier de recherchiste au Québec.

La culture de l‘information issue du journalisme évoque également la manière de communiquer l‘information au public. Elle constitue également une culture de la communication.

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